Bates Motel [1x 10]
Midnight (Season Finale) // 2 700 000 tlsp.
Par Ronan.
Ce qui devait arriver arriva... Tous les micro-évènements mis en place, depuis deux ou trois épisodes (avec plus ou moins de bonheur, surtout moins que plus) ont porté leur fruit. Ils ont permis d'amorcer la bombe cérébrale de Norman et de la faire exploser. Bon, ok, c'est plutôt une bombe à retardement car, une fois de plus, tout se joue dans les dernières minutes de ce final. Mais c'était bon ! Et surtout, on a hâte de voir la saison 2.
Revenons dans un premier temps au cas "Abernathy" : j'avais prévu que ce monsieur patibulaire finirait avec une balle entre les deux yeux et je vous laisse donc la surprise du sort qui lui est réservé. Sa storyline nous a permis d'en apprendre un peu plus sur le sherif Romero, mais les scénaristes ont bien pris soin de nous embrouiller toujours et encore concernant ce personnage. Bon ou méchant ? On ne le sait toujours pas. En tout cas, il n'est pas totalement clean et ses méthodes sont un chouilla expéditives ! Ce fut l'occasion également de faire connaissance avec la sœur de ce cher Keith Summers : une pauvre femme, sans le sou, que j'espère revoir durant la saison 2 car sa détresse était très touchante. Elle a surement beaucoup de choses à nous apprendre.
Norma, évidemment, durant tout l'épisode, a fait caca dans sa culotte tant elle avait la trouille de son maitre chanteur. Pour décompresser, elle a senti le besoin de se confier à son psy (avec un taux de réussite assez faible), à Dylan (le rapprochement entre les deux est de plus en plus perceptible) et à Norman. Si, avec son fils chéri, elle parvient à se lâcher et à se soulager, elle n'a visiblement pas penser une seule seconde que Norman n'avait pas les épaules assez solides pour recevoir ses confidences. De fait, si Norma s'extirpe de son marasme psychologique, Norman, lui, s'enfonce inexorablement dans le sien. Un seul point m'a gêné dans tout cela : les scénaristes nous laissent penser que Norman est dérangé parce que sa mère est dérangée parce qu'elle-même avait un frère dérangé etc etc etc. Cet aspect "déséquilibre familial en cascade" me gave sensiblement car il signifie que, obligatoirement, un traumatisme est le résultat d'un traumatisme plus ancien : c'est un schéma un peu trop simpliste à mon goût.. Il n'en reste pas moins que le frère de Norma est attendue avec impatience en saison 2. Les scénaristes n'ont pas dévoilé son passé pour du beurre, non ?
Avant d'entamer la partie "Norman" de cette review, il faut tout de même signaler une fois de plus que la qualité première de Bates Motel résulte des relations "intimes" entre les personnages, de l'attachement qu'on leur porte, de l'émotion qu'ils suscitent chez nous. Qu'ils soient schizo, déséquilibré, malade, petit truand de pacotille, tous parviennent à nous toucher. Et les acteurs n'y sont pas pour rien. Tous, sans exception (sauf Nicola Peltz - alias Bradley - éventuellement), sont excellents. Mention spéciale à Vera Farmiga que le cinéma n'a pas su exploiter correctement (je conseille cependant aux lecteurs de ce blog de mater le film Esther dans lequel elle a un des rôles principaux). A l'avenir, espérons que les différentes storylines seront se tendre plus encore entre les différents protagonistes de la série : il y a là-dedans assez de matière, de tension, de mensonges pour ne pas trop utiliser de grosses intrigues secondaires.
Bref, parlons maintenant de Norman. Depuis quelques épisodes, il se prend quelques perturbations en pleine tronche. Son chien meurt. Paf, ça le perturbe. Il devient fana de taxidermie. Paf, ça joue pas en faveur de son équilibre précaire. Son enseignante s'attache à lui. Bzzzz, un neurone grille. Il réalise que Bradley et Dylan se rapprochent. Biiiiiiiippp, son cerveau chauffe. Sa mère le surprotège et lui confie des horreurs. Pimpon pimpon, ça brûle. Rajoutez à cela un accrochage avec Emma (personnage hyper attendrissant, actrice au top !) et une bagarre avec le petit ami de Bradley et là, vous obtenez une belle bouffée schizophrénique de la part de Norman. Et quand il pète un cable, Norman tue...
// Bilan // Bates Motel conclue sa première saison avec brio, sans pour autant égaler la qualité de l'épisode 6. Mais des bases prometteuses sont jetées pour la saison 2 : les scénaristes ont avancés de nouveaux pions, cités de nouveaux personnages (le frère de Norma, le petit ami de l'enseignante), mis en place une situation dramatique forte. Tout semble réuni pour que Bates Motel poursuive sa jolie trajectoire. Même si on est jamais à l'abri d'une sortie de route, vivement la saison 2 ! A l'année prochaine...
Bates Motel [1x 03]
What's Wrong With Norman? // 2 820 000 tlsp.
Par Ronan.
Ce troisième épisode de Bates Motel s'intitule "What's Wrong With Norman?" mais "Norman", dans cette phrase, aurait pu être remplacé par de nombreux autres protagonistes de l'histoire ! Car, soyons clairs, ce ne sont pas les ficelles énormes du scénario qui donnent envie de connaître la suite de la série mais plutôt la folie des personnages ! Et de ce coté-là, Bates Motel est particulièrement gratiné ! Attention, quand je parle des "ficelles énormes du scénario", je ne veux pas dire que tout est prévisible. Au contraire, quelques situations sont totalement imprévisibles. Mais imprévisibilité et invraisemblances ne sont pas loin de faire bon ménage parfois : trop de twists tue le twist ! De même, quand j'évoque la folie des personnages, je ne parle pas nécessairement de la finesse de leur psychologie. En voici deux exemples frappants : Norma a été violée par un double-goret en rut et elle semble n'en avoir aucune séquelle. Bradley a un père brulé vif et accessoirement mourant et elle n'a rien d'autre à faire que de discuter "vieux films" avec Norman. Pour une série qui souhaite évoquer la lente descente aux enfers d'un jeune homme, il serait peut-être intéressant de se montrer un tantinet plus attentif à ce genre de détails. Je ne parlerai pas des histoires parallèles qui sont également traitées sans finesse : comment un champ de cannabis peut-il passer à ce point inaperçu (à moins que la police laisse tranquillement pourrir la situation) ? Comment une gamine de 16 ans, en l'occurence Emma, peut à ce point se transformer en héroïne de la bibliothèque rose (Fantomette par exemple) sans que le spectateur en sourit ?
