Scandal [2x 01 > 2x 09]
Saison 2, épisodes 1 à 9 // 6 530 000 tlsp. en moyenne
Après une première saison très courte mais parfaitement maîtrisée, Scandal avait encore tout à prouver, d'autant que peu d'yeux avaient eu la bonne idée de se poser sur elle, les préjugés sur les oeuvres de Shonda Rhimes n'aidant pas. Ni le pilote d'ailleurs, qui était bon, mais qui donnait la fausse impression que l'on allait assister à un procedural certes un peu inhabituel dans ses thèmes mais procedural quand même. Et le procedural, on est tous d'accord : c'est le mal ! Que nenni donc. Scandal est extrêmement feuilletonnante malgré ses "cas du jour", régulièrement abandonnés d'ailleurs quand la pression est à son maximum chez Pope & Associates. C'est à dire souvent. Grâce au cliffhanger précédent, le "Who really is Quinn Perkins?" très efficace, la deuxième saison pouvait démarrer soit sur une frustration de ne pas avoir la réponse à LA question et de devoir encore attendre un, deux, trois, dix épisodes (et le public d'ordinaire peu patient aurait fui); soit sur une réponse, satisfaisante ou pas, qui permettrait en tout cas de faire avancer les intrigues, quitte à passer à autre chose rapidement. Scandal a choisi la sécurité mais pas la facilité : on apprend dès le Season Premiere la véritable identité de la jeune femme, et je n'ai ressenti aucune déception à ce sujet, assez content même que ce ne soit pas une affaire trop alambiquée et soapy à mort. Car, même si la série utilise de nombreux ressorts classiques du genre, elle va bien plus loin, notamment dans l'exploration du monde de la politique au plus haut niveau de l'Etat. On est à mi-chemin entre un univers réel et un univers fantasmé, tant dans l'aspect ultra-glamour que dans l'aspect ultra-conspirationniste. C'est très américain, très Kennedy. C'est too much, mais parfaitement assumé.
Rhimes et son équipe savent exactement ce qu'ils font, ou en donnent du moins l'impression, et ne reculent devant rien pour surprendre, toujours à un rythme effréné. Il est absolument impossible de s'ennuyer ne serait-ce qu'une seule seconde devant un épisode, et quelque soit le personnage mis en avant à ce moment-là. Il n'y a d'ailleurs pas de maillon faible. Quinn passe au second plan une fois la révélation faite, et Harrison peine parfois à trouver sa place mais maintenant, au moins, il n'a plus Stephen pour lui faire de l'ombre, Henry Ian Cusick ayant quitté la série entre les deux saisons. Les scénaristes ne se sont pas encombrés d'explication. J'espère qu'un jour, ils trouveront une bonne idée pour permettre son retour le temps de quelques épisodes. Je suis sûr qu'il y avait des choses à dire sur ce personnage, il n'y avait juste pas assez de place pour lui au départ, ce que l'acteur n'a pas tellement dû apprécier. Abby a ainsi pu gagner du temps d'antenne, associée à David Rosen (l'excellent Joshua Malina est devenu régulier) qui est un ennemi de plus en plus sérieux et crédible pour Olivia; Huck a été le focus d'un épisode et a été globalement très présent, offrant parmi les meilleures scènes de ce début de saison, très "Dexterienne" d'ailleurs; et Mellie, la femme du Président, a pris de l'envergure, tout en exerçant une certaine fascination grâce à son tempérament de feu, sa position délicate, peu enviable, mais dont elle sait tirer un grand bénéfice. Cyrus reste l'un de mes personnages favoris de la série, si ce n'est mon préféré. Son ambiguïté est toujours désarmante et j'aime par dessus tout ses moments de complicité avec Olivia, un verre de vin à la main. Le fait que son mari, reporter à la Maison Blanche, reprenne ses activités, a beaucoup apporté à tous les points de vue et a ajouté une dimension nécessaire à la série. Shonda n'a pas encore eu sa série sur des journalistes, malgré ses tentatives. Elle sera un peu moins frustrée comme ça ! Les fins d'épisodes sont toujours aussi soignées, le meilleure exemple après le coup de feu étant la fin du 5ème épisode, lorsque l'on découvre "le complot" avec tous ces personnages réunis à une même table, dont Olivia...
