The Affair [Pilot Script]
THE AFFAIR
Drama // 52 minutes
Ecrit et produit par Sarah Treem (In Treatment, House Of Cards), co-créé par Sarah Treem et Hagai Levi (Be Tipul, In Treatment). Réalisé par Mark Mylod (Shameless US, Entourage, Once Upon A Time). Pour Showtime Networks. 73 pages.
Un beau jour, au début de l'été, Noah, un homme marié et père dévoué de quatre enfants, fait la rencontre d'Alison, une femme mariée elle aussi, qui pleure la mort récente de son enfant. Dès le premier regard échangé, le coup de coeur est instantané et partagé. Commence alors une relation adultérine qui détruira leurs mariages respectifs et aura des conséquences dramatiques pour chacun des membres de leurs familles...
Avec Dominic West (The Wire, The Hour, 300, Chicago), Ruth Wilson (Luther, The Prisoner 2009, Lone Ranger), Maura Tierney (Urgences, Rescue Me, The Whole Truth, The Good Wife), Joshua Jackson (Dawson, Fringe), Julia Goldani Telles (Bunheads)...
A la lecture du pitch de The Affair, impossible de ne pas penser à Betrayal, le thriller soap d'ABC lancée cette rentrée sans rencontrer le succès escompté, ce qui n'aura surpris personne. J'avoue que j'avais beaucoup aimé le script du pilote (comme en témoigne ma review), mais le résultat final est loin de m'avoir séduit. A cause des acteurs principaux d'abord, absolument pas convaincants; à cause de la réalisation, ensuite, bien peu efficace, trop lisse; et à cause des quelques changements apportés çà et là faisant perdre de la subtilité à l'ensemble. Comme je le craignais, ce projet n'était pas du tout fait pour un network mais pour une chaîne du câble (je suggérais Showtime à l'époque !), donc ABC a cherché à le rendre plus accessible, moins intimiste, sans pour autant le rendre plus énergique. Résultat : on s'est retrouvé avec un produit froid, ennuyeux, dont le potentiel ne suffisait pas à donner envie de poursuivre. The Affair sera-t-elle la version réussie de Betrayal ?
Je n'ai pas la réponse à cette question, car je suis partagé. Et, à vrai dire, je ne serais pas choqué que Showtime choisisse de ne pas transformer l'essai en série. Autant ce serait une bêtise pour The Vatican, autant ce serait presque du bon sens pour The Affair ! Les chances pour que ce show séduise largement sont minces. Pourtant, le thème de l'adultère est susceptible de toucher beaucoup de monde. Qui n'a jamais été trompé ? Qui n'a jamais trompé ? "Plein de gens", vous allez me répondre. Un "Moi" peut-être même. Mais les fidèles sont-ils majoritaites ? Je ne le crois pas. Mais là n'est pas le débat. Même si ce pilote a quelque chose de spécial, une atmosphère ambivalente, aussi lumineuse que sombre, au coeur d'une ville balnéaire de la côte Est, il naît d'une histoire qui semble, au premier abord, banale. On se dit au fond que le sujet ne mérite pas vraiment d'être décliné sous la forme d'une série. Ou alors d'une mini-série de quelques épisodes seulement. Mais plusieurs saisons de 13 épisodes ? Il faudrait pour cela tomber dans le soap. Ajouter de nombreuses complications, tout un tas de personnages supplémentaires. Or, dans ce premier épisode en tout cas, ce n'est pas la chemin qui est emprunté. Tout est simplifié à l'extrême pour ne garder que l'émotion de la rencontre, le trouble, la douleur qui n'est jamais loin. C'est beau, mais est-ce suffisant ?
La scénariste a choisi de raconter dans ce pilote le début de l'adultère à travers les deux points de vue : d'abord celui de Noah, dans les 40 premières pages, puis celui d'Alison, dans la trentaine restantes. Un concept intéressant, mais qui ne tient pas tout à fait ses promesses : il aurait été intéressant que les récits des deux protagonistes diffèrent un minimum, même sur des détails, or ce sont exactement les mêmes. Reste toutefois toutes les scènes où ils ne sont pas ensemble à découvrir. A la lecture, elles sont plaisantes. Je crains qu'elles soient un peu ennuyeuses à l'écran. Ce sont, surtout pour Noah, des scènes de vie familiale assez basiques. Un départ en vacances, des adolescents qui boudent, une femme légèrement contrariée (Maura Tierney, qui n’a pas grand-chose à faire pour le moment). La situation d'Alison, du fait de la perte de son enfant et du deuil impossible auquel elle est éternellement soumise, est plus singulière. Son surfeur de mari, interprété par Joshua Jackson, est énigmatique. Doit-elle avoir peur de lui ? Est-ce quelqu'un de bien ? Petit à petit, beaucoup de questions se posent. Comment cet enfant est mort ? L'un des deux parents est-il responsable ? Mais le plus grand mystère qui entoure ce pilote réside dans les voix-off de Noah et Alison qui se muent peu à peu en ce qui semble s'apparenter à une thérapie et qui se révèle finalement être un interrogatoire de police. La scénariste ne donne sciemment aucune indication de lieu et de date. Combien de temps après leur rencontre ce moment a lieu ? Et surtout pourquoi ? Y'a-t-il eu un meurtre ? Un suicide ?
The Affair pourrait être un vrai beau drama, profond et éprouvant. La difficulté n'est pas de produire un bon pilote -il a de grandes chances de l'être, surtout si la réalisation est à la hauteur et que les interprètes sont aussi bons qu'ils le sont habituellement ailleurs- mais de produire un deuxième épisode, puis un troisième... puis des dizaines tout en restant pertinent et sobre...
PROCHAINEMENT : WAYWARD PINES, TURN, HALT AND CATCH FIRE, HAPPYLAND, TIN MAN, FATRICK...
The Vatican [Pilot Script]
THE VATICAN
Drama // 52 minutes
Ecrit par Paul Attanasio (Dr House, Homicide). Produit et réalisé par Ridley Scott (Alien, Gladiator, La chute du faucon noir Prometheus...). Pour Sony Pictures Television, Scott Free Productions & Showtime Networks. 69 pages.
Une exploration du monde très fermé de l’Église catholique à travers le prisme du pouvoir, de la spiritualité et de la politique. Cet univers mystérieux renferme de nombreux secrets, mais aussi des rivalités, des trahisons et des miracles.
Le quotidien très chargé du Pape Sixtus VI est bouleversé lorsque l'archevêque de New York, le Cardinal Thomas Duffy, ordonne une femme. Le scandale ne tarde pas à faire la une des médias. Tiraillé entre le besoin de faire évoluer l'Eglise tout en respectant les traditions, son désir de marquer son règne d'un symbole fort et les pressions qui l'assaillent de toutes parts, le souverain pontife doit pourtant se prononcer : les catholiques du monde entier attendent sa déclaration...
Avec Matthew Goode (A Single Man, Stoker, Match Point), Kyle Chandler (Friday Night Lights, Demain à la Une, Super 8), Anna Friel (Pushing Daisies, Neverland), Bruno Ganz (La Chute, Les ailes du désir), Sebastian Koch (La vie des autres), Rebecca Ferguson (The White Queen), Ewen Bremner (Trainspotting, Snatch), Cosimo Fusco (Rome, Anges et démons)...
J'aurais aimé vous dire que The Vatican était le Homeland de l'église ou le Dexter du cathocilisme, ou pourquoi pas le Californication du Pape, mais je suis dans l'obligation de vous le présenter comme un The Borgias moderne. Tout simplement. C'est en tout cas, sur Showtime, ce qui s'en rapproche le plus. J'aurais pu citer The Tudors aussi. Enfin vous voyez. Moins de costumes, quelques références à la pop culture, mais des ambiances pas si différentes. Pourtant, moi qui suis allergique aux deux séries historiques suscitées, je me suis laissé prendre au jeu de The Vatican. Peut-être parce que je sais que Ridley Scott est aux commandes, que Kyle Chandler, Anna Friel et Matthew Goode forment un sacré trio d'acteurs que l'on a envie de découvrir ensemble et (re)découvrir individuellement, et parce que ce premier script est raffiné, intelligent, prenant, cruel et intrigant. Avec le produit fini, qui sera très certainement léché et classieux, je ne suis pourtant pas encore certain de me laisser séduire et emporter sur le long terme.
