Ciné Mix [Mars 2010 - Septembre 2010]
Vous aurez peut-être remarqué que j'ai abandonné les articles cinéma depuis plusieurs mois. C'est par manque de temps et d'envie, et aussi parce que j'ai l'impression que ça ne vous intéresse pas du tout vu l'absence de réactions en général... Désormais, je me contenterais de répertorier ce que j'ai vu avec le nombre d'étoiles correspondant à mon ressenti. En espérant que ça satisfasse ceux que ça intéresse !
Et la critique de Sex & The City 2 ICI.
[Ciné] Sex & The City 2
Un grand penseur a dit : "Sex & The City 2, c'est l'histoire de 150 robes, 52 pantalons, 89 jupes et 267 paires de chaussures qui voyagent à travers le monde". Merci à lui. Il n'a pas tort. Où est passée la petite série bien foutue de HBO ? Elle s'est faite bouffer par Hollywood, de son plein gré. Quand Sex & The City est passée au format 160 minutes (Dieu que c'est long !), il a fallu sortir l'artillerie lourde, faire marcher à fond le placement de produit, citer autant de fois que possible Chanel, Dior et Luis Vuitton, faire changer Carrie de tenue à chaque plan... Pour des questions de financement, bien-sûr, mais aussi pour offrir un peu de rêves à des spectatrices qui ne demandaient que ça. Logiquement, ce deuxième film se devait d'être à la hauteur, voire aller encore plus loin dans la démesure. Une fois que l'on s'est habitué au défilé permanent, heureusement, il reste encore deux-trois choses à commenter. A commencer par le second degré. Car s'il y a bien une chose dont faire preuve ce film, c'est de second degré. Libre à chacun de le saisir ou non, d'en rire ou pas. Mais on ne peut pas lui reprocher de se prendre au sérieux !
Tout commence sur un mariage gay, qui aurait pu me faire pester par tant de clichés mais qui était irrésistiblement drôle, avec en point d'orgue un Single Ladies version Liza Minnelli hilarant ! Fallait y penser. Puis on découvre, sans grande surprise, que, deux ans après son mariage, Carrie est en train de devenir celle qu'elle n'a jamais voulu être : une pétasse qui, quand elle ne s'achéte pas des fringues et des chaussures, s'ennuie avec son Mr. Big qui ressemble de moins en moins au prince charmant (de mon point de vue, il ne lui a jamais ressemblé mais je ne vais pas partir dans ce débat sans fin...). Pendant ce temps-là, Charlotte élève ses filles du mieux qu'elle peut, où la difficulté d'être mère; Miranda, avec ses quelques années d'avance, en est à peu près au même point, avec toujours ce grand dilemme "faut-il privilégier sa famille à son job ?"; et puis Samantha vit ce qu'elle a toujours redouté : la ménopause ! Pour dire les choses franchement : Michael Patrick King, le scénariste en chef de la série depuis ses débuts, n'a plus rien à dire sur ses New Yorkaises terriblement attachantes qui ont passé l'âge de faire rêver, malgré leurs beaux habits. Elles sont devenues des femmes comme les autes, elles ne s'amusent plus autant qu'avant et forcément, nous non plus. Puis vient l'idée de les envoyer à l'étranger, astuce imparable pour relancer la machine le temps d'une parenthèse dorée. On nous avait déjà fait le coup dans le précédent film, le voyage était alors teinté de dépression et de rires. C'était un peu plombant mais plûtot joli. Cette fois, hormis un baiser volé avec Aidan (que j'attendais depuis des lustres mais qui n'a mené à rien), on s'est contenté de nous faire découvrir les Emirats-Arabes, sort de New York de l'Orient, en émaillant la visite de scènes plus ou moins tordantes. Samantha a brillé par ses répliques toujours excellentes et les autres ont fait ce qu'elles ont pu. Elles s'en sont bien sorties dans l'ensemble même si on aurait aimé que Miranda fasse moins de figuration et que Charlotte ne passe pas son temps à pleurnicher. On aurait aimé plus de sexe aussi. Même reproche que dans le premier film. La série ne porte plus aussi bien son nom.
Choisir les Emirats-Arabes pour situer l'action d'une majeure partie du film était osé. Le choc des cultures était évident et il s'est fait de manière peu subtile. Le thème important de la place de la femme dans cette société-là est effleuré. Aurait-il fallu l'explorer plus à fond ? Je ne crois pas. Ca n'a pas vraiment sa place dans un tel divertissement. C'est déjà bien de l'évoquer, ce que peu de films font, surtout de cette trempe, et de se servir de l'humour pour mettre en relief toute l'absurdité de la situation. Les héroïnes de Sex & The City sont des femmes libres et ce petit voyage leur a permis de s'en rappeler. Peut-être que la voix-off de Carrie aurait pu davantage insister là-dessus, c'est vrai. Peut-être que les gags étaient trop lourds parfois. A vrai dire, la seule scène qui m'a vraiment dérangé est celle où les femmes en burka dévoilent la collection Printemps-Eté de je ne sais quelle marque sous leurs vêtements. C'était grossier et ridicule. Mais à part ça, ça m'a amusé. Même quand on constate que Carrie et ses copines ne connaissent rien aux coutumes et aux croyances locales. J'ai envie de le voir comme une critique sous-jacente de la société américaine, trop repliée sur elle-même. Mais peut-être que je divague et que ce n'était pas l'intention de Michael Patrick King. J'ai un doute quand même, il n'est pas soudainement devenu stupide !
Au final, Sex & The City 2, c'est l'histoire de quatre copines quarantenaires qui ont bien roulé leur bosse et qui se réunissent tous les deux ans loin de leur quotidien pour prendre l'air, souffler, se lâcher, jouer à la poupée, jouer avec le feu aussi parfois et se persuader qu'elles n'ont pas changé. Et Sex & The City 2, c'est l'histoire de téléspectateurs qui ont la chance de retrouver tous les deux ans des héroïnes qui les ont fait rêver, pleurer, et qui leur manquent, en se persuadant, à tort ou à raison, qu'elles n'ont pas changé et qu'eux non plus.