Ce que cette saison 2 a également réussi, en tous cas partiellement, c'est de faire parler d'elle ! De plus en plus de gens se mettent à regarder Scandal, à force d'en entendre du bien, les articles élogieux se multiplient dans la presse et l'épisode Happy Birthday, Mr. President, l'une des meilleures heures de télévision de 2012, est peut-être LE moment pivot qui a permis à la série de ne plus être aussi confidentielle. En terme d'audience, il y a eu clairement un rebond à cette occasion. Sur le long terme, il ne faut toutefois pas s'attendre à des merveilles, mais si cela peut permettre de la sauver une année de plus alors ce sera déjà pas si mal. Pour en revenir à ce fameux épisode, il m'a littéralement scotché et vraiment touché. Il était prenant et passionnant, mais ce que je retiens surtout, ce sont les séquences où Olivia se remémore ses premiers instants heureux avec Fitz, ce moment où ils ont osé passer à l'acte, même si c'était fou, dangereux, risqué. Wouah ! Ce qui me fait penser d'ailleurs que Scandal se permet, mine de rien, de repousser certaines limites en terme de contenu explicite. Plutôt que de montrer -ce qu'elle ne peut de toute façon pas faire qu'elle le veuille ou non- elle titille et se permet d'aller un peu plus loin que les dramas de networks habituels, à quelques exceptions près comme The Good Wife, avec laquelle elle partage décidément de nombreux points communs. Abby et David sont assez forts pour ça. Je me souviens tout particulièrement d'une scène où elle le chevauche à même le sol, dirigeant les opérations presque comme si elle le violait. Une affaire de dominant/dominé somme toute classique... si l'on était sur le câble ! Un jour, on remerciera peut-être la série pour avoir franchi certaines barrières. Il en faut pour que la cause avance...
Ce qui est formidable avec Scandal pour un sériephile, c'est que les invités de marque s'enchaînent. C'est toujours un plus très apprécié. On savait que Shonda était une grande fan de Buffy et qu'elle casait dès qu'elle le pouvait certains acteurs dans Grey's Anatomy et Private Practice (comme Nicholas Brendon, Emma Caulfield, Alexis Denisof...). Mais elle adorait aussi Gilmore Girls (comme on a pu le constater avec Liza Weil et Keiko Agena) et Everwood ! Pour cette dernière, c'est carrément un festival, un super crossover où les anciens se croisent : Debra Mooney (dans un rôle génial), Tom Amandes, Brenda Strong... et on attend plus que Treat Williams et Gregory Smith pour que la fête soit complète.
// Bilan // Dans cette série où tout scandale en engendre un autre, où les choix de chaque personnage ont une influence sur la vie des autres, et parfois de la Nation tout entière, où chacun de leurs secrets sont déterrés un à un, il n'y a pas de place pour la lenteur, la tiédeur et l'ennui. Chez Olivia Pope, on est constamment à fleur de peau, toujours entre deux crises à gérer, entre deux enquêtes à mener, entre deux conférences de presse à organiser, entre deux désirs à assouvir, entre deux larmes à écraser. Nous, téléspectateurs fascinés, nous retrouvons emportés dans ce flot continu de paroles, dans ce tourbillon médiatique, dans cette grande valse des sentiments, avec la sensation que rien ne peut plus arrêter Scandal. La machine est définitivement lancée.
Bunheads [1x 02 > 1x 10]
Saison 1, épisodes 2 à 10 // 1 350 000 tlsp.
Chers lecteurs, puis-je vous demander un petit effort supplémentaire avant de vous lancer dans la lecture de cette critique ? Ce serait de lire ou relire la review que j'avais faite cet été du pilote de Bunheads. Pas parce que je la trouve formidable, simplement parce que j'y ai dit beaucoup de choses que je ne répéterai pas, par flemme, par manque de temps et parce que je n'en vois pas tellement l'intérêt. Merci d'avance ! Ca se passe ICI.