D'abord parce que c'est lent. Cette lenteur qui vous fait bayer aux corneilles jusqu'à ce que vous succombiez au petit somme réparateur. Oh, pas tout le temps. Mais il y a des scènes longuettes, dont on aurait pu se passer. Et puis parce que c'est complexe. Quand on ne connait rien comme moi à l'Eglise, des véritables fonctions de chacun à certains termes très spécifiques ou certains rites, il faut un un petit temps d'adaptation. Et je crains qu'un pilote ne suffise pas. Heureusement c'est plutôt bien expliqué, sans être trop didactique. Les citations de la Bible pleuvent. Si bien qu'il y a d'un côté ceux qui parlent normalement, comme vous et moi, qui sont intelligibles par tous. Et d'un autre côté, les mystiques, ceux pour qui la religion est tout, dont les interventions semblent impénétrables. A l'écrit, on a le temps de relire plusieurs fois afin de comprendre de quoi il retourne. A l'écran, à moins de faire pause, on passe vite à autre chose. Et puis tout ça ne fait pas très naturel. Dans ces moments-là, j'ai tristement penser à Ainsi soient-ils. Cocorico. Ou pas. L'autre souci, c'est qu'il y a tellement de personnages... avec des noms parfois si proches... c'est gênant à l'écrit mais sans doute à l'écran aussi, au moins dans les premiers temps ! Avec leurs robes et leurs chapeaux, tous ces petits messieurs vont tous se ressembler. Il y a justement un duo à la Dupont et Dupont assez comique. Deux cardinaux Italiens, Bozzi et Prezzi, qui se chamaillent comme un petit couple et qui ne pensent qu'à bouffer. De vraies petites commères en plus ! Ils permettent de détendre l'atmsophère même si on ne comprend pas bien à quoi ils servent à part ça. Tous les autres personnages semblent être des pions sur un vaste échiquier mondial. Ils ont tous un rôle à jouer et surtout tous un hidden agenda. Bah oui. The Vatican, en fait, c'est un soap. On y revient toujours !
Le vrai héros de la série, en tout cas dans le pilote -c'est amené à changer après quelques rebondissements inattendus- ce n'est pas le Pape, ni le Cardinal Duffy (désolé pour les fans de Kyle Chandler), mais Bernd Koch, un trentenaire "spectacularly handsome and well built" (une description assez curieuse dans ce type de série), incarné par l'excellent Matthew Goode. Il est le bras droit du Pape, son secrétaire personnel. Le duo fonctionne à merveille. Il y a du respect entre eux mais aussi une franche camaraderie malgré les 40 ans qui les séparent ! Et le plus moderne des deux n'est pas forcément celui que l'on croit. Leurs dialogues sur la réforme de l'Eglise sont passionnants. La place de la femme dans l'institution est évidememnt largement évoquée, et on remarquera qu'il n'y a que deux héroïnes dans la série (en dehors de quelques nonnes anonymes et de la fameuse femme ordonnée qui a peut-être un visage via les flash infos mais qui n'apparaît pas en tant que véritable personnage dans ce pilote) : l'une est une "putain" et l'autre une garce machiavélique. Mais il ne faut voir aucun sexisme dans ce choix. Il permet justement de mettre en évidence certains paradoxes qui restent à creuser. La "putain", c'est la soeur cachée du Cardinal, incarnée par Anna Friel. Oubliez donc tout de suite vos envies de la voir en couple avec Kyle Chandler ! Quoiqu'une inceste détonnerait. Mais je ne crois pas que ce soit prévu ! La jeune femme n'apparaît qu'une fois dans le pilote, lors d'une courte scène, mais ses répliques sont délicieuses. Elle est drôle et provocante. On devrait beaucoup l'aimer ! Sa place dans la suite de l'histoire reste toutefois à définir. Et puis l'autre femme, c'est la Comtesse Olivia Borghese, la descendante de la riche famille italienne, une manipulatrice hors-pair qui a un pied dans le pouvoir grâce à son compagnon officieux, Malerba, le sécrétaire d'état au Vatican. Ce dernier n'est pas du tout en odeur de sainteté auprès Pape, ce qui va avoir des conséquences dramatiques... Je termine par le personnage du Monseigneur Iemma, décrit comme le "Sam Spade" du Vatican, à savoir le détective chargé d'enquêter sur les "Miracles". Rien que ça. Et justement, un miracle va se produire au cours du pilote, ce qui ajoute une dimension mystérieuse voire fantastique à la série ! C'est étonnant et risqué. Mais pourquoi pas après tout ? Dans le même genre, il y a une scène rêvée par le Pape assez étrange. Cela implique une grosse femme nue.
The Vatican n'est pas une série qui plaira au vrai Vatican, c'est certain. En plus de désacraliser le Pape d'une certaine manière -lequel est néanmoins particulièrement attachant ici- elle explore avec provocation ce dont l'Eglise ne parle jamais, ses zones d'ombres, et elle présente ses principaux protagonistes comme des gens assoiffés de pouvoir et de reconnaissance (pour caricaturer). Est-ce une réalité ? Si Showtime venait à la commander, elle s'assurerait une petite polémique lors du lancement, ce qui ne fait jamais de mal. The Vatican est clairement le genre de série qui s'apprivoise avec le temps, car son aspect divertissant est très limité et son récit complexe. Sans compter que l'on y parle toutes les langues ! L'anglais bien sûr, mais aussi l'italien, l'allemand... Le casting est justement représentatif de cette diversité, ce que je considère plutôt comme un atout d'ailleurs. Honnêtement, ce serait dommage qu'elle ne voit pas le jour, surtout qu'elle est assez unique en son genre à la télévision américaine, mais je ne la regretterais pas personnellement. Ce n'est pas vraiment mon truc. Et vous, vous pensez que ce sera le vôtre ?
A VENIR : THE LEFTOVERS, WAYWARD PINES, HIGH MOON, HAPPYLAND...
Penny Dreadful [Pilot Script]
PENNY DREADFUL
Drama // 52 minutes
Dans le Londres de l'époque Victorienne, Vanessa Ives, une jeune femme puissante aux pouvoirs hypnotiques, allie ses forces à celles d'Ethan, un garçon rebelle et violent aux allures de cowboy, et de Sir Malcolm, un vieil homme riche aux ressources inépuisables. Ensemble, ils combattent un ennemi inconnu, presque invisible, qui ne semble pas humain et qui massacre la population...
Ecrit par John Logan (Aviator, Gladiator, Skyfall). Réalisé et produit par Sam Mendes (Skyfall, American Beauty, Les Noces Rebelles). Pour Showtime Networks, Desert Wolf Productions & Neal Street Productions. 53 pages.
Avec Eva Green (Camelot, Casino Royale, Dark Shadows), Josh Hartnett (The Faculty, Pearl Harbor), Timothy Dalton (Permis de tuer, Tuer n'est pas jouer)... (casting en cours)
Je crois pouvoir dire en toute humilité que j'ai fait du bon boulot pour résumer l'histoire très floue à la lecture du script de ce fameux Penny Dreadful. Ce n'est pas pour rien que tous les sites américains se contentent de parler du projet comme d'un "thriller horrifique psychosexuel reprenant des figures mythiques de la littérature". C'est beaucoup plus simple -et un peu mensonger d'ailleurs- que d'essayer d'expliquer de quoi il retourne vraiment. A vrai dire, je ne suis même pas sûr que la dernière phrase de mon synopsis soit tout à fait valable, tant les indices sur la suite de l'aventure sont peu nombreux. C'est en tout cas ce que j'ai cru comprendre. Deux choses à savoir quand même : 1/ Oui, les âmes sensibles vont peut-être rendre leur quatre heures. La première scène est sanglante, répugnante, Hannibal style. Il y en a deux-trois autres qui ne sont pas plus ragoutantes. 2/ Le "psychosexuel" de la promesse de départ je le cherche encore. Il y a certes une évidente tension érotique entre les deux protagonistes principaux, mais pas une scène de sexe dans ce pilote. Pas même un baiser. Une paire de fesses ? Un torse ? Non. Les pervers seront très déçus. Mais ils finiront bien par se dessaper j'imagine.