What's wrong with Norman? L'attrait principal de cet épisode est de nous montrer que Norman est bien plus perturbé qu'on le croyait. Perturbation sexuelle : en plein milieu d'un cours, son esprit mélange les dessins sexuelles de son cahier secret avec des images érotiques et violentes de son enseignante ou de sa mère. Tout ça lui grille tellement les neurones qu'il en tombe dans pommes. D'autre part, quand sa mère s'égare avec un autre homme, il l'attend tranquillement dans son lit. En revanche, quand elle le serre dans ses bras, un sourire satisfait s'affiche sur son visage. Allo, œdipe ? Perturbation mémorielle : Norman ne se souvient pas toujours de ce qu'il fait. Ainsi, il a oublié avoir voulu hacher menu son grand demi-frère. Perturbation psychique : Norman voit sa mère, entend sa mère, écoute sa mère alors même que cette dernière n'est pas présente. Avouons que ça peut être gênant ! Perturbation comportementale : Norman s'emporte, se montre agressif... puis passe l'éponge. La pauvre Emma en prendra pour son grade. Et, point clé de l'épisode, Norman collectionne... Tout et n'importe quoi. Les bonnes et les mauvaises choses. Et, en l'occurence, il a eu la mauvaise idée de garder comme souvenir la jolie ceinture du violeur de sa mère... C'est d'autant plus une mauvaise idée que la police va surgir de nulle part pour fouiller la maison Bates.
What's wrong with Norma? Ok, ce n'est pas une nouveauté, Norma est plus frappée qu'une téquila. Mais au jeu de la manipulation mentale, elle passe l'étape supérieure et excelle. Apprenant que la police a mis la main sur la ceinture-souvenir de Norman, elle court draguer le jeune flic Shelby pour mieux lui demander de l'aide. Elle apprend très rapidement que c'est lui qui a récupéré aux yeux et à la barbe de ses collègues la fameuse ceinture. Prête à tout, elle sous-entend auprès de ce dernier que son fils pourrait avoir tué Keith-double-goret. Par la suite, auprès de son fils, elle laissera sous-entendre que Shelby lui a proposé des petits jeux sexuels en échange de son silence. Ambiance! Mais au jeu du "qui manipule qui", le twist s'invite !! Pour ceux qui ne veulent pas en savoir plus, je leur conseille de fermer cette page web tout de suite. Ou de consulter d'autres articles de ce magnifique blog.
What's wrong with Shelby? Qui aurait cru que derrière l'angelot blondinet falot Shelby se cachait un joli petit porcelet ? C'est pourtant ce que nous laisse croire le trop gros twist final : Norman, poussé par ses délires, prend la décision de pénétrer chez Shelby pour reprendre sa ceinture souvenir. Le scénario faisant bien les choses, le supposé gentil flic n'est pas chez lui. Et vlatipa que Norman découvre que Shelby a une esclave sexuelle dans les profondeurs de sa cave. Délire de psychopathe ? Réalité ? Le prochain épisode nous le dira. Mais, rétrospectivement, on peut penser que la visite impromptue de la police au motel, lors du premier épisode, n'était peut-être pas aussi impromptue que cela : et si les flics avaient souhaité vérifier qu'aucune trace de leur jeu sexuel n'avait été laissé dans le motel ? Et si Shelby était en train de manipuler Norma pour sauver sa propre peau ou pour en faire son nouveau joujou ?
// Bilan // Ce troisième épisode Bates Motel condense déjà les forces et les faiblesses de la série. Des personnages torturés, malades, malsains, borderline se mêlent et s'emmêlent à des intrigues parallèles tirées par les cheveux ou encore mal exploitées ainsi qu'à des coups de théâtre et des facilités scénaristiques à la pelle. Mais ce sont justement ces fameux personnages déséquilibrés qui nous donnent envie, malgré tout, de connaître rapidement la suite. La fascination du mal, en somme. Mais jusqu'à quand ?
Bates Motel [Pilot]
First You Dream, Then You Die (Pilot) // 3 040 000 tlsp.
What About ?
Après la mort mystérieuse de son mari, Norma Bates décide de refaire sa vie loin de l'Arizona, dans la petite ville de White Pine Bay dans l'Oregon, et emmène avec elle son fils Norman, âgé de 17 ans. Elle rachète là-bas un vieux motel abandonné depuis de nombreuses années, ainsi que le manoir qui trône majestueusement quelques mètres plus loin. La mère et le fils partagent depuis toujours une relation complexe, presque incestueuse. Des événements tragiques vont les pousser à se rapprocher encore davantage. Ils partagent désormais ensemble un lourd secret...
Who's Who ?
Drama créé et produit par Anthony Ciprinano (12 And Holding, Terre Neuve), Kerry Ehrin (Friday Night Lights) et Carlton Cuse (Lost). D'après le roman et les personnages de Robert Bloch. Avec Vera Farmiga (Les Infiltrés, In The Air, Esther), Freddie Highmore (Arthur et les Minimoys), Nestor Carbonell (Lost, Ringer, Susan!), Mike Vogel (Pan Am, Miami Medical), Max Thieriot (Jumper, Chloë), Keegan Connor Tracy (Once Upon A Time), Olivia Cooke, Nicola Peltz...
What's More ?
Officiellement, Bates Motel est présentée comme un prequel au film Psychose de Hitchcock, bien que l'action se situe à notre époque et non dans les années 50.
La série n'est pas tournée aux Etats-Unis mais au Canada, dans la ville d'Aldergrove, à l'Est de Vancouver.
So What ?
Bates Motel devrait ravir les détracteurs -nombreux et vocaux- d'American Horror Story, car j'ai le sentiment qu'elle en est un peu l'antithèse. Lorsqu'on enlève toutes les boursouflures, les effets de style et les bêtes de foire de la première saison du freak show de Ryan Murphy, que reste-t-il ? Les lambeaux d'une famille déchirée, soumise à d'atroces souffrances, qui finit par se dissoudre dans l'éternité pour trouver enfin le repos. Un voyage au bout de l'enfer, terriblement humain. Bates Motel ne souffre, en tout cas dans ce pilote, d'aucunes de ces digressions "grotestico-fascinantes" qui ont tant fait parler et qui ont détourné l'attention du propos véritable de la série, avec la complicité perverse de son créateur qui aime par dessus tout déstabiliser et choquer. Les auteurs de ce qui est présenté pour des raisons marketing essentiellement comme le prequel de Psychose ont fait le choix de la sobriété. Et on les en remercie. Ainsi, l'oeuvre d'origine est dépoussiérée tout en évitant les salissements, les écorchures. Bien sûr, cette sagesse, il va falloir réussir à la garder le temps que la série durera. Et ce sera difficile. Peut-être devrait-on dès à présent se distancer de Psychose, comme les scénaristes le font brillamment, et laisser cette autre histoire vivre, grandir.