A vrai dire, mon avis n'a pas tellement changé depuis le pilote. Je n'ai pas senti une grande évolution, et les défauts sont à peu près toujours les mêmes, mais Bunheads se vit presque plus comme une expérience qu'autre chose. On n'est pas dans de l'underground, bien sûr; on ne parle pas d'un objet télévisuel non identifié non plus; mais elle relève d'une écriture différente de ce dont est habitué, que ce soit sur ABC Family ou ailleurs. Les débuts sont d'ailleurs assez compliqués car on ne sait pas du tout on l'a va, la créatrice ne semble pas le savoir non plus, et on nous embarque dans une aventure pas du tout balisée, où nous n'avons aucun point de repère. Comme l'héroïne finalement, qui découvre petit à petit cette ville et ses habitants étranges. On se doute bien qu'elle va se mettre à enseigner dans l'école de danse de Paradise, mais cela se met en place progressivement, sur plusieurs épisodes. Comme dans la vie finalement : on prend souvent du temps avant de trouver sa voie et prendre des décisions. En cela, la parcours de Michelle est intéressant, et a matière à l'être encore davantage par la suite. On remarque soit dit en passant que ses histoires de coeur, comme celles de ses élèves, ne sont pas au centre de tout, ce qui est assez osé dans une série de cette chaîne, qui s'adresse en premier lieu aux adolescentes. Toute cette première partie de saison (puisque les épisodes qui commenceront en janvier correspondront à la suite de la saison 1 et non à une saison 2) parlent aussi du deuil. Celui de Michelle à l'égard de son mari, à qui elle ne sera pas restée unie longtemps, mais qui aura indéniablement changer sa vie; et celui d'une mère à l'égard de son fils. Le tout sans jamais verser dans le larmoyant. Le 10ème épisode est néanmoins assez triste, mais permet de franchir une étape importante dans l'acceptation de cette mort, de cette absence.
On est dans un univers très très proche de celui de Gilmore Girls, et la série séduit par son charme avant tout, bien plus que par la qualité de ses intrigues ou l'intérêt de ses personnages. Elle plait par sa façon de parler du quotidien avec une extrême légéreté et une douce-folie, à laquelle tout le monde ne peut pas adhérer d'ailleurs. C'est typiquement le genre de série que l'on aime ou que l'on déteste. Tourner tout un épisode autour d'une fuite, ce n'est pas commun par exemple. Tout comme proposer une longue scène dans la file d'attente d'un café. Elle est bavarde, très bavarde, et je suppose que ça en a fait fuir plus d'un. Si le délire était poussé jusqu'au bout, visuellement notamment, on se retrouverait presque face à une série de Bryan Fuller. Je regrette parfois que le budget soit si faible et que les décors soient en carton. Quand bien même, le souhait d'Amy Sherman-Palladino, la créatrice et productrice, est certainement plus de briller par ses dialogues soignés, référencés et piquants, et ses portraits gentiment caricaturaux mais amenés à évoluer, que par tout autre considération plus ou moins artistique. C'est un esprit libre et c'est ce qui transpire de tout son travail. C'est aussi son plus gros défaut malheureusement : on a souvent l'impression que tous les personnages, malgré leurs spécificités, sont fondés dans le même moule. Ils sont tous très énergiques, même si Michelle les surpasse tous. Ils manient tous la langue avec beaucoup de facilité, ils parlent constamment à une vitesse ahurissante et, quelque soit leur âge, ils ont tous des tas de références. Cela en devient embarrasant par moment, même si je n'ai pas d'exemple précis en tête (j'aurais dû les noter !). On a dû mal à croire que des ados de 14 ans qui puissent avoir une telle culture cinématographique, qui plus est dans petit ville où chaque virée au cinéma se transforme en événement ! Cela n'empêche pas chacun d'entre eux d'être attachant et, ma foi, c'est sans doute là l'essentiel. Malgré une volonté clairement affichée de traiter chaque danseuse sur un pied d'égalité, ce sont toujours Sasha et Boo qui sortent du lot, en étant d'ailleurs très opposées. Ginny et Melanie sont peut-être tout simplement plus communes, mais loin d'être désagréables. Et elles sont toutes plus intelligentes et profondes que les adolescentes classiques de la télévision, pas une n'est tête à claques, et ça fait vraiment du bien.
