It's Not Weird, It's Magical
Dès les premières secondes de ce pilot, on devine que Pushing Daisies est une série atypique, pas du tout comme les autres. Le premier plan est à l'image du reste de l'épisode : très coloré, avec ce champ de fleurs jaunes éclatant. La réalisation est extrêmement soignée, les références sont claires : on est à mi-chemin entre du Tim Burton et du Jean-Pierre Jeunet, au niveau de l'image mais aussi en termes de scénario. On a beau être à la télévision, on se croirait au cinéma. On ne s'étonnerait pas de voir Ned, le héros, croiser au détour d'une ruelle la toujours guillerette Amélie Poulain. Le début du pilot est consacré à la jeunesse de Ned et à la découverte de son pouvoir : il peut ressusciter les être-humains simplement en les touchant. Le monde de l'enfance est magnifiquement représenté avec toutes ces couleurs, avec ce ciel bleu parfait et avec cette nature enchanteresse. Ned est amoureux de sa petite voisine qu'il surnomme Chuck. Le jour où sa mère meurt subitement, Ned choisit de la réveiller mais c'est sans compter sur les conséquences de cet acte. En effet, le pouvoir de Ned a des limites : si au bout d'une minute il n'a pas touché à nouveau la personne précédemment ressuscité, une autre personne mourra pour respecter l'équilibre de la vie. Et cela peut tomber sur n'importe qui, ce jour-là c'est tombé sur le père de Chuck. Alors elle dû partir vivre avec ses étranges tantes. Et pendant ce temps là, Ned s'en est beaucoup voulu ... Le pitch de départ sonne comme un conte à la fois romantique et cruel, un conte un peu morbide aussi. Un conte très Burtonnien. Comment ne pas penser à Big Fish ?
C'est 19 ans plus tard que l'on retrouve Ned, il a bien grandi, au sens propre comme au sens figuré mais il n'a pas perdu son âme d'enfant. Sa mère était une cuisinière hors-pair dont la spécialité était la tarte (aux pommes ?), alors il a ouvert son Pie Hole, restaurant où l'on déguste des tartes, rien que des tartes ! Même la serveuse est tarte ! Une bimbo blonde (je sais, c'est redondant) qui n'a pas sa langue dans sa poche et qui n'hésite pas à sortir toutes sortes d'âneries amusantes. Le décor du restaurant est superbe ! Une ambiance rétro/sixties étonnante. Le meilleur client de Ned est un détective et c'est en quelque sorte son associé. En effet, nos deux compères résolvent des crimes ! Grâce au don de Ned, ils réveillent les morts et leur demandent tout simplement qui les a tué. Une manière originale d'enquêter en somme. Tout se complique le jour où Chuck meurt à son tour, étouffée dans un sac en plastique rose, par un inconnu cagoulé. Forcément, Ned la fait revenir d'entre les morts et ne peut se résoudre à la toucher une seconde fois et l'a laissé mourir. Alors ils vont tous les 3 partir à la recherche du meurtrier, cela les conduira chez les tantes de Chuck. Elles sont délirantes, de vrais personnages cartoonesques. Elles vivent reclues dans ce qui ressemble à un petit château, forcément très coloré, c'est leur petit monde à elle, kitsh mais charmant. A la fin de l'épisode, nous avons qui a tué Chuck et nous comprenons que l'amour que se porte mutuellement Ned et Chuck depuis leur plus tendre enfance va être soumis à rudes épreuves puisqu'il ne peut plus la toucher, sinon elle mourra.
Ce premier épisode de Pushing Daisies est proche de la perfection et c'est rare. Ca ne guarantit cependant pas que les épisodes suivants seront aussi bons mais la base est extraordinaire. C'est Bryan Fuller qui est à l'origine du scénario, il est déjà l'auteur de Wonderfalls (review du pilot à venir sur le blog) et de l'excellente Dead Like Me, qui traitait elle aussi de la mort mais de manière originale (L'histoire d'une adolescente qui meurt écrasée le jour de ses 18 ans par une lunette de WC tombée du ciel et qui a pour mission de faucher les être-humains en les emmenant vers la mort ...) D'ailleurs, Bryan Fuller ne cache pas que la série aurait dû être un spin-off de Dead Like Me, si cette dernière ne s'était pas arrêtée prématurément. Effectivement on est dans un univers très proche mais encore plus abouti. Il est également l'heureux producteur de Heroes, on comprend donc bien pourquoi l'image est si formidablement soignée. Le pilot est réalisé par Barry Sonnenfeld, un habitué du cinéma (Men In Black, Wild Wild West, The Adams Family ...). La musique fait beaucoup à penser à celle de Desperate Housewives, avec cet aspect toujours très tragi-comique. Beaucoup de références donc. Les dialogues sont très bons et les acteurs à la hauteur de leurs rôles, à commencer par Lee Pace qui joue un Ned instantanément attachant. Anna Friel campe une Charlotte pétillante et touchante (la scène dans le cercueil, quand elle voit défiler sa vie) et Chi McBride c'est mon chouchou ! Il a déjà oeuvré dans Boston Public, The Nine, House ... Son rôle est pour l'instant un peu moins tranché que celui des autres, c'est un gentil y'a pas de doutes mais certaines de ses intentions ne sont quand même pas des plus honnêtes. J'aime beaucoup ce passage où il regarde avec désespérance les deux tourtereaux sur leur petit nuage. Et n'oublions pas de mentionner "la voix" qui est très présente tout le long du pilot. Ce qui aurait pu être énervant ne l'est absolument pas, c'est un petit plus qui rajoute à l'atmosphère déjà bien captivant de la série.
Parce que nul ne peut être parfait, ce pilot est inquiétant. Pour deux raisons. La première est qu'il laisse à penser que l'on pourrait se retrouver face à des épisodes loners (un épisode = une histoire) par la suite. Du style une enquête sur un meurtre plus les petits tracas de nos personnages en filigrane. Et ce serait à mon sens bien dommage. Il faut bien que ce pouvoir serve à quelque chose, certes, mais de là à en faire uniquement un outil pour enquêter sur des meurtres ... Ce serait gâcher la marchandise. Et puis la relation Ned/Chuck est dès le pilot "coincée". Ils ne peuvent se toucher, à moins de trouver un remède à cela, on risque vite de tourner en rond. De toute façon, il apparaît clairement que ce n'est pas une série faite pour durer une dizaine de saisons. 2 ou 3 suffiront probablement. Cela nous amène au second problême. Pushing Daisies va-t-elle survire aux dures lois de l'audience ? Elle est diffusée sur un grand network, ABC, alors même qu'elle ressemble en tous points à une série dites "du câble", à audience restreinte donc. Cela va être très difficile de l'imposer, bien que le mercredi à 2oh la concurrence ne soit pas trop rude. Ca passera, ou ça cassera. ABC n'est pas vraiment habituée à faire de cadeaux. Si les premiers épisodes ne marchent pas, on pourra dire adieu à la série très vite et là on se dira que c'est quand même dommage que la série n'ait pas été diffusée sur uen chaîne plus confidentielle, là au moins elle aurait pu durer ... Enfin nous n'y sommes pas, si ça se trouve ça va cartonner !!
// Bilan // Les critiques sont unanimes, je suis unanime. Pushing Daisies est une série d'exception, un véritable bijou comme on en rencontre rarement. Tous les ingrédients sont réunis pour en faire une série culte, si j'étais vous (et si ça n'est pas déjà fait) je jeterais un oeil et une oreille attentive à ce pilot.
A venir : le pilot de Chuck.