Hung [Saison 3]
Saison 3 // 1 030 000 tlsp.
J'ai encore du mal à comprendre comment une série avec un pitch comme celui de Hung -pour les incultes, je le rappelle : les péripéties d'un quarantenaire bien monté qui se prostitue pour arrondir ses fins de mois- puisse ne pas connaître un plus grand succès. Alors que les deux premières saisons pouvaient bénéficier du soutien de HBO grâce au puissant lead-in de True Blood, la troisième a dû se contenter des scores plus modestes de Boardwalk Empire comme rampe de lancement. On comprend pourquoi la série est passée cette année à plusieurs reprises sous la barre du million. Autant dire qu'elle a bien peu de chances de survie mais, au fond, ce ne serait pas dramatique. Hung avait tous les atouts nécessaires pour devenir culte, un peu à la manière d'un Weeds par exemple, mais son potentiel n'a jamais été exploité à fond par les auteurs. La première saison était brouillonne, mais authentique voire poétique. On ne l'attendait pas du tout sur ce terrain-là, en évitant soigneusement le racoleur et le vulgaire. Cela n'a pas dû jouer en sa faveur malheureusement. La saison 2 était moins mignonne et encore plus brouillonne. Là, je dois dire que j'ai moi même failli laisser tomber. Mon seul attachement aux personnages m'a fait rester jusqu'au bout, et c'est celui-là même qui m'a motivé à regarder la troisième saison. Et j'ai bien fait...
... car c'est sans aucun doute la meilleure, en tous cas la moins foutraque -une impression pour la première fois que les scénaristes savaient où ils allaient- mais peut-être aussi la moins "jolie". Exit les enfants de Ray, qui se contentent juste d'apparaître mais qui n'ont plus la moindre intrigue à eux, et bienvenue à Jason, un nouveau mâle aux mensurations très avantageuses de partout qui va pousser notre héros à prendre enfin son destin en main (et pas que). Eh oui, la solution était finalement simple et évidente : pour le stimuler, il lui fallait un concurrent... de taille. Qui est d'ailleurs devenu au cours de la saison un collègue mais cette relation n'a pas vraiment eu le temps d'être exploitée compte tenu des événements. C'était en tous cas un soulagement de voir enfin la petite entreprise de Tanya et Ray fonctionner, réussissant même à fermer son clapet à cette chère Lenore (finalement trop peu présente). J'ai aimé voir Tanya en action, prodiguant ses conseils devant un auditoire pénétré. C'était bon de la voir enfin confiante, heureuse et un peu moins maladroite (parce que sa gaucherie devenait franchement lourde en saison 2). Sa poisse légendaire l'a bien vite rattrapée et il faut dire qu'elle est entrée dans la gueule du loup toute seule comme une grande en accordant sa confiance à Charlie, qui ne semblait pourtant rien avoir d'un honnête homme. C'est un peu à lui que l'on doit le mauvais Season Finale, qui ferait même un médiocre Series Finale...
Jessica, bien plus que Ray, a souvent obtenu les scènes les plus touchantes de la série et cette saison, ils les ont même partagées. Je pensais naïvement qu'il finirait ensemble au bout du compte. Il me semblait que c'était l'un des buts principaux de la série. La révélation sur les activités de Ray n'ont fait que les éloigner encore un peu plus et je trouve dommage qu'en cas de non-renouvellement de la série -fort probable- on s'arrête là-dessus. On va dire que "C'est le jeu ma pauvre Lucette". La "surprise" de Sandee à l'attention de Lenore -un coup de feu- est surprenante mais tout à fait dans l'esprit du personnage. Elle est folle et on peut d'ailleurs l'en remercier car elle a contribué à rendre la saison plus fun (ainsi que l'intrigue mettant en scène Ana Ortiz (Ugly Betty) dans la peau d'une flic nympho). En cas de saison 4, je ne m'inquiète pas une seule seconde pour la rousse flamboyante : elle n'est certainement pas morte. On a l'impression que Sandee lui tire dans les jambes. Peu de chance donc qu'elle se retrouve avec une balle entre les deux yeux ! Quand bien même, cela reste un cliffhanger bien décevant. Il n'implique aucun des personnages principaux. Ray et Tanya filent dans la nuit, heureux d'avoir sauvé de justesse Happiness Consultants après une drôle de négociation avec Charlie. Et moi, j'ai un peu l'impression d'avoir perdu mon temps ! Enfin pas tout à fait, on a quand même vu cette saison l'objet du désir : le sexe -enfin une bonne moitié pour être précis- de Ray ! Oh, c'était furtif et c'était sans aucun doute une prothèse voire une retouche numérique, mais c'était effectivement aussi impressionnant que promis ! On a donc pas tout perdu...
