LOST [6x 15]
Across The Sea // 10 32o ooo tlsp.
Qui est Jacob ? Qui est l'homme en noir ? Pourquoi le monstre de fumée noire ? Qui sont Adam & Eve ? Qu'est-ce que cette île ?
"There's A Why In The Wake Of Every Why". Ne cherchez pas, il ne s'agit pas d'une phrase extraite des dialogues de cet épisode mais d'une phrase, récémment prononcée par Damon Lindelof, qui résume parfaitement à mon sens la nature humaine et le monde qui nous entoure. Et Lost, qui est une série profondément humaniste. Elle nous l'a plus que jamais prouvé avec Accross The Sea. Nous, téléspectateurs, retombons en enfance devant Lost, à l'époque où notre naïveté nous poussait à toujours demander "Pourquoi ?" lorsque nos parents nous répondaient "Parce que". Jamais aucune réponse ne nous satisfaisait et jamais aucune réponse à laquelle Lost répondra ne nous satisfera totalement. Ca fait partie des règles du jeu. Et il faut les accepter, je crois. Qui de l'oeuf ou de la poule ? Qui pourra un jour répondre à cette question ? Certainement pas moi. Ni vous. Ni Lost. Quand bien même. Chaque réponse cache une nouvelle question. Qu'est-ce qu'il y a après le ciel ? Il y a des étoiles. Qu'est-ce qu'il y a après les étoiles ? Il y a d'autres planètes que la nôtre. Qu'est-ce qu'il y a après ces autres planètes ? Il y a la galaxie. Qu'est-ce qu'il y a après la galaxie ? D'autres galaxies... Et après ? Nul ne sait. Alors oui, après cet épisode, on peut toujours se demander d'où vient la mère de Jacob et de l'homme en noir, car oui ils sont jumeaux. Qui l'a faite candidate ? La réponse est simple : celui qui la précédait dans cette tâche, lui-même désigné par un autre avant lui... Et on peut remonter comme ça jusqu'à l'origine du monde. Et vous savez quoi ? Je crois que l'île, c'est l'origine du monde. L'île c'est une femme. Tout simplement.
On s'était imaginé Jacob comme un Dieu, le Dieu de l'île. Jacob n'est finalement qu'un enfant qui n'a jamais pu grandir, étouffé par une mère protectrice, puis qui n'a jamais pu vieillir car on ne vieillit pas sans avoir grandit. Mais Jacob est aussi un homme qui n'a jamais connu son père. Voyez-vous ça. L'importance du père dans la série, c'est aussi son absence. Jacob a voulu être un père pour tous ces hommes qui sont venus sur l'île. Jacob a un frère. Un frère qui dès sa naissance n'était pas attendu. Il n'aurait jamais dû exister. Mother cherchait un candidat. Quoi de mieux qu'une femme enceinte pour le lui offrir ? Alors elle la fait accoucher, lui vole son bébé, puis découvre avec stupeur qu'il y en a un deuxième. Elle la tue, garde les deux enfants et décide que son successeur sera celui qui choisira de l'être. En restant avec sa mère, Jacob le choisira. En quittant sa mère, dans l'espoir de découvrir le monde et retrouver son père, l'autre enfant s'exilera. Il ne portera d'ailleurs pas de prénom (à notre connaissance), preuve ultime qu'il n'a pas d'idendité, qu'il est une erreur. Il transformera son mal-être en colère, puis en rage. Sa mère tentera de le tuer. Elle échouera. Il tentera de la tuer à son tour et réussira. Alors Jacob le condamnera à l'errance éternelle, pire que la mort. Pire que tout au monde. Il deviendra fumée noire, perdant son corps et le peu qu'il avait d'idendité. Mais il ne perdra pas sa colère ni sa rage. Quand Jacob construira une statue à l'effigie de sa mère, il s'en servira pour la détruire en la transformant en tempête. Vous pensez que je vais trop loin ? Je n'ai jamais été aussi sur de ce que j'avance !
