American Horror Story [1x 12]
Afterbirth (Season Finale) // 3 220 000 tlsp.
Voyez-vous, après avoir écrit ma review des deux épisodes précédents, je m'en voulais un peu de ne pas avoir attendu le final pour déclarer mon amour pour American Horror Story. Tout compte fait, ce n'était pas une bêtise car ce n'est pas après cet Afterbirth que j'aurais pu dresser les mêmes éloges, même si je ne retire pas un mot de ce que j'ai dis. Je l'ai pensé sur le moment et je le pense toujours. C'est juste que Birth, avec une demi-heure supplémentaire sans doute, aurait été un final bien plus satisfaisant et marquant. Finalement, aucune nouvelle réponse ne nous a été donnée. Nous savions déjà tout. Du moins tout ce que les auteurs voulaient que l'on sache. Le reste... ma foi, le reste n'a pas beaucoup d'importance. Pourquoi vouloir à tout prix expliquer des choses inexplicables ? La "Murder House" n'a plus de secrets pour nous. Les protagonistes, morts ou vivants, non plus.
La pendaison de Ben est le dernier rebondissement que la saison nous offre. Le dernier, mais pas le plus surprenant. On se doutait qu'il allait mourir, rejoindre les siens, les femmes de sa vie (cette satanée Hayden compris) et faire la paix avec elles et surtout avec lui-même. On imaginait simplement qu'il mettrait fin à ses jours -ce qu'il était effectivement sur le point de faire- pas qu'il serait assassiné. Le dénouement ne m'a pas déçu, il a juste oublié de me surprendre et c'est un peu dommage dans une série qui est parvenue, tout au long de sa première saison, à instaurer un vrai suspense et créer régulièrement la surprise. Et puis les scénaristes sont allés un peu vite en besogne, bâclant la scène de retrouvailles entre Ben, Vivien et Violet. Je l'espèrais plus bouleversante. De la même manière, le dialogue entre Ben et Tate ne m'a pas autant touché que je l'aurais souhaité, même si j'ai ressenti une peine infinie pour le "jeune" homme, un monstre, certes, mais auquel on s'est abominablement attaché. Je me trompe peut-être mais je crois que tout ça est de la faute de Dylan McDermott. Ses performances ont toujours été de moins bonne qualité que celles de ses co-stars et c'était particulièrement flagrant et dérangeant ici. Connie Britton, Taissa Farmiga, Evan Peters et Frances Conroy ont énormément donné. Il n'a pas fait preuve de la même générosité. Il a du talent pourtant... En revanche, ce n'est pas de sa faute si le moment où il comprend qu'il est maintenant seul, que sa femme et sa fille ne reviendront pas, manque de puissance et d'intensité. Il n'a juste pas arrangé la chose. Au bout du compte, le "happy-end" pour les Harmon m'a plu. Il leur a fallu mourir pour l'atteindre. C'est une idée séduisante.
Et puis il y a tout le reste de l'épisode. Afin de faire comprendre très clairement aux téléspectateurs qui en doutaient encore que la saison 2 se concentrerait sur un nouveau mystère et une autre "story", les auteurs ont voulu montrer en accéléré -mais pas assez tant c'est laborieux- l'arrivée de nouveaux habitants, les Ramos. Juste pour voir ce que ça aurait pu donner. Les Harmon mettent ainsi tout en oeuvre pour les faire fuir dès leur première nuit dans la demeure. Et ils réussissent ! Et c'est plutôt fun pour nous. Ces pauvres gens seront sans doute traumatisés à vie. Après ça, inutile de poursuivre la série dans le même décor : les Harmon sont éternellement condamnés à protéger ceux qui tentent de s'installer dans la "Murder House" où seul la souffrance et la solitude subsistent. Tout est dit. Ou presque. Il reste quand même le cas de Constance à régler et ce n'est pas une mince affaire ! Il s'agit quand même de l'un des personnages les plus fascinants créé ces dernières années à la télévision. Je ne vais pas me lancer à nouveau dans une tirade interminable sur le talent inouï de Jessica Lange, vous savez tous ce qu'il en est. Elle l'a prouvé encore une fois à chacune de ses apparitions mais encore plus particulièrement lors de son monologue chez la coiffeuse, qui se déroule trois ans après les événements. Elle pense avoir enfin pu accomplir ses deux rêves : devenir et une star et une bonne mère ! Une star parce qu'elle élève l'antéchrist, ni plus ni moins; une bonne mère parce que celui-là, elle ne le laissera pas mourir. Dans la dernière séquence, ce n'est finalement pas Michael qui effraie mais bien elle. Quelle femme !
