The Vatican [Pilot Script]
THE VATICAN
Drama // 52 minutes
Ecrit par Paul Attanasio (Dr House, Homicide). Produit et réalisé par Ridley Scott (Alien, Gladiator, La chute du faucon noir Prometheus...). Pour Sony Pictures Television, Scott Free Productions & Showtime Networks. 69 pages.
Une exploration du monde très fermé de l’Église catholique à travers le prisme du pouvoir, de la spiritualité et de la politique. Cet univers mystérieux renferme de nombreux secrets, mais aussi des rivalités, des trahisons et des miracles.
Le quotidien très chargé du Pape Sixtus VI est bouleversé lorsque l'archevêque de New York, le Cardinal Thomas Duffy, ordonne une femme. Le scandale ne tarde pas à faire la une des médias. Tiraillé entre le besoin de faire évoluer l'Eglise tout en respectant les traditions, son désir de marquer son règne d'un symbole fort et les pressions qui l'assaillent de toutes parts, le souverain pontife doit pourtant se prononcer : les catholiques du monde entier attendent sa déclaration...
Avec Matthew Goode (A Single Man, Stoker, Match Point), Kyle Chandler (Friday Night Lights, Demain à la Une, Super 8), Anna Friel (Pushing Daisies, Neverland), Bruno Ganz (La Chute, Les ailes du désir), Sebastian Koch (La vie des autres), Rebecca Ferguson (The White Queen), Ewen Bremner (Trainspotting, Snatch), Cosimo Fusco (Rome, Anges et démons)...
J'aurais aimé vous dire que The Vatican était le Homeland de l'église ou le Dexter du cathocilisme, ou pourquoi pas le Californication du Pape, mais je suis dans l'obligation de vous le présenter comme un The Borgias moderne. Tout simplement. C'est en tout cas, sur Showtime, ce qui s'en rapproche le plus. J'aurais pu citer The Tudors aussi. Enfin vous voyez. Moins de costumes, quelques références à la pop culture, mais des ambiances pas si différentes. Pourtant, moi qui suis allergique aux deux séries historiques suscitées, je me suis laissé prendre au jeu de The Vatican. Peut-être parce que je sais que Ridley Scott est aux commandes, que Kyle Chandler, Anna Friel et Matthew Goode forment un sacré trio d'acteurs que l'on a envie de découvrir ensemble et (re)découvrir individuellement, et parce que ce premier script est raffiné, intelligent, prenant, cruel et intrigant. Avec le produit fini, qui sera très certainement léché et classieux, je ne suis pourtant pas encore certain de me laisser séduire et emporter sur le long terme.
D'abord parce que c'est lent. Cette lenteur qui vous fait bayer aux corneilles jusqu'à ce que vous succombiez au petit somme réparateur. Oh, pas tout le temps. Mais il y a des scènes longuettes, dont on aurait pu se passer. Et puis parce que c'est complexe. Quand on ne connait rien comme moi à l'Eglise, des véritables fonctions de chacun à certains termes très spécifiques ou certains rites, il faut un un petit temps d'adaptation. Et je crains qu'un pilote ne suffise pas. Heureusement c'est plutôt bien expliqué, sans être trop didactique. Les citations de la Bible pleuvent. Si bien qu'il y a d'un côté ceux qui parlent normalement, comme vous et moi, qui sont intelligibles par tous. Et d'un autre côté, les mystiques, ceux pour qui la religion est tout, dont les interventions semblent impénétrables. A l'écrit, on a le temps de relire plusieurs fois afin de comprendre de quoi il retourne. A l'écran, à moins de faire pause, on passe vite à autre chose. Et puis tout ça ne fait pas très naturel. Dans ces moments-là, j'ai tristement penser à Ainsi soient-ils. Cocorico. Ou pas. L'autre souci, c'est qu'il y a tellement de personnages... avec des noms parfois si proches... c'est gênant à l'écrit mais sans doute à l'écran aussi, au moins dans les premiers temps ! Avec leurs robes et leurs chapeaux, tous ces petits messieurs vont tous se ressembler. Il y a justement un duo à la Dupont et Dupont assez comique. Deux cardinaux Italiens, Bozzi et Prezzi, qui se chamaillent comme un petit couple et qui ne pensent qu'à bouffer. De vraies petites commères en plus ! Ils permettent de détendre l'atmsophère même si on ne comprend pas bien à quoi ils servent à part ça. Tous les autres personnages semblent être des pions sur un vaste échiquier mondial. Ils ont tous un rôle à jouer et surtout tous un hidden agenda. Bah oui. The Vatican, en fait, c'est un soap. On y revient toujours !
