American Horror Story [2x 10 & 2x 11]
The Name Game // Spilt Milk
2 210 000 tlsp. // 2 510 000 tlsp.
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Après une période un peu creuse où les intrigues des différents protagonistes tournaient en rond, soulignant le problème habituel du huis clos quand il doit durer sur la longueur -les allers-retours sont obligatoires mais lassants- Asylum se lance dans sa dernière ligne droite avec panache et facétie, en offrant presque deux mini-season finale dans l'esprit ! Dans The Name Game, les auteurs se débarrassent de deux figures importantes de la saison et de l'institution d'une très belle manière, surprenante et significative. Alors que Monsignor Timothy n'est pas mort malgré sa crucifiction, il cherche la rédemption en essayant de sauver l'âme de Sister Mary Eunice, en vain. Elle lui inflige alors des sévices perverses, pouvant s'apparenter à un viol même si l'homme y prend un plaisir coupable; et c'est probablement le pire traitement qu'elle pouvait lui réserver vu ses convictions et la promesse qu'il a faite à Dieu. Il doit alors se résoudre à l'unique solution qui pourra libérer la jeune femme : la tuer. Elle sera morte mais enfin libre. Sa chute était superbe, de même que le baiser que l'ange de la mort lui a déposé sur les lèvres. Elle aurait pu définitivement disparaitre de la sorte, mais c'était sans compter Arden, éperdument amoureux d'elle, qui a choisi de partir avec elle, de brûler avec elle. Ma foi, pour un Nazi de son espèce, c'est un départ on ne peut plus approprié. On ne peut pas faire romantisme plus macabre. On regrettera simplement que ce montre ait pu choisir sa mort. Le suicide est presque un cadeau que la vie lui fait. Pour Timothy, peut-on réellement parler de rédemption désormais ? Je ne le crois pas. Il a malgré tout commis un terrible pêché...
Pendant ce temps, la venue de Thredson à Briarcliff ressemblait à un retour en arrière. J'ai beau apprécier le personnage, pour toute l'horreur qu'il dégage, j'avais le sentiment qu'il était arrivé au bout de ce qu'il pouvait faire et dire. Par conséquent, ses scènes avec Lana et Kit était un peu ennuyeuses. Spilt Milk m'a donné raison. Cet épisode magnifiquement réalisé -et je pèse mes mots- l'a achevé comme il se devait : des mains de Lana. Elle a tiré, il a explosé. Le face à face était intense. Mais le bébé qu'elle porte en elle est toujours là, bien vivant, et il lui rappelera à jamais l'enfer qu'elle a vécu, quoiqu'elle fasse. Le fait qu'elle renonce à s'en débarrasser, à une période où l'avortement était secret, encore plus mal jugé qu'aujourd'hui, m'a quelque peu déçu et c'était en même temps logique puisque l'on sait que ce fils a grandi et est devenu le nouveau Bloody Face. Mais je ne sais pas. Je m'attendais à un twist qui n'est pas venu. Et puis honnêtement, sa décsion est très mal justifiée. Les flashs qui lui viennent en tête aurait tout aussi bien pu la motiver à poursuivre l'intervention afin de ne plus avoir de lien avec le meurtrier. "No More Death". Mouais. La fin de l'épisode est troublante : on nous laisse sur l'image d'une Lana en souffrance mais aimante. Cet enfant, malgré lui, va-t-il la rendre folle ? J'ai le sentiment qu'elle ne trouvera plus jamais la paix. Une petite partie de moi a encore l'impression qu'à force de montages parallèles et autres stratagèmes de réalisation, on nous pousse à croire que Lana est bien la mère de Johnny alors qu'en fait pas du tout...
