Parenthood [Saison 4]
Saison 4, 15 épisodes // 5 310 000 tlsp.
"'Parenthood' makes me happy and makes me sad at the same time. Everytime. #TeamBraverman". Voilà une phrase que j'avais tweetée en toute innocence en novembre dernier, sous le coup de l'émotion d'un épisode à nouveau magistral, et qui a été retweetée par le compte officiel de la série, en y ajoutant : "We call it the Braverman effect!". Et c'est exactement ça. Mon ressenti après cette très belle saison, aussi bonne que la précédente qui était déjà la meilleure à ce jour, pourrait se résumer à cela. Je dois dire que c'est un déchirement de n'avoir encore pu passer à leurs côtés que 15 semaines. Mais il me parait raisonnable de s'en satisfaire et s'en contenter. Jusqu'ici, la série est passée entre les gouttes de l'annulation grâce à la faiblesse globale de NBC, mais ça ne pourra pas durer éternellement. Cela dit, je crois en une saison 5. Le président de la chaîne l'a avoué récemment à demi-mots. Et ce ne sont pas les programmes de mi-saison qui peuvent prétendre prendre sa place (Deception, Do No Harm...). Et puis des saisons plus courtes, ça a l'avantage de forcer les scénaristes à ne pas perdre de temps, à ne pas tirer en longueur certaines intrigues. Mais ça a le désavantage de les forcer à faire l'impasse sur certains personnages. Je pense surtout à Camille, que l'on avait jamais aussi peu vu depuis la saison 1 ! Bonnie Bedelia en est vraiment réduite à faire de la figuration. Zeek a pris un tout petit peu plus de place grâce à l'introduction de son protégé, Ryan, mais c'est tout. Les intéractions entre les frères et les soeurs, qui n'ont jamais été énormes, en ont aussi fait les frais. J'ai très peu de souvenirs de scènes entre eux, à part dans l'épisode de Noël et une soirée entre filles. De par leur travail, Adam et Crosby sont souvent ensemble. Mais les autres ? J'essaye de me convaincre que c'est justement assez réaliste de ne pas les voir toujours fourrés ensemble. J'avoue que cela vient aussi de mon deuil de Brothers & Sisters qui n'a jamais été terminé. Mais j'aime vraiment bien quand Sarah vient demander conseil à Adam. Ou que Julia sort de sa belle maison pour parler à Crosby. C'est trop rare à mon goût. Mais fini les jérémiades. Passons aux nombreux compliments !
On aurait pu imaginer que le départ d'Haddie pour l'université -premier grand moment d'émotion de la saison- permettrait d'offrir plus de place à Amber, puisque les auteurs ont toujours eu tendance à alterner leur présence, mais il a pourtant fallu attendre un bon moment avant que la jeune femme ne se distingue. Et ça valait le coup de patienter ! Sa romance avec Ryan m'a beaucoup plu. Elle a été présentée dès le départ comme une évidence. Et j'aime les évidences. Traiter du traumatisme de la guerre et de la reconstruction nécessaire au retour à travers le prisme de leur histoire était une jolie idée. Matt Lauria n'est pas le plus grand acteur de sa génération, mais elle a su faire passer correctement le trouble de son personnage. J'ai également apprécié ses scènes avec Joel et sa persévérance, encouragée par Zeek et Amber. Il a rapidement su trouver sa place dans l'ensemble, la rupture a donc été déchirante. La mise en scène de ce passage était d'ailleurs parfaite. Les dialogues, les prestations... tout sonnait parfaitement juste ! Lorsqu'Amber a évoqué le passé amoureux de sa mère pour montrer à quel point il était important pour elle de ne pas commettre certaines erreurs, Parenthood était alors en pleine possession de ses moyens, prouvant sa profondeur et son intelligence. Et des erreurs, Sarah en a encore commis des tas dans cette saison 4 ! Le moment de parler de Hank est arrivé. Je sais que beaucoup ont détesté ce personnage. Je ne fais pas partie de ceux-là. En tout cas plus maintenant. Il a ruiné tout ce que Sarah et l'adorable Mark avaient construit et pour cela, il ne mérite que du mépris, mais il a aussi ajouté la dose de drama nécessaire afin de rendre le couple encore plus fort. Je pensais que Ray Romano ne devait rester à l'origine que quelques épisodes, mais ils ont bien fait de le garder car Hank est vraiment un personnage qui s'apprivoise avec le temps et qui n'a dévoilé son potentiel qu'en bout de course. Je n'ai jamais ô grand jamais voulu qu'il remporte le coeur de l'héroïne, mais au fur et à mesure du temps, j'ai compris ce qu'elle pouvait lui trouver. Cette incartade m'a donc semblé crédible. Et puis ça fait du bien de pouvoir dire que là, Sarah, est allée trop loin et ne pas être capable de lui trouver d'excuse. Dans la "vraie vie", ce sont des choses qui arrivent et qui ne s'expliquent pas. J'ai adoré la résolution de l'intrigue dans le dernier épisode : Sarah n'a plus vraiment de choix à faire car il fuit. Littéralement. C'est tout à fait dans l'esprit du monsieur. Il avait trop peur de perdre. Alors maintenant, quel nouveau défi attend Sarah et Mark ? Le bébé... enfin ? Ces deux-là forment l'un des plus beaux couples de la télévision actuellement. Ils ne cessent de m'émouvoir.