// Bilan // Plus piquante, plus fun, mieux maîtrisée mais moins poétique et moins subtile, la saison 3 de Hung n'a pas à rougir de ses performances. La série ne correspond toujours pas ce que l'on appelle "un bon coup" mais elle a de l'amour et de la passion à revendre ! Si HBO la renouvelle, j'en serais ! Si elle ne lui fait pas cet honneur, je m'en remettrais très vite. Hung n'a jamais atteint l'orgasme alors ce serait quand même dommage de ne pas lui en laisser la chance...
Hung [2x 03]
"Mind Bullets" or "Bang Bang Bang Bang Motherfucker" // 2 53o ooo tlsp.
J'aurai pu n'accorder que deux étoiles à cet épisode dans le sens où il ne fait rien avancer du tout et faire autant de surplace quand on a que 26 minutes à occuper dix fois par an, c'est moyennement recevable. Mais l'étoile finalement gagnée vient du fait que Hung prend le temps d'approfondir les choses et particulièrement dans cet épisode où tout est dans les dialogues, finement écrits et pensés. Je pense en particulier à la séance de cinéma avec Ray, Tanya, Darby et Damon qui était très riche et assez émouvante sans en faire des caisses. C'est une émotion toute simple et furtive qui s'échappe d'un mot ou d'un regard. "I'm not going to climb into any box, and I'm not going to climb out of any box. If there even is a box, someone else put it there. Not me." J'adore cette phrase de Damon un peu naïve mais tellement vraie ! Je suis parfaitement d'accord avec lui. Si Darby et Damon ont une utilité, c'est bien celle de dire des choses censées et intelligentes de temps en temps, et c'est aussi ce qui les différencie de leurs parents, moins réfléchis, qui vivent (trop) dans l'instant. On se retrouve avec un schéma classique mais réaliste où les enfants tentent de ne pas comettre les erreurs de leurs parents mais en faisant cela, en voulant sans cesse se démarquer, font leurs propres erreurs. Le cycle de la vie ! Bla bla bla. Le passage où Darby parle à son père de leur physique à elle et son frère est très libérateur, comme si on s'attardait enfin sur l'éléphant qui est dans la pièce depuis le début ! Notons enfin cette phrase limite choquante si les scénaristes mettent leur promesse à exécution : "If you weren't my sister, I'd try to get to third base with you. But what the hell, I still might !" Je ne sais pas si Hung est la meilleure série pour traiter d'un thème aussi tabou que l'inceste mais ce serait osé, je suis toujours pour.
La guerre Tanya/Lenore se poursuit et de manière plutôt inspirée cette semaine puisque Tanya ne se laisse pas faire mais nous fait rire tout en se ridiculisant une fois de plus ! Rien de super original, j'en conviens, mais c'était très drôle. La scène de cul entre Ray et la patronne de Tanya était excellente. Hung est capable de ce genre de choses quand elle veut et elle fait bien de ne pas en abuser. Ca lui permet de ne pas tomber dans les travers de... Californication par exemple ! Scène assez inutile par contre entre Tanya et le vrai P.I.M.P. J'attends plus de leur relation.
// Bilan // "There's a deeper meaning. Look. Try to find it." Le message que passe les scénaristes aux détracteurs de la série est clair, non ?
Hung [2x 01]
Just The Tip // 2 45o ooo tlsp.