Clairement, ce qui a attiré Showtime avant tout et qui l'a décidée à commander une saison complète de Penny Dreadful sans passer par la case pilote, c'est l'équipe prestigieuse derrière. Sam Mendes + John Logan, c'est forcément super enthousiasmant, d'autant que l'achat s'est fait dans la foulée du succès public et critique de Skyfall. On peut-être à peu près sûr que, visuellement, la série sera irréprochable. Ce sont des noms qui peuvent attirer un beau casting qui plus est, et ça aussi c'est important. Bon, pour le moment, Eva Green et Josh Hartnett, c'est pas non plus le nirvana, surtout que la première joue encore une fois le même rôle et que le second est à la limite du has-never-been. Mais ils ne sont pas mauvais. Ce qui cloche quand même, pardon de le dire, mais c'est ce script en lui-même. Je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus puissant. C'est très bien écrit. C'est très littéraire, très soigné. Mais c'est vide de substance. Les scènes s'enchaînent et manquent de liant. On ne sait pas où on va. On ne sait pas qui sont les personnages. Ce qu'ils veulent. Il n'y a aucune progression dans les révélations. On sait aussi peu de choses sur eux au début du pilote qu'à la fin. Comme si John Logan avait écrit un film dont il manquait la deuxième heure, l'essentiel en somme.
Je ne suis personne pour critiquer le travail de John Logan, on est bien d'accord, mais je le soupçonne de ne pas avoir abordé ce projet comme une série mais comme un film de 8 heures. L'erreur à ne pas faire. Mais c'est sa première création pour la télévision après tout. Accordons-lui le bénéfice du doute. Je ne vous cache pas que je me suis du coup fortement ennuyé par moment. Je n'ose imaginer ce que ça va donner une fois porté à l'écran. Alors je ne suis pas la cible puisque je ne suis pas client des shows en costumes, mais genre pas du tout du tout. Je suis certain que nombreux d'entre vous y trouveront toutefois leur compte. Si vous aimez des séries comme Ripper Street, par exemple, ou Copper. Ou Hannibal. Il y a un peu de tout ça, avec un soupçon de fantastique. Ah et oui, on croise bel et bien un certain Dorian Gray ou même Frankenstein. Mais on nous demande de faire semblant de ne pas avoir compris qui ils étaient avant que l'on veuille bien nous l'annoncer en grande pompe. C'est un peu ridicule. Ca tomble à plat. Le cliffhanger, c'est quand même que "le jeune médecin" fait des expériences douteuses et dangereuses sur des corps d'humains morts. Wouah. On ne s'en serait pas douté ! Vous voyez, ABC a développé et tourné un pilote dans le même esprit, Gothica (la critique est disponible ICI), la saison passée. Eh bien Penny Dreadful m'a fait encore plus regretter sa non commande ! L'équipe était moins prestigieuse et évocatrice mais il y avait de vrais rebondissements dans le pilote et on ne nous prenait pas pour des cons. C'était plus facile d'accès, plus "populaire" mais ce n'est pas forcément un gros mot !
Penny Dreadful me fait l'effet d'un projet hyper prétentieux, "trop" cinématographique, pas vraiment adapté aux exigences télévisuelles et déjà survendu des mois avant sa diffusion. Je ne suis pas certain que Showtime ait misé sur le bon cheval. Il aurait eu davantage sa place sur Starz. Mais puisque je ne suis pas dans la cible de ce type de série, c'est peut-être moi qui n'ai juste pas compris son attrait. On en reparlera l'hiver prochain !
A venir : THE LEFTOVERS, TYRANT, EXTANT, HIGH MOON, THE VATICAN, WAYWARD PINES...
Pilotes Mix [Été 2013 - Partie 2]
UNDER THE DOME - CBS
Les habitants d’une petite communauté se réveillent un matin, coupés du monde et piégés dans la ville à cause d’un immense dôme transparent. Certains tenteront, de manière dissimulée, de tirer profit de cette situation inquiétante et inexpliquée, afin de prendre le pouvoir. Mais une résistance va s’organiser autour d'un vétéran de la guerre en Irak, pour empêcher ces personnes malveillantes de parvenir à leur fin...
Créé par Brian K. Vaughan (Lost). Avec la participation de Stephen King, auteur des romans Under The Dome. Produit par Stephen Spielberg. Avec Mike Vogel (Pan Am, Bates Motel), Rachelle Lefevre (Off The Map, A Gifted Man), Dean Norris (Breaking Bad), Britt Robertson (Life Unexpected, Secret Circle), Natalie Martinez (Les Experts Manhattan), Alexander Koch, Aisha Hinds (True Blood, The Shield), Nicholas Strong (Nashville), Colin Ford...
Le pilote d'Under The Dome correspond-t'il à la naissance d'un phénomène ? Avec les 13,5 millions de curieux qui se sont amassés devant en pleine période estivale, on peut légitimement le penser. Les scores des prochaines semaines nous le diront... En tant que grand fan de la littérature de Stephen King un peu déçu par la lecture de son Dôme, je suis à deux doigt d'écrire une chose rare : et si la série était meilleure que le matériau d'origine ? C'est en tout cas l'impression que m'a donné cette entrée en matière très efficace, sans temps mort, qui passe à une vitesse hallucinante à tel point qu'au bout de 42 minutes, on en veut encore et tout de suite. Combien de fois ce sentiment m'a traversé avec un nouveau drama la saison passée ? Euh...
Under The Dome aurait tendance à réussir là où beaucoup d'autres ont échoué : elle parvient à installer des personnages forts au coeur d'une intrigue mystérieuse. Peut-être parce que le créateur vient de l'école Lostienne... Dès le pilote, les héros ont plus d'épaisseur que dans le livre où ils étaient extrêmement caricaturaux, et c'est là le principal reproche que je ferai à l'oeuvre de King. Et puis il y a la fin aussi, très décevante, voire ridicule. On nous a promis qu'elle avait été changée pour la série ! Ouf. Mike Vogel, Rachelle Lefevre et Britt Robertson ne sont pas les acteurs les plus charismatiques de leur génération, mais j'ai beaucoup de sympathie pour eux et je les trouve ici très bons. Les quelques changements apportés par rapport au livre me séduisent, comme le télescopage de deux personnages qui permettra d'ajouter du mélo (Julia est une célibataire féministe à l'origine, pas une femme mariée et bientôt veuve). La scène gore de la vache est assez impressionnante, comme l'ensemble des effets-spéciaux. On sent que le budget n'est pas non plus énorme, mais ils ont réussi à faire quelque chose de très correct. Et au fond, le pourquoi du comment de l'apparition de ce dôme devient vite une question secondaire grâce à toutes les sous-intrigues qui se mettent en place. Under The Dome promet d'être un divertissement de qualité, avec même un peu de substance car ne perdons pas de vue que ce dôme est une parabole de la folie humaine poussée à son paroxysme. Je me demande toutefois si le fait que le projet ait vu le jour sur CBS et non sur Showtime -comme c'était prévu à l'origine- ne va pas mettre un frein à un certain nombre d'événements glauquissimes présents dans le roman... Dans tous les cas, on a trouvé là LA série de l'été qu'il ne faudra pas rater.
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SIBERIA - NBC
Sur le lointain territoire de Toungouska, en Sibérie, 16 candidats de télé-réalité sont expédiés dans cette zone anéantie en 1908 par une énorme explosion, suite à l'impact d'une mystérieuse météorite avec la Terre. Quand l'un des participants est grièvement blessé, et qu'aucune aide n'arrive, l'inquiétude monte d'un cran. D'autant que certains événements ne semblent pas liés au show. Face au danger, les compétiteurs doivent se serrer les coudes pour survivre...
Créé par Matthew Arnold. Avec Joyce Giraud, Miljan Milosevic, Natalie Scheetz, Johnny Wactor, Sabina Akhmedova, Sam Dobbins...
J'adore l'idée de Siberia. Comme j'adorais le point de départ de Persons Unknown, il y a deux étés, déjà sur NBC, ou même de The River l'an passé sur ABC. Mais je regrette que le budget alloué à ce type de projet soit toujours trop faible pour nous en mettre plein les yeux. Siberia avec les moyens de Terra Nova ? Là ça aurait de la gueule ! La force de cette nouveauté, en tout cas sur le pilote, est aussi sa faiblesse. Elle veut jouer à fond le jeu de la télé-réalité à tel point que l'on a vraiment l'impression de regarder, pendant environ 35 minutes, un épisode d'introduction tout à fait classique de Survivor ou Amazing Race. Tous les codes sont respectés. Ce n'est pas une parodie, c'est une exacte réplique de ce qui se fait. C'est donc assez déstabilisant. Le moment où les choses commencent à dérailler arrive trop tard à mon sens. On a déjà eu le temps de s'ennuyer, de piquer du nez même. J'aurais limite préféré que la série commence sur un flashforward, et je déteste pourtant ce procédé ! La toute dernière scène placée au tout début, par exemple. Mais je dois reconnaître un sacré talent à tous ces comédiens inconnus dont les dialogues sonnent hyper justes, improvisés, alors qu'ils ne le sont évidemment pas. Je ne peux pas dire que je me sois attaché aux candidats, mais il y a quelques personnalités qui se détachent et qui pourraient se révéler intéressantes par la suite. Mais la suite justement, à quoi doit-on s'attendre ? Ce pilote ne nous laisse pas d'indice. J'aurais voulu que l'émission s'arrête à la fin du premier épisode et que le chaos le plus total débute officiellement à partir de ce moment. Or, là, "l'aventure continue" comme on dit. Au-delà du malaise que cela provoque quand on pense à ce qui s'est passé dans la dernière édition de notre Koh Lanta, ça a tendance à couper l'envie de continuer... On ne passera probablement pas notre été en Sibérie en somme.