Et si c'était l'enfant de Kit et Grace ? C'est une théorie que j'ai déjà émise dans ma review précédente et dont je ne parviens pas à me débarrasser. J'ai sans doute tout faux, mais je n'arrive pas à comprendre où les scénaristes veulent en venir avec le couple. Je n'arrive plus vraiment à les trouver mignons d'ailleurs. Leur quasi-bonheur ne sied vraiment pas à l'endroit, ni à la série. On sait qu'il est toujours de courte durée, et le retour d'Alma pourrait bien en être la preuve, mais il y a quelque chose qui me dérange. Peu-être que je compare inconsciemment cette relation à celle qu'Evan Peters a porté à l'écran dans la première saison avec Taissa Farmiga. Bizarrement, elle semblait plus réelle. Bizarrement parce qu'il jouait un fantôme. Et qu'elle l'est devenue aussi. Ici, Kit est bien vivant, jusqu'à preuve du contraire. Mais Grace ? Où en est-elle ? C'est l'un des questions auxquelles les derniers épisodes vont devoir répondre et c'est clairement sur celle-là que les auteurs n'ont pas intérêt à se rater. Malheureusement, après avoir introduit des aliens, je vois mal comment ils pourraient réussir à nous satisfaire... C'est peut-être le délire de trop, qui n'aurait eu son charme que s'il s'était avéré imaginaire ! Un peu comme, dans un tout autre style, la fameuse scène chantée, dansée et parfaitement exécutée par Jessica Lange sur le morceau The Name Game, qui a donné son titre à l'épisode. Vous voyez, c'est un peu comme si Les Revenants s'étaient mis à délirer sur La Danse d'Hélène ! Blague à part, c'était un super moment, qui restera forcément l'un des plus marquants de la saison (mais parmi beaucoup d'autres). Ryan Murphy n'a pas pu s'en empêcher !
Spilt Milk, c'est tout de même le départ définitif de Lana de Briarcliff -au cours d'une superbe séquence sur le thème de Candyman- mais le sentiment d'accomplissement n'est pas total. Ni les médias ni la police n'ont l'air de réellement vouloir s'intéresser à l"institution et ses prisonniers. L'histoire de Lana fascine, et à travers elle celle de Bloody Face, mais personne ne semble vouloir l'aider pour autant. Et c'est à mon avis une des raisons qui fera qu'elle ne s'en sortira jamais : elle n'aura jamais été entendue. Et elle n'aura jamais réussi à sauver Jude. Comme on pouvait s'y attendre, l'axe final de la saison sera centré sur ce personnage, le seul auquel on tient qui est encore enfermé là-bas, dans les pires conditions qui soient d'ailleurs et aux yeux du monde, elle est morte, elle n'existe plus. Je suis très curieux de voir comment va se dénouer cette intrigue. Quel rôle va jouer le Monsignor, qui a finalement gagné en importance maintenant que tous les autres ont disparu, et qui n'a pas l'air de vouloir retourner dans le droit chemin. Je suis toujours peu convaincu par la prestation de Joseph Fiennes, mais il va falloir faire avec...
// Bilan // La saison 2 d'American Horror Story est toujours aussi fascinante, même dans la dernière ligne droite alors que plusieurs intrigues se clôturent et que quelques personnages disparaissent. L'heure du jugement dernier approche... Et Pepper est aussi excitée que nous à cette idée !
American Horror Story [2x 07, 2x 08 & 2x 09]
Dark Cousin // Unholy Night // The Coat Hanger
2 270 000 tlsp. // 2 360 000 tlsp. // 2 210 000 tlsp.