J'aime bien décrire Hung comme une série sobre et simple, avec des personnages simples et des histoires (pas si) simples. En découvrant ce Season Premiere, toute la poésie de la première saison, tout le réalisme et tout l'humour subtile me sont revenus. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à tous ces gens, dont vous faites peut-être partie, qui n'ont pas eu la curiosité de jeter un oeil sur Hung l'été dernier. Sachez qu'il n'est pas trop tard ! Ne vous attendez pas à une série mémorable et addictive. Juste à une "petite" série qui a du coeur. Et du mérite aussi. Avec un pitch de départ pareil, elle aurait pu être tellement vulgaire et facile. Enfin, HBO quoi : on pouvait leur faire confiance sur la marchandise.
Je n'ai pas nécessairement trouvé cet épisode de retour époustouflant ou super émouvant mais c'était un plaisir de retrouver les personnages et reprendre l'histoire là où nous l'avions laissée, à peu de choses près. Depuis la séquence de l'hôtel et du rendez-vous raté, Ray n'arrête pas de penser à son ex-femme, Jessica, qu'il a toujours cru heureuse et qui ne l'est visibliment pas ou plus. A-t-il l'intention de la récupérer ? Je ne crois pas. Pas encore. Mais ça viendra. Il veut juste comprendre. J'ignore si partager une partie de bowling est suffisant pour cela mais il a bien raison de tenter le coup. Jessica est d'autant plus présente à son esprit que sa cliente de la semaine est une femme enceinte à qui il peine à donner du plaisir car quand il est avec elle, il ne fait que penser à Jessica, lorsqu'ils étaient ensemble, heureux et qu'elle était enceinte, justement. Les conseils de Tanya, toujours en quête du bon PIMP qui sommeille en elle, vont fonctionner : pense à Jessica quand tu fais l'amour à Claire. Tanya, justement, est bien décidée à s'affirmer face à une Lenore toujours plus efficace (et drôle) et va pour cela à la rencontre d'un vrai PIMP interprété par Lennie James (Jericho, The Prisoner). Passage plutôt amusant, personnage à revoir et à creuser. Et puis, toujours de manière un peu déconnectée du reste, Jessica essaye de parler avec ses enfants et de les comprendre mais ils sont fermés à toute discussion et se comportent toujours aussi bizarrement. J'espère que la saison 2 va nous permettre de mieux les connaître car ils restent une énigme pour tout le monde. Sinon, les passages où Ray joue son rôle de coach de l'équipe de base-ball m'emmerdent royalement.
// Bilan // Hung revient en douceur sur un bon épisode qui pose les bases de la nouvelle saison : Ray va tenter de reconquérir sa femme et Tanya va tenter de reconquérir Ray, professionnellement parlant. Si on nous en donne un peu plus que ça, tout devrait bien se passer.
The Prisoner (2009)
Michael, un New-Yorkais qui vient de démissionner, se réveille au milieu du désert et tombe sur un homme à l'agonie chassé par des hommes en noir. Perdu, il marche jusqu'à se retrouver dans "Le Village", un endroit aux allures paradisiaques où les habitants ne portent pas de prénoms mais des numéros. Il va très vite comprendre qu'on ne le laissera pas partir. Et puis, pour aller où ? Il n'y a plus rien d'autre que "Le Village"...