Plus les saisons passent et plus Drew sort de l'ombre de sa mère et de sa soeur. Je l'aime vraiment bien ce petit. Sa fragilité transpire de chacune de ses répliques. Son histoire avec Amy n'a pas été un focus de la saison, vu que leur séparation est arrivée très tôt, mais ils nous ont offert quand même l'une des meilleures intrigues, de loin la plus osée en plus. On le sait, l'avortement est un sujet tabou aux Etats-Unis, tès controversé, et lorsque la télévision ose en montrer un, il y a polémique. Peut-être parce que les mentalités évoluent quand même un peu, peut-être aussi parce que Parenthood est très discrète, mais il n'y en a pas vraiment eu suite à la diffusion de cet épisode, hormis quelques articles sur internet. Et tant mieux ! Cela aurait été triste de détourner une si belle réussite. C'était si bien fichu que j'ai pleuré pendant tout l'épisode, et j'avais même sangloté devant la bande-annonce une semaine plus tôt ! Les larmes de Drew dans les bras de sa soeur puis de sa mère, je ne les oublierais pas. A noter que c'est la deuxième fois que Jason Katims parvient à imposer une telle histoire. Il l'avait déjà fait dans Friday Night Lights, sans qu'on ne lui tombe dessus là encore et sans que la chaîne y oppose son véto ! Bien joué. En même temps, dans une série comme celle-ci qui met en avant les valeurs du mariage et de la famille, un avortement est un accident bien malheureux, pas la traduction d'un état d'esprit, ni le résultat d'une débauche. C'est pour Amy le fruit d'une simple négligence, comme pour la plupart des jeunes filles qui sont confrontées à cette expérience douloureuse. Pour une fois, elles ont pu s'identifier à un personnage. Vous l'aurez compris, cet épisode m'a marqué. Mais le grand arc de cette saison, on le doit à Kristina et son cancer. Beaucoup de séries ont traité du sujet. C'est même devenu un classique, quelque part. Brothers & Sisters l'avait fait avec brio il n'y a pas si longtemps que ça. Les différentes étapes de sa maladie n'ont donc plus de secrets pour nous, des séances de chimiothérapie à la scène du rasage de crâne. L'annonce faite à toute la famille, en présence de Haddie, est finalement le passage qui m'a le plus marqué. Je l'ai vu deux fois d'ailleurs, et j'ai pleuré deux fois. Couper le son en ne se concentrant que sur les visages heureux puis décomposés des Braverman était une brillante idée. Le pan de l'intrigue au cours duquel Adam fait preuve de goujaterie en offrant une perruque à sa femme était intéressant aussi. J'ai juste trouvé too much le message vidéo de Kristina à l'attention de sa famille, "au cas où". Ce qui ne m'a pas empêché de chouiner bien entendu. Monica Potter a été exceptionnelle tout du long et j'espère, sans trop me faire d'illusion, qu'elle sera au moins nommée aux Emmy Awards pour ça. Il serait temps que son talent soit reconnu et que Parenthood ne soit plus totalement snobée... Peut-être que ça viendra sur le tard, comme Friday Night Lights.
Max m'a bien éclaté avec son histoire de distributeur automatique. C'était un fil rouge amusant. J'ai absolument adoré l'épisode où il commence à se poser des questions sur la sexualité. Avant que les auteurs ne l'abordent, j'avoue ne pas avoir pensé qu'il allait forcément rencontrer des difficultés dans ce domaine. J'espère que la série durera suffisamment longtemps pour que l'on puisse assister à ses premiers émois. Cela promet d'être déchirant, et pas seulement pour lui, pour ses parents aussi... A côté de toutes ces storylines très fortes, on aurait pu s'attendre à ce que Julia et Joel, à nouveau, héritent des restes mais cela n'a pas été le cas. Ils ont été bien mis en avant à travers l'adoption complexe de Victor. On a l'habitude de voir dans les séries des greffes qui se font relativement facilement. Elles ne prennent en tout cas jamais vraiment le temps de développer le sujet. Parenthood s'est payée ce luxe. Cela a montré ses limites parfois, avec un sentiment de redite inévitable sur certains épisodes, mais ça valait la peine au bout du compte de s'ennuyer de temps en temps. Ce petit Victor était terriblement attachant, et la détresse de Julia m'a plus d'une fois bouleversé. A la limite, ce que je regrette, c'est que l'impact sur Sydney de cette arrivée dans la famille n'a pas été centrale. J'aurais aimé plus de scènes où Julia et Joel lui expliquent la situation. Hormis quelques vexations passagères, elle s'en sort plutôt bien la petite. Mais bon, après tout, tout n'a pas toujours besoin d'être super compliqué non plus. La déception de la saison, et encore, revient donc à Crosby, Jasmine et Jabbar. Disons qu'il ne leur est rien arrivé de passionnant et que, sur la fin de la saison, la guéguerre avec la belle-mère n'était vraiment pas très inspirée. Elle avait même tendance à rendre chacun d'entre eux agaçants : lui parce qu'il ne supportait rien; elle parce qu'elle était incapable de tenir tête à sa mère; et cette dernière parce qu'elle a abusé de leur hospitalité, agissant un peu comme une diva. Bof bof.
// Bilan // Parenthood, ou le plaisir des choses simples. Le bonheur sans cesse renouvelé de se pencher sur les maux des Braverman. Avoir envie de leur dire que tout va bien se passer. Sentir qu'on fait un peu partie de la famille maintenant. Ne plus vouloir jamais les quitter.