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Des News En Séries, Le Blog
18 septembre 2011

Ringer [Pilot - Les Références]

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 Parce que Ringer voit double, voici une deuxième analyse de la série après la mienne (ICI), signée UglyFrenchBoy, adepte de Sarah Michelle Gellar et de Buffy, qui se propose de nous éclairer sur les nombreuses réfèrences contenues dans ce pilote. Bonne lecture !


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« Ce qui est intéressant dans un miroir, c'est qu'il ne montre pas l'individu tel qu'il est, mais son opposé »

Douglas Sirk

 Miroirs

   Et si le pilote de Ringer était le plus audacieux depuis la courte existence de la CW ? À contre-courant du clinquant ambiant, la série marquant le retour de Sarah Michelle Gellar sur petit écran mise sur une réalisation sobre et sur l’influence « néo-film noir » alliée à celle d’un vieux cinéma européen. Mais est-il réellement question d’audace ou de naïveté de la part de Leslie Moonves, à la tête de CBS, d’avoir pu imaginer qu’un thriller feuilletonnant,  avec une héroïne âgée de plus de trente ans, pouvait avoir sa place sur un network dont le cœur de cible est particulièrement jeune ?

   Le pilote de Ringer ne répond d’ailleurs à aucune règle marketing, au-delà du fait qu’il ne s’agit ni d’une adaptation de livre ni d’un remake. Il déroge à la politique du ciel bleu, aux couleurs vives, à la bande-son privilégiant des titres du format Top40 et il ne voit aucun de ses rôles réguliers en petite tenue dans le premier quart d’heure. Mieux, on évite même une vue du torse de Ioan Gruffudd  avant et après sa douche. Une pudeur inattendue à laquelle s’ajoutent une ambiance, une atmosphère et plus précisément des références aux années 50 et 60. Lors de la scène d’ouverture, Bridget lance accidentellement la lecture de I fall to pieces de Patsy Cline. Un autre titre de l’épisode sera la reprise de 25 or 6 to 4, dont la version originale date de 1969. Quant au We don’t run de Sarah Blasko, on retiendra sa contrebasse sortie tout droit d’un morceau de Shirley Bassey au service d’une pop plus « contemporaine ».

   C’est justement l’alliance d’un cadre moderne et d’une atmosphère d’un autre temps qui qualifie le mieux cet épisode d’introduction. Au-delà de la bande-son, le vintage s’invite également dans le dressing de Siobhan. Entre les « lunettes-mouches », une robe Empire rouge lors de la soirée à l’American Museum of Natural History et un goût prononcé pour le carré en twill de soie, le personnage pourrait sortir tout droit d’un film de Stanley Donen, de Blake Edwards ou encore d’Alfred Hitchcock.

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   Les références au maître du suspense ne se résument pas à une Sarah Michelle Gellar aux faux airs de Vera Miles, mais à des réminiscences de Sueurs froides (course poursuite en ouverture / une femme prenant l’identité d’une autre) et de la Mort aux trousses. Quant à la scène du bateau, elle fait office d’hommage au procédé utilisé, entre autres, par le réalisateur des Oiseaux (voir montage ci-dessus). Tourné en bassin avec pour fond une simple toile, ce contrepoint visuel aux autres scènes plus « modernes », accompagné d’un jeu expressément caricatural, a été considéré à tort comme le résultat d’un prétendu manque de budget. Comme si  CBS Television Studios et ABC Studios (seul ce premier restera producteur pour les autres épisodes) n’avaient pas les moyens d’utiliser un fond vert ou même un vrai tournage en mer, les plans aériens ayant été pris, eux, en extérieur.  Après tout, le pilote tel quel a été validé à l’origine pour occuper la grille des programmes de CBS. Un parti pris artistique donc, signé Richard Shepard, réalisateur lauréat d’un Emmy Award pour la réalisation du pilote de Ugly Betty, qui se veut également une référence à Otto Preminger. 

   Le réalisateur d'origine autrichienne n’est pas le seul européen à avoir servi de modèle. L’utilisation massive de miroirs (chaque pièce du loft de Siobhan en possède au moins un), et plus globalement de reflets, n’est pas sans évoquer Douglas Sirk. Même si le genre est totalement différent, Les demoiselles de Rochefort de Jacques Demy  (voir montage ci-dessous) pourrait lui aussi s’ajouter à la liste des références, notamment pour le plan de Catherine Deneuve devant son portrait. Le film français s’amuse à jouer sur la symétrie, à l’instar de Ringer qui aime proposer, souvent en arrière plan,  plusieurs éléments en duo, de la disposition d’objets dans la penthouse en construction, au logo du motel dans le Wyoming, sans oublier les chaussures dont chaque paire est présentée distinctement dans le dressing de Siobhan.

Double

    En convoquant le souvenir récurrent d’œuvres sorties il y a maintenant de ça 5 à 6 décennies, ce premier épisode confère à Ringer une indéniable singularité. Un côté « rétro / moderne » qui ne peut certes pas pallier les quelques faiblesses d’écriture, mais offrir indéniablement le pilote le plus référencé à The CW dans sa courte histoire. Sa fin, aussi prévisible qu’intrigante, suffit à lancer le  prochain épisode. Après tout, n’est-ce pas la finalité d’un pilote ?