Comme seule une série du câble peut se le permettre -malheureusement- ce premier épisode prend le temps d'installer une ambiance particulière, à la fois inquiétante et familière, presque chaleureuse grâce à l'amour qui se dégage des deux protagonistes principaux, Norma et Norman. Le message est clair : il s'agit avant tout de raconter l'histoire forte et singulière d'une intimité quasi-incestueuse entre une mère et son fils. Il est donc inutile, dans un premier temps, de s'attacher à décrire les personnages secondaires, qui ne font que passer. Ils existent, mais ils nous importent peu pour le moment. On sait simplement qu'ils auront un rôle à jouer le moment venu et c'est là l'essentiel. Vera Fermiga incarne à la perfection cette femme énigmatique, dont on attend beaucoup des prochains coups de sang. J'ai adoré le fait qu'elle vive dans un univers rétro, comme si le monde d'aujourd'hui la dépassait complètement et qu'elle préférait se réfugier dans ses souvenirs (ses robes à fleurs d'antan, ses vieux disques, sa voiture mythique) pour oublier la cruauté du temps présent. C'est en plus une belle manière de justifier que la série évolue dans une ambiance 50s, donc comme dans le film, bien qu'elle se déroule en réalité à notre époque. Je n'ai pas pu m'empêcher de me dire qu'une Felicity Huffman ou qu'une Gillian Anderson auraient habité le personnage avant autant de force et peut-être même plus que Farmiga, mais c'est une pensée inutile, je le concède, et qui me passera sans doute très vite. Elle a cet avantage d'être moins connue, pas vraiment idenitifiable pour un rôle précis, donc à nos yeux, elle se glisse facilement dans la peau de l'héroîne. Norma Bates, maintenant, c'est elle. Freddie Highmore m'a aussi fait très bonne impression, si ce n'est qu'il fait plus jeune que son âge. Je lui donnerai plus 14 ans que 17. En même temps, l'acteur en a 20... Contrairement à sa mère, Norman ne vit pas tout à fait dans le passé, mais pas tout à fait dans le présent non plus par sa faute. Il a un iPod, par exemple. Il n'est pas un adolescent comme les autres, mais pas (encore) parce qu'il a l'air d'un psychopathe. Ce n'est pas du tout le cas. Juste parce qu'il est timide, gauche, innocent, d'un calme Olympien. C'est d'ailleurs intéressant de constater que pour une fois dans une fiction, ces traits de caractère semblent attirer certaines jeunes filles. Deux en l'occurence, très différentes l'une de l'autre en plus. Bref, ce Norman est touchant. On a envie de le cajoler, mais on sait qu'un jour ou l'autre, il risquerait de nous planter un coûteau dans le dos, littéralement.
Si la psychologie des héros est le fil conducteur du pilote de Bates Motel, avec ce sentiment que le trouble s'insinue de plus en plus clairement dans leurs rapports, il ne se passe pas rien. Bien au contraire. Les événements s'enchaînent tranquillement mais sûrement : de la scène d'ouverture troublante, qui pose question, aux différents obstacles que les Bates trouvent sur leur chemin. Le moins subtile dans son portrait, c'est l'héritier du manoir. C'est le campagnard typique qui, en plus d'être idiot, ne trouve rien de mieux à faire que de violer Norma ! Mais si c'est too much sur le principe, c'est quand même intéressant. On aurait par exemple pu s'imaginer que Norman allait arriver à temps pour éviter l'irréparable. Eh bien non. Il débarque après pénétration ! Et ce n'est pas un détail. C'est un message fort lancé par les auteurs. Ici, on ne rigole pas. Ici, on repoussera certaines limites. L'obstacle représenté par les flics du village est un peu plus classique, surtout dans son déroulement. Ca fonctionne, mais on sait très bien qu'ils ne vont rien découvrir. Pas si tôt. Quoiqu'après tout, en étant un peu tordu, on peut se dire que le shérif a vu le corps dans la baignoire mais n'a rien dit pour mieux observer les agissements des Bates...
Bates Motel est un thriller intimiste prometteur, qui se démarque des shows de serial killers tant à la mode en ce moment grâce à la sobriété de son écriture, la subtilité de ses interprétes et l'héritage de son passé, lequel ne semble finalement pas si lourd à porter.
How ?
Ringer[1x 22]
Par UglyFrenchBoy
I'm the Good Twin (Season Finale) // 1 200 000 tlsp.
Sarah Michelle Gellar entendait prouver qu'une actrice de plus de 30 ans pouvait encore porter une série télévisée sur son seul nom. En débarquant à l'antenne d'une chaîne destinée à un public plus jeune qu'elle, celle-ci avait pour ligne de conduite de ne jamais tomber dans le salace pour attirer le chaland. Sur ce point, l'intéressée est restée intègre: au cours de cette saison, les téléspectateurs n'ont pu trouver le moindre plan dénudé de l'ancienne Buffy Summers en dessous de la poitrine. La grossesse de l'actrice lui a sans doute permis d'imposer plus facilement ses joues charnues et ses vêtements amples au pays des visages émaciés. Mais s'affranchir des règles est aussi respectable que suicidaire. Ringer a clairement subi l'impitoyable loi des audiences, habituellement entérinée par les fameux « 18/49 ans », devenus ici les « moins de 35 ans ». Pour ne pas faciliter la tâche, les scénaristes ont imposé des intrigues en tiroirs, étirées en longueurs et parfois même particulièrement alambiquées. Pour les fidèles, la série aura cependant réservé quelques moments de stupeur. Elle aura également prouvé que des mauvais rôles peuvent condamner leurs interprètes avec. Heureusement, les personnages incarnés par Andrea Roth et Nestor Carbonell ont eu le droit à une évolution inespérée et ces deux acteurs ont montré toute l'étendue de leur talent lors de la deuxième partie de la saison.
Reste que les deux seuls enjeux de Ringer à l'issue de son pénultième épisode étaient la révélation de Bridget à Andrew sur son identité et la rencontre entre les deux sœurs. Qu'on se le dise : cette dernière n'a pas lieu lors de ce « I'm the good twin ». Une déception. L'ultime cliffangher est peut-être le moins efficace des 22 épisodes, de quoi accentuer le désappointement quand on sait qu'il s'agit de la réussite de la fiction tout au long de son parcours. L'absence de Catherine et l'inévitable retour de Bodaway Macawi n'annonçaient également rien de bon sur le papier. On peut dire qu'il en est de même à l'écran. Au cours de cette ultime aventure, l'héroïne décide de mettre carte sur table. Une fois de plus, les scénaristes surprennent avec la réaction d'Andrew et celle de Juliet (« You think my mom is an awful person. You are exactly like her. Actually, worse... She's sick. What's your excuse? »). Après la résilience, il est à nouveau question de rédemption. Bridget est touchante de sincérité dans ses aveux pendant lesquels l'absence d'effet dramatique, à l'exception peut-être des notes de piano lors de la déclaration, apporte à la scène un minimalisme aussi agréable qu'efficace. L'ancienne addict avoue que sa vie a complètement changé après sa rencontre avec Andrew, il y a sept mois. Son interlocuteur la coupe alors pour préciser qu'il s'agit de « sept années », persuadé d'avoir affaire à Siobhan (notons que le chiffre, équivalent au nombre de péchés capitaux, n'est probablement pas utilisé par hasard). À mesure que la vérité est présentée à Andrew, il est difficile de ne pas anticiper sa réaction, jusqu'à nous interroger sur notre propre faculté à pardonner. Nul doute, les répliques de l'épisode font mouche et c'est là son principal atout.