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RAY DONOVAN - NBC
Un spécialiste des litiges les plus compliqués, controversés et confidentiels des familles les plus aisées de Los Angeles, a bien du mal à régler ses problèmes à lui, bien souvent d'ordre familial...
Créé par Ann Biderman (Southland). Avec Liv Schreiber (Scream 3, Les Insurgés), Jon Voight (Heat, Transformers, 24), Paula Malcomson (La Ligne Verte, Deadwood), Katherine Moennig (The L Word), Elliott Gould (American History X, M.A.S.H., Friends)...
Je l'avoue, je partais sur un a priori négatif en découvrant le pilote de Ray Donovan. En fait, depuis que ce projet de Showtime est dans les tuyaux, je ne le sens pas. Non seulement il ne m'attire pas à titre personnel mais je ne vois pas non plus comment il pourrait intéresser les autres. En clair, je pensais que ça ne marcherait jamais. Après avoir vu le premier épisode, je le pense toujours. Et ce n'est pas une question de fierté. Si j'avais été emballé, je n'aurais pas eu honte de le dire. Non vraiment, Ray Donovan a bien peu d'atouts à son actif. A vrai dire, je ne comprends pas bien pourquoi la chaîne câblée lui a donné son feu vert. Peut-être parce qu'elle a un côté Californication + House Of Lies, deux séries qui ont fait leurs preuves ? Autant j'ai de la sympathie pour la dernière, sans l'avoir poursuivie, autant la première est à mon sens ce que Showtime a fait de pire (et j'en ai vu 5 saisons !). Ray a un côté Hank Moody. Ray est tout sauf attachant, malgré ses failles. Ray n'a rien mais alors rien à voir avec la délicieuse et attendrissante Olivia Pope de Scandal. Poutant, ils ont le même métier. Sauf que l'une l'exerce dans dans le monde de la politique à Washington, et l'autre dans le Los Angeles des célébrités et des millionnaires. Parfois, j'ai pensé à Dirt en regardant ce pilote. Et ce n'est pas un compliment de ma part. En fait, j'ai pensé à plein de choses, mais je n'ai pas trouvé que Ray Donovan avait sa propre identité, ni de quoi nous donner envie de rester, au moins pour lui laisser une seconde chance. Ca part un peu dans tous les sens. Il y a peut-être trop de personnages, trop d'intrigues qui se mêlent (celle du retour du père de Ray étant tout sauf excitante) et une prétention dans le style qui n'a pas lieu d'être. Bon et puis je dois dire que la prestation de Liv Schreiber m'a totalement laissé de marbre, de même que celles de ses compagnons qui forment, globalement, une distribution bien peu attractive. Bref, je ne saurais quoi vous dire de plus. Ray Donovan sera peut-être le premier échec de Showtime depuis longtemps, et il sera mérité !
Dexter [7x 11 & 7x 12]
Do You See What I See? // Surprise, Motherfucker! (Season Finale)
2 600 000 tlsp. // 2 750 000 tlsp.
Et voilà. La saison 7 de Dexter est finie et je lui trouve bien plus de défauts que de qualités. Est-elle meilleure que la précédente ? Oui. Et que celle d'avant, la 5ème ? Oui ! Elle n'atteint en revanche pas le niveau des quatre premières, même la 3ème, qui était ratée à bien des niveaux, était globalement plus soignée. Mais ce qui m'a frappé, c'est que cette saison a énormément fait écho à la 2ème, comme si la plupart des événements qui s'étaient déroulés des saisons 3 à 7 n'avaient pas existé, à l'exception bien sûr du cliffhanger de la 6ème. C'est dire à quel point la série s'est éloignée de sa trajectoire avec le temps, perdant peu à peu ce qui était fascinant chez elle et son héros, mais il fallait bien qu'elle évolue, que Dexter évolue... De toute façon, le meilleur de cette dernière année vient de tout ce qui a découlé de la découverte de Debra. Les premiers épisodes étaient réussis parce que la confrontation entre le frère et la soeur, et les réactions de cette dernière, était crédible, logique, parfaitement menée. Tout ce qui a été admirablement bâti a ensuite été détruit par l'arrivée de Hannah, qui était une fausse bonne idée, surtout quand on voit comment elle s'est terminée. Les fans de Chuck étaient contents de retrouver Yvonne Strahovski. Et ça s'arrête là. Youhou. La mafia Russe, elle aussi, nous a pas mal gâché le plaisir, tout en nous donnant de temps en temps des espoirs de mieux, systématiquement déçus. C'était du remplissage, au même titre que l'intrigue de Quinn qui a été purement et simplement inutile de bout en bout et qui s'est achevée dans la même indifférence qu'elle avait commencé. Les scénaristes ont visiblement décidé d'unir deux des personnages les plus inutiles du moment dans la saison 8 : Quinn et Jamie. Cela ne plaira pas du tout à Batista et l'on se coltinera des scènes ennuyeuses à souhait pour nous punir d'avoir eu la patience d'attendre tout ce temps le dénouement de la série... Motherfuckers!
Dans Do You See What I See?, je retiens pas mal de choses positives avec du recul, à commencer par l'affrontement entre Debra et Hannah. Il n'était pas d'une grande intensité, mais les enjeux étaient suffisants pour que l'on retienne notre souffle. Hannah a-t-elle empoisonné Debra afin de se débarrasser de sa principale rivale, celle qui l'empêche d'atteindre la plénitude, ou Debra s'est-elle elle-même empoisonnée pour éloigner Hannah de Dexter une bonne fois pour toutes en semant chez lui un doute inévitable et invivable ? Qui croire ? La petite nouvelle s'est montrée très convaincante face à Dexter lorsqu'il a fallu qu'elle se défende. En assurant que si ça avait été elle, elle n'aurait pas raté son coup, elle marquait assurément un point ! Si bien que j'étais parti dans l'idée que Deb s'était bel et bien infligée cela à elle-même et je trouvais ça très malin de sa part, très fort. Ca l'était sans doute trop pour les auteurs, qui ont préféré en faire une belle poire une fois de plus. Hannah était la coupable et Debra, encore une fois, la victime. Les cliffhangers de l'épisode étaient très bons, eux aussi, donnant l'impression que, peut-être, le final serait à la hauteur... à la hauteur de quoi d'ailleurs ? A la hauteur de nos désormais faibles attentes je suppose. Et c'était effectivement une vraie surprise que Dexter livre Hannah à la police. A la fois parce que le personnage ne nous a plus tellement habitué à faire preuve d'intelligence, mais aussi parce que l'on sentait depuis un moment que les scénaristes avaient visiblement l'intention de garder la nouvelle femme de sa vie plus longtemps dans le tableau, au-delà de cette saison. Ce qui sera peut-être le cas quand même, d'ailleurs... Bien joué sur ce coup-là en tout cas ! Malgré tout, quelque chose me chagrine : était-ce une si bonne stratégie que cela de trahir Hannah alors que, aussi amoureuse soit-elle, elle pouvait dénoncer son bien-aimé en prison pour se venger ? J'ai l'impression d'un gros décalage entre l'image de grand amour que l'équipe de la série veut renvoyer de ce couple et celle que l'on en a vraiment. Comme si les auteurs avaient en fait une trop haute opinion de Hannah. Pour moi, elle serait parfaitement du genre à dénoncer celui qui l'a trahi parce qu'elle est profondément mauvaise...