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Commentaires
U
@Agathe : Oops je n'avais pas vu votre message. Merci bien. Non, je ne suis pas familier avec l'exercice, je ne fais donc que des critiques pour la série à ce jour et sur ce blog :-)
C
Oui, critique trés bien écrite, bravo, jolis références. Je ne réagirais toutefois pas à ces références car je n'ai vu ni ces films, ni Ringer.<br /> <br /> Juste une erreur toutefois: le pilote n'a jamais été validé pour être diffusé sur CBS. Qui dit commande de pilote ne dit absolument pas validation pour diffusion (c'est justement l'intêret de commander des pilotes...).<br /> <br /> D'ailleurs, il n'y a pas eu de "transfert de commande", la série a été directement commandée sur CW. Si cela n'avait pas était le cas, la série n'aurait d'ailleurs jamais mis un pied sur CBS. Je me souviens de Deadline parlant de "dark horse" au moment des projections tests.<br /> <br /> Sur la question de savoir ce qui est passé par la tête de Moonves lorsqu'il a commandé le pilote, je crois franchement qu'il ne s'agit ni d'audace ni de naiveté. Sur le papier, cela aurait pu être une série à potentiel, une série gros calibre. Un thriller, même feuilletonant, avec la patte CBS, après tout pourquoi pas. La chaine cherche à rajeunir un peu son audience (suffit de voir Person Of Interest, la nouvelle campagne promo de The Good Wife, tout ça ...). Je pense que Mooves était loin de se douter que Richard Shepard allait se masturber intellectuellement avec des références imvraisemblables. Et que la série a tout d'un coup perdu tout espoir d'être sur CBS (bien sûr, ce n'est pas la seule raison, le fait aussi que la série soit finalement de petit qualibre, le pitch saugrenu, le cast trop léger ...).<br /> <br /> Je ne dis pas du tout qu'il ne faille pas tenter ce genre d'exercices mais on était sur CBS. Pas sur AMC. Quand on voit Person Of Interest, la série est ce qu'elle est, probablement pas meilleure que Ringer, mais on sent que les scénaristes ont pris en compte le facteur CBS, le facteur série à gros spectacle, en insérant des touches de modernité mais tout en gardant la base de la chaîne.<br /> <br /> Enfin, sur l'âge de l'héroïne, pas d'accord non plus. Encore une fois, c'était développé sur CBS. Poppy Montgomrery dans Unforgottable, Julianna Margulies dans The Good Wife, te semblent avoir moins de 30 ans ? <br /> <br /> Le problème n'est pas tant l'âge de Gellar mais sa capacité à porter une série à elle toute seule. Et à mon avis, elle ne l'a pas du tout. Au délà du fait que je trouve que Gellar est une actrice pitoyable (mais cela est mon point de vue perso), je trouve objectivement qu'elle n'a pas la carrure pour tenir une série. Tu me diras, oui, mais Britt Robertson dans The Secret Circle non plus, et tu auras clairement raison. Mais la différence entre ces deux séries est que, d'un point de vue com en tout cas, Ringer tient sur une actrice tandis que Secret Circle tient sur un concept. Finalement, peu importe le cast de Secret Circle, les gens vont venir voir l'adaptation du livre, le Vampire Diaries des sorcières.<br /> <br /> Le concept de Ringer n'est pas clair. Et de toute façon, toute la com était axée sur Gellar et c'est là où le bat blesse (au passage, même problème pour Hart of Dixie: j'adore Rachel Bilson mais je trouve aussi qu'elle n'a pas la carrure pour tenir une série). CW a encore et une fois répété la même erreur : croire que son public, qu'elle veut jeune, veut revoir les succès des années 90. Mais ce n'est pas le cas, le public de Buffy n'est pas celui de CW. Tout comme celui de Melrose Place n'était pas celui de la CW non plus. CQFD.
A
UglyFrenchBoy as tu un blog (ou autre) où tu fais des critiques régulières? J'ai beaucoup aimé ta critique et je serais intéressée d'en lire d'autres!
F
Très cher uglyfrenchboy<br /> Je ne vous demanderai pas de relever les passages où j'apparais comme le détenteur du bon gout. Mon post, comme le votre, n'est que le reflet de mon avis et je ne souhaite l'imposer à personne.<br /> Ensuite, je me repete, je ne critique pas votre analyse - de toutes façons, ce n'est pas une analyse, c'est un repertoire des références - mais, comme précisé, les catalogues des dites références. Et j'ai tout à fait compris le sens de votre article, merci.<br /> Pour le reste, je ne suis absolument pas dans le secret de vos alcoves et je ne peux donc pas deviner qu'un de vos message s'adresse à une personne que vous cotoyez sur Twitter. Les privates jokes sont, par définition, privées et, hors de cette sphère privée, elles peuvent paraitre parfois très désagréables. Il n'en reste pas moins qu'il y a eu des antécédents qui m'avaient pour le moins agacé. Peut-être que nous n'avons pas la même façon de nous exprimer.<br /> Quant à Autopsie d'un meutre, sachez que le "largement pillé" n'était pas une bonne formulation de ma part : ce film a été largement pillé par des dizaines de cinéastes (pas spécialement par le pilote, de mémoire). Et accessoirement, c'était un conseil cinématographique.
L
J'ai absolument été conquis par votre critique ! Autant la référence au niveau de la scène du bateau j'y ai pensé presque aussitôt, autant pour le reste absolument pas et encore moins pour la musique.<br /> J'ai beaucoup aimé le pilot (malgré comme vous le dite, des faiblesses d'écritures et un rythme que j'ai trouvé un peu trop rapide à mon goût avec cet enchainement de scènes et certaines elipses un peu trop "brusques" !) surtout par son ambiance qui au final est très froide (à presque aucun moment on ne s'amuse, les relations sont tendues...) Enfin bref, c'est pour moi un pilot qui présente ainsi une série qui semble avoir un bon potentiel et après votre critique, je ne peux qu'apprécier encore plus cet épisode d'introduction !<br /> <br /> Merci !
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