Que doit-on attendre de la saison 2 désormais ? Ryan Murphy a déclaré que la plupart des acteurs principaux ne reviendraient pas, si ce n'est, très éventuellement, sous forme d'apparition ou de caméo mais dans des rôles différents. C'est ce à quoi je m'attendais et ça me satisfait pleinement ! Il était hors de question de rester dans le manoir auprès des Harmon. Je n'en vois vraiment pas l'intérêt et ceux qui se plaignent de cette décision aujourd'hui auraient été les premiers à se plaindre d'une saison 2 qui n'aurait rien eu à dire, qui aurait tourné en rond. C'est bien mieux ainsi, même si, évidemment, rien n'assure que la nouvelle intrigue sera aussi bonne. Je me demande quand même s'il y aura un lien, même infime, entre les deux saisons. Parmi les options qui me paraissent envisageables, je pense instinctivement à Billie Dean Howard. J'ai eu le sentiment lors de sa dernière apparition dans Birth qu'elle avait encore des choses à dire et raconter. Et puis il y a cette soeur de Vivien qui est évoquée très souvent mais qui n'est jamais apparue. On pourrait très bien imaginer une saison centrée sur elle et sa famille, là-bas à Boston. Autre zone d'ombre qu'il pourrait être intéressant d'explorer : le quatrième enfant de Constance, dont on a à peine entendu parler et qui n'est pas apparu. C'est l'idée qui me plait le plus car ça laisserait une porte ouverte pour un retour de la vieille dame. Bref, nous verrons bien mais Ryan Murphy assure qu'un indice sur le prochain mystère est caché dans l'un des trois derniers épisodes...
// Bilan // Le premier cycle d'American Horror Story s'achève malheureusement sur une fausse note, mais qui ne gâche pas pour autant tout ce qui a été construit précédemment, admirablement. Cette série, aussi imparfaite soit-elle, est une curiosité portée par une excellente distribution qui méritait d'exister et qui, probablement, marquera les esprits.
American Horror Story [1x 10 & 1x 11]
Smoldering Children // Birth
2 540 000 tlsp. // 2 590 000 tlsp.
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American Horror Story a été nommée cette semaine aux Golden Globes dans la prestigieuse catégorie du "Best Drama" de 2011 aux cotés de Homeland, Boardwalk Empire, Boss et Game Of Thrones (mais pas The Good Wife et Breaking Bad... étrange). Sur le moment, j'ai trouvé que les votants avaient été drôlement indulgents envers la série, qui est excellente par bien des aspects mais bancale aussi par tant d'autres. Et puis j'ai vu ces deux nouveaux épisodes, les derniers avant le grand final, et là j'ai compris. En réalité, la série de Ryan Murphy et Brad Falchuck possède absolument TOUTES les qualités requises pour prétendre à recevoir un tel prix (même si elle ne le gagnera probablement pas) : elle est originale dans sa thématique et atypique dans sa construction et elle apporte indéniablement quelque chose qui manquait au paysage télévisuel américain, lorgnant en plus du coté du cinéma à travers de nombreux hommages et références; elle est tout aussi amusante qu'addictive, ne rejetant pas l'aspect divertissant qu'une telle oeuvre est censée développer; elle offre à ses acteurs fantastiques des partitions complexes et subtiles, on est d'ailleurs vraiment pas étonné que Jessica Lange fasse partie des nommées dans la catégorie du "Meilleur Second Rôle Féminin dans un Drama" tant elle est magnétique et impressionnante; et elle repousse certaines limites du câble basique en "osant", comme l'avait fait Nip/Tuck en son temps (le sexe est montré sous son aspect le plus répugnant et déstructeur, à travers le viol de l'héroïne notamment; le traumatisme américain du mass-murderer adolscent est plus qu'explicité à travers le personnage de Tate...). Bref, American Horror Story est une oeuvre différente (provocante, perturbante, inquiétante) et profonde, comme le laissait présager avant le pilote avant que les pistes ne soient brouillées, et elle méritait bien une reconnaissance des professionnels de la profession.