Ciné Mix [Février 2010]
Coup De Coeur
A SINGLE MAN
Los Angeles, 1962. Depuis qu'il a perdu son compagnon Jim dans un accident, George Falconer, professeur d'université Britannique, se sent incapable d'envisager l'avenir. Solitaire malgré le soutien de son amie la belle Charley, elle-même confrontée à ses propres interrogations sur son futur, George ne peut imaginer qu'une série d'évènements vont l'amener à décider qu'il y a peut-être une vie après Jim... // A Single Man m'a bouleversé. Tom Ford a frappé fort pour son premier film. Je doute même qu'il réussisse à faire mieux. Allier de la sorte fond et forme, esthétisme et émotion, élégance et profondeur, est inespéré. Chaque plan, chaque ralenti semblent exprime une émotion. Chaque ligne de dialogue est intense. Chaque apparition, qu'il s'agisse de celle très courte de Lee Pace, celle très significative de Ginnifer Goodwin, celle jouïssive et magnifique de Julianne Moore, ou celle décisive et optimiste de Nicholas Hoult, est bouleversante. Quant à Colin Firth, il est impressionnant de justesse, de pudeur, d'humour. Une vraie révélation pour moi qui le connaissait mal, Bridget Jones mis à part. Un dernier mot sur la musique qui sublime le tout majestueusement. C'est un très grand film sur le deuil, la solitude, le renoncement et l'espoir.
Les Autres Films
SHUTTER ISLAND
En 1954, le marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule sont envoyés enquêter sur l'île de Shutter Island, dans un hôpital psychiatrique où sont internés de dangereux criminels. L'une des patientes, Rachel Solando, a inexplicablement disparu. Comment la meurtrière a-t-elle pu sortir d'une cellule fermée de l'extérieur ? Le seul indice retrouvé dans la pièce est une feuille de papier sur laquelle on peut lire une suite de chiffres et de lettres sans signification apparente. Oeuvre cohérente d'une malade, ou cryptogramme ? // Je savais malheureusement que je serais déçu par cette adaptation du livre de Dennis Lehane, l'ayant lu. Il était très intense et je m'étais représenté cette île mystérieuse autrement : plus sombre, plus effrayante. Je n'ai pas frissonné pendant le film et je n'ai pas ressenti cette même angoisse face à la tempête, timide à l'écran. On a connu Martin Scorsese plus inspiré. Aucun plan ne m'a marqué. Leonardo Dicaprio est bon mais pas exceptionnel. En revanche, j'ai beaucoup aimé les flashbacks, admirablement filmés et portés par une Michelle Williams habitée par son personnage. Il n'en fallait pas tellement plus pour que le film soit réussi. Quant au twist, puisqu'il est impossible de ne pas l'évoquer... disons qu'il est probablement moins évident à la lecture du livre qu'à l'écran.
IN THE AIR
L'odyssée de Ryan Bingham, un spécialiste du licenciement à qui les entreprises font appel pour ne pas avoir à se salir les mains. Dans sa vie privée, celui-ci fuit tout engagement (mariage, propriété, famille) jusqu'à ce que sa rencontre avec deux femmes ne le ramène sur terre... // Après l'excellent Juno, j'attendais beaucoup de ce nouveau film de Jason Reitman. J'en avais lu beaucoup de bien qui plus est. Pourtant, j'ai l'impression d'être resté sur le tarmac. In The Air ne décolle jamais vraiment malgré un propos original et traité avec autant d'humour que de réalisme. La satire sociale est finement écrite. George Clooney est bon mais ce n'est pas une surprise. Mais alors qu'est-ce que je n'ai pas aimé au juste ? Je l'ignore presque. Je sais que je me suis beaucoup ennuyé au milieu du film, que je l'ai trouvé bien trop long et que l'histoire la plus intéressante à mes yeux, celle de l'histoire d'amour entre les deux personnages principaux (Vera Farmiga est géniale), n'est pas traitée avec la profondeur qu'elle aurait mérité. On reste un peu sur sa faim même si la conclusion est intéressante et relativement surprenante.
DAYBREAKERS
En 2019, les vampires ont pris le contrôle de notre planète. Les humains ne sont plus qu'une petite minorité, entretenue uniquement pour nourrir la population dominante. Edward Dalton est un vampire qui travaille dans la recherche. Il refuse de se nourrir de sang humain et oeuvre sans relâche à la mise au point d'un substitut qui pourrait à la fois nourrir ses semblables et sauver les derniers spécimens d'hommes. Lorsqu'il rencontre Audrey, une jeune survivante humaine, il va découvrir un secret biologique qui peut tout changer... // Daybreakers est un film relativement étonnant et même assez intéressant dans le fond. Cela aurait pu être une série B sur des vampires médiocre, comme il y en a tant d'autres, mais le scénario de départ est suffisamment original pour capter l'attention. Le casting est bon, ce qui ne gâche rien. Je ne retiendrais pas la prestation de Ethan Hawke, pourtant bonne, mais plutôt celle de Willem Dafoe. Niveau réalisation, il y a de bonnes idées. On frise parfois le ridicule, c'est sans doute le genre qui veut ça et c'est un peu dommage. Et puis j'ai mis du temps avant d'être vraiment pris dans l'action. Ce film n'est ni bon ni mauvais et il ne laisse pas un souvenir impérissable. Mais je ne suis pas mécontent de l'avoir vu.
Avant-Première
L'ARNACOEUR
Votre fille sort avec un sale type ? Votre soeur s'est enlisée dans une relation passionnelle destructrice ? Aujourd'hui, il existe une solution radicale, elle s'appelle Alex. Son métier : briseur de couple professionnel. Sa méthode : la séduction. Sa mission : transformer n'importe quel petit ami en ex. Mais Alex a une éthique, il ne s'attaque qu'aux couples dont la femme est malheureuse. Alors pourquoi accepter de briser un couple épanoui de riches trentenaires qui se marie dans une semaine ? // Je vous en supplie : allez voir ce film ! Pourquoi ? Parce qu'il faut soutenir ce genre de comédies romantiques françaises à l'américaine bien trop rares, dans l'esprit de Hors de Prix avec Gad Elmaleh et Audrey Tautou pour ceux qui s'en souviennent. L'Arnacoeur mérite d'être un succès. Je ne sais pas pourquoi je me sens investi de la mission de le défendre, si ce n'est qu'il m'a vraiment plu. Il est très drôle grâce aux deux personnages secondaires incarnés par Julie Ferrier et François Damiens, et très attachant grâce à Romain Duris et Vanessa Paradis qui forment un duo très convaincant. Les répliques sont soignées, l'émotion n'est pas factice et puis il y a cette scène dansée que je trouve formidable. Non vraiment, vous auriez tort de vous en priver ! Et la petite info en plus : il a été co-écrit avec Jeremy Doner, un scénariste de Damages. Le film et la série n'ont rien en commun mais bon. C'est suffisamment rare pour le souligner !