Michelle et Fanny font figure de modèles pour elles, mais elles ont aussi beaucoup à apprendre de ces jeunes filles, et bien sûr à apprendre l'une de l'autre. Les premiers épisodes sont surtout centrés sur leur relation et leurs échanges, toujours vifs et tordants, mais il fallait clairement aller plus loin rapidement et ne pas en faire de simples machines à vannes. Les séquences plus tournées vers l'émotion qu'elles partagent sont aussi réussies que leurs joutes verbales. Sutton Foster et Kelly Bishop prennent un plaisir non dissimulé à jouer ensemble. Elles nous embarquent facilement. Les seuls moments où l'on pourrait s'ennuyer, ce sont ceux des numéros de danse. Ils ne sont pas si nombreux et pas systématiques, et quelque part nécessaires aussi pour respirer un peu, mais disons que je les zapperais volontiers. Et puis il y a une dernière chose dont je voulais parler, plus polémique. On se souvient que Shonda Rhimes, Mme Grey's Anatomy, avait vivement critiqué sa consoeur pour ne pas avoir davantage de minorités dans Bunheads. Honnêtement, je ne l'avais pas remarqué avant qu'elle en parle, et si elle ne l'avait pas fait, j'aurais certainement mis du temps avant de m'en rendre compte. Mais elle marque un point : tout le monde est blanc à Paradise. Ou presque. Une afro-américaine au moins parmi les quatre jeunes héroïnes (ou une latina, ou une asiatique...) n'aurait pas fait de mal, ne serait-ce que pour toutes les jeunes télespectratices puissent se sentir plus facilement concernées et représentées. Les personnalités de chacune devraient suffire, et leurs couleurs de peau importent peu, mais quand même... Et là où je deviens peut-être parano, c'est que j'ai eu l'impression que Palladino a ensuite pris un malin plaisir à intégrer quelques visages moins clairs pour les faire souffrir. Je pense surtout à cette jeune danseuse métisse qui s'en prend systématiquement plein la tronche par Fanny ! Je veux dire : elle aurait pu être blanche, comme toutes les autres, mais non elle est noire ! Le débat pourrait durer des heures et je ne tiens pas particulièrement à me lancer, mais j'espère que dans la suite de la série, une plus grande diversité sera favorisée.
// Bilan // Bunheads est une série drôlement atypique, dans sa structure et son écriture, qui ne prend jamais ses téléspectateurs pour des débiles, qui ne verse pas dans le sirupeux, qui respire la fraîcheur et qui gagne en profondeur à l'issu de sa première salve d'épisodes. Elle gagne à être connue !
Bunheads [Pilot]
Pilot // Diffusion le 11 Juin sur ABC Family
What About ?
La reconversion d'une danseuse de Las Vegas qui, après s'être mariée à une connaissance lors d'une nuit de folie, devient professeur de danse dans une école tenue par sa nouvelle belle-mère au coeur d'une petite bourgade côtière très calme nommée Paradise...
Who's Who ?
Drama créé et produit par Amy Sherman-Palladino (Gilmore Girls, The Return Of Jezebel James). Avec Sutton Foster (Annie, Les Misérables, Young Frankenstein, Shrek The Musical, Flight Of The Conchords...), Kelly Bishop (Gilmore Girls, Mercy), Alan Ruck (Spin City, Persons Unknown), Emma Dumont, Kaytlin Jenkins, Bailey Buntain, Julia Goldani Telles...
So What ?
Une fois l'an, ABC Family lance une bonne série (sur deux ou trois, remarque, c'est pas si mal). En 2009, c'était 10 Things I Hate About You, qui pourrit sur mon disque dur depuis lors. En 2010, c'était Huge. Et je la regrette encore. En 2011, c'était Switched At Birth, et je n'ai pas trouvé la motivation -et le temps surtout- pour poursuivre. En 2012, ce sera Baby Daddy. Oops, Bunheads. Je ressors sincèrement charmé de ce pilote pourtant bourré de défauts, certainement parce qu'à la base, je n'en attendais strictement rien. Bien sûr, le nom de la créatrice, Amy Sherman-Palladino, ne m'est pas étranger mais je n'irai pas jusqu'à dire qu'il m'est familier. J'ai vu la première saison de Gilmore Girls sur France 2 et une partie de la deuxième, je ne sais plus très bien comment, et c'est tout. J'avais pourtant beaucoup aimé mais elle fait partie de mes rendez-vous manqués. Chaque sériephile en possède quelques uns, c'est ainsi. J'en ai tout de même vu suffisamment pour me rendre compte, et très vite, que Bunheads partageait de nombreux points communs avec Gilmore Girls. Trop ?
