American Horror Story [2x 12 & 2x 13]
Continuum // Madness Ends (Season Finale)
2 300 000 tlsp. // 2 290 000 tlsp.
"If You Look In The Face Of Evil, Evil's Going To Look Right Back At You" C'est assurément LA phrase que l'on retiendra de cette deuxième saison d'American Horror Story absolument formidable. Elle aura mis en lumière, entre deux délires scénaristiques, les parcours de deux femmes abusées par la vie, dont l'une aura fini par totalement sombrer malgré des éclairs miraculeux de lucidité et dont l'autre sera sortie plus forte mais plus ambitieuse et impitoyable que jamais. Je n'irai pas jusqu'à dire que tous les autres personnages étaient accessoires, mais disons que si l'on devait résumer la saison, ce serait à Sister Jude et à Lana Winters que reviendrait, logiquement, toute la gloire. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si ce sont précisement les deux personnages sur lesquels s'achève le dernier épisode et si tout y est raconté du point de vue de la journaliste, qui revient au cours d'une interview pour un magazine de télévision sur son parcours depuis sa sortie de Briarcliff, de son combat pour dénoncer les conditions de vie inhumaines dans les asiles psychiatriques jusqu'à sa grossesse indésirée, ses mensonges, son mea culpa et sa libération, en tuant son fils. Celui qu'elle n'a jamais aimé, qu'elle n'aurait jamais pu aimer de toute façon, et dont la disparation l'éloigne définitivement des démons de son passé, de Bloody Face, de l'enfer. C'est une manière tout à fait adaptée de conclure le chapitre Asylum. Ces deux derniers épisodes étaient bons, ils m'ont touché, mais ils n'étaient pas remarquables, ni inouabliables. C'est là leur seul crime. Ah oui, avec celui de ne pas avoir expliqué ce que les petits bonhommes verts venaient faire là-dedans !
Pourtant, dans Madness Ends, ce que j'ai préféré, c'est la mise en scène de la spirale vertueuse dans laquelle Jude se glisse lorsque Kit la récupère à Briarcliff et la ramène chez lui. Sans l'intervention des enfants divins, elle n'aurait sans doute jamais trouvé la paix. Mais qu'avaient ces gamins de si spécial ? Peut-être rien. Ou peut-être simplement l'amour que quelqu'un comme Johnny n'a jamais eu, celui d'une mère, de deux même, et d'un père. Leur innocence l'a guérie, elle qui n'en avait plus le moindre soupçon après son calvaire. J'ai trouvé ça superbe, et j'en ai même pleuré. Au fond, peu importe que les aliens soient venus tout compliquer. C'est la symbolique qui compte. C'est le moment de redire que Jessica Lange est une très grande actrice. A mon sens, elle a même été encore meilleure en saison 2 qu'en saison 1 car elle a pu déployer une palette encore plus large d'émotions, dont la folie évidemment, mais des tas d'autres aussi. Elle a été grandiose. Sarah Paulson nous a elle aussi gâté. Sa prestation en sosie de Catherine Deneuve dans le final était particulièrement poignante. Et Joseph Fiennes a très bien joué le mort dans la baignoire. Très très bien même. Sa meilleure composition depuis bien longtemps ! On parle moins d'Evan Peters en général, parce qu'il n'est pas nommé dans les cérémonies de récompense et qu'il est plus jeune, mais il mérite aussi que la qualité de son jeu soit soulignée. Il a encore été fordmidable cette année et dans un registre très différent. Et puisqu'on en est à faire des compliments à la distribution, permettez-moi de féliciter Frances Conroy, fascinante en ange de la mort, mais aussi en terrible et vulgaire compagne de cellule de Jude. J'aurais aimé entrer plus dans les détails des intrigues, mais je me rends compte qu'ils m'importent finalement assez peu. Les scénaristes ont réussi à rejoindre progressivement le passé et le présent avec brio. J'ai trouvé les procédés narratifs très maîtrisés et pertinents, que ce soit dans Continuum ou Madness Ends. La réalisation, comme toujours, était à tomber. Et "Dominique" nous a dignement raccompagné vers la sortie.