On peut regretter l'annulation quasi assurée de la série. L'évolution du personnage de Bridget, sans le moindre allié et dont le secret est désormais connu, peut être intéressante à explorer, entre la tentation de céder à ses démons du passé et la potentielle guerre psychologique livrée contre sa jumelle. En matière de bataille, Sarah Michelle Gellar a, elle, eu le pouvoir sur ce projet dont l'une des ambitions était de faire oublier une carrière jugée par les plus cyniques comme « en chute libre » depuis l'arrêt de son rôle de tueuse de vampires. Mais la star a nourri à son insu une nostalgie qu'elle s'est d'abord efforcée d'enterrer, puis de déconsidérer.
// Bilan // Probablement, si on devait compacter vingt-deux épisodes en deux heures destinées aux salles obscures, Ringer n'aurait pas mérité une sortie en grande pompe. Mais en étant traité sur la longueur, le résultat s'avère appréciable, a fortiori si l'on prend en compte sa présence à l'antenne de la CW. Également, l'évolution de la fiction et sa perception confèrent à Ringer un statut singulier: d'aucuns parlent de retour raté de Sarah Michelle Gellar au service d'un scénario paresseux et d'une mise en scène sans génie, d'autres, essentiellement ceux qui seront restés jusqu'au bout, avouent que le tout est bien plus maîtrisé qu'il en a l'air. L'œuvre d'Eric C. Charmelo et Nicole Snyder restera probablement à jamais source de conflits, peut-être davantage auprès des fans de Buffy que de l'ensemble des sériephiles.
Ringer [1x 18 & 1x 19]
Par UglyFrenchBoy
That Woman's Never Been A Victim Her Entire Life // Let's Kill Bridget!
1 160 000 tlsp. // 1 110 000 tlsp.
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« This is not a story about forgiveness… » Voila six mois que la série Revenge nous assène de ce précepte somme toute éternel. Curieusement, alors que l’on n’attendait plus grand-chose d’elle, Ringer s’approprie parfaitement cet adage jusqu’à atteindre une perversité aussi insoupçonnée que délectable. Il va sans dire que la deuxième partie de saison élève très nettement le niveau de la série et celle-ci se transforme progressivement en un thriller de plus en plus méticuleux et où l’attention du téléspectateur est primordiale. Le portrait des personnages s’étoffe au fil des épisodes et l’enquête policière de l’agent Mochado, très ennuyeuse au début, prend une tournure inattendue. Il est donc question de revanche, sur le passé, et plus globalement sur soi-même (Bridget), ou sur une personne spécifique suite à la disparition d’un être cher (Machado, Siobhan). Une notion traitée avec une noirceur qui manque cruellement au « Comte de Monte-Cristo à la plage » d’ABC…
Le personnage de Victor Machado se laisse ainsi engloutir dans sa quête. Faire condamner Bodaway Macawi est devenu une affaire d’obsession travaillant au corps et à l’esprit cet intrépide agent du FBI. Au point où celui-ci est désormais mis à pied. Nestor Carbonell se voit enfin offrir une partition plus intéressante. Il réussit parfaitement à être crédible sous les traits de revanchard que plus rien n’arrête. Le plan du visage en sang face à une foule voyeuriste, qui immortalise son combat en pleine rue, est une réussite : on y voit toute la frénésie de l’homme et, en parallèle, la curiosité malsaine d’une société avide de sensationnel. Celle-ci n’hésite pas à faire partager sur les plateformes de vidéos en ligne du contenu à la limite du raisonnable. Si le propos n’est pas abordé en profondeur, il en est toujours question quand Machado se sert de cette curiosité pour enregistrer la mort factice de Bridget et ainsi la protéger. J’ai trouvé ingénieux de la part des scénaristes d’avoir ouvert l’épisode « Let’s kill Bridget! » sur un flashforward Le procédé aurait prêté à rire il y a encore deux mois, mais désormais, il intrigue, Ringer étant devenue assez imprévisible. Je l’avoue, lors de la reconstitution de la scène, je me suis même surpris à me demander ce qu’il pourrait advenir de la suite de la série en l’absence de son héroïne.
Au-delà de la revanche, une question se pose : et si Ringer traitait de la résilience ? Question légitime à ce stade, même s’il est bien trop tôt pour se la poser de façon définitive. Le travail de deuil passera-t-il par le renoncement du côté de Siobhan ? La vengeance enferme les gens dans leur passé. Elle les rattache à des fantômes, au point de leur empêcher de profiter du présent. C’est ce que Henry cherche à faire comprendre à son interlocutrice. On doute de la pertinence du discours, mais quand Siobhan regarde sa sœur dans le bar et s’imagine la tuer, les intentions du personnage deviennent floues. À mon avis, les producteurs ne reproduiront pas deux fois une scène et si cette dream sequence (ce n’en est pas vraiment une) est une facilité, employée honteusement dans la bande-annonce (bravo CW !), elle n’est pas forcément là pour tromper le public. Dans son traitement, il est évident qu’il ne s’agissait pas de la réalité. Siobhan a certes échoué dans son mariage et dans sa quête, mais il reste à savoir si elle est capable de vivre pleinement une histoire avec l’homme qu’elle aime, d’apprécier ce qui lui est offert, tout en laissant vivre sa jumelle. La probable arrestation de Henry risque d’ailleurs de changer la donne.
Au début de la série, je regrettais l’absence d’un personnage féminin capable de tenir tête à Sarah Michelle Gellar. Je n’ai pas cru un instant au potentiel d’Andrea Roth. Et si je m’étais trompé ? Clairement, Catherine n’a pas la moindre once de morale et est prête à tout pour arriver à ses fins. Mais quelles fins ? Le fait de ne pas connaître précisément son but la rend particulièrement dangereuse. Le dernier plan de « Let’s kill Bridget » m’a rappelé Heather Locklear… Ou du moins Heather Locklear il y a dix ans. Au-delà d’un visage peu naturel en commun, les deux actrices ont cette expression semblable lorsqu’elles sont intriguées. Catherine n’a peut-être pas le charisme d’Amanda Woodward, mais elle peut se montrer finalement plus manipulatrice que son aînée. Elle semble tirer ici toutes les ficelles. Pour le rappeler, l’épisode répond à des questions laissées en suspend au début de la saison et les flashbacks sont, pour une fois, presque tous indispensables. On a donc peut-être enfin trouvé plus redoutable que Bodaway Macawi…
// Bilan // Le sentiment (s’il en est un) de revanche est finalement bien exploité à travers tous ses stades, que ce soit via Bridget, Siobhan ou Machado. Après l’épisode 16, ce dernier personnage confirme dans le 19 tout son potentiel. La quête de chacun s’entremêle et même si le genre et le contexte ne permettent pas une observation sur la nature humaine, l’aspect thriller est désormais suffisamment bien mené pour le clamer haut et fort : oui, Ringer est une bonne série et on ne pas va s’excuser de l’aimer désormais.