Avouons qu'en caricaturant, on pourrait aisément dire qu'Amy Sherman-Palladino s'est contentée de transposer ce qui a fait le succès et la réussite de sa création phare dans le milieu de la danse. La ville de Paradise ressemble à s'y méprendre à Stars Hollow, en tout cas dans l'idée. C'est la petite ville typique où tout le monde se connaît et où aucun secret ne peut survivre bien longtemps. On se sent du coup tout de suite comme chez nous, comme si l'on retournait à la maison. Cette émotion-là est si rare qu'elle est précieuse. Si Bunheads ne parvient pas à convaincre sur le long terme, on pourra toujours lui reconnaître cela. Et puis, avec un peu d'imagination, on peut la voir comme une sorte de spin-off de Gilmore Girls, centré sur une lointaine cousine de Lorelaï Gilmore, non ? Ce n'est pas très difficile en même temps : Michelle Simms, l'héroïne de la série, est semblable à la brave mère de Rory. Elle partage avec elle un même goût pour la folie douce, les erreurs successives et les monologues consistants et pertinents. Une denrée rare sur ABC Family. Cela dit, avec tout le respect que j'ai pour la carrière de Sutton Foster, essentiellement sur les planches de Broadway, je lui trouve un certain manque de grâce, aussi bien quand elle joue que quand elle danse. Je lui donne le bénéfice du doute sur ce dernier point puisqu'il s'agissait de la voir exécuter une "dog dance". Il y a plus glamour et sensuel. En revanche, elle possède un timing comique qui a fait ses preuves dès l'intro du pilote et qui devrait faire encore des merveilles par la suite. Je dirais même qu'elle n'a rien à envier à Lauren Graham ! Mais ne nous emballons point trop. Face à Sutton Foster, la créatrice a eu la bonne et logique idée -puisqu'elle vient elle aussi de Broadway- de mettre la main sur Kelly Bishop, sortie pour l'occasion de sa retraite post-Gilmore Girls, parsemée çà et là de quelques apparitions dans Mercy ou The Good Wife. Là encore, l'ombre d'Emily Gilmore n'est vraiment pas loin mais on fait assez vite la paix avec ces sentiments de redite. Depuis quand peut-on se permettre de cracher sur des portraits de personnages qui ne sont pas caricaturaux et instantanément attachants ? J'aurais aimé que le rôle du "mari" de Michelle soit tenu par un acteur plus charismatique -même s'il y a bien pire qu'Alan Ruck- mais de toute façon, on n'est pas forcément amené à le revoir vu le cliffhanger. Et j'adore les pilotes qui s'achèvent sur un cliffhanger.
Bien que la scène inaugurale de la série soit très efficace en terme de rythme et d'humour, les événements qui s'enchaînent juste après sont difficiles à avaler. Tout va très vite et la situation prend alors des allures grand guignolesques peu rassurantes. Il faut savoir fermer les yeux parfois sur ce genre de détails pour mieux se laisser porter ensuite. L'un des plus gros défis pour la scénariste sur ce premier épisode était d'introduire le monde de la danse avec le plus de naturel possible. Le pari est réussi, même si je sais d'avance que ce n'est pas cette partie-là de Bunheads qui m'intéressera le plus. L'avantage, c'est qu'elle est portée par des gamines a priori intéressantes, lesquelles sont incarnées par de jeunes actrices débutantes, toutes fraîches et ravies d'être là. Elles sont chacunes dans leurs rôles : la boulotte marrante (ma préférée, même si sa ressemblance avec Megan Hilty de Smash mais avec 20 ans de moins me perturbe), la bitch, la rebelle et la timide vraiment pas sûre d'elle. Je ne peux pas dire qu'elles m'emballent plus que ça pour l'heure, mais elles ont toutes du potentiel, et bien plus, par exemple, que leurs équivalents gymnastes de Make It or Break It. Elles forment un petit groupe de filles spirituelles pour Michelle et pour Fanny aussi. Il aura quand même fallu quatre personnages pour remplacer dignement Rory ! Sur le long terme, je ne sais vraiment pas si Bunheads peut tenir la route mais la richesse de ses personnages secondaires, donc les habitants de Paradise, sera cruciale, sans compter les potentiels futurs amoureux de Michelle.
Bunheads avait tout sur la papier pour n'être qu'une énième série sirupeuse et ennuyeuse, consacrée à des danseuses, typique du style ABC Family, alors qu'elle est au contraire intelligente, amusante et charmante, à l'image de sa créatrice. On se sent bien devant ce premier épisode et flatté d'être convié à suivre la nouvelle vie de Michelle, une héroïne déjà très attachante. En espérant qu'elle ne rejoigne pas trop vite le paradis des séries...
How ?