27 novembre 2012

Les Revenants [Saison 1] : Le miracle a eu lieu !

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Saison 1, 8 épisodes

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 Dans une ville de montagne dominée par un gigantesque barrage, le même jour, plusieurs personnes d’âges et de milieux différents, tous désorientés, cherchent à rentrer chez eux. Ils ne savent pas encore qu’ils sont morts depuis plusieurs années, qu’ils n’ont pas vieilli et que personne ne les attend. Déterminés à reprendre une place qui n’existe plus, ils découvrent peu à peu qu’ils ne sont pas les seuls revenants et que leur retour s’accompagne de dérèglements croissants. Et si ce n’était que le début d’un bouleversement plus grand ?


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 Il n'y aura plus de mort, ni deuil, ni lamentations, ni douleur...

   On pourrait tout écrire, tout lire, tout dire, que ce ne serait pas assez. Les Revenants, c'est un rêve éveillé, merveilleux, inespéré. Celui d'une série française qui existe, qui vit; d'une fiction française qui revit. C'est un miracle. Mais c'est un cauchemar aussi, parce que c'est sombre, parce que c'est glauque, parce que c'est triste, parce que c'est douloureux. Mais c'est si bon de souffrir avec eux...

   Je ne parle pas souvent de séries françaises ici. Pas par choix ni condescendance, mais parce que ce qui s'offre à moi -ce qui s'offre à nous- ne me touche pas, ne me ressemble pas. Il y a bien eu Pigalle, la nuit, dans laquelle je me suis plongé avec gourmandise et fascination, avant que Canal + ne me retire l'objet du désir. Ou encore Clara Sheller, et son pote J.P., qui, d'une version à l'autre, ont su m'amuser et m'attendrir en m'avouant leurs petites manies, leurs gros défauts, en me confiant leurs troubles, en m'ouvrant grand leurs coeurs. Et j'ai vibré avec les jeunes héros de La vie devant nous, qui la mordait à pleines dents. J'ai cherché à apprivoiser les apprentis-prêtres d'Arte, mais ils m'ont déçu. Ainsi Soient-Ils. La noirceur de Xanadu m'a fait fantasmer. Mais ce que Les Revenants m'ont fait, aucune autre série française n'y était arrivée. Elle m'a pris aux tripes et ne m'a pas lâché. Son secret ? Elle n'en a pas qu'un. Elle en a plusieurs. Au moins trois, ou quatre... peut-être plus. Comme si elle avait tout compris.

   Ses héros d'abord, abîmés, cabossés. Touchés par la grâce. Vivants ou décédés. Qu'ils soient muets, décalés, illuminés, suicidés, dérangés, meurtriers... ils m'ont tous touché. Le plus impressionnant je crois, c'est que le coup de foudre a été instantané avec la plupart d'entre eux. Comment ne pas craquer pour la frimousse de Camille alors qu'elle débarque de bon matin dans son foyer où on ne l'attend plus depuis des années ? Comment ne pas partager l'incrédulité, et la joie et la souffrance mêlées, de sa mère, de son père et de sa soeur jumelle désormais plus âgée ? C'est assurément sur cette famille que le récit devait commencer, afin de nous faire comprendre, tout en douceur, ce vers quoi la série voulait nous amener. Vers l'intime. Vers le deuil impossible. Comment ne pas céder au regard de ce petit garçon perdu, paralysé ? Comment ne pas se prendre d'amitié pour celle qu'il considère comme sa fée ? Une femme sans joie, meurtrie, apeurée. Morte, comme lui ? C'est avec eux aussi que l'espoir renaît, que la vie reprend son cours alors que tout s'était arrêté. Comment ne pas trembler face à ce jeune homme qui éventre, qui dévore, qui tue ? Comment ne pas frissonner face à ce frère désemparé ? Ils nous amènent vers l'horreur, le désespoir, la solitude. Et cette mariée, abandonnée ? Et ce fiancé, qui a tout quitté ? Et ces flics, dépassés ? Et cette voisine, délurée ? Quelle galerie de personnages ! Quelle richesse d'emblée ! Et quels acteurs ! Des plus jeunes aux plus expérimentés, ils les habitent tous avec conviction. On pourrait tous les citer, sans exception. Je me contenterai de souligner la prestation au-delà du remarquable de Céline Sallette, qui hérite peut-être du plus beau personnage, du plus vrai; de tirer mon chapeau aux très convaincantes Yara Pilartz et Jenna Thiam, à qui, j'espère, l'avenir sourira; et de décerner à Clotilde Hesme et Pierre Perrier le prix du plus beau couple maudit de l'année. Fabrice Gobert a su créer avec son équipe des personnages qui existent, aussi bien à travers leurs mots qu'à travers leurs silences, et bien qu'ils soient confrontés à l'impensable, à l'extraordinaire, à l'inouï. Il n'y a pas de bonne série sans bons personnages. Les Revenants l'ont bien compris.

