The Messengers [Pilot Script]
THE MESSENGERS
Drama // 42 minutes
"Awakening", pilote écrit par Eoghan O'Donnell (Teen Wolf). Réalisé par Stephen Williams (Lost, Person Of Interest). Pour The CW, CBS Television Studios, Industry Entertainment & Thunder Road Television. 60 pages.
Lorsqu'un objet mystérieux s'écrase sur Terre en plein désert, la déflagration libère une vague d'énergie solaire qui arrête un à un les coeurs de personnes apparemment déconnectées les unes des autres. Quelques minutes plus tard, elles se réveillent toutes, changées, et découvrent qu'elles ont désormais pour mission d'empêcher la future et inéluctable Apocalypse. Elles sont les messagers...
Avec Joel Courtney (Super 8), Diego Morgado (The Bible), Shantel VanSanten (Les Frères Scott, Gang Related), Sofia Black d'Elia (Skins US, Gossip Girl), Elyes Gabel (Body Of Proof, Game Of Thrones), Craig Frank (Mixology), JD Pardo (Revolution, Hidden Palms), Lane Garrison (Prison Break), Jon Fletcher...
Après Supernatural, Nikita, Hart Of Dixie, Arrow, The Originals et le pilote Identity, The Messengers confirme que la CW cherche à s'éloigner de plus en plus des teenageries qui ont fait sa (mauvaise) réputation pour se focaliser sur des héros plus adultes. Les personnages de l'horrible pilote Jane The Virgin sont aussi plus âgés que ceux de The Vampire Diaries, Reign & co, mais ils agissent comme s'ils avaient 12 ans et demi donc ça ne compte pas. Une fois que la chaîne aura annulé Star Crossed, The Tomorrow People et The Carrie Diaries -larmes pour celle-ci- il ne restera finalement plus grand chose qui s'adresse directement aux ados. Même ABC Family a tendance à vouloir toucher un public moins jeune et plus... familial. C'est un peu triste dans le fond, mais pour nous qui avons entre 20 ans et... je ne veux blesser personne... 10 ou 20 ans de plus, il y a de quoi se réjouir ! Les shows de la CW sont de plus en plus conformes à nos attentes, bien que toujours très éloignés de nos propres vies. The Messengers creuse d'une certaine manière le sillon tracé par la dernière née The 100 qui elle, pour le coup, aurait gagné à s'intéresser à des personnages adultes, évitant ainsi quelques jérémiades inutiles. On retrouve là une histoire ambitieuse, fantastique, servie par un pilote efficace qui met en place une mythologie intriguante...
Le sous-texte religieux très fort de ce projet pourrait en faire fuir plus d'un. Un des personnages principaux est d'ailleurs un prêtre, Joshua Simmons Jr. Même son nom est très connoté. Mes maigres connaissances en la matière, et peut-être aussi les vôtres, m'ont certainement empêché de comprendre toutes les subtilités des métaphores utilisées par le scénariste. Avant d'écrire cette review, je me suis quand même plongé dans le wikipédia des Quatre Cavaliers de l'Apocalypse par exemple et je dois dire que cela devient très vite passionnant lorsque l'on fait l'effort de véritablement s'y intéresser. Les connexions entre cette littérature Biblique du Nouveau Testament et la série restent à ce stade théoriques. Elles n'en sont pas moins évidentes. Il y a bien 4 personnages qui sont touchés par la fameuse déflagration. Deux hommes : Joshua, le suscité homme de foi, habité mais qui souffre de vivre dans l'ombre de son père; et Peter, 17 ans, un orphelin suicidaire martyrisé par ses camarades sur le campus universitaire, le traitant sans cesse de "fagott", ce qu'il n'est par ailleurs pas. Deux femmes : Vera, une scientifique de la NASA, forcément très cartésienne, abîmée par la perte d'un enfant quelques années plus tôt; et Erin, une jeune maman célibataire, qui tente d'échapper à son ancien petit-ami violent. Bref, des héros meurtris, sauvés par la grâce lorsque la bonté Divine les fait renaître. En parallèle, "The Man" se réveille en plein désert, nu, en position foetale, prêt à les aider à accomplir leur destinée... Il est incarné par Diego Morgado qui, hasard ou coincidence, incarnait Jesus dans la mini-série de History The Bible !
Je sens que je vous ai fait peur avoir tous ces mots religieux. Je ne voudrais pas vous faire croire que The Messengers c'est Les Anges du bonheur à la sauce CW. Ok, un des personnages se découvre des ailes lorsqu'il regarde son reflet dans le miroir, mais à part ça... Le pilote fait davantage penser à Heroes dans sa structure. Les personnages ne sont pas éparpillés aux quatre coins du monde mais dans quatre états américains voisins (le Nouveau-Mexique, l'Arkansas, le Texas, l'Arizona) et sont sur le point de rejoindre le même lieu au terme du pilote : la ville de Houston. Visuellement, tous ces paysages désertiques devraient ravir nos mirettes. Le soleil est presque un personnage à part entière tant sa présence est forte, particulièrement dans les premières scènes, et tant, au moins dans sa symbolique, il joue un rôle. Il impose une lumière naturelle qui rend le récit fascinant, éblouissant. Dans l'écriture, on reste dans quelque chose de relativement classique mais on navigue à vue, ignorant la plupart du temps où la scène suivante va nous mener. Tout est très rythmé puisque l'on passe d'un personnage à l'autre avec aisance. Le suspense est ainsi multiplié : on nous laisse toujours face un nouveau rebondissement (même si tous ne sont pas réussis). Et si les questionnements ne fusent pas forcément pendant la lecture du pilote -donc je suppose de la même manière pendant son visionnage- elles s'amoncellent dans un coin de votre tête sans que vous vous en rendiez compte et sortent une fois qu'elle est terminée. Quel est cet objet mystérieux écrasé sur Terre dont on ne vous parle plus mais que le gouvernement semble vouloir cacher, même à l'un de ses plus éminents scientifiques ? D'autres personnes ont-elles été touchées par ce phénomène de mort immédiate puis de résurrection ? Est-ce que les petits hommes verts ont quelque chose à voir là-dedans ? Oui, la question se pose quand même...
The Messengers est un pas de plus pour la CW vers le pardon. En nous offrant un récit de cette ampleur, la chaîne nous fait rêver à une nouvelle série très ambitieuse, différente de tout ce qu'elle a déjà produit, intelligente, presque philosophique, rythmée, potentiellement passionnante, digne d'un grand network, voire d'une chaîne câblée. On ne trouve que des traces très légères de son ADN. Mais il est certain qu'avec des acteurs et actrices au physique très (trop ?) avantageux et au talent a priori pas immense, un réalisateur pas hyper expérimenté, un scénariste dont c'est la première oeuvre majeure et un budget certainement pas exhorbitant, la prudence est de mise quant au produit final. Au pire, on ne pourra pas lui reprocher d'avoir essayé !