Les Invincibles [Saison 2]
Un an a passé depuis le mariage avorté entre Cathy et Hassan. Le départ brutal de ce dernier en pleine cérémonie est encore sur toutes les lèvres. Personne ne l'a vu depuis. Où est-il parti ? Malgré ce lourd mystère, pour les trois autres Invincibles, la vie continue. Fx s'apprête à quitter le nid familial pour enfin voler de ses propres ailes. Mano, employé précaire, espère encore avoir du succès avec son groupe de rock. Vince, toujours confus quant à son orientation sexuelle, présente des signes de dépression avancée. L'amitié entre nos trois amis est effritée : leurs rencontres sont moins fréquentes, leurs rares discussions moins animées. L'ennui s'est installé. Mais Hassan pourrait réapparaître et bouleverser tout cela...
Les Invincibles sont de retour, un peu moins d'un an après la diffusion de la saison 1. Autant dire qu'on est là face à un exploit en matière de fiction française. Si saison 3 il y a, l'écriture étant terminée, on peut espérer la découvrir en Février 2012. Elle sera logiquement la dernière, la série originale québecoise ayant été pensée comme un tryptique. Après avoir vu les huit épisodes de cette saison 2, qui commence ce soir sur Arte, je dois reconnaître avec un peu de tristesse que Les Invincibles sont moins en forme. La logique voulait que les personnages murissent après leurs multiples péripéties en saison 1, et la logique a été respectée. Ils on tous appris de leurs erreurs, ce qui ne les empêchent pas d'en commettre d'autres, et ils sont tous bien décidés à reprendre leur vie en main malgré les embûches. Cette détermination fait plaisir à voir... au début. Et puis on commence à ne plus vraiment les reconnaître, ces quatre héros qui nous ont amusés et attendris.
Le Rallye Du Bonheur, qui remplace le Pacte, a pour effet de les rendre moins fun. C'est un premier problème étant donné que la série repose beaucoup sur l'humour à la base, sans tomber forcément dans le facile, le burlesque ou le vulgaire. On rit moins souvent. Ensuite, les situations dans lesquelles les personnages se retrouvent ne sont pas vraiment inspirées. Celle de Mano a le mérite d'être amusante mais les scénaristes ne sont pas allés jusqu'au bout de leur délire. Toute la partie consacrée à la recherche de son père n'est pas réussie, voire même ridicule par moment. L'émotion et le décalé font rarement bon ménage. Le pari était trop grand. Le cas Vince est, comme lors de la première saison, le plus intéressant. Sa dépression et sa quête d'idendité sexuelle sont des thèmes originaux assez bien traités. Ce qui l'est moins, c'est son attachement pour un gamin maltraité qui ne vaut que pour sa rencontre avec la maîtresse, qui lui ouvre momentanément de nouveaux horizons. Sans trop en dire, le clin d'oeil final m'a rassuré. Il n'a pas fini de se chercher... Chez FX, l'arrivée de Sonia Rolland fait son effet. La comédienne est plutôt à l'aise et surprenante dans son rôle de la fille parfaite. Elle vole même un peu la vedette à son copain, dans l'intrigue certes, c'est tout l'objet de sa présence, mais dans la série aussi. Malheureusement, les scénaristes sont partis sur autre chose en cours de route. La fin de saison n'est pas glorieuse pour FX. Son père s'en sort même mieux ! Le dynamisme de Gisèle (Clémentine Célarié) manque quand même un peu. Du coté de Hassan en revanche, c'est vraiment réussi. On a beau dire que la série tourne autour de quatre personnages, elle est centrée avant tout sur lui. Pas un hasard s'il cloture cette année encore la saison (dans un style très Lostien d'ailleurs, ce que je vois comme un énorme clin d'oeil mais je suis obsédé en même temps). "Cathy Casse-Couilles", incarnée par l'excellente Marie-Eve Perron, est trop peu présente même si ça s'arrange au fil des épisodes, mais l'intrigue avec l'autre femme de la vie de Hassan tire davantage sur la corde sensible et s'avère très touchante parfois. Surtout une des dernières scènes de l'épisode 8 qui m'a mis les larmes aux yeux. C'est ça qui est bien avec le personnage de Hassan : il offre une palette complète d'émotions. Ce qui n'est plus tellement le cas de ses trois acolytes.
Je ne voudrais pas paraître trop négatif non plus, même si je suis dans l'obligation de rajouter que l'enjeu de la saison, à savoir le voyage à Punta Cana, n'est finalement pas assez fort pour tenir sur la longueur. Je trouvais pourtant l'idée séduisante au départ. Alors laissez-moi vous rappeler en premier lieu que Les Invincibles correspond à l'heure actuelle à ce que l'on fait de mieux en France en matière de série divertissante et moderne. Je vois déjà au loin les fans de Fais pas ci, fais pas ça me sauter dessus : moi j'adhère pas tellement mais oui, c'est très bien aussi. Ensuite, les acteurs sont toujours très bons. Il se dégage de la série un certain réalisme au sujet de la crise de la trentaine et la mélancolie qui peut la traverser. La bande-son est toujours au top. La réalisation est sympathique. Les scènes d'interviews ne sont toujours pas clairement justifiées dans le récit mais elles sont en général efficaces. Il y a eu un beau boulot de fait du coté du département graphique des passages animés. Les acteurs sont plus reconnaissables et les textes un peu moins obscurs. Ca reste un gadget et je suis toujours tenté de faire avance-rapide dans ces moments-là. Rien n'y fait, ça ne me parle pas. Et puis mince, ces quatre mecs ont beau nous agacer parfois, ils sont terriblement attachants et on a envie de les suivre dans leurs aventures encore plus longtemps. Je dirais qu'au final, c'est ce qui compte vraiment. Tant pis pour les faiblesses et les voies sans issue. Les Invincibles n'ont pas dit leur dernier mot !