   Et puis il y a son atmosphère, si singulière et si familière à la fois. Référencée. Américanisée. Parce que Twin Peaks, à laquelle on ne peut s'empêcher de penser. Parce que le Lake Pub, parce que le Diner. Parce que Les 4400, auxquels on aimerait autant éviter de penser. Parce que Six Feet Under. Parce que cette ville à l'écart du monde, en autarcie. Parce que Lost.  Et puis malgré tout ce côté si français, parce que si dépouillée, si sobre, si introspective, si délicate. Cette poésie aussi : ce papillon qui s'envole, cette musique de Mogaï qui envoûte, qui enivre... et qui revient nous hanter, encore et encore. La religion, la foi, qui s'invitent à chaque pas. A la main tendue, ou ailleurs. Un refuge dans le refuge. Ce barrage, impressionnant, à l'histoire marquante, importante... décisive ? Ces forêts, ces animaux, ces routes, ces champs, ces maisons, en brique, en bois. Tout ça. Et plus encore. Et ce n'est pas trop. C'est juste ce qu'il nous faut. 

   Et puis l'autre grand secret des Revenants, c'est qu'elle n'a pas été écrite comme un film de huit heures, mais comme une série. Une vraie. De huit épisodes, et plus si affinités. Avec des ouvertures toujours scotchantes, qui vous donnent très envie de rester au-delà du générique (qu'elle a d'ailleurs fort beau). Avec des épisodes construits brillamment, remplis de rebondissements, de révélations, de surprises, même si l'on pourrait çà et là reprocher quelques lenteurs inutiles, quelques dialogues ratés, quelques lourdeurs, quelques redites. Les épisodes 5 et 7 sont en ce sens un peu moins captivants que les autres. Et des cliffhangers il y aussi, systématiquement. Et pas de ceux qui vous donnent vaguement envie de revenir. Non, de ceux qui vous coupent l'envie de vivre jusqu'au prochain. La saison suit une progression discrète, au cours de laquelle le mystère s'épaissit et le fantastique se fait une place de plus en plus grande, naturellement. Les questions s'amoncellent, les premières réponses tombent et séduisent, mais de nouvelles questions se posent... La saison s'achève sur un épisode grandiose, et la série embrasse alors pleinement sa destinée, quitte à déplaire aux plus impatients qui espéraient une conclusion. Les Revenants ne sont sans doute pas éternels, mais ils ont visiblement de quoi nous tenir en haleine, nous hypnotiser, pendant encore quelques années... jusquà ce que mort s'en suive. 

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 Puis je vis un nouveau ciel, une nouvelle terre...


 Ils sont beaux nos Revenants. Ils sont d'ici, de là-bas et d'ailleurs. Ils nous remuent, ils nous amusent, ils nous bousculent, ils nous terrifient, ils nous bouleversent. Ils s'imposent à nous. Ils nous observent. Ils nous obsèdent. Ils nous passionnent. Quand ils s'en vont, ils nous manquent. Les Revenants, ne partez pas trop longtemps...

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La bande-annonce :




19 avril 2011

The Killing [1x 01 & 1x 02]

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Pilot // The Cage

2 8oo ooo tlsp.

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What About ?