Ringer [1x 17]
Par UglyFrenchBoy
What We Have Is Worth The Pain // 1 110 000 tlsp.
Je pourrais m’attarder sur Andrew dans cette critique, souligner l’évolution du personnage, son ambivalence, mais aussi sa capacité à être touchant. Je devrais forcément citer « I don't care how much you hate me right now. I'll accept it ‘cause I believe that what we have is worth the pain.» Je pourrais difficilement éviter d’évoquer la dernière scène, plutôt surprenante. Je préfère cependant aborder cet épisode à travers le prisme de trois femmes : Juliet, Siobhan et… Regina Spektor !
J’ai une théorie selon laquelle une chanson de Regina Spektor peut conférer de l’émotion (quelle qu’elle soit) à n’importe quelle scène. Depuis longtemps, les titres de l’égérie de l’ « anti folk » sont diffusés dans les séries américaines. Fidelity dans Grey’s Anatomy, Better quand Ted comprend que Stella est plus heureuse sans lui, lors de la quatrième saison de How I met your mother, ou encore Human of the year, en fin du pilote d’Enlightened. Bien sûr, il arrive que la chanteuse soit utilisée à mauvais escient, mais elle pourrait même être capable de faire verser quelques larmes lors d’un épisode de Recherche appartement ou maison. J’ai souvenir, malgré mon aversion pour la franchise des Experts, avoir eu l’épiderme de gallinacé lors d’une scène avec Melina Kanakaredes sur Samson. Pourquoi s’attarder de la sorte sur cette artiste ? Tout simplement parce que son single All the rowboats a fait l’objet d’une promotion un peu inhabituelle, avec une annonce en fin d’épisode, mais surtout la citation de l’interprète par Juliet (« Go back to your Katy Perry, princess.» « For your information, it's Regina Spektor »). La scène en question, quand la fille d’Andrew fait la connaissance d’un garçon, n’était pas spécialement intéressante et débouchait sur la révélation de l’agresseur de Tessa de manière peu subtile et très prévisible. Qu’importe, le morceau fait tout le travail et l’épisode confirme mon attachement pour le personnage incarné par Zoey Deutch.
What we have is worth the pain, réalisé par le père de l’actrice, met en valeur Juliet. Certaines de ses répliques font mouche, lorgnant du côté de Veronica Mars (« It’s a little break in the education system. I like to call it Saturday »), tout en ayant un air faussement hautain particulièrement appréciable (« Do I know you ? » « No » « Okay. Let’s keep it that way! »). L’archétype de la « pauvre petite fille riche à papa » a évolué. Insupportable, vicieuse (car manipulée par sa mère), elle montre une autre facette d’elle, et l’on sent cette fois une certaine sincérité. On peut d’ailleurs voir un lien entre les paroles de All the rowboats et plusieurs personnages de la série. La chanson évoque en effet des œuvres d’art dans un musée où toutes les peintures sont prisonnières des cadres et se contentent d’être affichées alors qu’elles pourraient être libres. Loin de moi l’envie de comparer Ringer à une œuvre d’art, mais les personnages deviennent progressivement moins unidimensionnels, sortant du descriptif strict que l’on a bien voulu leur donner, et ce, pendant trop longtemps. À ce stade, Juliet est l’exemple parfait de cette évolution, même si la palme devrait revenir à Siobhan.
Ses intentions étaient peut-être déjà connues, mais celle que l’on pouvait réduire à « la méchante jumelle » est devenue un peu plus humaine lors de ses aveux à Henry. Le personnage affirme avoir droit au bonheur après les épreuves traversées. Je dois avouer que son discours m’a fait penser à une scène de Sexe Intentions où Kathryn Merteuil s’autoproclame « la plus grande baisée pour compte des beaux quartiers ». Toutes deux forcent le respect (à leur manière) au vu des stratagèmes mis en place pour arriver à leurs fins. Siobhan tient ainsi Bridget responsable de la mort de son fils et est incapable de lui pardonner. On peut alors comprendre le cheminement de pensée d’être remplacée par sa sœur face à un mari particulièrement menaçant, aussi tordu cela soit-il. Après tout, cette dernière est recherchée par un ponte de la mafia du Wyoming, et donc condamnée. Dans sa démarche, Siobhan compte également dénoncer les manigances financières de Martin/Charles et semble le faire autant par conviction que par vengeance. Un sens de la justice très particulier qui ne fait qu’accroitre l’intérêt autour de ce personnage, à défaut peut-être de trop d’empathie.
// Bilan // Au vu des réactions sur Twitter, je ne pense pas être le seul à avoir apprécié cet épisode. Les fameux « OMG moments » ne manquaient pas, les personnages s’étoffaient davantage et la bande son était une nouvelle fois plaisante. On assistait à une jolie montée en puissance avec des références à des anciens épisodes et quelques incohérences justifiées. Malgré les nombreux sarcasmes dont Ringer fait objet, il parait évident que le tout est plus maitrisé que ce que l’on pourrait penser !
Ringer [1x 15 & 1x 16]
Par UglyFrenchBoy
P.S. You're An Idiot // You're Way Too Pretty To Go To Jail
1 150 000 tlsp. // 1 250 000 tlsp.
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Ringer me rappelle par certains aspects Damages… N’imaginez pas une seconde que je puisse mettre sur un pied d’égalité ces deux séries. Force est de constater qu’il existe bel et bien des analogies. Bien sûr, Sarah Michelle Gellar n’a ni la carrure, et encore moins la carrière, de Glenn Close. Évidemment, les deux productions ne disposent pas du même budget et ne s’adressent pas, du fait de leur diffuseur, à la même cible. Quand l’une doit produire en flux tendu 22 épisodes, l’autre bénéficie d’un laps de temps plus important pour en concocter une dizaine. Et si Ted Danson, Lily Tomlin, Marcia Gay Harden et Dylan Baker ont fait confiance à la première, la seconde a, elle, vu défiler Michelle Stafford, Jason Dohring, Misha Collins ou encore Andrea Roth. Le jugement est sans appel, encore eût-il fallu qu'il y en ait eu… Je pourrais commencer à aborder les ressemblances entre les deux fictions en citant Mädchen Amick, guest à la fois dans Damages et Ringer, mais ce serait bien trop simple, et surtout inutile vu l’anecdotique apparition de l’actrice dans cette dernière.