Le vrai héros de la série, en tout cas dans le pilote -c'est amené à changer après quelques rebondissements inattendus- ce n'est pas le Pape, ni le Cardinal Duffy (désolé pour les fans de Kyle Chandler), mais Bernd Koch, un trentenaire "spectacularly handsome and well built" (une description assez curieuse dans ce type de série), incarné par l'excellent Matthew Goode. Il est le bras droit du Pape, son secrétaire personnel. Le duo fonctionne à merveille. Il y a du respect entre eux mais aussi une franche camaraderie malgré les 40 ans qui les séparent ! Et le plus moderne des deux n'est pas forcément celui que l'on croit. Leurs dialogues sur la réforme de l'Eglise sont passionnants. La place de la femme dans l'institution est évidememnt largement évoquée, et on remarquera qu'il n'y a que deux héroïnes dans la série (en dehors de quelques nonnes anonymes et de la fameuse femme ordonnée qui a peut-être un visage via les flash infos mais qui n'apparaît pas en tant que véritable personnage dans ce pilote) : l'une est une "putain" et l'autre une garce machiavélique. Mais il ne faut voir aucun sexisme dans ce choix. Il permet justement de mettre en évidence certains paradoxes qui restent à creuser. La "putain", c'est la soeur cachée du Cardinal, incarnée par Anna Friel. Oubliez donc tout de suite vos envies de la voir en couple avec Kyle Chandler ! Quoiqu'une inceste détonnerait. Mais je ne crois pas que ce soit prévu ! La jeune femme n'apparaît qu'une fois dans le pilote, lors d'une courte scène, mais ses répliques sont délicieuses. Elle est drôle et provocante. On devrait beaucoup l'aimer ! Sa place dans la suite de l'histoire reste toutefois à définir. Et puis l'autre femme, c'est la Comtesse Olivia Borghese, la descendante de la riche famille italienne, une manipulatrice hors-pair qui a un pied dans le pouvoir grâce à son compagnon officieux, Malerba, le sécrétaire d'état au Vatican. Ce dernier n'est pas du tout en odeur de sainteté auprès Pape, ce qui va avoir des conséquences dramatiques... Je termine par le personnage du Monseigneur Iemma, décrit comme le "Sam Spade" du Vatican, à savoir le détective chargé d'enquêter sur les "Miracles". Rien que ça. Et justement, un miracle va se produire au cours du pilote, ce qui ajoute une dimension mystérieuse voire fantastique à la série ! C'est étonnant et risqué. Mais pourquoi pas après tout ? Dans le même genre, il y a une scène rêvée par le Pape assez étrange. Cela implique une grosse femme nue.
The Vatican n'est pas une série qui plaira au vrai Vatican, c'est certain. En plus de désacraliser le Pape d'une certaine manière -lequel est néanmoins particulièrement attachant ici- elle explore avec provocation ce dont l'Eglise ne parle jamais, ses zones d'ombres, et elle présente ses principaux protagonistes comme des gens assoiffés de pouvoir et de reconnaissance (pour caricaturer). Est-ce une réalité ? Si Showtime venait à la commander, elle s'assurerait une petite polémique lors du lancement, ce qui ne fait jamais de mal. The Vatican est clairement le genre de série qui s'apprivoise avec le temps, car son aspect divertissant est très limité et son récit complexe. Sans compter que l'on y parle toutes les langues ! L'anglais bien sûr, mais aussi l'italien, l'allemand... Le casting est justement représentatif de cette diversité, ce que je considère plutôt comme un atout d'ailleurs. Honnêtement, ce serait dommage qu'elle ne voit pas le jour, surtout qu'elle est assez unique en son genre à la télévision américaine, mais je ne la regretterais pas personnellement. Ce n'est pas vraiment mon truc. Et vous, vous pensez que ce sera le vôtre ?