Ciné Mix [Janvier 2010]
Coup De Coeur
COMPLICES
Dès le premier regard, Vincent et Rebecca se sont aimés. Insouciants, du haut de leurs 18 ans, ils brûlent la vie par les deux bouts. Lorsque Vincent lui annonce qu'il se prostitue pour gagner sa vie, Rebecca demande à assister à ses passes. Quelques semaines plus tard, le corps mort du jeune homme est repêché dans le Rhône. Rebecca a disparu. Que s'est-il passé ? Les inspecteurs Cagan et Mangin mènent l'enquête et découvrent une réalité sordide... // Complices n'est pas le film le plus fun de ce début d'année, c'est certain. Il est glauque, à l'image de la prostitution; il est cru, mais fait preuve d'un grand réalisme; et il est bon, car les acteurs ont beaucoup de talent, que ce soit le duo de jeunes acteurs (Cyril Descours et Nina Meurisse) ou le duo d'adultes (Emmanuelle Devos et Gilbert Melki), qui nous font entrer dans l'intimité de leurs personnages avec naturel. L'alternance présent/passé est la bonne idée (pas révolutionnaire) qui permet de faire d'un meurtre sordide mais tristement banal quelque chose de plus complexe et de plus en plus inquiétant. L'enquête en elle-même, bien qu'un peu bâclée parfois, vaut avant tout pour ses deux protagonistes loin des flics clichés habituels. Ils sont plus humains donc plus émouvants. Je ne regrette qu'une seule chose : que les motivations de Vincent pour se lancer dans la prostitution ne soient pas explicitées. Même si on s'en doute, ça aurait permis de rendre ses faits et gestes plus compréhensibles. A part ça, chapeau bas.
Les Autres Films
UNE PETITE ZONE DE TURBULENCES
Jean-Pierre, récemment retraité, est hypocondriaque. Anne, sa femme, le trompe avec un ancien collègue de bureau. Sa fille Cathie, divorcée et mère d'un petit garçon de cinq ans, vie avec Philippe, un "brave" garçon, que Mathieu, le frère homo de Cathie, appelle "Bac moins six". Alors lorsqu'il se découvre une tâche au niveau de sa hanche droite, Jean-Pierre imagine le pire et traverse ce qu'il appelle "une petite zone de turbulences" en embarquant toute sa famille avec lui... // Quand une comédie française est bonne et sans prétention, il faut le dire ! C'est le cas de ce film hautement sympathique qui ne révolutionne rien mais qui ose quand même aborder des sujets délicats (la peur de la mort, la crise de la cinquantaine, l'homosexualité) sur un ton léger et jamais vulgaire. Tous les acteurs sont bons. Michel Blanc fait du Michel Blanc. Son personnage n'est jamais loin du pathétique mais c'est ce qui le rend si drôle et si attachant. Miou-Miou brille encore et toujours pas son naturel. Mélanie Doutey est fraîche et ravissante même au bord de l'hystérie et Cyril Descours est une jolie révélation. L'ensemble est grinçant et séduisant mais aurait mérité une réalisation un peu plus inspirée, histoire de ne pas passer aux yeux de certains pour un simple "téléfilm".
PLEIN SUD
C'est l'été, Sam part à la rencontre de sa mère qu'il n'a pas vu depuis des années et qui habite désormais en Espagne. En chemin, il prend en stop un frère et une soeur un peu perdus qui fuient sans but précis leur quotidien... // La promesse d'un road-movie sensuel n'est pas tenue : au lieu de ça, on nous emmène dans un voyage au bout de l'ennui, que même le soleil n'arrive pas à éclairer. La peau dorée des acteurs jeunes et beaux ne suffisent pas à rendre leurs dialogues intéressants. Ils sont pourtant talentueux mais tout sonne creux. On ne nous épargne aucun cliché, les personnages en représentent tous un, à l'extrême. Rapidement, l'histoire ne se centre plus que sur l'un d'entre eux, au point d'effacer les autres, devenus inutiles. On se demande alors pourquoi avoir entamé des intrigues les concernant. De l'émotion, il n'y a presque pas. Quand elle commence à poindre, elle est balayée par une ligne de dialogue inspide ou une scène d'une lenteur inexplicable. Le réalisateur, Sébastien Lifshitz, raconte en plus une histoire semblable à celle de son premier film, Presque Rien, mais en beaucoup moins inspiré. Plein Sud est complètement à l'Ouest.
Avant-Première
I LOVE YOU PHILLIP MORRIS
L'histoire vraie d'un ex-flic, ex-mari, ex-arnaqueur aux assurances, ex-prisonnier modèle et éternel amant du codétenu Phillip Morris. Steven Russell est prêt à tout pour ne jamais être séparé de l'homme de sa vie. Ce qui implique notamment de ne pas moisir en prison. Jusqu'où peut-on aller par amour? Très loin si l'on en croit l'histoire incroyable de Steven Russell, un génie de l'évasion rattrapé par son romantisme. // Jim Carrey était sans doute plein de bonnes intentions en voulant faire ce film mais comme souvent, sa maladresse a pris le dessus. Du coup, c'est raté et le message de tolérance souhaitant être véhiculé, entre autres, ne passe pas. On assiste au départ à une liste de clichés qui n'honorent personne puis à une tentative d'émouvoir qui restera vaine jusqu'au bout car Jim Carrey n'est pas un acteur multi-facette. Il sait faire rire, parfois, mais il ne sait pas faire pleurer. Il entraîne Ewan McGregor dans sa chute et c'est ça le plus terrible. J'ignore à quel point cette histoire vraie a été romancée pour le cinéma mais rien ne paraît jamais crédible, c'est une suite de coups de chance et d'heureux hasards et c'est juste super irritant de les voir s'aligner pendant 1h30. Au final, on ne sait pas bien si l'on vient d'assister à une comédie à peine amusante ou à un drame complètement raté. C'est surprenant dans un sens mais des surprises comme celle-là, on s'en passerait bien !