// Bilan // American Horror Story ne déçoit pas avec sa saison 2. C'est même tout le contraire : plus consistante, moins fouillie et toujours aussi bien interprétée, elle n'a rien à envier à sa prédécesseuse, qui était pourtant bonne aussi. L'hôpital psychiatrique est un lieu qui méritait d'être exploré à la télévsion et il l'a été ici "Ryan Murphy Style", avec tout ce que cela suppose de qualités comme de défauts. Bref, ce serait une folie de passer à côté, ne serait-ce que pour l'expérience.
American Horror Story [2x 10 & 2x 11]
The Name Game // Spilt Milk
2 210 000 tlsp. // 2 510 000 tlsp.
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Après une période un peu creuse où les intrigues des différents protagonistes tournaient en rond, soulignant le problème habituel du huis clos quand il doit durer sur la longueur -les allers-retours sont obligatoires mais lassants- Asylum se lance dans sa dernière ligne droite avec panache et facétie, en offrant presque deux mini-season finale dans l'esprit ! Dans The Name Game, les auteurs se débarrassent de deux figures importantes de la saison et de l'institution d'une très belle manière, surprenante et significative. Alors que Monsignor Timothy n'est pas mort malgré sa crucifiction, il cherche la rédemption en essayant de sauver l'âme de Sister Mary Eunice, en vain. Elle lui inflige alors des sévices perverses, pouvant s'apparenter à un viol même si l'homme y prend un plaisir coupable; et c'est probablement le pire traitement qu'elle pouvait lui réserver vu ses convictions et la promesse qu'il a faite à Dieu. Il doit alors se résoudre à l'unique solution qui pourra libérer la jeune femme : la tuer. Elle sera morte mais enfin libre. Sa chute était superbe, de même que le baiser que l'ange de la mort lui a déposé sur les lèvres. Elle aurait pu définitivement disparaitre de la sorte, mais c'était sans compter Arden, éperdument amoureux d'elle, qui a choisi de partir avec elle, de brûler avec elle. Ma foi, pour un Nazi de son espèce, c'est un départ on ne peut plus approprié. On ne peut pas faire romantisme plus macabre. On regrettera simplement que ce montre ait pu choisir sa mort. Le suicide est presque un cadeau que la vie lui fait. Pour Timothy, peut-on réellement parler de rédemption désormais ? Je ne le crois pas. Il a malgré tout commis un terrible pêché...
Pendant ce temps, la venue de Thredson à Briarcliff ressemblait à un retour en arrière. J'ai beau apprécier le personnage, pour toute l'horreur qu'il dégage, j'avais le sentiment qu'il était arrivé au bout de ce qu'il pouvait faire et dire. Par conséquent, ses scènes avec Lana et Kit était un peu ennuyeuses. Spilt Milk m'a donné raison. Cet épisode magnifiquement réalisé -et je pèse mes mots- l'a achevé comme il se devait : des mains de Lana. Elle a tiré, il a explosé. Le face à face était intense. Mais le bébé qu'elle porte en elle est toujours là, bien vivant, et il lui rappelera à jamais l'enfer qu'elle a vécu, quoiqu'elle fasse. Le fait qu'elle renonce à s'en débarrasser, à une période où l'avortement était secret, encore plus mal jugé qu'aujourd'hui, m'a quelque peu déçu et c'était en même temps logique puisque l'on sait que ce fils a grandi et est devenu le nouveau Bloody Face. Mais je ne sais pas. Je m'attendais à un twist qui n'est pas venu. Et puis honnêtement, sa décsion est très mal justifiée. Les flashs qui lui viennent en tête aurait tout aussi bien pu la motiver à poursuivre l'intervention afin de ne plus avoir de lien avec le meurtrier. "No More Death". Mouais. La fin de l'épisode est troublante : on nous laisse sur l'image d'une Lana en souffrance mais aimante. Cet enfant, malgré lui, va-t-il la rendre folle ? J'ai le sentiment qu'elle ne trouvera plus jamais la paix. Une petite partie de moi a encore l'impression qu'à force de montages parallèles et autres stratagèmes de réalisation, on nous pousse à croire que Lana est bien la mère de Johnny alors qu'en fait pas du tout...