A VENIR : THE LEFTOVERS, WAYWARD PINES, HIGH MOON, HAPPYLAND...
Tueurs En Séries [Episode du 23 Septembre 2011]
Au programme cette semaine : Des renouvellements et des annulations chez ABC Family - Dean Norris de Breaking Bad dans Castle - Le Dr House s'occupe du cas Wentworth Miller - Des projets adaptés d'"Hannibal" et "Source Code" - Le casting de Glee nous parle de la saison 3 - La bande-annonce de la saison 3 de Misfits - On répond à vos questions : Chuck, NCIS & Fringe - Graham Yost, le créateur de Justified nous parle de la saison 2 - Retour sur les Emmy Awards.
Super 8
What About ?
Été 1979, une petite ville de l’Ohio. Alors qu'ils tournent un film en super 8, un groupe d’adolescents est témoin d'une spectaculaire catastrophe ferroviaire. Ils ne tardent pas à comprendre qu'il ne s'agit pas d'un accident. Peu après, des disparitions étonnantes et des événements inexplicables se produisent en ville, et la police tente de découvrir la vérité… Une vérité qu’aucun d’entre eux n’aurait pu imaginer...
Who's Who ?
Scénario de J.J. Abrams. Réalisé par J.J. Abrams. Avec Joel Courtney, Kyle Chandler (Demain à la Une, Friday Night Lights), Elle Fanning (Somewhere, Benjamin Button), Gabriel Basso (The Big C), Riley Griffiths, Ryan Lee, Zach Mills, Ron Eldard...
So What ?
Lorsque le fan (J.J. Abrams) s'associe au maître (Steven Spielberg), cela ne résulte pas simplement sur un bon film, divertissant et touchant, mais aussi et surtout sur un bel hommage au cinéma des années 80, qui pourrait presque être vu comme un passage de flambeau. Steven Spielberg n'est pas mort mais le meilleur de sa carrière est certainement derrière lui. J.J. Abrams, en une vingtaine d'années (car avant Felicity et tout ce qui a suivi, il a signé les scénarios de quelques grands films tels que A propos d'Henry ou Forever Young), a prouvé qu'il était son digne héritier, prêt à prendre la relève ! Si certains en doutaient encore, Super 8 est là pour achever de les convaincre.
Super 8 est une oeuvre extrêmement riche qui a d'abord vocation à réveiller en nous l'enfant qui fut autrefois ébloui par la laideur de E.T. et la beauté du film éponyme, passionné par une Rencontre du troisième type, ému par Stand By Me... Et si je devais quelques instants évoqué un souvenir plus personnel, ce serait celui de ces moments de complicité avec mon petit frère lorsque nous riions face aux facéties de Choco et sa bande de Goonies, et étions effrayés par les frères Fratelli et emerveillés par les multiples passages secrets et la sublime épave finale du film. Les aventures de Joe, Charles, Alice et les autres évoquent tour à tour ces souvenirs cinématographiques-là, gravés dans la mémoire des trentenaires (et de leurs parents qui ont dû se coltiner ces mêmes films des dizaines et des dizaines de fois jusqu'à ce que la bande de la cassette-vidéo déraille). J'ignore si les enfants d'aujourd'hui seront sensibles à Super 8 et resteront marqués par le film, mais ce serait la preuve ultime que J.J. Abrams et son équipe auront réussi leur pari. Alors évidemment, à partir du moment où l'on a vu tous ces films mythiques, les surprises sont rares devant Super 8. Tout se déroule plus ou moins comme on pouvait l'imaginer. Les codes du genre sont respectés, jamais bousculés. On ne cherche pas ici à réinventer mais simplement à recréer une magie. Malgré la sincérité de l'initiative, on ne peut donc que constater que le film possède ses limites.