Ciné Top 2009
L'intégralité des critiques sont à découvrir ou redécouvrir dans la rubrique CinéBox.
1- La Route de John Hillcoat
"Sombre, apocalyptique, superbe et bouleversant : aucun autre film cette année n'a su me captiver autant. Il a offert à Viggo Mortensen son plus beau rôle. Une de ces oeuvres qui vous marque à jamais et qui laisse des traces."
2- Gran Torino de Clint Eastwood
"L'un des meilleurs films d'Eastwood, peut-être même le meilleur. On croyait tout savoir de lui, il nous a prouvé le contraire. Déjà un classique !"
3- Antichrist de Lars von Trier
"Un prologue superbe, qui aurait presque pu se suffire à lui-même. Puis une peinture naturaliste troublante en perpétuelle évolution jusqu'à la destruction. Charlotte Gainsbourg ose tout et va au-delà même des espérances. Un film qui mérite mieux que la polémique qu'il a engendré.
4-Là-haut de Pete Docter & Bob Peterson
"Un grand bol d'air frais, un voyage poétique au pays des rêves. Jamais une scène d'un film d'animation ne m'avait autant ému depuis... la mort de la maman de Bambi ! Inoubliable !"
5- Good Morning England de Richard Curtis
"Un hymne rock'n'roll à l'insouciance et à la liberté, qui va jusqu'au bout de l'absurdité pour nous amuser. Le divertissement le plus jouïssif de l'année !
6- (500) jours ensemble de Marc Webb
"L'histoire d'une histoire d'amour ou la comédie romantique originale et décalée que l'on attendait depuis... que le genre existe ! Les acteurs ont un charme fou et nous embarquent sans niaiserie dans cette aventure simple et touchante avec un naturel désarmant."
7- Boy A de John Crowley
"Une émotion constante, sur le fil; un réalisme parfois sordide mais jamais tire-larmes; un héros qui nous hante et que l'on pardonne, nous."
8- Welcome de Philippe Lioret
"Après 'Je vais bien ne t'en fais pas', Lioret prouve à nouveau qu'il sait toucher là où ça fait mal. Réaliste et pudique, ce film aurait dû réveiller les consciences. Quelques mois plus tard, rien n'a changé. Il a le mérite d'exister pour ne pas oublier."
Sur un sujet pas si éloigné mais de l'autre coté de l'Atlantique, Frozen River n'a pas démérité.
9 ex-aequo - Les Noces rebelles de Sam Mendes / Away We Go de Sam Mendes
"Deux films du même réalisateur, sortis la même année et complémentaires. Le premier est dramatique, déprimant mais magnifique, le second est léger, amusant et plein d'espoir."
10- Les Vies privées de Pippa Lee de Rebecca Miller
"Le portrait tout en finesse d'une femme complexe et attachante, incarnée par la divine mais trop rare Robin Wright Penn. De nombreux seconds rôles qui brillent par leur justesse, de Keanu Reeves à Monica Bellucci en passant par Julianne Moore. "
Mention spéciale à Avatar, que j'ai vu après avoir réalisé ce classement mais qui y aurait eu sa place sans aucun doute !
Classement réalisé pour AlloCiné - Dossier "Remember 2009"
Ciné Mix [Novembre-Décembre 2009]
Coup de Coeur
LA ROUTE
Il y a maintenant plus de dix ans que le monde a explosé. Personne ne sait ce qui s'est passé. Ceux qui ont survécu se souviennent d'un gigantesque éclair aveuglant, et puis plus rien. Plus d'énergie, plus de végétation, plus de nourriture... Les derniers survivants rôdent dans un monde dévasté et couvert de cendre qui n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut. C'est dans ce décor d'apocalypse qu'un père et son fils errent... Alors qu'ils suivent une ancienne autoroute menant vers l'océan, le père se souvient de sa femme et le jeune garçon découvre les restes de ce qui fut la civilisation. Durant leur périple, ils vont faire des rencontres dangereuses et fascinantes. Même si le père n'a ni but ni espoir, il s'efforce de rester debout pour celui qui est désormais son seul univers. (AlloCiné) // Je n'ai pas peur de qualifier La Route de chef d'oeuvre. Tout simplement parce que c'est un film qui m'a bouleversé, qui m'a marqué à jamais, que j'ai trouvé sublissime de bout en bout. Je n'admets même pas qu'on l'ait pu ne pas l'aimer, ne serait-ce qu'un peu. Les paysages désertiques, brumeux, tristes à pleurer : impressionnants et magnifiques ! La prestation de Viggo Mortensen : admirable ! Son meilleur rôle sans doute. Même Charlize Theron, que l'on voit peu, est d'une justesse incroyable. Et j'irai même plus loin : même Molly Parker, que l'on doit voir une minute, tout au plus, est bouleversante. Tout est dans son regard et ce qu'elle représente. Robert Duvall aussi est parfait. Casting impeccable quoi. La lenteur du récit sied parfaitement au propos, et les moments de panique sont d'autant plus prenants et intenses. J'ai tout aimé de ce voyage et il entre sans problème dans le Top 10 de mes films préférés.
Le Presque-Coup De Coeur
AVATAR
Jake Sully, un ancien marine immobilisé dans un fauteuil roulant, est recruté pour se rendre à des années-lumière de la Terre, sur Pandora, où de puissants groupes industriels exploitent un minerai rarissime destiné à résoudre la crise énergétique sur Terre. Parce que l'atmosphère de Pandora est toxique pour les humains, ceux-ci ont créé le Programme Avatar, qui permet à des "pilotes" humains de lier leur esprit à un avatar, un corps biologique commandé à distance, capable de survivre dans cette atmosphère. Ces avatars sont des hybrides créés génétiquement en croisant l'ADN humain avec celui des Na'vi, les autochtones de Pandora. On confie à Jake une mission d'infiltration auprès des Na'vi, devenus un obstacle trop conséquent à l'exploitation du précieux minerai. Mais tout va changer lorsque Neytiri, une très belle Na'vi, sauve la vie de Jake... (AlloCiné) // J'étais très récalcitrant à l'idée d'aller voir Avatar, car je ne suis pas client de ce genre de films en général et parce que toute la promotion faite autour du film m'a gavé. Heureusement qu'on ma forcé ! Heureusement ! Avatar est géantissime et est à voir absolument en 3D car il a été pensé pour un tel visionnage et c'est là qu'il prend toute son ampleur. On est comme transporté à Pandora, sans temps morts pendant 2h40, et l'on ne veut plus quitter cette Terre au bout du compte. Les grands personnages bleus auraient pu être ridicules mais ils sont au contraire très attachants. James Cameron a su construire une mythologie incroyable et l'on assiste, les yeux écarquillés, à quelque chose de grand et qui fera date, sans nulle doute. Là où le film pêche, c'est évidemment au niveau de son scénario très manichéen et sans surprise. Pourtant, j'ai trouvé que le message écologique passait bien, sans en faire des tonnes, et tant pis si les méchants humains sont ridicules. Un grand moment de cinéma, une claque énorme ! C'est le début d'une grande aventure je crois...
