Ringer [1x 04]
Par UglyFrenchBoy
It's Gonna Kill Me But I'll Do It // 1 500 000 tlsp.
Lancées avec seulement un mois d’intervalle, les séries Ringer et Lying game ont fait l’objet de comparaisons inévitables, a fortiori quand les deux fictions sont diffusées sur des chaînes ciblant des jeunes téléspectateurs. Très vite, la première s’est élevée au-dessus de sa non-concurrente, ainsi que des autres séries mettant en scène des jumeaux. Ces dernières sont souvent caractérisées par l’opposition dans la personnalité des personnages centraux, dont les intentions sont souvent soit bonnes, soit mauvaises, sans juste milieu.
Le point fort qui se dégage de Ringer est donc son absence de manichéisme surprenante. Bridget, qui n’a pas les moyens, ni l’allure ou la perversité de sa sœur, du moins en apparence, n’en est pas pour autant un parangon de vertu. En plus d’un passé de junkie, strip-teaseuse et même prostituée, la jeune femme a beau suivre son traitement à la lettre dans le cadre de sa cure de désintoxication, elle attaque un agent chargé de sa protection, lui vole son arme, et, un peu plus tard, usurpe avec une certaine aisance l’identité de Siobhan (pilote). Sa culpabilité sera de courte durée (épisode suivant) et elle tombe même amoureuse du mari de sa sœur qu’elle croit décédée, sans en toucher mot au principal concerné (troisième épisode). Et ce, sans compter sa probable implication dans la disparition du fils de Siobhan. Quant à celle-ci, aussi machiavélique soit-elle, on comprend, via un flashback, que sa relation avec Henry était sincère. Le coup de téléphone lors du test de grossesse (géant) était déjà une première indication. Reste que l’amoureuse de Paris a un plan en tête et son pion n’est autre qu’un employé d’une sous-division de l’empire bâti par son mari, à qui elle dérobe d’ailleurs un dossier intitulé « account transfers »…
Siobhan a beau avoir un temps d’antenne plus important que lors des deux précédents épisodes, que ce soit via les flashbacks ou son escapade dans la Ville Lumière, c’est Bridget qui capte tout particulièrement notre attention. Nous sommes donc le 30 septembre (date de naissance indiquée sur la carte d’identité de sa sœur lors du pilote) et l’héroïne fête son anniversaire. Un événement qu’elle n’avait pas vraiment en tête et qui vient contrecarrer ses plans pour se rendre dans les Hamptons et se débarrasser des preuves pouvant l’incriminer. C’est en compagnie d’Andrew qu’elle se retrouve à souffler ses 32 bougies (la pièce d’identité indiquait également 1979). Mais pas seulement, puisque Henry et Gemma sont également du voyage. À partir de la dixième minute, une fois le quatuor réuni, les choses sérieuses peuvent commencer. Pas de chassés-croisés, au grand dam du personnage incarné par Kristoffer Polaha qui devient subitement supportable, mais des informations sur la véritable nature des sentiments de chacun. Si Gemma découvre déjà le pot aux roses, sa réaction est à la hauteur de la trahison. Entre incompréhension face à une Bridget visiblement amoureuse d’Andrew et colère, elle assiste avec détachement au spectacle livré devant elle lors du repas, jusqu’à son départ impromptu, écœurée. L’envoutant morceau électro-pop Until we bleed du groupe Kleerup, bénéficiant du timbre de Lykke Li, confère à cette scène une dimension particulière.
De son côté, après avoir fait preuve d’une étonnante force de caractère, Bridget se retrouve déjà sur la corde raide. On pourrait être agacé par ces effets et une héroïne en danger permanent, mais il en ressort une curiosité amplifiée, notamment suite à cette révélation finale. Un cliffangher à la hauteur des espérances, ou du moins de celles que l’on avait plus. Difficile d’anticiper la réaction de Gemma, doublement trompée. Bridget trouvera-t-elle enfin une alliée ? Pour la première fois, Ringer parvient à susciter de la frustration chez le téléspectateur, non pas pour son écriture ou sa mise en scène, mais celle de devoir attendre une semaine avant l’épisode suivant.
// Bilan // Si la trame narrative de Ringer semblait jusqu’ici confuse, cet épisode a de quoi réconcilier ceux (déjà) fâchés avec la série. On note une absence de manichéisme, particulièrement bienvenue : quand l’absence de morale de l’une surgit, le téléspectateur devient témoin d’une faille de l’autre. Néanmoins, le cas de Bridget reste pour le moment le plus intéressant et la petite avance que le téléspectateur a sur elle la rend encore un peu plus attachante. Loin du tumulte, Siobhan ne procure pas la même émulsion.