Trois histoires distinctes mènent au même meurtre. Les détectives chargés de l'enquête, souvent en désaccord, accumulent les pistes et les suspects. Les répercussions sur leurs vies personnelles et celles des politiciens de Seattle liés à l'affaire sont nombreuses, parfois dramatiques. Alors qu'ils croient tous avoir enterré les erreurs de leur passé et enfouient leurs secrets, tout remonte à la surface...

Who's Who ?

 Créée par Veena Sud (Cold Case). Adaptée de la série danoise Forbrydelsen. Avec Mireille Enos (Big Love), Joel Kinnaman, Billy Campbell (Once & Again, Les 4400), Michelle Forbes (True Blood), Brent Saxton (Life), Eric Ladin...

So What ?

 "Who Killed Rosie Larsen ?". Je ne sais pas ce qui a pris à AMC de choisir cette "catch phrase" similaire au célèbre "Who Killed Laura Palmer ?" de Twin Peaks pour vendre The Killing car les points communs entre cette dernière et l'oeuvre de David Lynch sont quasi inexistants. Certes, il est question du meurtre d'une jeune fille et l'action se situe dans la même région des Etats-Unis, ici à Seattle, non loin de la frontière canadienne, mais ça s'arrête là. Bref, il ne faut surtout pas les comparer. La petite nouvelle aurait l'air bien pâle à coté de son aînée culte, alors qu'elle est pourtant excellente à sa manière.

Ce qui frappe d'abord, c'est la simplicité avec laquelle cette histoire sordide est racontée. Et c'est, je crois, cet extrême réalisme qui la rend encore plus horrible et curieusement fascinante. Tous les personnages semblent exister et j'ai été sincèrement impressionné par les prestations des acteurs, en particulier celle des parents de Rosie, dont une Michelle Forbes sans maquillage, à mille lieues de sa composition pour True Blood, dont les larmes et les cris déchirants m'ont fait frissonner. Les enquêteurs, eux, sont loin des stéréotypes que l'on nous sert depuis tant d'années dans tous les cop-shows à la mode. L'inspectrice Sarah Linden, plus ou moins présentée comme l'héroïne, est d'un naturel désarmant. C'est vrai qu'elle n'est pas très souriante mais ça ne l'empêche pas d'inspirer la sympathie. Elle est réelle parce qu'elle n'est pas infaillible. Le peu que l'on entrevoit de sa vie de femme laisse supposer qu'elle n'est pas une super-maman et une super-épouse. En gros: elle est comme vous et moi et elle ne triche pas. Son collègue, censé reprendre son poste, a des méthodes bien différentes et il est franchement flippant. Le duo a beaucoup de potentiel tant il semble à la fois opposé et complètementaire. Pour le moment, c'est le politicien incarné par Billy Campbell qui m'a le moins séduit. Mais pas parce qu'il n'était pas bon. Simplement parce que son quotidien tranche un peu trop avec celui des autres. Il faudra sans doute un temps d'adaption et attendre surtout que son histoire croise celle du meurtre de manière plus évidente. Il y a clairement des zones d'ombre qui pourraient devenir passionnantes à explorer... L'atmosphère continuellement pluvieuse de la série contribue à son aspect dépressif. Mais c'était prendre un véritable risque que de miser là-dessus. Ca aurait tout aussi bien pu être repoussant. Les musiques, elles aussi, ne sont pas des plus joyeuses. Mais elles soulignent efficacement les nombreuses émotions que nous fait traverser le pilote.

 The Killing, dont le mérite doit avant tout revenir aux créateurs originaux de la série danoise, possède autant de facettes que de personnages. Tragique, mystérieuse, fascinante, émouvante et déprimante, elle est une expérience télévisuelle à elle toute seule, lenteur comprise. Elle n'est pas révolutionnaire en apparence, mais, dans le fond, je crois qu'elle l'est un peu...

12 novembre 2010

Tueurs En Séries [Episode du 12 Novembre 2010]

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Au programme cette semaine : confessions sur le tournage de Stargate Universe, à la recherche de la nouvelle star de Spartacus, le premier flop de J.J. Abrams, les Visiteurs débarquent en France, l'hommage de Psych à Twin Peaks...