Maintenant que j'ai (re)déclaré ma flamme à la série, laissez-moi vous parler plus en détails de ces deux épisodes de grande qualité. Le premier, Smoldering Children, a bénéficié d'un recentrage sur quelques personnages plutôt que de présenter à nouveau un récit éparpillé et schizophrénique. L'histoire de Larry nous a ainsi été contée avec plus de précisions. Il était nécessaire d'éclaircir les choses car il a tellement menti qu'on ne savait plus au final ce qui était vrai et ce qui ne l'était pas dans ce qu'il avait raconté à Ben. Ses brèves retrouvailles avec sa femme et ses enfants étaient très émouvantes même si l'on peut dire à ce stade que Denis O'Hare est peut-être le seul acteur de la distribution à ne pas avoir eu la chance de voir son talent exploité à fond. Cette scène-là, sans doute, était sa meilleure, même si toutes celles qu'il a partagé avec Jessica Lange étaient bonnes aussi (mais surtout grâce à elle). Les auteurs n'avaient visiblement pas tant de choses à dire que ça sur Larry, si ce n'est qu'il aura été toute sa vie un homme faible. Ils sont en revanche insatiables au sujet de Constance et on les comprend : s'il ne fallait retenir qu'un seul personnage, ce serait elle. Sans aucun doute. Le reste de l'épisode est surtout consacré à Violet afin de nous amener doucement vers LA révélation : elle est morte il y a quelques épisodes de sa tentative de suicide. Tate n'a pas pu la sauver et elle erre en fantôme depuis. Je ne l'avais pas vu venir, je suis donc resté choqué. On peut dire que les scénaristes auront profité à fond de toutes les possibilités que la trame de départ leur offrait.
Le second épisode, Birth, nous plonge, comme son nom l'indique, au coeur de l'accouchement douloureux de Vivien jusqu'à son agonie. Je ne m'attendais pas du tout à une noirceur aussi extrême. L'un des deux jumeaux se fait littéralement dévorer par l'autre, celui qui est le fruit du viol, l'antéchrist donc. Et ce dernier détruit même son hôte, sa mère. Vivien rejoint ainsi Violet dans le monde des morts condamnés à rôder indéfiniment entre les murs de la demeure maudite. La dernière scène, qui réunit la mère et la fille, est absolument bouleversante. A ce moment-là, la série a atteint l'excellence, la perfection. Je crois qu'il faut souligner à quel point le pari était pourtant difficile à relever : on parle quand même d'une bande de fantômes qui assistent à la naissance d'un démon. Combien de films d'épouvante peuvent se targuer d'avoir une telle profondeur et de dégager une telle émotion ? Charles Montgomery qui aide Vivien à enfanter, les morts qui s'affairent tout autour pour récupérer le bébé (Chad, Nora, Hayden...)... la boucle semble doucement se boucler avec pertinence et maestria !
Mais que va-t-il bien pouvoir se passer dans le final de 90 minutes (avec les pubs) ? Il ne reste plus que deux vivants : Ben, qui se retrouve totalement seul, plus perturbé que jamais; et Constance, qui a réussi à survivre au fil des années et des drames. C'est elle qui a "volé" le bébé des Harmon. Je ne vois pas le patriarche sortir vivant de sa confrontation avec la vieille dame. Il y a de fortes chances que la saison se termine par ses retrouvailles dans l'au-delà avec sa femme et sa fille. Et encore, je ne suis vraiment pas sûr de ça. Mais tout le reste est en tous cas totalement imprévisible et, là encore, peu de séries peuvent se vanter de nous laisser à ce point dans le noir quant au dénouement... A mon avis, beaucoup de réponses vont être données à travers Billie Dean (jouée par Sarah Paulson), la médium, dont le lien avec Tate n'a pas été explicité d'une part alors qu'il est clairement sous-entendu qu'il s'est passé quelque chose entre ces deux-là mais nécessairement d'ordre amoureux ou sexuel; et qui semble savoir encore beaucoup de choses d'autre part, notamment quand elle évoque cette "force" de la maison, bien plus puissante que n'importe lequel des individus qui l'habitent. Il nous manque une pièce du puzzle. Rien qu'une. Et c'est celle-là qui va tout expliquer. Au-delà du final, on peut aussi émettre beaucoup de doutes quant à la suite de la série. Le décor va-t-il changer en saison 2 ? Ce serait préférable puisque tout semble avoir été dit sur le manoir et ses habitants passés et présents. Peut-être qu'une dernière révélation nous aménera vers une toute autre histoire et donc un tout autre décor. L'option Ben meurt et une nouvelle famille emmènage ne m'excite pas du tout et je suppose que c'est pareil pour tout le monde...