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Après avoir proposé six premiers épisodes extrêmement riches, délicieusement pervers et confus, la saison 2 d’American Horror Story a quelque peu dérivé de sa trajectoire dans les trois épisodes suivants pour nous offrir des intrigues plus à la marge, moins consistantes et dont les répercussions ont été moindres sur les patients de Briarcliff et leurs bourreaux. Ce qui ne veut pas dire que l’on s’est ennuyé. Dans Dark Cousin, ce qui est assez décevant, c’est que tous les personnages qui ont quitté l’institut de gré ou de force reviennent finalement à leur point de départ, comme si le destin avait décidé de ne pas les lâcher jusqu’à ce qu’ils rendent définitivement les armes, vidés de tout espoir et de toute force, et même de la force du désespoir. La tentation d’en finir avec la vie, présentée comme un choix, est ainsi sublimée par l’ange de la mort, tout de noir vêtu, incarné par l’éblouissante et rassurante Frances Conroy. Lorsqu’elle déploie ses ailes, que la poésie s’invite dans la série, c’est absolument grandiose. J’ai particulièrement aimé sa douce confrontation avec Sister Jude, après que cette dernière ait envisagé de se trancher les veines dans les toilettes d’un diner chaleureux. Elle était bouleversante. Lana part quant à elle plusieurs fois à la rencontre de la dame sombre, lorsqu’elle se fait violer par Thredson notamment, mais elle refuse toujours de l’embrasser malgré l’épuisement. Les auteurs en ont-ils trop fait en l’assommant à nouveau lorsqu’elle pensait s’en être enfin sortie, échappée des griffes de Bloody Face ? Certainement, mais l’on en attendait pas moins de leur part. Le cas échéant on aurait forcément été déçu et, accessoirement, le personnage n’aurait plus eu sa place dans la série. Or, il est devenu indispensable. C’est celui auquel on est le plus attaché. La seule qui choisit la mort plutôt que la vie, c’est Grace, dans un sale état après son hystérectomie. On a évidemment de la peine pour elle, et pour Kit qui se retrouve du coup seul face aux monstres, mais elle repose peut-être enfin en paix… Pendant ce temps, le Diable refuse de quitter le corps de Mary Eunice, mais la jeune Sœur refait surface l’espace de quelques secondes, juste le temps de crier de tout son corps pour qu’on la sauve. Encore une fois, l’émotion prend le dessus.
Unholy Night part d’une contrainte très simple –comment fêter noël dans une série à mille lieux des réjouissances familiales ?- pour déboucher sur un épisode presque trop évident, trop facile, sur un père noël évidemment meurtrier. Le very bad Sanda est interprété par l’excellent et charismatique Ian McShane, qui habite son personnage avec sa conviction habituelle, sans jamais trop en faire malgré un script qui ne fait clairement pas dans la dentelle. Il impose naturellement par sa présence un climat inquiétant, et c’est là la plus grande réussite de ces festivités sanglantes. La plupart des personnages font du coup du surplace, même si l’intrigue de Lana prend un nouveau virage intéressant et que Mary Eunice s’éclate comme une petite folle maintenant qu’elle règne sans partage sur l’hôpital. Elle a largement pris l’ascendant sur Arden, de toute façon trop occupé à voir des petits hommes verts. Car oui, après avoir été suffisamment discrets pour qu’on les oublie, ils sont de retour et on ne comprend toujours pas où l’on veut en venir à ce sujet. Je mise beaucoup là-dessus pour secouer les derniers épisodes, même s’il ne faut surtout pas que ce délire fasse de l’ombre aux autres.