La belle surprise
LES VIES PRIVEES DE PIPPA LEE
Pippa Lee s'est construite une vie confortable dans une atmosphère feutrée. Elle est dévouée à son mari plus âgé, ainsi qu'à ses enfants déjà adultes. Mais à l'approche de la cinquantaine, cette sérénité en apparence parfaite s'effrite. Pippa a connu une enfance tumultueuse et délurée où se sont mêlés sexe, drogue et rock'n'roll. Désormais, elle doit donc trouver un équilibre entre sa jeunesse troublée et la femme "trop rangée" qu'elle est devenue. Sa rencontre avec un mystérieux jeune homme va lui permettre de trouver un nouveau sens à sa vie... (AlloCiné) // Ce que cette Pippa Lee peut être attachante ! Robin Wright Penn en a fait du chemin depuis Santa Barbara, c'est peu de le dire ! Elle délivre ici une prestation sobre et juste, à faire pâlir certaines grandes reines Hollywoodiennes qui ne jurent que par le botox et qui n'ont même plus d'expression humaine. Un peu gênant quand on est une actrice et que l'on doit faire passer des émotions. La beauté de Robin Wright Penn est naturelle et ça la rend mille fois plus intéressante... Pour en revenir au film, il est vraiment touchant. Une succession de rires, de drames, d'accalmies et de fantaisies. Même Blake Lively, que je ne porte pourtant pas dans mon coeur, est convaincante en Pippa Lee version ado trash. Beaucoup de seconds rôles surprenants tenus par des acteurs confirmés : Julianne Moore, Winona Ryder, Keanu Reeves, Monica Bellucci, Maria Bello... Un beau film donc, qui aurait mérité un accueil plus chaleureux. Voire un accueil tout court.
La déception
LE VILAIN
Un braqueur de banques, le Vilain, revient après 20 ans d'absence se cacher chez sa mère Maniette. Elle est naïve et bigote, c'est la planque parfaite. Mais celle-ci découvre à cette occasion la vraie nature de son fils et décide de le remettre dans le " droit chemin ". S'ensuit un duel aussi burlesque qu'impitoyable entre mère et fils. // De la part d'Albert Dupontel, qui a enfanté Bernie, on pouvait s'attendre à un film beaucoup plus noir et beaucoup plus insolent. C'est finalement bien gentillet. Le monsieur semble s'être assagi avec l'âge. Tant pis pour nous ! En tant qu'acteur, en revanche, il tient toujours bien la route. Excellente idée que de s'adjoindre les services de Catherine Frot, même si prendre une vraie vieille actrice aurait été tout aussi bien. Elle est bonne, elle sait toujours ne pas en faire trop. Mais pour le coup, elle n'en fait peut-être pas assez... Ou est-ce son rôle qui n'est pas à la hauteur des espérances ? Le problème du film, c'est qu'il tourne vite à la suite de sketchs plus ou moins inspirés et plus ou moinds drôles. Ils mettent trop de temps à se mettre en place et pendant ce temps-là, on s'ennuie un peu, voire beaucoup sur la fin. Plein de petites trouvailles m'ont plu, comme le coup de la tortue "taguée". On ne passe pas un mauvais moment dans l'ensemble mais vraiment rien de mémorable.
Ciné Mix [Août-Septembre-Octobre 2oo9]
Coups de Coeur
(500) JOURS ENSEMBLE
Tom croit encore en un amour qui transfigure, un amour à la destinée cosmique, un coup de foudre unique. Ce qui n'est pas du tout le cas de Summer. Cela n'empêche pourtant pas Tom de partir à sa conquête, armé de toute sa force et de tout son courage, tel un Don Quichotte des temps modernes... // Un beau film simple et touchant qui part d'une belle idée simple et touchante. Ce n'est ni plus ni moins que l'histoire d'une histoire d'amour mais la façon de la traiter est on ne peut plus originale et décalée puisqu'elle nous est racontée de manière totalement destructurée, en égrénant les grands moments de cette histoire dans le désordre le plus complet. Zooey Deschanel est radieuse, Joseph Gordon-Levitt est très convaincant. Une excellente bande-son vient magnifier l'ensemble.
LES DERNIERS JOURS DU MONDE
Alors que s'annonce la fin du monde, Robinson Laborde se remet peu à peu de l'échec d'une aventure sentimentale pour laquelle il s'était décidé à quitter sa femme. Malgré l'imminence du désastre, et peut-être pour mieux y faire face, il s'élance dans une véritable odyssée amoureuse qui l'entraîne sur les routes de France et d'Espagne. // Le cinéma des frères Larrieu est décidemment un des plus originaux de notre époque. Cette aventure apocalyptico-romantique est étrange, déroutante, parfois douteuse, mais toujours fascinante car tous les délires sont permis et les acteurs y croient, que ce soit Mathieu Almalric, impeccable, Catherine Frot, encore plus délicieuse que d'habitude, Karine Viard, qui ose comme jamais, et Sergi Lopez, qui nous montre toute l'étendue de son talent et c'est peu de le dire (ceux qui ont vu le film comprendront). C'est sans doute un peu trop long mais on ne s'ennuie jamais vraiment. Et, petite anecote qui n'intéresse que moi : la dernière scène a été tournée dans ma rue à Paris !