L'autre "surprise" de l'épisode 11, c'est la découverte du plan de LaGuerta, qui a intentionnellement fait sortir de prison Estrada afin de tendre un piège à Dexter, piège dans lequel il est tombé à pieds joints puisqu'il a perdu son cerveau quelque part, il y a quelques années... En fait, je m'y attendais totalement, la coincidence du retour de ce personnage à ce moment précis étant trop grosse, même pour les auteurs de la série. Cela n'en reste pas moins une excellente idée, qui redonne en plus à LaGuerta une certaine aura. Dans le final, le bien mal nommé Surprise, Motherfucker!, disons que les facilités se sont accumulées, rendant la latina un peu moins fine que prévu. Elle est tombée à son tour dans le piège de Dexter, elle n'a pas pris la peine d'amener du renfort avec elle alors qu'elle savait maintenant de quoi son opposant était capable... bref, elle a eu la fin qu'elle méritait ! J'ai trouvé le jeu de Lauren Vèlez très exagéré dans cet épisode, rarement inspiré, mais le personnage a quand même marqué pas mal de points et j'ai eu un pincement au coeur lorsqu'elle a été abattue de sang froid... par Debra ! D'ailleurs, un peu plus tôt dans l'épisode, la confrontation entre Deb et LaGuerta était très intense, peut-être même le moment le plus fort de ce final avant même la fin. Jennifer Carpenter a encore assuré, comme tout le reste de la saison. On ne le dira jamais assez ! Les flashbacks perruqués avec Doakes se sont révélés très inutiles, aussi ennuyeux que peu significatifs. Cela m'a quand même permis de me souvenir qu'il y avait quelque chose de profondément ridicule chez Doakes qui ne m'a vraiment pas manqué les saisons suivantes.
L'implication de Matthews dans toute cette affaire est encore un peu floue. Je n'ai pas bien compris s'il avait agi dans l'intérêt de LaGuerta ou non, mais je suppose qu'il n'a pas dit son dernier mot maintenant qu'elle a disparu. Lui sait, et il est bien le seul au Miami Metro, même s'il n'y travaille plus techniquement. Non parce que la grosse déception de ce final, elle est là : on revient à la case départ, enfin celle sur laquelle la saison 6 nous avait laissé. Debra sait, et puis c'est tout. Les dangers sont peu nombreux, hormis Matthews, à qui Dex peut très bien régler son compte très vite, et la mort forcément suspecte de LaGuerta, qui va tarauder Batista. Ce qui va être intéressant, c'est évidemment la réaction de Debra face à ce qu'elle a fait. Elle va se sentir très mal au départ, bien entendu, mais ne va-t-elle pas finir par accepter cette nouvelle partie d'elle-même, ce nouveau... dark passenger ? A ce stade, voilà comment j'imagine la fin de la série : Dexter va mourir et elle va prendre le relais de ses meurtres, tout en bossant tranquillement au Miami Metro. Et ce ne sera pas Harry qui viendra infester son esprit, mais ce très cher Dexter bien entendu. C'est une fin qui pourrait me satisfaire... Je continue quand même de penser que la saison 7 aurait dû se terminer par un Dexter tuant Debra !
// Bilan // Au milieu du chaos qu'est devenu Dexter ces dernières années, cette saison 7, moins mauvaise que les précédentes, fait office de lueur d'espoir : et si la 8ème et ultime saison était du niveau de la première ? Il suffirait pour ça de pas nous sortir un nouveau "serial killer de l'année", qui ne ferait que nous détourner de l'essentiel, et pas forcément avec originalité, de tout oser, de soigner les détails autant que les dialogues, et de donner enfin un rôle crucial à jouer aux personnages secondaires... Utopique ?
Dexter [7x 08, 7x 09 & 7x 10]
Argentina // Helter Skelter // The Dark... Whatever
2 250 000 tlsp. // 2 120 000 tlsp. // 2 080 000 tlsp.
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Que le temps devient long devant un épisode de Dexter... Et voyez-vous, comme je traîne des pieds à voir les épisodes, j'ai accumulé du retard. J'ai voulu le rattraper en une soirée. La fausse bonne idée. Trois épisodes d'affilée : imaginez le calvaire. On ne m'y reprendra plus. En plus, je suis incapable de faire une critique cohérente, qui puisse faire état de la progression des intrigues, car je mélange un peu tout ce que j'ai vu. Dans le fond, ce n'est pas bien grave : les scénaristes aussi ont perdu le fil de leur histoire et multiplient les incohérences et les facilités. Ce dont je me souviens vivement, c'est qu'il se dégageait quelque chose d'intéressant du premier des trois épisodes. Il était beaucoup trop bavard, c'est certain, il ne s'y est même pas passé grand chose, mais les dialogues étaient soignés, remplis d'humour et de double sens. C'était l'un des points forts de la série à ses débuts, mais la tradition s'est perdue au fil du temps. Cela faisait longtemps que l'on n'avait pas eu un épisode aussi satisfaisant de ce point de vue-là. J'ai tout particulièrement apprécié la rencontre entre Dex et Isaak (dans un bar gay, confirmant au passage une théorie). Mais LA scène d'Argentina est celle où Debra avoue à son frère qu'elle a eu des sentiments amoureux pour lui. Ce n'était pas nécessairement la meilleure scène de Jennifer Carpenter depuis le début de la saison, car elle en a eu pas mal de fameuses, mais l'une des plus réussies sans aucun doute. Et puis je tenais à ce que cet aspect controversé de la saison précédente soit revisité d'une manière ou d'une autre cette année. C'était impossible de fermer les yeux dessus. Les auteurs s'en sont bien sortis. Du moins jusqu'à l'épisode suivant, dans lequel notre héros conclut que c'était une réaction logique et qu'il n'y a pas lieu d'en parler plus longuement. Un peu trop facile. J'aurais voulu le voir plus troublé. J'aurais voulu qu'il se pose lui-même des questions sur la nature de son amour pour elle... Tant pis. Il est de toute façon trop aveuglé par son Hananh, qui le rend vraiment très con. Plus encore que Lila et Lumen en leur temps. Sinon, le retour d'Astor et de Cody n'était pas une mauvaise idée. Malheureusement, ça n'a rien donné. On a dû se contenter d'un parallèle bancal entre les petites séances de fumette de la jeune fille et les activités criminelles de son beau-père, et de chamailleries agaçantes entre le cadet et son aînée.
Helter Skelter est un épisode pivot dans la saison qui, à quatre encablures du dénouement, bouleverse l'ordre établi dans le but évident de surprendre et d'éviter les remarques du style "la structure narrative est toujours la même, elle est sans surprise". Etant donné que c'est un refrain que j'entonne depuis trois ans, je me sens un peu responsable du bordel qui en a découlé. Oui, personne ne s'attendait à ce que Dexter et Isaak collaborent et encore moins que ce dernier rende l'âme aussi vite. A vrai dire, on ne pouvait pas s'y attendre pour la simple et bonne raison qu'il était inconcevable qu'Isaak puisse approcher Dexter de manière aussi répétée alors que la police et la mafia locale étaient à ses trousses. Ils auraient dû se retrouver dans une merde noire tous les deux. Mais non. Du coup, doit-on considérer que cette intrigue s'arrête là ? On ne retiendra que la prestaton impeccable de Ray Stevenson et le potentiel jamais vraiment exploité de son personnage. C'est toujours mieux que les "méchants" précédents, en même temps. Il ne faisait pas peur, mais il avait une prestance et des choses toujours très fines à dire. Debra et lui ont permis d'éviter un nouveau naufrage. Pendant ce temps, Quinn a continué à tirer les épisodes par le bas, accompagné d'un Batista toujours plus mou, toujours plus dispensable. Afin de garder un enjeu policier à la suite et à la fin de la saison, on a mis au Miami Metro un nouveau serial killer sur le dos, avec cette fois la variante de la pyromanie pour faire diversion. Dex ne nous a pas déçu : il a réussi à trouver son identité très rapidement et a ainsi pu mettre fin à ses activités tout aussi vite. C'était du remplissage pure et simple.