Et si c'était l'enfant de Kit et Grace ? C'est une théorie que j'ai déjà émise dans ma review précédente et dont je ne parviens pas à me débarrasser. J'ai sans doute tout faux, mais je n'arrive pas à comprendre où les scénaristes veulent en venir avec le couple. Je n'arrive plus vraiment à les trouver mignons d'ailleurs. Leur quasi-bonheur ne sied vraiment pas à l'endroit, ni à la série. On sait qu'il est toujours de courte durée, et le retour d'Alma pourrait bien en être la preuve, mais il y a quelque chose qui me dérange. Peu-être que je compare inconsciemment cette relation à celle qu'Evan Peters a porté à l'écran dans la première saison avec Taissa Farmiga. Bizarrement, elle semblait plus réelle. Bizarrement parce qu'il jouait un fantôme. Et qu'elle l'est devenue aussi. Ici, Kit est bien vivant, jusqu'à preuve du contraire. Mais Grace ? Où en est-elle ? C'est l'un des questions auxquelles les derniers épisodes vont devoir répondre et c'est clairement sur celle-là que les auteurs n'ont pas intérêt à se rater. Malheureusement, après avoir introduit des aliens, je vois mal comment ils pourraient réussir à nous satisfaire... C'est peut-être le délire de trop, qui n'aurait eu son charme que s'il s'était avéré imaginaire ! Un peu comme, dans un tout autre style, la fameuse scène chantée, dansée et parfaitement exécutée par Jessica Lange sur le morceau The Name Game, qui a donné son titre à l'épisode. Vous voyez, c'est un peu comme si Les Revenants s'étaient mis à délirer sur La Danse d'Hélène ! Blague à part, c'était un super moment, qui restera forcément l'un des plus marquants de la saison (mais parmi beaucoup d'autres). Ryan Murphy n'a pas pu s'en empêcher !
Spilt Milk, c'est tout de même le départ définitif de Lana de Briarcliff -au cours d'une superbe séquence sur le thème de Candyman- mais le sentiment d'accomplissement n'est pas total. Ni les médias ni la police n'ont l'air de réellement vouloir s'intéresser à l"institution et ses prisonniers. L'histoire de Lana fascine, et à travers elle celle de Bloody Face, mais personne ne semble vouloir l'aider pour autant. Et c'est à mon avis une des raisons qui fera qu'elle ne s'en sortira jamais : elle n'aura jamais été entendue. Et elle n'aura jamais réussi à sauver Jude. Comme on pouvait s'y attendre, l'axe final de la saison sera centré sur ce personnage, le seul auquel on tient qui est encore enfermé là-bas, dans les pires conditions qui soient d'ailleurs et aux yeux du monde, elle est morte, elle n'existe plus. Je suis très curieux de voir comment va se dénouer cette intrigue. Quel rôle va jouer le Monsignor, qui a finalement gagné en importance maintenant que tous les autres ont disparu, et qui n'a pas l'air de vouloir retourner dans le droit chemin. Je suis toujours peu convaincu par la prestation de Joseph Fiennes, mais il va falloir faire avec...
// Bilan // La saison 2 d'American Horror Story est toujours aussi fascinante, même dans la dernière ligne droite alors que plusieurs intrigues se clôturent et que quelques personnages disparaissent. L'heure du jugement dernier approche... Et Pepper est aussi excitée que nous à cette idée !
American Horror Story [2x 03 & 2x 04]
Nor'Easter // I Am Anne Frank (Part 1)
2 470 000 tlsp. // 2 650 000 tlsp.
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Après deux premiers épisodes très efficaces, qui exposaient parfaitement l'univers de l"Asylum" de cette deuxième saison et qui présentaient avec force et conviction ses héros torturés, American Horror Story offre un troisième volet un peu moins satisfaisant, qui a tendance à virer dans l'excès malgré quelques moments de grâce. Je pense par exemple à un Dr Arden en larmes, agenouillé et écrasé par le poids d'une Vierge Marie statufiée, provocante, puis brisée... à l'image de l'idée que l'homme se fait de la femme. Symboliquement et visuellement, la série est capable de grands chocs émotionnels. Plus encore que Sister Jude -qui était dans la redite autour de l'accident qui l'a mené vers Dieu et cette institution, mais dont on a quand même découvert un penchant pour l'alcool destructeur- cet homme est fascinant et offre jusqu'ici à cette saison ses minutes les plus sombres et les plus violentes. Tout en faisant preuve d'une paranoïa extraordinaire partagée par la tenancière des lieux -l'alternance de leurs deux intrigues, qui se croisent parfois, est totalement pertinente- l'homme continue de torturer Kit, doit se frotter à une Sister Eunice offerte, qui a littéralement le Diable au corps, et viole puis ampute une Shelley terrifiée et terrifiante, qui nous permet d'ailleurs de comprendre que le trouble de son bourreau est à mettre au crédit, entre autres, d'un pénis monstrueux ou petitement dimensionné. Cela reste à l'appréciation et l'imagination de chacun. On pense alors forcément à une probable obsession de Ryan Murphy sur le sujet puisque le Découpeur de Nip/Tuck avait lui-même un problème "de taille" sous la ceinture.