Les presque-Coups de Coeur
AWAY WE GO
Lorsque Burt et Verona apprennent qu'ils vont devenir parents, c'est la panique. Ils détestent la ville de province où ils habitent, et maintenant que les parents de Burt déménagent, plus rien ne les y retient. Ils décident alors de partir à la recherche de l'endroit parfait où fonder leur famille... // Sam Mendes ne chôme pas ! Après Les Noces Rebelles en début d'année, un beau film portant un regard désespéré sur le couple (lire ma critique), il offre sa plus pure antithèse avec Away We Go. Le couple n'y est pas magnifié mais le message final est bien positif. On suit les rencontres familiales et amicales de ces deux êtres extrêmement attachants avec beaucoup de plaisir. Le rire est souvent au rendez-vous mais l'émotion n'est pas en reste, elle vous surprend au détour d'une histoire qui semblait a priori anodine. L'esprit "road-movie" n'est peut-être pas suffisamment exploité, c'est le seul véritable reproche que je ferais au film. John Krasinski et Maya Rudoph offrent de bonnes prestations, prouvant qu'ils compteront dans le cinéma de demain si on leur fait confiance.
NON MA FILLE, TU N'IRAS PAS DANSER
Depuis qu'elle s'est séparée de Nigel, Léna traverse la vie comme elle peut avec ses deux enfants. Elle triomphe avec vaillance des obstacles semés sur leur route. Mais il lui reste à affronter le pire : l'implacable bonté de sa famille qui a décidé de faire son bonheur... // Le nouveau Honoré est arrivé et ce n'est clairement pas son meilleur film. Mais pour moi qui suis fan de son cinéma, je me suis retrouvé comme un poisson dans l'eau, dans un univers que je connais bien maintenant, qui est celui du réalisateur mais aussi des personnages. Ils évoluent tous dans un même Paris, on ne serait pas étonné que l'héroïne de Non ma fille croise celui de Dans Paris au détour d'une rue, la seule limite étant qu'Honoré a tendance à ré-utiliser les mêmes acteurs. On retrouve les obsessions du réalisateur et son talent de portraitiste. Si Léna est agaçante sur la longueur, elle n'en est pas moins attachante et réelle. Chiara Mastroianni est très juste dans son interprétation, tout comme Jean-Marc Barr, Marina Fois et Marie-Chrisine Barrault. Louis Garrel apporte sa fantaisie poétique et précieuse habituelle sans laquelle un Honoré ne serait pas un vrai Honoré. Le délire Breton au milieu du film est une jolie idée sur le papier, mais le son de la cornemuse à fond dans le cinéma devient vite insupportable.
Les autres films
LA PROPOSITION
Lorsque Margaret, une très puissante éditrice, est menacée d'être expulsée vers son pays natal, le Canada, elle imagine une solution d'urgence et déclare qu'elle est fiancée à son assistant, le malheureux Andrew, qu'elle exploite et maltraite depuis des années. Celui-ci accepte de participer à la supercherie, mais à ses conditions. Le curieux couple se rend en Alaska pour rencontrer l'étonnante famille d'Andrew... // Voilà une comédie romantique typiquement américaine très efficace qui ne peut que faire passer un bon moment ! On est évidemment dans la caricature, parfois dans le too much, certains gags ont été vu mille fois et on sait dès le départ comment ça va se terminer, mais on se laisse emporter. Je fais partie des rares personnes qui apprécient Sandra Bullock. Je la trouve vraiment bonne dans la comédie et j'adorerai qu'elle ait sa propre sitcom ! Ryan Reynolds est charmant, mais pas que. Et puis alors Betty White, ex-Craquante-Golden Girl, est absolument géniale ! Un film indispensable pour se détendre en somme.
MICMACS A TIRE-LARIGOT
Bazil n'a pas beaucoup de chance avec les armes. La première l'a rendu orphelin, la deuxième peut le faire mourir subitement à tout instant. Par chance, ce doux rêveur, à l'inspiration débordante, est recueilli par une bande de truculents chiffonniers aux aspirations et aux talents aussi divers qu'inattendus, vivant dans une véritable caverne d'Ali-Baba. Un jour, en passant devant deux bâtiments imposants, Bazil reconnaît le sigle des deux fabricants d'armes qui ont causé ses malheurs. Aidé par sa bande d'hurluberlus, il décide de se venger. // J'aime beaucoup Jean-Pierre Jeunet mais je trouve qu'après 5 ans d'absence, il aurait pu faire mieux. Je ne lui reproche pas d'avoir repris ses filtres jaunis, c'est ce qui caractèrise visuellement son univers et j'adore ça. Je ne lui reproche pas non plus un manque d'inventivité, Micmacs regorge d'idées de génie. Je trouve simplement que ce film manque singulièrement d'émotion, contrairement à Amélie Poulain et Un long Dimanche de fiançailles. Peut-être est-ce à cause de Dany Boon, que je n'aime pas beaucoup. Tous les rôles secondaires sont d'ailleurs plus intéressants et amusants que lui. Peut-être aussi que l'intrigue est trop tirée par les cheveux à mon goût. Toujours est-il que c'est un joli petit film mais pas un grand film. Je m'attendais à mieux.
Ciné Mix [Juillet 2oo9]
Coup de Coeur
LA-HAUT (3D)
Carl, un vieil homme de 78 ans, décide, à la mort de sa femme, de réaliser leur rêve : partir pour l'Amérique du Sud. Il décide alors d'attacher sa maison à des milliers de ballons et s'envole avec elle pour une aventure dans le ciel aux cotés du petit Russell, un enfant de 9 ans toujours très enthousiaste ! // Vous imaginez ce film mignon et poétique rien qu'en voyant l'affiche ? Alors vous avez tort : il est bien plus que ça ! Il n'est pas mignon, il est magnifique. Il n'est pas poétique, il est... le mot n'existe pas. Pixar nous a habitué, avec Wall-E notamment, à traiter de sujets graves et sérieux (l'écologie, ici la vieillesse) avec fantaisie et émotion. L'idée même de cette maison volante est superbe, mais tout ce qui précède le voyage est d'une profondeur rarement atteinte dans un dessin-animé. La perte de l'être aimé, la peur de la mort, voilà des problèmatiques très adultes qui ne peuvent que toucher. Les premières minutes du film sont ainsi bouleversantes. Ensuite, c'est le thème de la poursuite des rêves qui est abordé et qui parle forcément aux petits et aux grands. La deuxième moitié du film, à partir du moment où la fine équipe débarque à Paradise Falls, est un peu moins réussie, la faute aux chiens qui parlent peut-être, mais reste un excellent divertissement bourré d'humour. Là-Haut est donc LE film à voir cet été et il fait d'ores et déjà partie des classiques du cinéma d'animation. Si vous le pouvez, privilégiez la version en 3D. Elle n'a jamais eu autant de sens que pour ce film ! Un grand bol d'air frais.