The Coat Hanger nous renvoie brutalement au présent et relie merveilleusement les événements des années 60 à ceux survenus plus récemment dans les ruines de Briarcliff. Première bonne surprise : Dylan McDermott est de retour. Il arbore un nouveau look de bad boy qui lui va à ravir. J’ai toujours considéré qu’il était le point faible du casting de la première saison, mais son nouveau rôle pourrait enfin lui permettre de se lâcher un peu sans être nécessairement à poil pour ce faire. Pas que l’on se plaigne quand il enlève le haut et le bas, hein, mais il mérite son heure de gloire. On sait depuis The Practice qu’il peut être brillant avec le bon matériel. Deuxième surprise : le nouveau Bloody Face n’est autre que le fils de l’ancien, le Dr. Thredson ! L’idée est bonne, d’autant qu’il serait aussi celui de Lana, ayant été conçu pendant le viol. Vu l’état psychologique dans lequel il est maintenant, je suppose que sa maman n’a pas survécu longtemps après sa naissance. Je me demande même si elle ne va pas finir vraiment folle à lier. Ce ne serait pas étonnant… Mais attention à ne pas écarter une possibilité : peut-être que le quarantenaire croit que son père était Kit ! Peut-être qu’il est le bébé alien de Grace… Troisième surprise : le père noël n’est pas mort ! Tout compte fait, le personnage n’était pas une simple distraction temporaire. Ma foi, cela me console un peu de la disparition totale de Shelley. Certes, elle avait atteint une sorte de stade maximal dans la déchéance, mais je pensais que les scénaristes avaient quand même des projets pour elle. J’ai eu cette même croyance quant au Monsignor Timothy, mais il s’est avéré être le personnage le plus insipide et décevant de la saison ! Son coup de sang face à Arden n’était qu’un leurre : celui qui se voyait Pape n’avait pas de couilles. J’ai beau avoir beaucoup aimé les circonstances de sa mort et l’imagerie du Christ sur sa croix, je reste sur ma faim… Remarque, est-ce que Joseph Fiennes méritait mieux ? Qautrième et dernière surprise : c’en est fini de « Dominique » : Sister Jude ne supportait plus Sœur Sourire et l’a réduite en miettes ! Une symbole fort pour montrer qu’en passant de l’autre côté de la barrière, elle a compris l’enfer qu’elle faisait vivre à ses patients. Son rapprochement avec Lana était aussi sympathique que le duo X-Filien Arden/Kit. Les ennemis d’hier sont les alliés d’aujourd’hui. Face au Diable et aux petits bonhommes verts, on doit bien se serrer les coudes, nous autres pauvres mortels.
// Bilan // Certaines séries douteuses sont constamment sur un fil, prêtes à basculer d’un épisode à l’autre dans le grand n’importe quoi. Tôt ou tard, elles finissent toujours par toucher le fond. Depuis sa conception, American Horror Story n’a pas ce problème là : elle assume son goût des extrêmes, le too much fait partie intégrante de son ADN et elle n’a jamais peur de rien, ni de choquer, ni d’agacer, ni de surprendre. Dès lors, on l’aime pour ce qu’elle est, pas pour ce que l’on aimerait qu’elle soit. Et quand on aime, les défauts on ne les voit pas, ou on les accepte. Ces trois épisodes en avaient, mais je les ai acceptés, quand je les ai repérés.
American Horror Story [2x 03 & 2x 04]
Nor'Easter // I Am Anne Frank (Part 1)
2 470 000 tlsp. // 2 650 000 tlsp.
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Après deux premiers épisodes très efficaces, qui exposaient parfaitement l'univers de l"Asylum" de cette deuxième saison et qui présentaient avec force et conviction ses héros torturés, American Horror Story offre un troisième volet un peu moins satisfaisant, qui a tendance à virer dans l'excès malgré quelques moments de grâce. Je pense par exemple à un Dr Arden en larmes, agenouillé et écrasé par le poids d'une Vierge Marie statufiée, provocante, puis brisée... à l'image de l'idée que l'homme se fait de la femme. Symboliquement et visuellement, la série est capable de grands chocs émotionnels. Plus encore que Sister Jude -qui était dans la redite autour de l'accident qui l'a mené vers Dieu et cette institution, mais dont on a quand même découvert un penchant pour l'alcool destructeur- cet homme est fascinant et offre jusqu'ici à cette saison ses minutes les plus sombres et les plus violentes. Tout en faisant preuve d'une paranoïa extraordinaire partagée par la tenancière des lieux -l'alternance de leurs deux intrigues, qui se croisent parfois, est totalement pertinente- l'homme continue de torturer Kit, doit se frotter à une Sister Eunice offerte, qui a littéralement le Diable au corps, et viole puis ampute une Shelley terrifiée et terrifiante, qui nous permet d'ailleurs de comprendre que le trouble de son bourreau est à mettre au crédit, entre autres, d'un pénis monstrueux ou petitement dimensionné. Cela reste à l'appréciation et l'imagination de chacun. On pense alors forcément à une probable obsession de Ryan Murphy sur le sujet puisque le Découpeur de Nip/Tuck avait lui-même un problème "de taille" sous la ceinture.