Et puis il y a ce tunnel doré, cette caverne de lumière. Que contient-elle ? "Life. Death. Rebirth". Cette source, aujourd'hui protégée par le Temple, est l'origine du monde. Elle a le pouvoir de faire naître, mais aussi de faire mourir, et de condamner à l'éternité. C'est en tous cas ainsi que je la vois. Elle a sauvé Ben. Elle a condamné l'homme en noir. Elle a infesté Sayid... Elle est tel un vagin. Pardonnez-moi. Qu'y-a-t-il de l'autre coté ? Un autre monde ? Le monde des flashsideways ? Est-ce le passage que devront emprunter nos naufragés pour accéder à une autre vie, meilleure ou pas ? Ou est-ce qu'après ce tunnel, c'est le néant ? Qui osera franchir le pas ? L'ultime candidat ? Qui l'a déjà franchi ? Et si, comme Jacob l'avait promis à son frère, la recherche de son successeur, c'est son jeu à lui. Avec les règles imposées par sa mère. Ils ne peuvent pas s'entretuer. Les naufragés sont des pions. Un seul remportera la partie. Jack probablement. Avec l'aide de Desmond. Jacob prend ce jeu très au sérieux. Il passe des années et des années à trouver ses candidats. Il construit un phare pour cela. Il les amène sur l'île. Il les manipule. Son frère complique la partie par ses propres manipulations et par ses carnages. Il se sert des candidats de son frère pour trouver un moyen de partir. La Dharma aurait pu être la solution. Elle ne le sera pas. Jacob l'exterminera à temps, comme sa mère lui a appris quand elle a exterminé elle-même des naufragés. Des naufragés dont il s'était servi pour construire des puits, pour atteindre les poches d'éléctromagnétisme et qui sait, s'enfuir. Des naufragés avec qui il a construit une roue, toujours dans le but de s'enfuir. Une roue gelée que l'on connaît bien... Les pièces du puzzle se rassemblent. La fin est bel et bien proche.
Adam et Eve, ce n'est pas Rose et Bernard, comme j'aimais le croire. Ce n'est pas non plus Jack et Kate, comme d'autres auraient aimé. Ce n'est même pas un couple et c'est une grande surprise. C'est l'homme en noit et sa mère, dont Jacob a déposé les corps dans cette grotte, découverte bien des années plus tard par Jack et Kate, mais aussi Locke. Jamais on n'aurait pu s'imaginer cela. Et pour cause : on ne connaissait pas l'existence de ces personnages en saison 1. En aucun cas, cette révélation ne prouve que Damon Lindelof et Carlton Cuse avaient tout prévu depuis le début. Ils peuvent très bien avoir décidé de poser cette question sans en avoir alors eux-mêmes la réponse. Je ne dis pas que c'est le cas. Je ne sais pas. Et peu importe d'ailleurs. L'explication est bonne, logique et sans incohérence. Oh, je vous vois venir : "Oui mais Jack il avait dit que les squelettes ne devaient pas être là depuis plus de 40-50 ans à peu près". Non. Jack avait dit que l'état des vêtements qui recouvraient partiellement les squelettes laissait supposer qu'ils étaient là depuis AU MOINS 40-50 ans. Pas l'ombre d'une incohérence donc. Au pire, une phrase suffisamment ouverte pour permettre un choix suffisament large de réponses. Le montage reprenant les images de la saison 1 était un peu maladroit mais complètement pardonnable : il s'agissait sans doute de ne pas perdre le téléspectateur lambda qui revient pour les derniers épisodes de la série et qui ne se souvient absolument pas de ce mystère; et c'est aussi une façon d'entamer la grande séquence nostalgie qui va sûrement nous coûter cher en mouchoires dans les deux prochaines semaines.
// Bilan // Un très bel épisode de Lost qui revient sur les origines de l'île, sur celles de certains de ses mystères, en y apportant des réponses partielles dont il faudra dans certains cas se contenter. Mais surtout un épisode sur la naissance et sur l'enfance, que j'ai regardé aussi émerveillé que Jacob et son frère lorsqu'ils découvrent pour la première fois la source et la lumière. Un épisode qui s'étudie comme une oeuvre littéraire ou un tableau de maître parce qu'il regorge de métaphores, de sens cachés et qu'il est prétexte à mille interprétations, preuve de sa richesse incroyable. Et paradoxalement, un épisode qui divise les fans en deux camps : les fans of science et fans of faith. Les premiers ne peuvent qu'être déçus. Les seconds sont naturellement comblés. La tendance peut encore s'inverser, et qui sait, les réunir ?