Et puis il y a Hannah. Ah Hannah... Je ne suis toujours pas sensible aux charmes d'Yvonne Strahovski. Je sais que c'est précisément ce qui en rend plus d'un indulgent quant à la qualité des derniers épisodes. Désolé, pas moi. Dans The Dark... Wathever, j'ai enfin ressenti un peu d'empathie pour elle. Et puis du mépris aussi. Son père était un connard fini, mais du genre de ceux qui ne sont même pas crédibles parce qu'on se dit que ça n'existe pas en vrai, des pourritures pareilles. N'empêche que la voir anéantie m'a touché. J'ai compris la réaction de Dexter, j'ai compris qu'à ce moment-là, il ait ressenti le besoin d'outrepasser le code d'Harry pour venger celle qu'il l'aime. Mais j'ai beau comprendre, ça me dérange quand même qu'il soit passé à l'acte. Je n'aime pas quand Dexter est amoureux. Je le disais plus haut : ça le rend bête. Il fait n'importe quoi. Il suffit de voir comment il a tué ce monsieur. Et que l'on n'essaye pas de nous faire douter de l'intelligence d'Hannah : bien sûr qu'elle a compris ce qu'il a fait ! Mais, plus grave encore : tout ce qui a été bâti autour de la relation Dex/Debra, le coeur de la saison, est balayé au fur et à mesure que la blonde prend de l'importance dans sa vie. L'une veut ajouter des règles au code, l'autre veut l'encourager à céder à toutes ses pulsions. Et qui pourrait franchement être #TeamHannah ? Personne, on est d'accord ? On la connait depuis trois épisodes, elle a encore tout à prouver, et on voudrait que l'on choisisse son camp ? NO WAY. La perspective, peu crédible il est vrai, d'un duo au sein duquel Debra commanderait les meurtres et Dexter les exécuterait s'envole peu à peu. Les auteurs veulent les opposer à nouveau, mais pour quoi faire au juste ? Je continue de croire que la seule chose qui pourrait sauver la série, c'est que Dex tue Debra dans le final, sentant qu'elle est sur le point de le trahir et de le livrer à la police. Sauf qu'il ne reste plus que deux épisodes après celui-ci, et je vois mal comment il pourrait en arriver là en si peu de temps, à moins d'un coup de folie. Si l'affrontement entre le frère et la soeur doit être tiède, je n'en veux pas. Et si Hannah s'en chargeait elle-même ?
Pendant ce temps-là, Dexter est loin de s'imaginer que Laguerta est à ses trousses et qu'elle est désormais persuadée qu'il est le Harbor Bay Butcher. Normal : elle agit seule, ou presque, et on ne sait pas bien où tout cela va la mener. La mort est l'option la plus probable, pusqu'on imagine mal qu'elle se taise ou que Dexter finisse en prison à la fin de la saison, mais c'est une issue tellement facile et si souvent empruntée dans la série... Matthews va sûrement jouer un rôle important dans tout ça. On le connait assez mal, mais suffisamment pour savoir qu'il n'est pas fiable. D'ailleurs, on se demande un peu pourquoi Laguerta est allée se confier à lui. C'était bien pratique pour faire le lien et ainsi amener plus rapidement l'enquêtrice vers la vérité, mais ce n'est pas très logique et ça ne lui ressemble pas vraiment. Malgré leur passé amoureux tumultueux, je l'aurais davantage vu se confier à Batista, qui aurait eu l'esprit assez ouvert pour ne pas la prendre pour une cinglée et qui l'aurait vraiment aidée. Mais comme il n'existe plus aux yeux des auteurs... Heureusement pour lui, Dexter peut désormais compter sur le soutien de deux femmes. Laquelle des deux lui sera la plus utile pour le sortir des griffes de Laguerta ?
// Bilan // C'est avec bien peu d'enthousiasme que je poursuis la saison 7 de Dexter. Elle avait pourtant si bien commencé... Les scénaristes ont enfin osé déstructurer la série, il ont réussi à nous surprendre, mais la surprise n'a pas toujours que du bon et, ici, elle se révèle plus décevante qu'autre chose. Plus que deux épisodes. Le dénouement est proche, le soulagement aussi.
Dexter [7x 06 & 7x 07]
Do The Wrong Thing // Chemistry
1 990 000 tlsp. // 2 070 000 tlsp.
Je sais que certains vont me reprocher de n'être jamais content, mais je le dis quand même : lorsque Dexter suit sa formule habituelle, sans surprise, on s'ennuie; lorsque Dexter prend une forme moins linénaire mais trop brouillonne en contrepartie, on s'ennuie aussi ! Je reconnais volontiers que ces deux épisodes, malgré leurs nombreux défauts, permettent de dévier de la trajectoire toute tracée de la saison 7, mais j'ai le sentiment que trop d'intrigues tue les intrigues; comme si les auteurs voulaient se prouver et nous prouver qu'ils ont encore plein d'idées et plein de choses à raconter, alors qu'ils ne font en réalité que ressucer d'anciennes histoires pendant que les nouvelles stagnent. Ainsi, Isaak sort de prison, tourne autour de notre héros mais ne passe pas à l'action. Il menace. On attend. Quinn est dans les parages avec sa poupée blonde, lui aussi est menacé, mais personne ne pense à, enfin, le supprimer. On attend. Batista veut prendre sa retraite et acheter un restaurant. On s'en fout. Et on a envie de lui dire que s'il croit qu'en se lançant dans un tel business il va trouver le temps d'avoir une vie, il se trompe lourdement. Mais comme on s'en fout... Et puis, il est de mieux en mieux partie pour prendre la place du prochain mort du Miami Metro, non ? Pile quand il veut arrêter, le destin lui plante un couteau mortel dans le dos. Imaginez comme ça aurait de la tronche. Voyez comme les scénaristes maîtrisent l'ironie. Plus sérieusement, si c'est bien vers cela qu'ils se dirigent, bonjour la subtilité. Si ce n'est pas ça, alors je suis juste parano et j'assume. Et je ne manquerai pas de faire amende honorable ! Tiens, par contre, je suis ravi des dernières trouvailles de Laguerta. Pour la première fois, le nom de Dexter apparait dans son enquête. Reste à savoir si tout cela va la mener vers la vérité, mais on peut être sûr qu'elle ne va plus aussi facilement confier ses découvertes à Deb maintenant... Et si elle mettait Batista au parfum ? Quand je pense que le seul truc qui m'a vraiment excité au cours de ces deux épisodes, c'est les 15 secondes consacrées à Laguerta...
Après avoir installé la situation pendant quelques épisodes, les auteurs de Dexter se lancent corps et âme dans une nouvelle intrigue amoureuse pour notre serial killer. Parce qu'ils sont conscients d'être déjà passé par là plusieurs fois, ils cherchent encore une fois à se convaincre de quelque chose, en l'occurence que cette histoire avec Hannah est différente des précédentes. Ils écrivent même des dialogues en ce sens. Ils remettent Lumen sur le tapis. Deb ajoute ainsi une nouvelle pièce du puzzle, mais ça n'a plus vraiment d'importance maintenant. Poblème : Hannah est peut-être différente de Rita, de Lila et de Lumen, elle provoque en Dexter des réactions identiques. Encore une fois, il se demande si ce qu'il ressent pour elle n'est que du désir ou s'il y a de l'amour. Encore une fois, il se demande s'il est capable d'aimer. Mais, bon sang, après 7 ans, il serait temps qu'il comprenne que oui, il en est capable, tout comme il peut détester. Il est humain ! Même plus humain que plein d'autres humains ! Il ressent. Ce que ça peut être agaçant de ne pas l'accepter une bonne fois pour toutes. Est-ce là la seule finalité de la série ? Que Dexter accepte son humanité. Je pensais qu'il y avait plus à dire, que les auteurs avaient davantage d'ambition. Et puis je dois dire qu'hormis lors des scènes dans la fête foraine abandonnée et sous le chapiteau du cirque, j'ai du mal à me passionner pour ce couple Dexter/Hannah. Je ne ressens pas tant d'alchimie que ça entre les acteurs. Je trouve le rendu trop factice. Yvonne Strahovski ne m'inspire pas. Non vraiment, pour moi, ça ne le fait pas. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé. Je n'ai que moyennement apprécié l'intervention de ce Sal Price au beau milieu de tout ça. Il sortait de nulle part. Il a clairement servi de catalyseur, mais les auteurs n'ont pris aucun soin pour le rendre crédible et attachant. Il n'aura pas du tout marqué les esprits. Pourtant, entre Jennifer Carpenter et Santiago Cabrera, il se passait quelque chose d'intéressant, qui semblait plus naturel.
// Bilan // Ces deux épisodes de Dexter ne m'ont inspiré que de l'ennui. Je pensais pourtant que cette saison 7 était sur la bonne voie, qu'on allait enfin avoir quelque chose de consistant à se mettre sous la dent. Un leurre ? Il reste 5 épisodes pour repartir dans le bon sens. C'est encore faisable. J'aimerais vraiment pouvoir dire à la fin du 12ème que cette nouvelle salve était meilleure que les deux précédentes...