Les Autres Films
LES BEAUX GOSSES
Hervé, un adolescent boutonneux et franchement ingrat, a les hormones en ébullition et n'a plus que deux buts dans la vie : sortir avec une fille puis coucher avec cette fille ! Forcément, lorsqu'Aurore, une des plus belles filles du lycée, s'intéresse à lui, rien ne va plus ! Il va se faire "aider" par son meilleur ami, Camel, adepte des films X et des pages lingerie de La Redoute... // Une excellente comédie française au succès innatendu : voilà qui se fait de plus en plus rare. Y'a bien eu les Ch'tis, mais juste pour le succès innatendu hein. Les Beaux Gosses me fait penser à tous ces films des années 80 type Les Sous-Doués ou P.R.O.F.S. C'est le même genre d'humour de bas-étage qui ne peut que vous faire rire voire hurler de rire. Bien-sûr, quand on a vu la bande-annonce, on a vu certaines des meilleures scènes, mais il y en a encore beaucoup d'autres dans le film qui valent le coup d'oeil. L'ensemble est clairement exagéré, la fin un peu abrupte, mais qu'importe : on a pas fini de voir et revoir Les Beaux Gosses à mon avis !
CORALINE (3D)
Coraline est une petite fille espiègle et solitaire, contre son gré, qui vient d'emmenager dans une étrange maison. Pour tromper l'ennui, elle décide d'explorer la demeure et se retrouve coincée dans un autre monde où son autre mère est bien plus sympathique que sa vraie mère et où son autre père est bien plus disponible que son vrai père. Malheureusement, ce rêve se transforme rapidement en cauchemar... // Ne tombez pas dans le piège qui consiste à croire que Coraline est proche de l'univers de Tim Burton ! Bien-sûr, on retrouve quelques similitudes, un certain esprit gothique par exemple, mais ce film est beaucoup plus enfantin et il n'a pas grand chose de cruel. On frissonne de temps à autres mais l'ensemble est bien trop gentillet à mon goût. Il faut toutefois saluer le travail du réalisateur, Henry Selick, qui prend de l'ampleur à travers la 3D même si elle n'est pas ici indispensable, et les voix en VO de Dakota Fanning et Jennifer Saunders. Je serai un peu moins élogieux envers Teri Hatcher, qui n'a pas réussi à me faire oublier Susan Mayer, mais c'est peut-être moi qui fait une fixette. Un film d'animation qui séduit donc surtout les enfants, moins les adultes.
PUBLIC ENEMIES
L'histoire vraie de John Dillinger, un braqueur de banque hors-pair, qui a été considéré comme "l'ennemi public numéro 1" dans l'Amérique des années 30. Melvin Purvis, un agent fédéral obstiné, l'a traqué sans relâche... // Pas convaincu par le nouveau Michael Mann. A la base, je le savais en y allant : ce n'est pas mon genre de film. J'ai été donc agréablement surpris en me rendant compte que je ne m'ennuyais pas, pas une seconde ! Malheureusement, cette histoire on la connaît par coeur. Elle a été traitée dans bien d'autres films, aussi bien voire mieux. On attend dèsespérément le moment où le film va se transcender et nous offrir quelque chose de différent mais ce moment n'arrive jamais. A la place, on a droit à des scènes d'amour vues et revues, sans profondeur, et aussi à quelques scènes faciles et ridicules qui décrédibilisent complètement le propos. Je ne m'étenderais pas sur le jeu de Christian Bale, totalement inexpressif, comme dans The Dark Knight, ni sur celui de Marion Cotillard, qui fait de son mieux, qui s'en sort honorablement mais son personnage manque de développement. Johnny Depp est très bien, as usual. Le point fort du film est sa réalisation souvent inspirée, avec une scène, notamment, hallucinante de maîtrise !
Séance de rattrapage
J'IRAI DORMIR A HOLLYWOOD
Antoine de Maximy parcourt les Etats-Unis d'Est en Ouest à bord d'un corbillard rouge flamboyant et fait la rencontre d'Américains qui se livrent avec sincérité et naturel. Ils parlent de leur vision de la vie, de leurs espoirs, de leurs déceptions... // J'attendais beaucoup de ce documentaire et, pour avoir vu quelques numéros de l'émission dont il est adapté, je pensais qu'il avait quelque chose de plus pour qu'il soit diffusé dans les salles de cinéma. A part sa durée (1h30), pas grand chose ne le différencie des autres opus de la série, si ce n'est la destination, qui évoque certainement beaucoup plus de choses au grand public. Et je ne vais pas prétendre le contraire : je rêve de partir un jour aux Etats-Unis, faire ce grand voyage d'Est en Ouest, dormir dans des motels miteux sur le bord de la route 66, jouer aux machines à sous à Las Vegas, me recueillir à Wilmington en éternel fan de Dawson, flamber à Miami, prendre un taxi jaune à New York... Ce documentaire est authentique, les rencontres faites sont intéressantes et souvent émouvantes, certains passages sont prenants (à la Nouvelle-Orléans dévastée et dangereuse par exemple) mais il manque quelque chose. En fait, il aurait mérité de durer plus longtemps ou alors carrément d'adopter un format série, en plusieurs épisodes. Je ressors du visionnage émerveillé mais frustré.
Ciné Mix [Juin 2oo9]
Coup De Coeur
GOOD MORNING ENGLAND
Carl, un ado timide mais rebelle, va faire l'apprentissage de la vie chez son parrain, le patron d'une radio anglaise pirate qui émet depuis un bateau au beau milieu de la mer du Nord. Tandis que les animateurs et DJs de la radio star s'amusent au rythme de la musique 24h/24, les autorités anglaises font tout pour la faire interdire... // Encore un feel-good movie et celui-ci est particulièrement réussi ! Parce qu'en plus de nous faire énormément rire avec des personnages tous plus extravagants et attachants les uns que les autres, il nous fait découvrir un pan intéressant et méconnu de l'histoire du Royaume-Uni. La partie "historique" est aussi drôle que le reste d'ailleurs puisque l'on joue sur l'absurdité de l'austérité du ministère. La dernière partie du film est particulièrement excellente, tant le scénariste est allé au bout de son délire et le réalisateur, Richard Curtis, s'est surpassé. Evidemment, la musique est omniprésente et elle nous fait un bien fou ! L'occasion de découvrir ou redécouvrir des morceaux cultes du rock'n'roll des années 60. Un hymne à l'insouciance et à la liberté !