Super 8 fonctionne également grâce à un deuxième niveau de lecture, celui du film dans le film. Tous les adultes d'aujourd'hui n'ont pas forcément tenté pendant leur enfance de faire leurs propres films mais une majeure partie des cinéphiles, très certainement. Là, J.J. Abrams s'adresse alors à un public moins large mais s'efforce quand même d'inclure tout le monde dans le récit, quitte à être plus explicatif parfois lorsque que quelques détais plus techniques mais pas sorciers viennent s'en mêler. Je pense aux "productions values" et compagnie. On sent que le réalisateur et scénaristes se fait avant tout plaisir et raconte, d'une certaine manière, sa propre histoire. Car quand il était ado, il a fait ses petits films lui aussi et s'est fait remarquer un jour par... Steven Spielberg ! Leur rencontre remonte donc à loin et ce film est l'aboutissement de plusieurs années d'amitié et de respect mutuel. C'est la preuve qu'il ne faut jamais s'interdire de rêver. Les rêves même les plus fous peuvent se réaliser !
Mais Super 8 s'adresse aussi aux fans de J.J. Abrams, qui connaissent son oeuvre sur le bout des doigts et qui savent reconnaître les clins d'oeil que le bonhomme a distillé au fur et à mesure de son film : il y a le restaurant, vers la fin, qui s'appelle "Locke" et qui rappelle donc Lost; mais aussi les apparitions de quelques très brèves de quelques figures importantes de son oeuvre comme Greg Grunberg, toujours présent d'une manière ou d'une autre (mais on l'attend toujours dans Fringe !), ici en acteur de soap, ou encore Amanda Foreman, en présentatrice télé. Il y a sûrement des tas d'autres exemples mais un second visionnage s'impose certainement pour tous les repérer ! On reconnaît un peu de Cloverfield, une production Abrams, à travers les diverses apparitions du monstre, qui se dévoile un peu plus à chaque fois jusqu'à la scène finale qui nous plonge au plus profond de son regard, avec un jeu de miroir sublime entre les yeux du gamin, ceux de sa mère; et ces quelques lignes de dialogues qui semblent anodines qui sont pourtant pleines de sens. L'envol de l'extraterrestre, le pendentif qui part avec lui, c'est un adieu à l'enfance, à la souffrance aussi. C'est simplement magnifique. Si l'émotion était à son comble à ce moment-là, elle l'était aussi lors du visionnage des vieilles images en super 8 de la maman de Joe. Larmes...
J'ai encore des milliers de choses à dire sur ce film (l'incroyable grâce et la justesse d'Elle Fanning, ces scènes d'action spectaculaires parfaitement maîtrisées, surtout celle du déraillement du train, un spectacle inoubliable, le générique de fin nous dévoilant le fameux The Case...) mais je préfère laisser à chacun son expérience de Super 8. Si je ne peux pas m'empêcher de trouver des défauts au film, me laissant insatisfait, je ne peux que répéter que J.J. Abrams et le nouveau maître (les plus cyniques diront "Oui, le maitre du recyclage" mais ils auraient tort de le réduire à cela même s'il le fait si bien). Il n'a plus rien à prouver à mes yeux. Il pourrait s'arrêter demain, il aurait déjà beaucoup apporté au cinéma.
Tueurs En Séries [Episode du 4 Février 2011]
Au programme cette semaine : notre hommage aux Friday Light Lights qui s'éteignent pour de bon, Jane Badler alias Diana explique la fameuse scène de dégustation de rat dans V, des infos sur le retour de Kristen Bell à la télé...