// Bilan // Je crois que le bon gros pavé que je viens d'écrire -dont un premier paragraphe sous forme de déclaration d'amour- suffit à prouver que American Horror Story déchaîne les passions comme peu d'autres séries aujourd'hui. Elle a tout d'une grande.
American Horror Story [1x 06 & 1x 07]
Piggy Piggy // Open House
2 830 000 tlsp. // 3 060 000 tlsp.
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Halloween passé, American Horror Story retrouve un rythme moins soutenu qui laisse une plus large place à la réflexion et à l'émotion. Aucun nouvel ancien habitant de la maison ne nous est introduit, on en découvre en revanche davantage sur ceux que l'on connait déjà et qui n'avaient pas encore délivrés tous leurs mystères. Curieusement, tous ou presque ont pour point commun d'avoir eu Constance dans leurs vies. C'est évidemment le cas de Tate puisqu'il est l'un de ses enfants, appartenant à une belle lignée de freaks -tout portant à croire que les enfants sont maudits lorsqu'ils naissent ici- et l'on nous dévoile en guise de première séquence le massacre du lycée qu'il a perpétué dans les années 90. Le résultat est impressionnant et, à mon sens, on a beaucoup plus peur devant ce type de "scène du réel" que devant une monstruosité qui ne parait pas humaine (je pense à l'autre enfant que Constance cache dans son grenier, hommage à Elephant Man). La tension et l'atrocité étaient bien mieux retranscrites dans le film Elephant de Gus Van Sant mais American Horror Story ne pouvait de toute façon pas faire mieux. Le carnage terminé, on se concentre sur les répercussions de cet acte sur Constance, aidée d'une médium incarnée par Sarah Paulson, et l'émotion est alors à son comble, surtout quand la femme se réconcilie par l'esprit avec Addie. Je comprends que Jessica Lange n'ait pas pu refuser ce rôle quand on lui a proposé... Puis c'est au tour de Violet d'apprendre la vérité en fuyant le fantôme de Tate pour finalement mieux le retrouver. On apprend aussi en parallèle que l'histoire raconté par Larry à Ben n'était pas tout à fait vraie et qu'il a vécu un temps avec Constance lui aussi. On ne s'en étonne même plus !
Moira et Constance font à nouveau équipe pour notre plus grand plaisir afin d'aider Vivien à faire grandir cet enfant en elle du mieux possible. La solution étant de manger de la cervelle. Ragoûtant ! Ill se trouve d'ailleurs qu'il s'agit de jumeaux. Maléfiques ? Je les vois bien siamois tiens... Moira se donne également beaucoup de mal pour convaincre le potentiel nouvel acheteur de la maison qu'il la lui faut. Les dialogues sont tendancieux au possible. Excellents ! Mais elle va finalement le tuer, aidée de Larry, sous les ordres de Constance. On s'habitue peut-être un peu trop aux meurtres dans la série pour être véritablement surpris et effrayés mais la bite arrachée avec les dents, ça reste tout de même peu habituel. Tout cela ne va pas l'affaire de l'agent immobilier, qui me fait beaucoup rire. La journée portes ouvertes n'aura finalement servi à rien ! Pendant ce temps, Ben essaye tant bien que mal d'exercer son métier et reçoit pour l'occasion Eric Stonestreet dans le rôle d'un homme hanté par la légende urbaine du Piggy Man. La star de Modern Family avait déjà goûté à l'univers de Ryan Murphy dans un épisode de la dernière saison de Nip/Tuck, où il incarnait le mal à l'état pur condamné à la chaise électrique. Il a l'occasion ici de s'essayer à une autre composition et s'en sort toujours aussi bien.
// Bilan // C'est sans doute par le biais de Violet et de ses recherches que nous découvrirons à la fin de cette première saison d'American Horror Story qui sont vraiment tous ces gens torturés et si les Harmon connaîtront le même sort. Je ne vois pas comment tout cela pourrait s'achever en happy-end. J'espère que le dénouement sera aussi glauque et dépressif que le reste. En optant pour plus de sobriété, la série gagne aussi en émotion et en profondeur.