Dexter [7x 04 & 7x 05]
Run // Swim Deep
2 180 000 tlsp. // 2 280 000 tlsp.
Si la formule éculée de Dexter n'était pas si flagrante -une fois de plus- cette saison 7 serait certainement bien plus prenante. Là, ce qui se passe a beau être intéressant et aller dans le bon sens, on sent les rebondissements venir les uns après les autres et le seul suspense concerne Quinn : les auteurs vont-ils enfin se décider à lui régler son compte avec deux balles dans la tête ? C'est ce à quoi, j'espère, cette histoire de corruption va mener. Je ne lui vois aucun autre intérêt. On remarquera que Laguerta et Batista, chacun de leur coté, sortent de l'ombre et reprennent du poil de la bête, afin essentiellement de faire monter la pression chez Deb et de la pousser à prendre une décision là où elle préférerait simplement attendre. Mais attendre quoi ? Dans l'épisode Run, de manière sans doute un peu trop mécanique mais néanmoins émouvante, elle arrive à la conclusion que ce que fait son frère a un sens, que c'est peut-être lui qui a raison et que, peut-être, elle peut vivre avec cela sans pour autant prendre part à ses activités. Elle se dit qu'elle peut fermer les yeux, le laisser faire et occassionnellement lui sauver la mise si le besoin s'en fait ressentir. Une vision totalement naïve de la situation mais compréhensible après le bourrage de crâne très finement mené par Dex. Dans Swim Deep, déjà, Debra ne voit plus tout à fait les choses de la même façon et se rend bien compte qu'elle devra tout le temps lui venir en aide, tout le temps trahir les siens au sein de la police pour ce faire, trahir des amis parfois donc, trahir la confiance de Laguerta... Vivre dans le mensonge continuellement en somme. Harry savait que sa fille était trop bonne, trop juste, pour mener une telle vie sereinement. Il avait prévenu Dexter.
De manière toujours aussi appréciable pour nous téléspectateurs, Debra se pose des tas de questions et c'est cette fois le sujet de Trinity qui a été abordé sans détour. Elle a même eu l'intelligence de poser LA question : "Did you love her?". Et d'ajouter, avec toute la franchise et la dureté qui la caractérise : "She died because of you. Because you were selfish." Au milieu de tout ça, on ne sait pas très bien où en sont les sentiments confus de Deb à l'égard de son frère. Je parle des sentiments incestueux, bien entendu. Ceux qui nous ont hérissé les poils en fin de saison dernière et qui n'ont plus été évoqués depuis. Les auteurs semblent jouer de temps en temps sur le double sens dans certains dialogues. Ils prennent même un plaisir à réunir le frère et la soeur dans la même chambre d'un motel, sans toutefois pousser le vice jusqu'à les mettre dans le même lit. Mais Dexter se déshabille devant elle et le trouble s'installe inéxorablement... Qu'on le veuille ou non, il faudra que le sujet soit de nouveau abordé tôt ou tard, par souci de cohérence.
Pendant ce temps-là, Isaak se transforme peu à peu en un adversaire de taille pour Dexter, bien plus inquiétant qu'il n'y paraissait au début. Son potentiel a été parfaitement exploité dans ces deux épisodes. Je pense notamment à cette scène magistralement réalisée où l'on assiste, à travers les déductions de Dexter, au carnage qu'il a perpétué dans le bar. Ray Stevenson ne manque pas de charisme. En plus, on nous explique enfin pourquoi le meurtre de Viktor l'a à ce point touché : ils étaient amants. Enfin c'est en tout cas ce que j'ai compris. Les scénaristes ont préféré laisser planer le doute sans dire les choses clairement, mais je ne vois pas bien quelle pourrait être la nature de leur relation si elle n'est pas d'ordre amoureux. On pourrait éventuellement imaginer que Viktor était le fils caché d'Isaak mais ça colle beaucoup moins. Ce qui semble se profiler autour du personnage est enthousiasmant : et s'il s'acharnait sur les collègues de Dex ? Mike Anderson n'était à mon avis que le premier. Quinn serait une deuxième victime parfaite, mais est-ce qu'il s'arrêtera là ? Bon, okay, je m'emballe un peu. Il ne faut pas trop rêver non plus... Mais la fin de la série approchant, c'est quelque chose que l'on peut définitivement se permettre d'espérer plus fort qu'avant. Allez, je mise sur Batista ! Ou sur sa soeur... Sinon, Yvonne Strahovski a droit à sa scène à chaque épisode, qui n'apporte à chaque fois pas grand chose, si ce n'est un peu de fun. Un tout petit jeu du chat et de la souris commence entre eux deux et passera certainement pas la case bedroom à un moment donné. Sera-t-elle une ennemie ou une alliée au bout du compte ? C'est toute la question...
// Bilan // Grâce à une Jennifer Carpenter éblouissante, des "fuck" à n'en plus finir et la relation toujours aussi passionnante entre Debra et Dexter, rondement menée jusqu'ici avec logique, justesse et émotion, la série peut se permettre d'avoir encore quelques faiblesses dans ses intrigues secondaires. L'enquête fil rouge de la saison, quant à elle, monte en puissance et pourrait aboutir sur une réussite si les scénaristes osent perdre leurs réflexes habituelles pour vraiment se lancer...
Dexter [7x 02 & 7x 03]
Sunshine And Frosty Swirl // Buck The System
2 110 000 tlsp. // 1 980 000 tlsp.
J'aime bien ce début de saison 7 de Dexter. Je le trouve à la fois surprenant et crédible. Surprenant parce que les choses avancent beaucoup plus vite que je ne l'avais imaginé, Debra étant désormais au courant de tout (ou presque) sur son frère. Je ne pense pas que choisir de résoudre de cette manière le cliffhanger de la saison 6 était une évidence pour tout le monde dans la writers' room. Et crédible parce que les réactions de la jeune femme sont celles que chacun d'entre nous pourrions avoir, plongé dans une situation similaire. Elle se pose les bonnes questions, et elle lui pose les bonnes questions. Ses remarques et ses objections sont pertinentes. Comme lorsqu'elle évoque la petite collection très spéciale de son frère, qui prouve bien qu'il y a plus qu'un désir de justice dans sa démarche (ce que nous savons depuis longtemps évidemment, mais pas elle). Preuve qu'elle est bien meilleure détective qu'elle ne le dit ! Jennifer Carpenter retranscrit parfaitement la confusion et la détresse du personnage. Son "I am never going to be OK" était particulièrement déchirant. Face à elle, Michael C. Hall est égal à lui même, excellent donc, ni plus ni moins. Les scénaristes n'hésitent pas à remettre sur le tapis des thèmes qui ont déjà été abordés dans les premières saisons mais qui ressortent logiquement maintenant que Debra est impliquée. On a tendance à l'oublier, mais Dexter avait créé la polémique à son lancement. Peut-on justifier les actes d'un serial killer même s'ils suivent un certain code de conduite ? Peut-on se permettre d'avoir de la compassion pour lui ? A-t-on le droit de s'attacher à lui malgré tout ? Tous ces débats donnent le sentiment de revenir aux fondamentaux de la série, à l'essentiel. C'est passionnant et bien géré jusqu'ici. La "captivité" de Dex m'a paru censée, surtout venant de la part d'une femme aussi droite et cartésienne que Deb. Bien sûr, vouloir le soigner est illusoire et elle s'en rendra compte bien assez vite mais il lui fallait passer par cette étape et, heureusement pour nous, elle n'aura duré que le temps de deux épisodes. On commençait déjà à étouffer avec lui... Sur le long terme, toutefois, il faudra que Deb choisisse son camp. La solution de facilité serait de la convaincre si ce n'est du bien-fondé de son oeuvre, au moins de la nécessité de le laisser la poursuivre sans le trahir et le dénoncer. Je crains que l'on se dirige vers cela au bout du compte... Il y a quand même un gros truc qui me chagrine dans tout ça : à quel moment de sa vie Dexter s'occupe-t-il de son fils ? La soeur de Batista doit être sacrément bien payée pour accepter de l'avoir avec elle tout le temps !