Beaucoup plus équilibrée, plus profonde et plus calme aussi, la première partie de l'épisode I Am Anne Frank enfonce le clou en nous dévoilant ce qui est censé être le passé d'Arden. Des flashbacks narrés par Anne Frank en personne (ou une femme qui se prend pour elle) viennent alors nous plonger au coeur de l'Horreur Nazie, sur le camp d'Auschwitz, là où le docteur a perpétué ses premières atrocités. Ryan Murphy et son équipe ne reculent visiblement devant rien pour donner plus de poids et plus de résonance à leur récit en s'appuyant sur des faits et des personnages réels, connus de tous, et ils réussissent étonnamment bien leur coup. Jusqu'à quand ? Notons que le Monsignor Timothy Howard, peu présent jusqu'ici mais qui devrait rapidement obtenir plus de temps d'antenne, est le complice d'Arden. Et rappelons également que la piste des extraterrestres n'est pas encore totalement écartée : Sister Jude en croise un lors de sa nuit d'ivresse ! Une simple hallucination, sans doute... à moins que ?
Pendant que les deux figures d'autorité emblématiques de Briarcliff se soupçonnent et se disputent, les patients qui tiennent encore debout malgré les sévices subis continuent de s'abrutir au son de Dominique-nique-nique. Les ventes de la chanson n'ont pas explosé sur iTunes et on comprend aisément pourquoi : la douce rengaine est à l'origine de nombreux cauchemars chez les téléspectateurs. Deux visages se distinguent che les "fous": ceux de Kit et de Grace. Ils nous invitent à sonder les profondeurs de leurs âmes en se racontant leurs histoires, leurs vérités, quitte à trahir la réalité. On touche ainsi aux mécanismes typiques de la folie. Grace s'est inconsciemment servie -ou pas- de morceaux réels de son histoire pour former un nouveau récit où elle n'est plus la meurtrière de ses parents, mais la victime. Il n'en faut pas plus à Kit pour s'interroger sur la validité de son innocence, dont il était jusqu'ici persuadé. Et si "Bloody Face", c'était vraiment lui ? La folie rend fou ! Anne Frank elle-même, incarnée par la convaincante Franka Potente, a peut-être du mal à faire la différence entre la réalité et la fiction. Elle ne fait peut-être que se prendre pour elle, tout en ayant vécu des atrocités similaires. Comme pour se donner le courage d'avancer, fuir ses douleurs en s'accaparant celles d'une autre... N'est-ce pas passionnant ? Les troubles des personnages ne font que les rendre encore plus inquiétants et paradoxalement attachants.
Si la folie ne l'avait pas encore gagnée, Lana est peu à peu en train de sombrer. Pour le moment, elle se réfugie dans le rêve, en s'imaginant au dehors, telle une héroïne acclamée par la foule pour son courage, et elle s'accroche à l'espoir que représente le Dr. Thredson, qui lui promet de ne pas quitter l'asile sans elle, mais dont les plans restent flous et suspicieux. Au premier abord, on a l'impression qu'il lui suggère de faire semblant d'être en bonne voie de guérison, convaincu qu'elle est tout à fait saine d'esprit. Dans un deuxième temps, vu ce qu'il lui fait subir -la thérapie de l'aversion est absolument atroce tant dans l'idée que dans les faits- on se dit qu'il la croit véritablement malade et qu'il veut à tout prix la soigner. On s'étonne quand même qu'il s'attende à un résultat aussi rapide, quasi instantanné ! Le jeu de Zachary Quinto est très approprié : la douceur dans sa voix, son calme apparent, laisse supposer que l'on a affaire à quelqu'un de profondément bon, mais dans American Horror Story, a priori, cela n'existe pas ! On a donc toutes les raisons de se méfier de lui...
// Bilan // Plus la saison 2 de American Horror Story avance, moins les héros sont traités comme des machines à faire peur et à choquer, mais plus comme de véritables personnages à la psychologie complexe. Passionnante et fascinante, elle est en train de réaliser un vrai tour de force !