Chacune des deux séries plante le décor avec une héroïne plongée dans un univers qui lui est étranger. Une descente à l’issue de laquelle personne ne ressort indemne. La redoutable Patty Hewes a sous ses griffes la candide Ellen Parsons et les deux femmes entretiennent une relation antagoniste et complexe. Un de mes confrères a décrit ce lien comme si les intéressées « représentaient les deux faces d'une même pièce ». Une comparaison que l’on pourrait appliquer aux jumelles de The CW et l’on attend avec impatience que la nouvelle venue fasse chavirer l’autre. Pour autant, tout comme les personnages incarnés par Glenn Close et Rose Byrne, le portrait des deux héroïnes n’est pas unidimensionnel. Pas de place au manichéisme. « Personne n'est blanc ou noir : tout est gris », résumait Ted Danson en décrivant Damages. Des propos tenus au mot prés par Eric Charmelo & Nicole Snyder, créateurs de Ringer. Ces derniers ne se sont pas trompés. Dans l’épisode "P.S. You're an Idiot", Andrew, l’un des rares personnages monochromes, prend de l’épaisseur. Quant à l’agent Victor Machado, il montre les limites de son sens de l’éthique avec sa relation avec la strip-teaseuse Shaylene (Nikki Deloach). On comprend alors mieux cette traque et les motivations du professionnel à vouloir coffrer coûte que coûte Bodaway Macawi, au risque même de mettre la vie de Bridget en jeu. Une semi-aliénation qui rattrape (presque) l’ennui de l’enquête au cours des précédents épisodes.
Pour revenir à l’œuvre de FX et DirecTV, comme chacun sait, sa construction narrative éclatée fait sa particularité. Le téléspectateur est baladé jusqu’à assembler morceau par morceau les pièces d'un puzzle. On sent dans l’écriture de la série avec Sarah Michelle Gellar une volonté de faire de même en multipliant les flashbacks, à défaut de pouvoir compter sur une chronologie vraiment déstructurée. Le problème majeur reste qu’il ne s’agit que d’un effet, souvent dispensable puisque n’apportant pas toujours des informations essentielles à la compréhension de l’intrigue. Le tout dans une atmosphère trop obscure en comparaison à ce que le public de la chaîne jeunesse peut appréhender. À l’antenne, celui-ci passe donc de références à Manolo Blahnik à… Bernard Madoff. C’est là où je ressens un certain enthousiasme : cette audace d’évoquer l’homme d’affaires américain et d’incorporer une chaîne de Ponzi à l’histoire, sans doute prévue dans les grands arcs narratifs lors du développement de la série pour CBS. La notion m’était étrangère, je l’avoue, et Ringer aura eu au moins le mérite de me l’enseigner. Pourtant, le cas de figure a déjà été vu dans… Damages ! Au cours de la saison 3, le cabinet Hewes & Associates poursuivait en effet Louis Tobin, responsable de la banqueroute de nombreuses personnes via le même procédé.
Bien sûr, Damages et Ringer ont aussi des défauts communs, comme des séquences assez artificielles et des facilités, à l’instar des déplacements à l’étranger. Les personnages de Siobhan et Tyler vont et viennent entre Paris et New York comme s’ils allaient faire leurs courses au supermarché du coin, sans passer par le décalage horaire ni les heures d’attentes avant l’embarquement. Au cours de la quatrième salve de Damages, il en était de même avec les voyages des protagonistes entre Manhattan et l’Afghanistan. Mais j’avoue qu’il est bien plus facile de pardonner à la première ce manque de réalisme qu’à sa grande sœur pour lesquelles les exigences sont forcément élevées.
// Bilan // Ringer n’est pas Damages et ne le sera jamais. Mais quitte à reprendre certains codes et utiliser des références communes avec une autre production, il est sans doute plus judicieux de le faire avec les péripéties de Patty Hewes que celle des frères Scott ou de Serena van der Woodsen et sa clique. Les deux derniers épisodes prouvent une fois de plus que Ringer a de l’ambition, sans doute trop, mais elle n’empêche nullement cette série à tiroirs de rester un bon divertissement.
Ringer [1x 11 & 1x 12]
Par UglyFrenchBoy
It Just Got Normal // What Are You Doing Here, Ho-Bag?
1 400 000 tlsp. // 1 180 000 tlsp.
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À ses débuts, Ringer faisait essentiellement l’objet d’analyses dans les médias pour la présence, puis la performance de Sarah Michelle Gellar. L’actrice avait-elle réussi son retour ? Etait-elle bonne dans un tel double rôle ? Honnêtement, en mettant de côté mon admiration pour celle qui a incarné avec brio la célèbre chasseuse de vampires, je me suis longtemps posé la question. Il était difficile de juger puisque jusqu’ici, la série se concentrait avant tout sur la distinction entre les deux sœurs, de leurs traits de caractère stéréotypés à leur environnement, sans oublier leur apparence. Difficile donc d’être réellement crédible dans ces conditions, ce que soulevait très justement le Los Angeles Times au mois de septembre.
Désormais, Bridget et Siobhan sont toutes les deux à New York. Elles n’interagissent pas (encore) ensemble, mais se retrouvent dans les mêmes lieux et côtoient chacune Henry. Exit les décors de faux bars parisiens, la présence de la tour Effel à toutes les fenêtres ou encore les tenues vestimentaires improbables inspirées par les grands créateurs français. Les deux Américaines sont dans la même ville et le look ne suffit plus. C’est ici même que la plus grande difficulté commence. Et comme le rappelle également le quotidien américain, même pour des comédiens confirmés, incarner des jumeaux est loin d’être une chose aisée, citant au passage les performances décevantes de Jeremy Irons ("Faux-semblants") ou encore John Lithgow ("L’esprit de Caïn"). Sarah Michelle Gellar n’est peut-être pas Bette Davis ("La Mort frappe trois fois"), mais on la sent véritablement à l’aise dans ces rôles. Bien sûr on peut regretter qu’une des sœurs soit obligée d’avoir une frange et les cheveux détachés pour se différencier de l’autre dans It Just Got Normal. Passé ce défaut, on peut apprécier la performance de SMG, avec une composition plus solide que lors de la première partie de la saison. Le personnage de Siobhan prend un peu plus d’épaisseur au même moment où le naturel d’une Bridget impulsive revient au galop. Le coup de poing à Jason Dohring était appréciable, au même titre que le « Oh screw you bitch! » lâché en pleine face (botoxée) d’Andrea Roth. Côté guests, notons dans le même registre une Mädchen Amick au visage assez peu naturel et au jeu caricatural (« You really want to do this, now? ») ainsi qu’une mini réunion "Sexe Intentions" avec la présence de Sean Patrick Thomas en chauffeur de limousine dans What Are You Doing Here, Ho-Bag?.
Au-delà du casting, Ringer ne manque pas de quelques incohérences et des flashbacks du plus mauvais effet. Mais que serait la série sans ses défauts qui lui confèrent presque un certain charme ? Le flashforward en ouverture du 11e épisode n’apportait pas grand-chose au récit, l’effet scénaristique n’était pas forcément réussi, mais j’ai apprécié l’esthétique de la scène et sa référence à Psychose. En espace d’un instant, le thème archi rebattu de la dualité s’harmonisait à celui du voyeurisme (trop peu abordé à ce stade) et du désir, ces deux derniers étant souvent associés dans les fictions. Une nouvelle fois le résultat est inégal, le 12e épisode étant supérieur à son prédécesseur. L’enquête sur le « bain de sang » (l’expression prête à sourire avec l’absence à l’écran de toute trace d’hémoglobine) éveille enfin un petit intérêt, tandis que l’agression sexuelle supposée de Juliet pourrait presque lancer un débat sur la notion de « viol consenti ». Que s’est-il réellement passé entre l’adolescente que l’on devine en mal d’attention et son nouveau professeur ? Il est trop tôt pour le dire, mais les événements permettent de faire avancer la relation entre Bridget et sa (fausse) belle-fille. Un lien que j’apprécie. Peut-être que Sarah Michelle Gellar pourra, après l’annulation prévisible de la série, camper le rôle d’une jeune mère de famille ? L’idée est plaisante. En attendant, la confrontation entre les deux sœurs ne devrait plus tarder, en espérant que les scénaristes ne la réservent pas pour le series season finale et parviennent également à plonger le téléspectateur dans une confusion volontaire, façon The Vampire Diaries (Elena / Katherine).
