Bates Motel [1x 06]
The Truth // 2 930 000 tlsp.
Par Ronan.
Disons le tout de suite : cet épisode était excellent. Il avait même l'allure d'un season finale. Et le résumer sans le déflorer va être délicat. En tout cas, il portait très bien son titre : il nous promettait la vérité et nous l'avons eue sur de nombreux points. Même sur des éléments pour lesquels nous n'imaginions pas avoir une réponse si rapidement. C'est d'ailleurs une des grandes forces de la série : en plus de jouer sur les faux semblants, de rajouter pirouettes sur pirouettes, de nous proposer de multiples twists, elle a cette qualité rare de nous surprendre, de mettre des grands coups d'accélérateurs sur certaines storylines de manière inattendue. A la fin de ce sixième épisode, nous pourrions quasiment nous dire "mais quels sujets les scénaristes vont-il traiter maintenant ?" tant il semble que certaines histoires sont plus ou moins bouclées. Heureusement, il y a encore de la matière. Ou peut-être même que certaines vérités crument annoncées durant cet épisode n'en sont pas...
A moi maintenant de vous dire toute la vérité sur les différents protagonistes. Norma, comme à son habitude, oscille entre calme, volupté et colère noire. Elle a cette capacité déstabilisante de passer d'une émotion à une autre en un claquement de doigts. C'est ce qui la rend insaisissable et qui nous laisse toujours dans le doute sur ses intentions. En est-elle vraiment arrivée là pour protéger Norman d'un mal qu'elle n'identifie pas ? Est-elle tout simplement bien dingue elle aussi ? Je me pose la question depuis le début et il m'est impossible de distinguer le vrai du faux... Il n'en reste pas moins qu'elle livre à Dylan la vérité à propos de la mort du père de Norman . Mais est-ce LA vérité ou SA vérité ? Elle serait bien capable de mentir pour mieux manipuler ses deux fils. En parlant de Dylan, son personnage s'affine de plus en plus. Mi homme mi enfant, mi ange mi démon, mi humain mi salopard. Et il est celui pour lequel les prochains épisodes promettent de véritables ennuis. Il n'a pas gagné du galon dans son "métier" pour se la couler douce !! Concernant Emma, elle fait figuration mais on sent qu'elle s'amuse à vivre des aventures mouvementées (il suffit de voir son regard presque amusé quand Norman et Norma se disputent). Cette jeune fille veut du rocambolesque pour respirer et elle devrait en avoir !
Et, pour terminer, voici la vérité sur l'ambiance de cet épisode. De grands moments de stress, de tensions, soulignés par une musique bien foutue. De grandes confrontations dont on n'imagine pas l'issue, que ce soit durant la discussion entre Dylan et son boss ou entre la famille Bates et Shelby. D'autres moments plus cradingues : quand il y a des morts, c'est pas fait avec le dos de la cuillère. A ce sujet, celui qui s'écroule sur le perron du motel Bates est bien amoché et c'est toujours sympa de voir que la série ose un traitement un peu sale de ses histoires. Idem pour les quelques scènes assez violentes qui émaillent l'épisode. Ici, pas de hors caméra. On fonce tête baissée dans une image brute : pas la peine de laisser le public s'imaginer l'horreur, il est déjà assez occupé à tenter de démêler le vrai du faux dans les cerveaux délabrés des personnages. Ce qui est visuel est ouvertement montré, ce qui est mental est laissé à l'appréciation de chacun. Nous sommes loin de Psychose mais ce n'est pas grave (à moins d'être un puriste de l'oeuvre de sir Alfred) car Bates Motel gagne une identité scénaristique et visuelle qui fait mouche.
// Bilan // Cet épisode palpitant, franchement réussi, nous laisse sur le fessier ! Son seul inconvénient est qu'il place la barre très haute alors qu'il reste pourtant 4 épisodes avant la fin de cette première saison. Nous pouvons donc nous demander ce qui nous attend pour être maintenu en haleine, surpris encore et encore. Mais si la suite est de la qualité de ce 6ème épisode, nous allons nous régaler !
Bates Motel [Pilot]
First You Dream, Then You Die (Pilot) // 3 040 000 tlsp.
What About ?
Après la mort mystérieuse de son mari, Norma Bates décide de refaire sa vie loin de l'Arizona, dans la petite ville de White Pine Bay dans l'Oregon, et emmène avec elle son fils Norman, âgé de 17 ans. Elle rachète là-bas un vieux motel abandonné depuis de nombreuses années, ainsi que le manoir qui trône majestueusement quelques mètres plus loin. La mère et le fils partagent depuis toujours une relation complexe, presque incestueuse. Des événements tragiques vont les pousser à se rapprocher encore davantage. Ils partagent désormais ensemble un lourd secret...
Who's Who ?
Drama créé et produit par Anthony Ciprinano (12 And Holding, Terre Neuve), Kerry Ehrin (Friday Night Lights) et Carlton Cuse (Lost). D'après le roman et les personnages de Robert Bloch. Avec Vera Farmiga (Les Infiltrés, In The Air, Esther), Freddie Highmore (Arthur et les Minimoys), Nestor Carbonell (Lost, Ringer, Susan!), Mike Vogel (Pan Am, Miami Medical), Max Thieriot (Jumper, Chloë), Keegan Connor Tracy (Once Upon A Time), Olivia Cooke, Nicola Peltz...
What's More ?
Officiellement, Bates Motel est présentée comme un prequel au film Psychose de Hitchcock, bien que l'action se situe à notre époque et non dans les années 50.
La série n'est pas tournée aux Etats-Unis mais au Canada, dans la ville d'Aldergrove, à l'Est de Vancouver.
