Political Animals [Pilot]
Pilot // 2 600 000 tlsp.
What About ?
Portrait d'une ancienne famille présidentielle en plein désarroi. Divorcée, l'ex-Première Dame Elaine Barrish, devenue Secrétaire d'Etat, s'efforce de garder sa famille unie alors qu'il lui faut constamment affronter des crises au sein du département d'Etat. Elle trouve heureusement une improbable alliée en la personne de Susan Berg, une journaliste qui n'a cessé de s'en prendre à elle tout au long de sa carrière...
Who's Who ?
Drama créé et produit par Greg Berlanti (Everwood, Jack & Bobby, Eli Stone, Brothers & Sisters). Avec Sigourney Weaver (Alien, S.O.S. Fantômes, La jeune fille et la mort, Avatar), Carla Gugino (Karen Sisco, Entourage, Sin City), James Wolk (Lone Star, Happy Endings), Sebastian Stan (Gossip Girl, Once Upon A Time, Black Swan), Ellen Burstyn (L'exorciste, Requiem For A Dream, Big Love), Ciaran Hinds (There Will Be Blood, Munich, Les sentiers de la perdition), Brittany Ishibashi et les participations d'Adrian Pasdar, Dylan Baker, Roger Bart...
So What ?
Ce qu'il est doux et confortable de découvrir la nouvelle série d'une personne dont on a tant admiré le travail par le passé, dont on partage la sensibilité, mais qui s'est un peu perdu depuis (en voulant se lancer dans le blockbuster de super-héros, par exemple, ou en devenant une machine à projets...). Political Animals est née de l'envie de Greg Berlanti de parler à nouveau de politique dans un contexte familial, comme il l'avait brillamment fait avec Jack & Bobby puis Brothers & Sisters, mais en y ajoutant une certaine vision du féminisme, s'inspirant très largement du parcours atypique d'Hillary Clinton, et en s'installant en partie à la Maison Blanche, ni plus ni moins. Le créateur et producteur n'a certainement jamais eu l'ambition de faire de Political Animals un The West Wing bis. Il n'a pas le talent d'Aaron Sorkin et je suis sûr qu'il le sait très bien. Il a voulu faire un soap politique, et non ce n'est pas un gros mot. Tout ce qui traite de près ou de loin de ce thème n'a pas nécessairement besoin d'être ultra sérieux et réaliste, ou porteur de message idéaliste. Après tout, on accepte assez facilement les comédies qui mettent en scène des politiques, et on en a encore eu la preuve dernièrement avec Veep. Alors pourquoi le soap ne s'y frotterait pas lui aussi avec tous les ingrédients qui en font le sel ? Se lancer dans Political Animals, c'est donc être conscient que l'on ne regarde pas un programme qui vise à nous élever l'esprit ou à façonner notre pensée, mais qui cherche simplement à nous divertir et éventuellement nous émouvoir. Et ça, Greg Berlanti sait très bien le faire. C'est tout ce que je lui demandais...
... et je ne peux définitivement pas être satisfait du produit final. Il a ses faiblesses, clairement. Mais comme dans le cas de Brothers & Sisters, qui n'a pas été dès le premier épisode la merveilleuse série qu'elle est devenue, la marge de progression existe. Le point de départ est bon, les personnages aussi. Il faut maintenant laisser la magie opérer, ou pas. Et voir la série évoluer sous nos yeux, ou pas. La seule différence ici, c'est qu'elle n'a plus que 5 épisodes après le pilote pour convaincre. Pour une raison que j'ai un peu de mal à comprendre, mais qui vient certainement de la frilosité de USA Network, pas prête à s'engager sur le long terme sur un show qui n'est pas dans l'esprit du reste de sa line-up et qui ne correspond pas à sa "politique du ciel bleu", Political Animals est une mini-série, qui pourrait se transformer en "véritable" série en cas de succès. Ce qui est déjà compromis après les très décevants premiers résultats d'audience. Je ne vais pas me lancer ici et maintenant dans de grandes analyses, mais ce n'était vraiment pas malin de la proposer le dimanche face à Breaking Bad, The Newsroom, Weeds, Longmire et Army Wives, pour ne citer que les séries... Ce qui cloche dans ce premier épisode en fin de compte, ce qui m'a vraiment déçu et dérangé venant de la part de Berlanti, c'est le manque global d'émotion. Elle est effleurée à quelques reprises, notamment lorsque Elaine reconnait combien il a été difficile pour son fils de vivre librement sa jeunesse et plus particulièrement son homexualité devant les caméras du monde entier, ce qui