// Bilan // Loin des yeux, loin du cœur ? Après sa pause hivernale prolongée, Ringer a peut-être du mal à fidéliser son public, mais la série prouve qu’elle a encore du potentiel avec son 12e épisode. Les intrigues à tiroir et la mise en scène se montrent plus discrètes, au profit des acteurs, exception faite des guests. À ce stade, la série aurait tout de même besoin d’un nouveau rôle féminin de taille.
Ringer [1x 09 & 1x 10]
Par UglyFrenchBoy
Shut Up And Eat Your Bologna // That's What You Get For Trying To Kill Me
1 830 000 tlsp. // 1 600 000 tlsp.
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Il y a quelques semaines, un commentaire de ce blog décrivait Ringer comme un « méli-mélo d'intrigues à tiroirs ». On ne peut être plus d’accord avec cette description. Malgré tout, la volonté de bien faire des producteurs, le schéma narratif un peu moins fluide que les autres productions à l’antenne et la présence de Sarah Michelle Gellar continuent de susciter notre curiosité. Les deux derniers épisodes diffusés sur The CW sont fidèles à l’esprit de la série : certaines semaines, on y reste juste pour voir comment les choses évoluent, pour la promesse que Ringer laisse espérer. Et parfois, peut-être moins souvent, on arrive à apprécier un épisode pour ce qu’il est. Mon bilan, à ce stade, c’est qu’il se dégage une atmosphère assez sombre. Jamais l’hommage au film noir tant évoqué ne se fait à ce point ressentir que lors du 10e épisode, qui marque aussi la pause hivernale. La dernière scène fait office d’une conclusion idéale : le sort de deux personnages est scellé, plusieurs questions ont des réponses et la série laisse une porte grande ouverte avec le retour de Siobhan sur le sol américain. D’aucuns diront qu’il s’agit d’un effet cheap (split screen) et un jeu caricatural. J’y ai retrouvé une référence évidente. Le film noir ou « neo-noir » est pessimiste par essence. Le fatalisme inhérent à ces productions est parfaitement présent dans ce dernier épisode. Le précédent était peut-être plus « classique », mais pas totalement inintéressant…
Shut up and eat your bologna comprend de nombreux flashbacks. Le procédé peut être ennuyeux, mais il arrive qu’il serve correctement le récit. Il est agréable de voir qu’au 9e épisode de la série, une scène du pilote est expliquée. La fuite de Bridget est désormais justifiée : elle n’a pas quitté la Wyoming uniquement par peur de la menace Macawi, mais aussi parce que Jimmy, employé par Charlie, l’a encouragée. La fugitive n’a pas vraiment assommé un flic, du moins pas volontairement (merci pour cette courte réminiscence de Buffy), ni dérobé son arme. L’héroïne est donc un peu plus irréprochable, un bon comme un mauvais élément. Reste à savoir comment Jimmy s’est auto-ligoté à la douche de la chambre du motel… Pour revenir à Bridget, elle déçoit quand il s’agit d’en découvrir plus sur son double. Après avoir posé les bonnes questions à l’avocat de sa sœur, la tâche est beaucoup moins aisée face à sa psychologue. L’échange entre les deux femmes est embarrassant. C’est avec un vrai manque de subtilité, et cette fois une utilisation inutile du flashback, que Bridget prend conscience qu’elle aime vraiment Andrew. En revanche, on en apprend un peu plus sur la note dérobée dans le dossier de Siobhan, ou du moins celui de Cora Farrell. Cette dernière se fait prescrire des antidépresseurs pour la paranoïa (depuis quand cette profession a le droit de prescrire des médicaments ?) et craint pour sa sécurité. Serait-ce pour cette raison qu’elle a fait venir Bridget à New York en premier lieu ?
Shut up and eat your bologna marque également l’apparition tant attendue… des jumeaux de Gemma et Henry ! Même si on ne voit pas vraiment leur visage, les deux petits bambins sont roux, comme la fausse couleur capillaire de leur mère. Cette dernière est également vivante. Une doublure de Tara Summers est d’abord embauchée, idéal pour une raison budgétaire et pour éviter de gâcher la surprise avec le nom de l’actrice affiché à l’écran. On se doutait bien que le personnage n’était pas mort à ce stade : à aucun moment dans les échanges entre Charlie et Siobhan, le mot « meurtre » n’a été prononcé, sans compter le titre évocateur de l’épisode suivant.
Dans une série qui enchaîne les incohérences, je considère la façon dont Malcolm suspecte Charlie comme ingénieuse. La présence d’un produit pour l’haleine à base d’alcool dans la salle de bain d’un sponsor aurait pu être une négligence de plus, comme la coupe de champagne dans les mains de Bridget lors de sa fête d’anniversaire (épisode 4) l’a été, mais c'est le point de départ des doutes de l’invité pour son hôte. Il faudra attendre That's what you get for trying to kill me (le titre en question), soit deux semaines si on suit la diffusion américaine, pour que les hostilités soient officiellement déclarées entre Charlie et le duo Malcolm / Bridget. Et tandis que cette intrigue avance à grands pas, ce qui se passe du côté du Wyoming reste toujours aussi peu captivant. Les faiblesses du début de la série n’étaient peut-être pas uniquement dues au personnage incarné par Mike Colter. Tout est décevant du côté de l'État le moins peuplé des États-Unis, principalement la trop courte apparition de la méconnaissable Amber Benson, sans la moindre interaction avec Buffy Sarah Michelle Gellar. Même pour payer le loyer, l’actrice aurait pu se contenter de mieux/plus.
Quant à Jason Dohring, je ne vois pas où les auteurs veulent en venir. Si ce n’est qu’à chaque scène, je n’ai de cesse de m’interroger sur l’utilité de sa présence en dehors d’un clin d’oeil pour sériephiles. La « relation » entre Juliet et son professeur n’annonce rien de bon. La référence à Bella et Edward de Twilight pour justifier la différence d’âge aurait très bien pu être remplacée par Buffy et Angel. Regrettable, même si ce n’est qu’un détail. Le vrai test pour juger l’écriture de Ringer va être de savoir si et comment les auteurs vont mener la suite de la trame narrative et réunir la relation M.Carpenter / Juliet avec le plan démoniaque de Siobhan, qui semble, pour notre plus grand plaisir, tenir les rênes coûte que coûte.