So What ?
Bates Motel devrait ravir les détracteurs -nombreux et vocaux- d'American Horror Story, car j'ai le sentiment qu'elle en est un peu l'antithèse. Lorsqu'on enlève toutes les boursouflures, les effets de style et les bêtes de foire de la première saison du freak show de Ryan Murphy, que reste-t-il ? Les lambeaux d'une famille déchirée, soumise à d'atroces souffrances, qui finit par se dissoudre dans l'éternité pour trouver enfin le repos. Un voyage au bout de l'enfer, terriblement humain. Bates Motel ne souffre, en tout cas dans ce pilote, d'aucunes de ces digressions "grotestico-fascinantes" qui ont tant fait parler et qui ont détourné l'attention du propos véritable de la série, avec la complicité perverse de son créateur qui aime par dessus tout déstabiliser et choquer. Les auteurs de ce qui est présenté pour des raisons marketing essentiellement comme le prequel de Psychose ont fait le choix de la sobriété. Et on les en remercie. Ainsi, l'oeuvre d'origine est dépoussiérée tout en évitant les salissements, les écorchures. Bien sûr, cette sagesse, il va falloir réussir à la garder le temps que la série durera. Et ce sera difficile. Peut-être devrait-on dès à présent se distancer de Psychose, comme les scénaristes le font brillamment, et laisser cette autre histoire vivre, grandir.
Comme seule une série du câble peut se le permettre -malheureusement- ce premier épisode prend le temps d'installer une ambiance particulière, à la fois inquiétante et familière, presque chaleureuse grâce à l'amour qui se dégage des deux protagonistes principaux, Norma et Norman. Le message est clair : il s'agit avant tout de raconter l'histoire forte et singulière d'une intimité quasi-incestueuse entre une mère et son fils. Il est donc inutile, dans un premier temps, de s'attacher à décrire les personnages secondaires, qui ne font que passer. Ils existent, mais ils nous importent peu pour le moment. On sait simplement qu'ils auront un rôle à jouer le moment venu et c'est là l'essentiel. Vera Fermiga incarne à la perfection cette femme énigmatique, dont on attend beaucoup des prochains coups de sang. J'ai adoré le fait qu'elle vive dans un univers rétro, comme si le monde d'aujourd'hui la dépassait complètement et qu'elle préférait se réfugier dans ses souvenirs (ses robes à fleurs d'antan, ses vieux disques, sa voiture mythique) pour oublier la cruauté du temps présent. C'est en plus une belle manière de justifier que la série évolue dans une ambiance 50s, donc comme dans le film, bien qu'elle se déroule en réalité à notre époque. Je n'ai pas pu m'empêcher de me dire qu'une Felicity Huffman ou qu'une Gillian Anderson auraient habité le personnage avant autant de force et peut-être même plus que Farmiga, mais c'est une pensée inutile, je le concède, et qui me passera sans doute très vite. Elle a cet avantage d'être moins connue, pas vraiment idenitifiable pour un rôle précis, donc à nos yeux, elle se glisse facilement dans la peau de l'héroîne. Norma Bates, maintenant, c'est elle. Freddie Highmore m'a aussi fait très bonne impression, si ce n'est qu'il fait plus jeune que son âge. Je lui donnerai plus 14 ans que 17. En même temps, l'acteur en a 20... Contrairement à sa mère, Norman ne vit pas tout à fait dans le passé, mais pas tout à fait dans le présent non plus par sa faute. Il a un iPod, par exemple. Il n'est pas un adolescent comme les autres, mais pas (encore) parce qu'il a l'air d'un psychopathe. Ce n'est pas du tout le cas. Juste parce qu'il est timide, gauche, innocent, d'un calme Olympien. C'est d'ailleurs intéressant de constater que pour une fois dans une fiction, ces traits de caractère semblent attirer certaines jeunes filles. Deux en l'occurence, très différentes l'une de l'autre en plus. Bref, ce Norman est touchant. On a envie de le cajoler, mais on sait qu'un jour ou l'autre, il risquerait de nous planter un coûteau dans le dos, littéralement.
Si la psychologie des héros est le fil conducteur du pilote de Bates Motel, avec ce sentiment que le trouble s'insinue de plus en plus clairement dans leurs rapports, il ne se passe pas rien. Bien au contraire. Les événements s'enchaînent tranquillement mais sûrement : de la scène d'ouverture troublante, qui pose question, aux différents obstacles que les Bates trouvent sur leur chemin. Le moins subtile dans son portrait, c'est l'héritier du manoir. C'est le campagnard typique qui, en plus d'être idiot, ne trouve rien de mieux à faire que de violer Norma ! Mais si c'est too much sur le principe, c'est quand même intéressant. On aurait par exemple pu s'imaginer que Norman allait arriver à temps pour éviter l'irréparable. Eh bien non. Il débarque après pénétration ! Et ce n'est pas un détail. C'est un message fort lancé par les auteurs. Ici, on ne rigole pas. Ici, on repoussera certaines limites. L'obstacle représenté par les flics du village est un peu plus classique, surtout dans son déroulement. Ca fonctionne, mais on sait très bien qu'ils ne vont rien découvrir. Pas si tôt. Quoiqu'après tout, en étant un peu tordu, on peut se dire que le shérif a vu le corps dans la baignoire mais n'a rien dit pour mieux observer les agissements des Bates...
Bates Motel est un thriller intimiste prometteur, qui se démarque des shows de serial killers tant à la mode en ce moment grâce à la sobriété de son écriture, la subtilité de ses interprétes et l'héritage de son passé, lequel ne semble finalement pas si lourd à porter.
How ?