Beaucoup plus équilibrée, plus profonde et plus calme aussi, la première partie de l'épisode I Am Anne Frank enfonce le clou en nous dévoilant ce qui est censé être le passé d'Arden. Des flashbacks narrés par Anne Frank en personne (ou une femme qui se prend pour elle) viennent alors nous plonger au coeur de l'Horreur Nazie, sur le camp d'Auschwitz, là où le docteur a perpétué ses premières atrocités. Ryan Murphy et son équipe ne reculent visiblement devant rien pour donner plus de poids et plus de résonance à leur récit en s'appuyant sur des faits et des personnages réels, connus de tous, et ils réussissent étonnamment bien leur coup. Jusqu'à quand ? Notons que le Monsignor Timothy Howard, peu présent jusqu'ici mais qui devrait rapidement obtenir plus de temps d'antenne, est le complice d'Arden. Et rappelons également que la piste des extraterrestres n'est pas encore totalement écartée : Sister Jude en croise un lors de sa nuit d'ivresse ! Une simple hallucination, sans doute... à moins que ?
Pendant que les deux figures d'autorité emblématiques de Briarcliff se soupçonnent et se disputent, les patients qui tiennent encore debout malgré les sévices subis continuent de s'abrutir au son de Dominique-nique-nique. Les ventes de la chanson n'ont pas explosé sur iTunes et on comprend aisément pourquoi : la douce rengaine est à l'origine de nombreux cauchemars chez les téléspectateurs. Deux visages se distinguent che les "fous": ceux de Kit et de Grace. Ils nous invitent à sonder les profondeurs de leurs âmes en se racontant leurs histoires, leurs vérités, quitte à trahir la réalité. On touche ainsi aux mécanismes typiques de la folie. Grace s'est inconsciemment servie -ou pas- de morceaux réels de son histoire pour former un nouveau récit où elle n'est plus la meurtrière de ses parents, mais la victime. Il n'en faut pas plus à Kit pour s'interroger sur la validité de son innocence, dont il était jusqu'ici persuadé. Et si "Bloody Face", c'était vraiment lui ? La folie rend fou ! Anne Frank elle-même, incarnée par la convaincante Franka Potente, a peut-être du mal à faire la différence entre la réalité et la fiction. Elle ne fait peut-être que se prendre pour elle, tout en ayant vécu des atrocités similaires. Comme pour se donner le courage d'avancer, fuir ses douleurs en s'accaparant celles d'une autre... N'est-ce pas passionnant ? Les troubles des personnages ne font que les rendre encore plus inquiétants et paradoxalement attachants.
Si la folie ne l'avait pas encore gagnée, Lana est peu à peu en train de sombrer. Pour le moment, elle se réfugie dans le rêve, en s'imaginant au dehors, telle une héroïne acclamée par la foule pour son courage, et elle s'accroche à l'espoir que représente le Dr. Thredson, qui lui promet de ne pas quitter l'asile sans elle, mais dont les plans restent flous et suspicieux. Au premier abord, on a l'impression qu'il lui suggère de faire semblant d'être en bonne voie de guérison, convaincu qu'elle est tout à fait saine d'esprit. Dans un deuxième temps, vu ce qu'il lui fait subir -la thérapie de l'aversion est absolument atroce tant dans l'idée que dans les faits- on se dit qu'il la croit véritablement malade et qu'il veut à tout prix la soigner. On s'étonne quand même qu'il s'attende à un résultat aussi rapide, quasi instantanné ! Le jeu de Zachary Quinto est très approprié : la douceur dans sa voix, son calme apparent, laisse supposer que l'on a affaire à quelqu'un de profondément bon, mais dans American Horror Story, a priori, cela n'existe pas ! On a donc toutes les raisons de se méfier de lui...
// Bilan // Plus la saison 2 de American Horror Story avance, moins les héros sont traités comme des machines à faire peur et à choquer, mais plus comme de véritables personnages à la psychologie complexe. Passionnante et fascinante, elle est en train de réaliser un vrai tour de force !