l'a visiblement détruit. Mais ça s'arrête là pour le moment. Sans doute parce que les personnages sont sur la réserve, qu'ils ne sont pas du genre à éclater en sanglots à tout moment ou à partir dans une crise de rire interminable, ni même à crier très fort les uns sur les autres. Ils n'ouvrent pas leur coeur facilement. L'effet tire-larmes est donc soigneusement évité cette fois. Le dîner de la famille, par exemple, est très sobre, loin de ceux des Walker dans Brothers & Sisters, qui étaient toujours des scènes d'anthologie. En revanche, sans être d'une efficacité redoutable, l'humour prend une place importante dans les situations et dans les répliques. Elaine Barrish est drôle. Pas tout le temps, uniquement quand elle l'a décidé, mais elle peut l'être. Sa mère, Margaret, pour le coup, ne sert qu'à ça à l'heure actuelle. Elle est indigne, un peu vulgaire. On ne peut que l'adorer. Sa relation avec l'un de ses petits fils est en plus très amusante, très fraîche. Le rôle va à la perfection à Ellen Burstyn, qui a déjà prouvé qu'elle pouvait être excellente dans tous les registres. Celui qui ne me fait pas rire, qui me dégoûte même, mais qui sans doute se croit drôle, c'est Bud Hammond, l'ancien président des Etats-Unis. On a un peu de mal à croire qu'il ait pu accéder à une telle fonction. Il ressemble plus à l'homme politique de seconde zone, bedonnant et grande gueule, qui se croit drôle et qui se sert du pouvoir qu'il représente pour se taper des ambitieuses et/ou des putes. Toute ressemblance avec une ou plusieurs personnes existantes est purement fortuite. Il n'a pas l'air bête cela dit, et il a du charisme en plus, mais ce n'est définitivement pas un personnage qui attire la sympathie et qui correspond à la haute image que l'on se fait de cette fonction. En clair, ce n'est pas Obama du tout. Ni Clinton. Bush ? Là, ça de discute...
Qu'est-ce qui a bien pu convaincre Sigourney Weaver d'accepter ce rôle alors qu'elle a longtemps refusé de faire de la télévision, au-delà du fait de s'inscrire dans la tendance donc ? Peut-être est-elle proche de Berlanti, à qui elle avait déjà fait l'honneur d'apparaitre brièvement dans Eli Stone ? Peut-être qu'elle admire tout simplement son travail et qu'elle a vraiment trouvé le script bon ? Peut-être que son fantasme de jouer un personnage d'une telle envergure a été plus fort que tout ? Ce qui est sûr, c'est que sans elle, quelque soit celle qui aurait été à sa place, Political Animals n'aurait pas eu le même goût. C'est un euphémisme que de dire qu'elle crève l'écran. C'est même presque ridicule de le signaler, tant ça semble évident et tant elle n'a plus rien à prouver depuis longtemps. Mais il fallait que ce soit dit. Face à elle, Carla Gugino est loin de démériter. Elle est même très convaincante et toutes les scènes qu'elles partagent sont intenses. Ce sont les mieux dialoguées, les plus soignées et les plus prometteuses aussi. Cette alliance incrongrue a un potentiel fou et j'espère qu'il sera exploité à fond. C'est forcément par ce biais-là que la série deviendra meilleure, plus riche. Evidemment, les membres de la famille auront tous un rôle important à jouer, notamment le fils parfait, dont on attend de découvrir les failles avec impatience; sa future femme, dont la boulimie n'est pas la piste la plus excitante ni amibitieuse qui soit j'avoue; le jeune Thomas, qui apporte déjà beaucoup au pilote; et puis cette histoire qui n'est pas terminée entre Bud et Elaine. Qu'éprouvent-ils encore vraiment l'un pour l'autre ? Plusieurs figures politiques, dont l'actuel président et ancien rival de notre héroïne, ne sont pas en reste. Les jeux de pouvoir, qui ont toujours été au coeur du soap, sont un terrain plus que fertile en politique.
Political Animals manque encore un peu de caractère, coincée entre son envie de plaire au plus grand nombre et, surtout, au public de USA Network -qui ne demande qu'à être diverti- et son désir de profondeur dans l'exploration d'un univers qui manque par principe cruellement de fantaisie. De ce paradoxe est née une saga à la distribution parfaite mais à la réalisation trop commune. Pourtant, tout porte à croire que cette (mini) série a toutes les clés en main pour devenir passionnante, addictive et... meilleure !
How ?
Le pilote dans son intégralité :