// Bilan // Le retour de Siobhan et la future confrontation avec sa sœur laissent espérer le meilleur pour la suite. Il est appréciable de constater une atmosphère sombre et qu’en dehors des acteurs « réguliers », tout le monde est en danger. Plus Bridget parle, plus son entourage disparait. Un constat qui confère à la série une noirceur insoupçonnée, ou plutôt inespérée. Si la deuxième partie de la saison reste fidèle à l’ambiance du dernier épisode, le pari peut être gagné.
Ringer [1x 07 & 1x 08]
Par UglyFrenchBoy
Oh Gawd, There's Two Of Them? // Maybe We Can Get A Dog Instead
1 800 000 tlsp. // 1 750 000 tlsp.
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Les épisodes passent et l’exercice des critiques se complique. Comment écrire sur Ringer sans entrer dans les détails sous prétexte de faire du « bric à brac de l'épisode » ? Après tout, certains se « foutent des incohérences » ou « de telle ligne de texte qui cloche »… Et peut-on se permettre le moindre commentaire par rapport au diffuseur et aux autres séries occupant l’antenne de celui-ci sans être un « anti CW » ? A-t-on le droit d’évoquer et de rapporter un débat sur un autre support sans, en retour, que certains disent que ce « blog devient hermétique à ceux qui ne sont pas inclus dans un "groupe d'amis" twitter » ? Et quand les amateurs de la série ne montent pas au créneau, ses détracteurs prennent le relai et de manière beaucoup plus virulente. Difficile ainsi d’évoquer des références, puisqu’on parlera alors de « litanie ne faisant pas la qualité », ni même des bons éléments de la réalisation, sous prétexte « qu’il y a tellement mieux » ailleurs… Alors que dire de Ringer ?
Si je devais me contenter d’une critique d’ensemble, sans évoquer la moindre scène ou décrire la façon dont je l’ai perçue, je me contenterais probablement de quelques mots. Oui, la série est plaisante à regarder, beaucoup plus aujourd’hui que lors de ses trois premiers épisodes. Malgré tout, il faut noter (désolé) les faiblesses des deux derniers diffusés avec le cas Malcolm. Ce personnage était LE mauvais élément aux yeux d’un grand nombre à en croire les différents témoignages. Alors, quand Mike Colter revient à la charge et occupe un temps d’antenne supérieur, la crainte est de mise et à juste titre. Son évasion échoue lamentablement : pas de suspense. Et sa venue à New York parait bien dispensable, même si l’on se doute que Malcolm va permettre à un moment donné d’éclairer Bridget sur les mauvaises intentions de Charlie. En attendant, le lien entre le nouveau sponsor et Siobhan est révélé. Pas une grande surprise, la voix mystérieuse au téléphone à chaque scène à Paris était semblable à la sienne. Terminer l’épisode 7 de cette manière n’était pas nécessaire. J’aurais préféré l’échographie, le cliffangher aurait été plus efficace je pense. De même, le pré-générique avec le split-screen et l’étonnant « Bridget Kelly » scandé par Andrew et Henry aurait été, à mon sens, une fin parfaite pour le précédent, surtout compte tenu des deux semaines d’interruption entre le 6e et 7e épisode. Oui, la frustration a du bon…
Je ne suis pas là pour remplacer les réalisateurs et les auteurs de la série. D’ailleurs, c’est Eriq La Salle (le Dr. Benton d'Urgences) qui signe « Oh Gawd, There's Two of Them? ». On dit souvent que, quand un comédien passe derrière la caméra, la gestion des acteurs est mieux réussie, ou du moins celui-ci est plus à l’écoute. Je ne sais pas si concrètement cela se ressent à l’écran, chacun semble dorénavant maîtriser son personnage. Sarah Michelle Gellar est d’ailleurs plus à l’aise. La réalisation de cet épisode était intéressante. Le flashback couplé avec la révélation à Andrew et Henry n’était probablement pas l’idée la plus originale, mais l’effet était bien mené. Quant aux scènes de miroir, elles semblent devenir un gimmick dans la série. Je me demande si cela fait d’ailleurs partie d’un cahier des charges où chaque réalisateur doit inclure au moins un reflet dans « son » épisode. La démarche reste intéressante.
Pour « Maybe We Can Get a Dog Instead » (notons l’invraisemblance du titre), on retrouve une Sarah Michelle Gellar d’une beauté saisissante, et surtout évidente. L’amour ne rend pas aveugle pour autant et j’ai noté une incohérence. Dans le précédent épisode, un flashback “9 months ago” voyait Bridget fêter ses 3 mois de sobriété avec Malcolm. Pour quelle raison celui-ci lui donne-t-il aujourd’hui son « jeton » des 6 mois? Sachant qu’un trimestre en arrière, Bridget était toujours dans le Wyoming à ses côtés… Autre interrogation : Machado veut enfermer coûte que coûte Macawi. Pourquoi ne pas évoquer la possibilité de se servir de Malcolm ? Compte tenu de la torture dont il a été victime, ce simple acte ne peut-il pas lui garantir la prison à son agresseur ? Quant à Mr C. (A-t-on besoin d’avoir là aussi l’influence Gossip Girlienne ?), enfin Logan Echolls, je trouve le personnage dénué d’intérêt à ce stade. Je m’abstiens donc de commentaire, si ce n’est que la perspective d’une Juliet vicieuse (à son niveau) et marchant sur les pas de sa vraie belle-mère peut être intéressante. Jusqu’ici j’ai l’impression que l’on a toujours de l’empathie pour elle, ce qui ressort de la prouesse vu son arrogance, notamment lors d’une nouvelle confrontation avec Tessa: « We tried to hire your mom but she couldn't handle the big words ».
Alors que dire de Ringer ? Malgré ses incohérences, une galerie de personnages secondaires peu reluisante et certaines facilités scénaristiques, la série sait créer des tensions à des moments inattendus, à l’instar de la confrontation Tyler / Bridget au restaurant, en plus de cliffanghers (généralement) réussis. La bande-son propose des morceaux de la scène indépendante européenne et d’autres pays en dehors du continent Américain (des artistes français illustraient les scènes à Paris lors des premiers épisodes). Le groupe australien The Jezabels y voit même son planant Catch Me utilisé dans ce 8e épisode (à écouter ci-dessous). Pour toutes ces raisons, ainsi que son interprète principale, Ringer est à mon sens une série qui mérite une certaine attention. Ses défauts ne sont pas rédhibitoires et le mystère autour du plan de Siobhan (et des scénaristes) suscite l’intérêt. Et ce n’est pas faire preuve de peu d’exigence que de l’avouer.
// Bilan // Comme il est important de laisser un auteur s’exprimer, laissons la série s’installer en assistant à son développement en prenant conscience que les attaques faciles et les sarcasmes ne changeront pas grand-chose.
// Bonus // Catch Me, entendue dans l'épisode :