L'affaire Louis m'a déçu. Sachez-le. Dans Sunshine And Frosty Swirl, c'était le pied de le voir tenir tête à Dexter de cette façon. Le personnage s'est totalement révélé à ce moment-là, le potentiel que l'on avait entrevu le concernant a enfin été exploité. J'aurais préféré que le petit jeu du chat et de la souris dure plus longtemps, mais j'aurais encore plus préféré qu'elle ne se termine pas ainsi ! En soi, relier cette intrigue à celle du fil rouge de la saison n'était pas bête. Tout s'est très bien goupillé d'ailleurs, c'était cohérent. Mais on se débarrasse du personnage sans expliquer réellement le pourquoi du comment de sa fascination. Il devait avoir une backstory intéressante. J'aurais voulu la connaitre. Bon et puis le nouveau big bad de la saison ne me satisfait pas tellement pour le moment. Malgré son fétichisme des yeux, je ne le trouve pas spécialement inquiètant ou effrayant. A la limite, le cinglé metalleux auquel Dex et Debra ont eu affaire était bien plus impressionnant ! La mise en scène était particulièrement réussie pour ces passages-là. Pour revenir deux secondes sur le club de strip-tease appartenant à la mafia russe : Quinn ? Sérieusement ? On ne s'étonne pas qu'il se soit attaché à une pute. Dès qu'il a mis les pieds dans l'endroit, on savait que ça allait arriver. Encore et toujours, les scénaristes ne savent pas du tout quoi faire de leurs personnages secondaires alors ils leur écrivent des histoires médiocres en espérant que ça se noiera dans ce qui est plus réussi. Pas de chance : ça ralentit systématiquement le rythme. Sinon, Yvonne Strahovski est arrivée. Personnellement, elle ne me fait pas ni chaud ni froid cette actrice. Donc je ne pouvais pas capitaliser sur le plaisir de la retrouver pour juger sa première apparition. J'attends de voir avant de me prononcer sur l'intérêt du personnage mais on sait de toute façon où cela va nous méner. Dex ne devrait pas tarder à partager à nouveau son lit avec une blonde. Que peut-elle bien cacher ?
// Bilan // Tout ce qui touche à la relation Dexter/Debra est parfaitement maîtrisé en ce début de saison. Dexter réussit ainsi là où elle avait le plus de chances d'échouer lamentablement. Sur le reste par contre, c'est encore un peu fragile et brouillon.
Dexter [7x 01]
Are You...? (Season Premiere) // 2 400 000 tlsp.
"Are you... a serial killer?" "Yes, I Am". On avait fantasmé cet échange entre Dexter et Debra depuis la première saison. On savait à l'époque qu'il faudrait être patient avant de l'entendre. On n'imaginait pas nécessairement que notre souhait serait exaucé 6 ans plus tard. Il faut dire que l'on ne pensait pas non plus que Dexter durerait si longtemps. Si mes souvenirs sont bons, le showrunner de l'époque assurait que 5 saisons seraient largement suffisantes pour raconter cette histoire, à l'époque, particulièrement ambitieuse, originale et fascinante. Mais il a été remplacé, la série a battu chaque année ses propres records d'audiences... La preuve que même sur le câble, on n'est pas à l'abri de renouvellements abusifs. Si Showtime ne change pas d'avis, la 8ème saison diffusée l'an prochain sera cependant, enfin, la dernière. Et ils ont tout intérêt à s'y tenir car l'on ne regarde plus Dexter par pure plaisir mais parce qu'on se dit que ce serait trop bête de s'arrêter maintenant alors qu'elle est plus proche de sa mort que de sa naissance.
Avant d'entamer le visionnage de cet épisode, mes craintes étaient nombreuses, la première étant que le cliffhanger de la saison dernière, tant attendu, soit rapidement réglé en deux ou trois ruses à la Dexter. On connait son talent sans pareil pour se sortir de n'importe quelle situation, à se demander parfois s'il n'a pas pris des cours à l'Actors Studio dans sa jeunesse. Et on connait les habitudes des scénaristes qui bâclent de plus en plus souvent ce genre de scènes, faute d'imagination. Il a essayé de se défendre notre Dex', il a tenté de dissimuler son "dark passenger" derrière un mensonge, un de plus, mais pas de chance pour lui : Debra est intelligente et a su assembler les pièces du puzzle au fur et à mesure de l'épisode jusqu'à découvrir la vérité, toute la vérité et le confronter sans détour à son horrible découverte. Ce cliffhanger-là est bien plus puissant que le précédent puisqu'il change, lui, à jamais la série, sans rétropédalage possible. Je suis vraiment content que les auteurs soient allés jusqu'au bout de la démarche qu'ils avaient entrepris. Cela aurait dû arriver il y a deux saisons, certes, mais ils l'ont fait ! Après tout, ils avaient une autre option : laisser Debra mener son enquête tout au long de la saison et aboutir à la révélation seulement dans le Season Finale. C'eut été horrible ! Cela dit, je pense que la saison 7 se serait alors terminée par la mort de Debra, assassinée par son propre frère. Et... je crois que c'est ce qui arrivera quoiqu'il arrive. Je le souhaite très fort en tout cas. C'est, il me semble, la suite logique. On peut alors imaginer une saison 8 où l'enquête serait centrée sur son meurtre...
Au-delà de Debra, qui ne représente finalement pas un si grand danger que cela dans le sens où elle aime profondément son frère -et on ne va pas revenir sur le "jump the shark" de l'année dernière...- et qu'elle ne le livrerait donc jamais à la police, notre héros est entouré de menaces. Il y a Laguerta d'abord, que l'on pourrait surnommer "l'oeil de lynx" ! Elle a réussi, on ne sait comment, à tomber sur la lamelle de verre que Dexter a l'habitude de garder avec le sang de ses victimes et qu'il a malencontreusement fait tomber dans la panique sur la scène du crime, à l'intérieur de l'église. Voilà qui devrait l'occuper un petit moment. Cela fait tellement longtemps qu'elle n'a pas eu une bonne intrigue... Mais il y a aussi Louis, le stagiaire et petit ami de la soeur de Batista, qui a décelé depuis longtemps que quelque chose clochait chez Dexter, et qui semble être fasciné à l'idée qu'il soit bel et bien celui qu'il croit. Alors il fouille et il ne devrait pas tarder à trouver des preuves tangibles. On ne sait toujours pas avec lui si l'on se dirige vers une intrigue copycat ou vers tout autre chose mais je fonde beaucoup d'espoir sur ce personnage depuis qu'il a été introduit. Il serait peut-être temps de passer à la vitesse supérieure et d'être un peu plus clair sur ses intentions. Mais, au final, le plus grand danger que rencontre Dexter, c'est lui-même. Il vient de se faire choper par sa soeur, rien que ça, mais il se lance déjà dans un nouveau meurtre ! Il explique d'ailleurs très bien que c'est paradoxalement la seule chose qui puisse le calmer. Problème : ça fait bien longtemps que le méticuleux serial killer accumule les erreurs. Cette fois, il n'en fait pas particulièrement mais il joue avec le feu en s'adonnant à son activité préférée... dans un aéroport ! Sans doute l'un des endroits les plus sécurisés qui puissent exister, a fortiori dans une grande ville comme Miami ! Certes, tout se déroule dans une pièce fermée mais c'est quand même vraiment trop invraisemblable de la part des scénaristes et carrément pas sérieux de la part du personnage !
Parce que c'était sans doute trop beau, il faudra cette année encore se taper une intrigue fil rouge. Après le relatif désastre des deux précédentes, le pire est à craindre, d'autant que le peu qui nous est dévoilé ici est tout sauf intriguant ou réjouissant ! La mafia Russe à Miami ? Voilà ce que l'on nous propose. Ah c'est sûr que c'est inédit... Le choix des acteurs pour incarner cette intrigue permettra peut-être de sauver la mise : Ray Stevenson, Jason Gedrick ou encore Yvonne Strahovski de Chuck ont d'ores et déjà la pression ! A part ça, je n'ai pas parlé d'Angel, Masuka et Quinn mais est-ce bien nécessaire ?
// Bilan // A défaut d'être excellent, ce Season Premiere de Dexter est libérateur : la série va désormais pouvoir avancer doucement vers sa conclusion sans ménager ses personnages principaux. On l'espère en tout cas. Pour autant, les scénaristes ne semblent pas prêts à se détacher de la sacro-sainte formule du serial killer de la saison, qui a fait ses preuves lors des premières années mais qui a fini par grandement lasser. Rien n'assure donc que cette 7ème saison sera bonne, mais elle débute au moins sur une note réussie et surprenante !