Les Autres Films
ANTICHRIST
Un couple en deuil se retire dans un chalet isolé dans les bois, "Eden", pour guérir leurs coeurs et sauver leur mariage. Mais la nature reprend ses droits et les choses vont de mal en pis... (AlloCiné) // On a entendu beaucoup de choses sur ce film mais j'ai le sentiment que la polémique a trop souvent fait oublier l'incroyable maîtrise du réalisateur Lars Von Trier, qui en a fait une grande peinture vivante et troublante. Je comprends que certaines scènes aient pu choquer, même si je ne l'ai pas été personnellement, mais Antichrist vaut mieux que ça. La douleur va crescendo et se mue en folie profonde et destructrice, admirablement jouée par Charlotte Gainsbourg, qui signe ici certainement la prestation la plus réussie de sa carrière. Mais il ne faut pas oublier celle de Willem Dafoe, qui est elle-aussi admirable. On a parlé de misogynie, d'un message qui se résumerait à "Toutes les femmes sont des sorcières" mais je ne l'ai pas ressenti comme cela. Cette femme-là, sans doute, a tout d'une sorcière, et elle finira comme celles de moyen-âge, brûlée, mais ne sont-ce pas ses lectures et sa thèse qui l'aurait rendue folle ? Le film n'aura-t-il pas pour sujet la puissance des mots ? Son découpage en chapitres n'est pas un hasard. A ce propos, si l'on ne devait garder qu'une seule scène du film, ce serait le prologue, parfaitement sublime. Un film qui dérange donc mais d'une richesse incroyable.
SUNSHINE CLEANING
De star du lycée avec qui tous les garçons voulaient coucher, Rose est devenue une trentenaire mère célibataire complétement paumée. Pour pouvoir payer une école privée à son fils, elle monte avec sa soeur une entreprise originale en pleine expansion : le nettoyage de scènes de crime ! // Sunshine Cleaning a un petit air de Little Miss Sunshine, le "sunshine" du titre sans doute, la production indépendante et la présence au casting d'Alan Arkin. Cette chronique douce-amère passe du rire aux larmes avec beaucoup d'agilité et de simplicité. Le pittoresque du sujet est un beau déclencheur d'émotion mais de sourires aussi. Les deux actrices principales, Amy Adams et Emily Blunt, sont plutôt convaincantes, avec une petite préfèrence pour la deuxième, sans doute parce que son rôle me semble plus intéressant. Finalement, ce film parle de la mort, de toutes les morts (la mort physique, la mort de l'adolescence, la mort des idéaux...), sur un ton résolument léger, sans cynisme et sans complaisance.
CONFESSIONS D'UNE ACCRO AU SHOPPING
Becky Blomwood est ce que l'on appelle une "shopaholic". Elle achète encore et encore des tonnes de fringues non plus par envie mais par un besoin viscéral qu'elle se doit d'assouvir à tous prix. Elle accumule les dettes, n'étant pas franchement riche, et à un recouvreur des impôts à ses trousses. Elle rêve de travailler dans un magazine de mode branché mais se retrouve dans un magazine... financier ! // Ce film représente pour moi le néant absolu. On pourrait parler de simple divertissement pas prise de tête si le personnage n'était justement pas prise de tête ! Je ne remet pas en cause la prestation d'Isla Fisher, qui fait ce qu'elle peut, mais plutôt celle des scénaristes qui ont trop souvent choisi de céder à l'hystérie. Lorsque le film se termine, c'est un sentiment de soulagement qui prédomine. Comme on pouvait s'y attendre, il enchaîne les clichés avec une facilité déconcertante, et si le but était de dénoncer la superficialité, c'est raté. Ce film est une supercherie superficielle ! L'histoire d'amour qui parcourt le récit est la cerise sur un gâteau déjà bien trop sucré. Cependant, je ne vais pas mentir et dire que tout est à jeter : il y a quand même quelques scènes amusantes. Là où Le Diable s'habille en Prada avait bien réussi, Confessions d'une accro au shopping échoue totalement. A échanger ou rembourser !
Avant-Première
TOY BOY
Nikki est un séducteur né, qui mène la belle vie en se faisant entretenir par de riches femmes à Hollywood. Mais le jour où il rencontre son équivalent féminin, Heather, dont il tombe amoureux, il perd sa belle assurance... // Parce qu'à défaut de partir en vacances à Los Angeles, vous pourrez quand même goûter au soleil de la cité des anges, à ses villas high-tech, ses piscines rafraîchissantes et ses fêtes orgiaques, et ce en compagnie d'un Ashton Kutcher en grande forme, qui donne vraiment de sa personne. Son personnage de dandy dragueur aux bretelles bien tendues amuse, énerve parfois, mais charme toujours au bout du compte. Anne Heche, bien trop rare au cinéma, n'a jamais été aussi belle, et lui donne la réplique avec panache. Sous ses faux airs de comédie potache, Toy Boy vaut bien mieux que ce que l'on pourrait croire ! (Extrait du guide des films de l'été sur AlloCiné).
Séance de rattrapage
HOME
Une petite famille s'épanouie depuis de nombreuses années dans une maison isolée à la campagne, bordée par le bitume d'une autoroute abandonnée. Leur vie bascule le jour où les travaux reprennent en vue de l'ouverture tardive de l'autoroute... // Home, qui n'a rien à voir avec le documentaire de Yann Arthus-Bertrand, est injustement passé inaperçu lors de sa sortie en salles l'année dernière, et ce malgré la présence au casting d'Isabelle Huppert. C'est bien dommage car c'est un véritable petit bijou, un OVNI captivant et presque surréaliste, qu souffre simplement de quelques longueurs. C'est d'autant plus impressionnant qu'il s'agit d'un premier film, celui de Ursula Meier, dont on entendra certainement parler dans les années qui viennent. La preuve qu'il est encore possible de sortir des sentiers battus, de poser sa caméra au beau milieu de nulle part et de raconter avec poésie une histoire simple et touchante.