American Horror Story [2x 01 & 2x 02]
Welcome To Briarcliff (Season Premiere) // Tricks and Treats
3 850 000 tlsp. // 3 060 000 tlsp.
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On a dit beaucoup de choses sur la première saison d'American Horror Story. Qu'elle était bordélique, inconsistante, vaine... Plein de sériephiles, plus ou moins modérés, se sont attaqués à son univers, son écriture, sa réalisation... Ryan Murphy, comme toujours, en a pris pour son grade. Le diable en personne l'aurait, parait-il, copieusement insulté ! Bref, on en a dit beaucoup de mal et elle n'a pas laissé indifférent. Sur ce blog, on a crié au génie devant certains épisodes. On a été moins enthousiaste devant d'autres, en particulier face au final raté. Mais, au bout du compte, on l'a aimée. Pour son originalité, son audace, ses références, sa profondeur, ses acteurs. Cette saison 2 est l'occasion de remettre tous les compteurs à zéro. Ceux qui ont violemment détesté la première, du moins ce qu'ils en ont vu, peuvent lui redonner une chance. Le manoir hanté de Los Angeles n'est plus qu'un lointain souvenir. Direction la côte Est cette fois, aux alentours de Boston. Bienvenue à l'asile de Briarcliff !
Sister Jude, incarnée par la toujours flamboyante Jessica Lange, tient d'une main de fer cet établissement dans lequel se déroulent, comme on s'y attendait tous, des actes de barbarie insoutenables, des expérimentations étranges et mystérieuses, des abus sexuels et des phénomènes inexpliqués. L'avantage par rapport à la saison 1, c'est que tout cela n'est a priori pas commis par des fantômes. Ce sont des êtres à qui il ne reste plus d'humanité qui détruisent leurs semblables à qui l'on a retiré toute dignité. Il ne s'agit pas d'un combat entre les vivants et les morts, mais d'une bataille entre la science et la religion, la raison et la croyance... et la folie, bien sûr, n'est jamais loin. Il y a des prisonniers et il y a des bourreaux. Mais, au fond, les bourreaux sont eux même des prisonniers et les prisonniers peuvent se transformer en bourreaux. C'est aussi complexe que cela, et plus encore. Le plus troublant finalement, c'est que tout cela a existé. On ne parle pas des fantasmes de l'auteur ici, ni de ses frustrations. On s'appuie sur une époque -les années 60- et sur des faits. La journaliste que l'on enferme de force et que l'on veut soigner parce qu'elle est lesbienne en ayant recours aux électrochocs, c'est aussi terrible que ça en a l'air et ce n'est pas une invention. Ce réalisme-là me terrifie bien plus que n'importe quel monstre ! On va au-delà de la peur pour traiter de la douleur. On explore des idées qui avaient été seulement effleurées en saison 1. Sauf qu'à Briarcliff, la psychanalyse -de comptoir ou pas- n'aura visiblement pas le droit de citer. Ce n'est pas de cette manière que Sister Jude souhaite régler le sort de ses patients ! Ses méthodes sont autrement plus radicales. Efficaces, en revanche...
