Ringer [1x 06]
Par UglyFrenchBoy
The Poor Kids Do It Everyday // 1 810 000 tlsp.
D’aucuns diront de Ringer qu’elle est « mal écrite ». Mais comment qualifie-t-on l’écriture d’une fiction ? Et qu’est-ce qu’une « série mal écrite » précisément ? Après un rapide sondage sur Twitter, les réponses s’accordent plus ou moins pour définir de la façon suivante: un caractère « artificiel », « de trop grosses ficelles narratives », « des personnages qui tournent en rond », une accumulation « de clichés, de lieux communs », des « dialogues creux » ou encore des « intrigues simplistes et paresseuses ». Ces critères, ou du moins ces défauts, s’appliquent-ils à Ringer ? Il est encore trop tôt pour avoir un avis catégorique sur la question. Mais à ce stade, son évolution va dans le bon sens, même si en matière de clichés, la série n’en manque pas…
Lors du précédent épisode, Juliet évitait ainsi la cure de désintoxication… au profit de l’école publique ! Réaction : « Why am I being punished ? » Eléments de réponses : pour avoir mis en pagaille le loft de ses parents ? Pour être fréquemment en état d’ébriété ? Pour consommer des stupéfiants ? Ou peut-être pour avoir traité sa belle-mère de « putain » (whore) ? Reste que la situation est une vraie caricature de l’adolescente fortunée pour qui l’éducation gratuite représente la punition suprême. Il est question pour Andrew d’isoler sa fille de ses mauvaises fréquentations. L’intention prête à sourire au vu du portrait de ses nouveaux camarades de classe dans ce sixième épisode. Pour rester dans le caricatural, Juliet fait son entrée dans l’établissement comme dans un centre pénitencier. 90210 ne l’aurait sans doute pas traité différemment… Puis, le « can I borrow 5 bucks » laisse sans voix. Vraiment ? Heureusement, l’invraisemblance de la situation est rattrapée par la nouvelle élève qui distribue un billet de 20 dollars avant de lâcher, avec une arrogance habilement dissimulée, un « Now you and your family can eat for a whole month ». Si Juliet s’en sort, il n’en est pas de même pour Macawi qui représente, sans aucune nuance, le mal absolu et toujours avec une quasi absence de réplique. Son intrigue, ou du moins celle autour de Malcolm, fait du sur place et reste inintéressante. Le regard de Macawi à l’agent Machado en dit évidemment long sur sa personnalité, mais, paradoxalement surprend quand on sait que l’individu s’entoure d’un homme suffisamment stupide pour laisser des cigarettes avec son ADN sur le lieu de la disparition. Pour des prétendus spécialistes du crime organisé, on a vu plus crédible !
D’autres personnages vont commettre des aberrations dans la même veine. D’abord Bridget qui, lors d’un des multiples messages sur le répondeur de Gemma (« Don’t be boring » est désormais phare), en dit trop. Pour une personne sur ses gardes, notamment après le message enregistré lors de son appel au secours sur le bateau par le FBI, annoncer un « I would like to be the friend to you that my sister never was » est assez stupide. Puis, Henry, de son côté, va garer le véhicule de sa femme disparue sur le « long term parking » de JFK. Si l’on devait choisir un endroit sur Terre où la présence de caméras de surveillance immortalise le moindre fait et geste de tous les individus, le premier aéroport américain en termes de passagers devrait arriver juste derrière la Maison Blanche ou le Pentagone. Puis, sous la pression, le personnage interprété par Kristoffer Polaha va même jusqu’à accuser (celle qu’il croit être) Siobhan du meurtre de sa femme. Pour le justifier, celui-ci avance un prétendu silence: « I realized there had to be a reason you didn't call me. And it hit me. You didn't want our phone records showing that we were in contact the night Gemma went missing ». La faute ne serait-elle pas à incriminer aux scénaristes ? En effet, la veille au soir, soit dans l’épisode précédent, Henry indiquait que Bridget/Siobhan l’avait appelé « à six reprises » avant de le voir à 23h15 ! Mettons cet oubli sous le coup du stress. Mais pour quelle raison ce dernier accuse-t-il l’héroïne de la disparition de Gemma ? Flashback. Huit mois plus tôt, Siobhan sous entend vouloir se débarrasser d’Andrew et Gemma lors d’une de leurs retrouvailles crapuleuses. L’action se situe dans la chambre à coucher du loft de Siobhan. On avait pourtant cru comprendre par l’agent du FBI et par Henry lui-même que les deux amants avaient pour habitude de se retrouver à l’hôtel en lieu et place de sa résidence particulièrement surveillée…
En fin d’épisode, Bridget va protéger son secret en innocentant Henry puisque celle-ci laisse volontairement ses empreintes. Récemment, un épisode de Law & order SVU (avec le très bon T.R. Knight en guest) a mis en lumière une information intéressante: les jumeaux partagent le même ADN, mais pas les mêmes empreintes digitales. Espérons juste que les scénaristes de Ringer n’oublient pas ce détail pour la suite. D’ailleurs, si Bridget voulait être impliquée n’aurait-il pas été plus judicieux qu’elle laisse, par exemple, un cheveu ?
En dehors de ces incohérences, l’absence de Gemma est inquiétante. Aucun rôle féminin autre que ceux de Sarah Michelle Gellar ne vient contrebalancer un Malcom ou un agent Machado un peu fade. Et ni l’intermittente Jaime Murray ni la relative importance (soudaine) de Juliet ne peuvent faire le poids. J’attends donc avec impatience Mädchen Amick, fantastique dans Twin Peaks. La description de son personnage semble intéressante. En attendant, il faudra faire avec Jason Dohring, encore un membre de la gent masculine. Cette première apparition est cependant une vraie déception. Les univers de Veronica Mars et Buffy se sont entrecroisés à plusieurs reprises et partagent de nombreux fans en commun (Le maître Joss Whedon a lui-même fait une apparition dans la série). On aurait donc pu s’attendre à une interaction, même minime, entre Logan et Sarah Michelle Gellar. Quant à son rôle de professeur, sa participation était trop anecdotique pour se permettre le moindre commentaire sur sa prestation d’acteur. Comme son nouveau personnage le dit lui-même, au cours de l’une de ses rares répliques,« everyone desserve a fresh start » ! Heureusement, la fin de l’épisode est à nouveau réussie avec une Siobhan finalement de retour et dont le plan machiavélique suscite toujours autant d’interrogation
// Bilan // Si la trame narrative n’est pas vraiment limpide, celle-ci a au moins le mérite de pouvoir compter sur un déroulement imprévisible quand il le faut. Alors Ringer une série « mal écrite » ? On penche malgré tout pour répondre par la négative…