Lorsque ITV, chaîne britannique, et AMC, chaîne du câble américain (Mad Men, Breaking Bad), s'attaquent ensemble à une des séries les plus cultes, Le Prisonnier, cela donne un remake sous forme de mini-série de six épisodes absolument fascinant mais qui peine, malgré toutes ses qualités, à convaincre. Les acteurs ne sont pas à blâmer, ils sont formidables. Ian McKellen en tête ! Il interpréte l'inquiétant Numéro 2, chef du "Village", un idéaliste prêt à tout pour faire de son rêve une réalité, son rêve étant celui de fuir la réalité pour créer un autre monde, entre inconscient et subconscient. Sa folie est poétique et ce monde qu'il appartient est à son image. Noyé dans le désert infini, "Le Village" est un savant mélange entre Disneyland et son mythe des années 50 éternelles; un oasis tel un mirage; un Miami de retraités de tout âge; une banlieue américaine extrême, où tout n'est que ligne droite et obéissance aveugle, une cage dorée; un paradis d'enfer. L'arrivée de Michael, devenu Numéro Six, va bouleverser toutes ses certitudes et le forcer à mener une guerre psychologique qui transformera son image presque divine en celle d'un tyran sans foi ni loi. Jim Caviezel, le Jésus de La Passion du Christ, incarne la lutte intérieure de Numéro Six à la perfection. Celle qui tombe amoureuse de lui et qui se fait manipuler par Numéro Deux jusqu'à la torture psychologique, Numéro Trois-Cent-Treize, est jouée par Ruth Wilson, une anglaise qui a beaucoup de talent et dont on entrendra sans doute reparler. Et puis il y a bien-sûr le fils de Numéro Deux, Numéro Onze-Douze, qui croit en la révolte de Numéro Six et qui tient à découvrir la vérité sur "Le Village", quitte à en payer le prix. Il est incarné par Jamie Campbell Bower, bientôt à l'affiche des deux derniers volets au cinéma d'Harry Potter. Tous sont excellents, tous habitent leurs personnages avec force et conviction.
Mais d'où vient le problème alors ? De l'idée même du remake ? Pour être franc, je n'ai jamais vu la série Le Prisonnier. Mon jeune âge n'est pas une excuse. Les DVD existent. Je ne me lancerais donc pas dans un petit jeu des comparaisons qui serait de toute façon stérile. De ce que je sais, de ce que j'ai lu et de ce que j'ai compris, les auteurs de cette version 2009 ont su transposer les enjeux de l'original à notre époque avec un certain succès. Certains thèmes du Prisonnier sont malheureusement éternels, d'autres sont inscrits dans le contexte de l'époque, la Guerre Froide. Il était donc logique d'utiliser cette fois l'Amérique post-11 Septembre. A ce titre, les Tours translucides que Numéro Six distingue au loin, par-delà le Désert, sont les fameuses Twin Towers de New York qui, même dans cet autre Monde, sont présentes, à la fois sublimes et menaçantes. Mais il est impossible de les atteindre. L'explosion qui coûtera la vie à Lucy, la fille dont Michael est tombé amoureux avant de partir en voyage, est une représentation à petite échelle du crash dans le World Trade Center. C'est dans tous ces petits détails qui veulent dire beaucoup que la mini-série dévoilent toute son intelligence et tout son intérêt. De la même façon, les dialogues sont tous à écouter avec la plus grande attention car ils ont un sens, ils vont au-delà même des mots. Cela requiert évidemment une implication forte du téléspectateur, qui n'est pas facilitée par quelques parasites.
Le vrai problème de The Prisoner 2009, c'est qu'elle tarde trop à se dévoiler. Le montage par exemple, très étrange, schizophrénique, ne prend tout son sens que dans le dernier épisode. Avant cela, il passe pour un simple délire de réalisation, presque une prétention pour complexifier le récit inutilement. Il faut réussir à passer outre et savoir être patient car le téléspectateur est récompensé à la fin. Contrairement à la série originale, la plupart des réponses à nos questions nous sont données au bout du chemin. La lenteur des événements n'aide pas non plus. Il y a clairement ceux qui se laisseront envoûter par l'atmosphère, le charme des lieux et la présence des acteurs, et ceux qui n'y verront qu'ennui mortel et mystère à outrance. Je ne suis pas certain que les auteurs soient à blâmer. Ils ont pris le risque de ne pas être dictatique, quitte à faire fuir une partie du public. C'est un choix. C'est courageux.
So What ?
De par sa complexité et ses multiples niveaux de lecture, The Prisoner 2009 ne peut qu'être une oeuvre controversée, qui aura de nombreux détracteurs et tout autant de fans dévoués. Je me place du coté de ceux qui ont aimé se perdre dans les labyrinthes du "Village" et qui pensent qu'une deuxième immersion est nécessaire pour comprendre. Un beau voyage dont le départ et l'arrivée sont les moments les plus forts.
// Bonus // Une bande-annonce pour se rendre compte de la beauté des images :