Le Season Premiere nous introduit très efficacement à nos nombreux nouveaux héros. On a d'abord ceux qui, au présent, se baladent dans la vieille bâtisse abandonnée en quête de sensations fortes. Cela rappelle les enfants dans la scène introductive de la saison 1, mais dans une version drôlement plus sexy dans un premier temps -Adam Levine se donne corps et âme pour son premier rôle à la télévision- et vachement plus flippante dans un deuxième avec arrachage de membre et masque ensanglanté fait maison avec de la peau humaine. "Bloody Face" devient ainsi officiellement le nouveau "Rubber Man". Sa véritable identité sera donc l'une des questions centrales de la saison. Inutile de commencer les paris dès à présent. Il nous faudra un peu plus d'élements. Les passages au présent s'insérent assez bien au récit en tout cas et j'ai hâte de voir de quelle manière ils seront reliés aux événements passés. Et s'ils ne le sont pas alors je n'en vois pas tellement l'intérêt... En 1964, outre Sister Jude, dont on apprend déjà le passé avec ravissement dès le deuxième épisode, c'est le Dr Arden qui fait la plus forte impression. On pourrait le décrire comme un savant fou mais on pense tout de suite à Emmett Brown de Retour vers le futur ou à Walter Bishop de Fringe dans ces cas-là. On a de la tendresse pour les savants fous en général. Ce n'est pas du tout le cas ici. C'est un monstre de la pire espèce ! En plus d'être littéralement cinglé, il est machiavélique et pervers. Quant à Sister Eunice, elle est bête mais pas méchante. Cela dit, elle ne va pas rester douce bien longtemps. Le Diable s'est en effet emparé de son corps après s'être échappé de celui d'un patient dépeceur d'animaux et dévoreur de coeur. L'hommage très fortement appuyé à l'Exorciste au cours du deuxième épisode ne m'a pas totalement convaincu. On touche là au défaut principal de la série : elle déborde d'intrigues, de personnages et de bizarreries. C'est un style, un parti pris et ça ne peut pas plaire à tout le monde. Monseigneur Timothy Howard n'existe pas réellement pour le moment en tant que personnage. Il représente simplement une autorité religieuse et un fantasme pour Sister Jude. Joseph Fiennes n'a pas encore eu le temps d'être mauvais. Le Dr Thredson, incarné par Zachary Quinto, débarque à Briarcliff à la manière d'un Dale Cooper à Twin Peaks. Il enquête et laisse ses impressions et ses diagnostics sur un enregistreur. On l'aime déjà, donc.
Du coté des patients, outre l'attachante -et attachée- Lana, la fameuse journaliste lesbienne, on se laisse attendrir par l'affreuse histoire de Kit, accusé vraisemblablement à tort d'avoir tué sa petite amie et une poignée d'autres femmes. Lui, il est persuadé que c'est un coup des extra-terrestes ! Je ne m'attendais pas à ce que les petits bonhommes verts se fassent une place dans cette saison 2 et je n'arrive pas à savoir si les scénaristes se jouent simplement de nous, pour scruter nos réactions, nous voir crier au scandale et y prendre du plaisir, ou s'ils ont bel et bien l'intention d'explorer cette piste. Quand on y réfléchit bien, l'affaire Roswell, après tout, c'était une quinzaine d'années plus tôt, elle était encore vive dans l'esprit des Américains dans les années 60 et, ma foi, la série s'appellant American Horror Story et ayant pour ambition d'explorer les peurs les plus profondes de l'Amérique, cela ne me semble pas du tout hors-sujet que de l'évoquer. La petite française Lizzie Brocheré est l'atout charme de la clinique psychiatrique. Grace se montre coquine et espiègle mais rien n'indique vraiment qu'elle soit folle. Au contraire, Shelley, interprétée par l'incroyablement talentueuse et exigeante Chloë Sevigny, est totalement au bout du rouleau. Elle fait rire parce que sa nymphomanie la pousse à dire et faire des choses totalement indécentes, mais elle représente aussi -maladroitement je vous l'accorde- les balbutiements du mouvement féministe. Une femme peut avoir autant envie qu'un homme de faire l'amour sans être pour autant une détraquée sexuelle, une abomination. On connait Ryan Murphy, il se contentera sûrement d'une analyse assez superficielle du sujet car ce qui l'intéresse n'est pas vraiment d'approfondir les choses mais simplement de divertir intelligemment et en faisant passer des messages, de manière plus ou moins subtile. Moi, ça me va.
// Bilan // American Horror Story débute sa deuxième saison sur les chapeaux de roue avec deux épisodes d'une efficacité redoutable ! Asylum s'annonce plus complexe, plus torturée et plus dérangeante encore que la première. Réjouissons-nous : le cauchemar continue !