Les Invincibles [Saison 1]
En reviewant il y a quelques mois Pigalle La Nuit, la divine, l'enivrante, j'avais promis de vous parler des Invincibles, la nouvelle série d'Arte. Ca a mis plus de temps que prévu par pure paresse mais nous y voilà. La série est lancée demain à 22h15, vous n'avez pas pu rater les affiches dans les gares, dans le métro; les pubs sur internet, dans les magazines et même au cinéma, et j'ai deux-trois choses à vous dire à son sujet, la première étant : tentez l'aventure, vous ne le regretterez pas !
Les Invincibles, c'est l'histoire de Hassan, FX, Vince et Mano, quatre amis d'enfance, qui voient la trentaine frapper à leur porte. Ils sont hantés par un terrible constat : ne pas avoir profité assez de la récréation. Et si les quatre amis se donnaient la permission de vivre une cure d'irresponsabilité, d'immaturité et de conquêtes amoureuses ? Ils décident alors de signer un pacte : ils ont quelques heures pour quitter leurs copines respectives et s'offrir la grande vie ! Evidemment, tout ne se passera pas aussi simplement que prévu...
Je tiens d'abord à dissiper tous soupçons : ce n'est pas parce que la série est produite et diffusée par Arte qu'elle est élitiste, ultra-intellectuelle et chiante. Je suis sûr que certains se sont faits cette réflexion. Je dirais même qu'elle est bien plus grand public que les séries de Canal. Que ce soit au niveau de l'écriture ou de réalisation, il n'y a rien de pompeux, au contraire. On joue la carte de la simplicité tout en ajoutant quelques éléments "originaux" pour une série française. Fais pas ci fais pas ça l'a fait avant mais les épisodes sont ponctués d'interviews face caméra des personnages, parfois seuls, parfois à deux, à trois... C'est un peu perturbant dans le premier épisode puis on s'y fait et cela devient finalement un atout utilisé avec parcimonie. Deuxième originalité, certainement pour donner un coté un peu geek à l'ensemble : le personnage d'Hassan dessine ses amis sous forme de super-héros (Les Invincibles, d'où le titre de la série) et cela sert d'introduction animée aux épisodes, de conclusion aussi, et parfois d'intermédes. C'est plutôt amusant mais pas indispensable. A noter également que la série a été tournée dans la ville de Strasbourg et sa banlieue. Ca change de Paris ou de la côte d'Azur, ça donne un cachet peut-être plus réaliste. Quant à la bande-son, elle est excellente, très tournée rock alternatif et pop/rock (le personnage de Mano chante dans un groupe). Ce sont souvent les mêmes morceaux qui reviennent pour faire des économies en droits d'auteur mais ça donne du rythme, ce n'est jamais assourdissant, ça souligne parfois les émotions et ça contribue même à la tendance un peu mélancolique de la série.
La grande force de la série, c'est évidemment ses personnages infinement attachants et de plus en plus au fil des 8 épisodes que compte la première saison. Ma crainte initiale était qu'ils soient tous des caricatures de losers mais point du tout ! J'ai particulièrement accroché au personnage de Vince parce que je trouve que c'est le plus sympathique et le plus intéressant sur la longueur, d'autant qu'il est plein de surprises, mais ils ont tous quelque chose. Les acteurs sont bons, ils n'en font jamais trop et la complicité est flagrante à l'écran. Pas la peine de s'attarder sur leurs CV respectifs, il n'ont rien d'étourdissants. Quasi-inconnus, ils ont tous beaucoup de talent et je suis sûr que certains perceront que la série marche ou non. Surtout Cedric Ben Abdallah. Coté personnages secondaires, les producteurs ont fait appel à pas mal de têtes connues parmi lesquelles celles de Clémentine Célarié (excellente comme d'habitude), Lou Doillon (meilleure que d'habitude), Jackie Berroyer, François Rollin... et une actrice que je ne connaissais pas, qui s'est surtout illustrée dans le doublage, et qui est absolument géniale : Marie-Eve Perron. Elle interpréte "Cathy Casse-Couilles" et chacune de ses apparitions est un bonheur malgré l'hystérie qui l'habite. Car si je vous ai parlé de mélancolie, Les Invincibles c'est avant tout une comédie. On ne rit pas forcément à gorge déployée et il ne s'agit pas d'une suite de gags mais le burlesque et les quiproquos sont souvent de mise, surtout à travers le personnage d'Hassan qui, sans trahir de secrets, ment à ses amis et ne respecte pas du tout le Pacte. Ca va forcément le conduire à des situations pas possibles très drôles...
En bref, Les Invincibles réussit là où toutes les autres séries françaises ont échoué jusqu'ici, même celles de Canal (trop élitistes) : être grand public sans être facile et/ou ringarde ! Elle est extrêmement morderne, originale par bien des aspects et en même temps très simple et attachante. Une saison 2 de 8 épisodes a d'ores et déjà été tournée pour une diffusion probable début 2011. Une saison 3 est en cours d'écriture mais elle ne verra le jour que si les audiences sont à la hauteur des espérances (pas si élevées mais un peu quand même vu toute la promo qui a été faite ces dernières semaines). Comme souvent lorsque je daigne écrire ici un article sur une série française, je ne peux que vous conseiller de regarder au moins les deux premiers épisodes. Logiquement, ça devrait vous plaire, au moins un tout petit peu !
// Bonus // Si l'envie de découvrir la série est trop forte, le premier épisode est déjà visionnable en ligne gratuitement ! (mais attention, seulement jusqu'à la diffusion ce soir à 22h20).