Secrets & Lies US [Pilot Script]
SECRETS & LIES (US)
Drama // 42 minutes
Ecrit par Barbie Kligman (Vampire Diaries, Private Practice). Adapté de la série australienne Secrets & Lies créée par Stephen M. Irwin. Réalisé par Charles McDougall (Desperate Housewives, Resurrection, Sex & The City, The Good Wife). Produit par Aaron Kaplan (Terra Nova, GCB, The Neighbors). Pour ABC, ABC Studios, Kapital Entertainment & Hoodlum. 51 page.
Au petit matin, Ben Garner, un père de famille ordinaire en train de faire son footing dans la forêt, tombe sur le corps mort d'un petit garçon qui n'est autre que le fils de sa voisine. La police le suspecte immédiatemment d'être le meurtrier, d'autant qu'une preuve l'accable, tandis que les médias s'en mêlent, le rendant coupable aux yeux des habitants de son quartier. Il n'a alors pas d'autre choix que d'enquêter lui-même afin de retrouver le vrai tueur et de prouver ainsi son innocence...
Avec Ryan Phillippe (Sexe Intentions, Souviens-toi... l'été dernier, L'Affaire Lincoln, Damages), KaDee Strickland (Private Practice), Juliette Lewis (Un été à Osage County, Tueurs nés, Une nuit en enfer), Charles S. Dutton (Gothika, Longmire), Clifton Collins Jr. (The Event, Star Trek, Pacific Rim), Natalie Martinez (Under The Dome), Indiana Evans (H2O), Steven Brand...
On déplore souvent le fait que les américains tiennent absolument à faire des remakes de séries anglaises plutôt que de diffuser telle quelle l'originale alors qu'il n'y a même pas la barrière de la langue. On avance souvent l'argument de... la barrière de l'accent, ou bien l'incapacité des américains à se projeter dans une histoire se déroulant ailleurs que dans leur pays. C'est la même chose avec les séries australiennes, même si elles sont moins souvent copiées. En attendant la version US de The Slap sur NBC en 2015, voici Secrets & Lies, le remake américain de la série australienne du même nom diffusée tout récemment, après qu'ABC en ait elle-même commandé sa version ! J'ai tenté une expérience : lire le script et regarder en parallèle l'épisode. Eh bien il n'y a quasiment aucune différence entre les deux !
Il est vrai que les australiens ont un accent fort. Mais de là à être incompréhensibles, non. Le quartier dans lequel le héros de la série australienne et sa famille vivent ressemble à s'y méprendre à une banlieue américaine moyenne, moins enchanteresque que Wisteria Lane, certes, disons plus sauvage, mais tout à fait équivalente. Non, à la limite, ABC a peut-être eu la prétention de se dire qu'avec la même base ils allaient pouvoir faire quelque chose de mieux. Parce que pour tout dire, le pilote made in Australia n'est pas très réussi (et il paraît que la suite est mauvaise). La réalisation est assez banale pour commencer. ABC a engagé de son côté l'un des meilleurs, Charles MacDougall, au CV impressionnant, qui a tout récemment fait des merveilles visuelles sur le pilote de Resurrection. On peut donc s'attendre à une image plus léchée et, peut-être, un pilote qui dégagera un peu plus d'émotion. Et cela est indiscutablement lié à la distribution. Celle de la version australienne n'est pas extraordinaire. Et je ne les juge pas sur leur filmographie, je ne les connais pas, en dehors du héros, Martin Henderson, parce qu'il a joué dans Off The Map il y a quelques années. C'est juste que je ne les ai pas trouvés bons, ou pas bien dirigés. ABC nous propose pour sa part le magnifique Ryan Phillippe, l'excellente KaDee Strickland, la toujours étonnante Juliette Lewis (ici à conre-emploi dans le rôle de la flic) ou encore Charles S. Dutton et Clifton Collins Jr. C'est tout de suite plus prometteur !
Les quelques différences dans l'intrigue à ce stade ne relèvent que de l'anecdotique. L'enquêteur principal est ici une femme, pas un homme. Bon. Quelques courts flashbacks de moments passés joyeux avec la famille de Ben et l'enfant ont été insérés, histoire de soulever une plus grande émotion dans nos petits coeurs. C'est peut-être facile mais ça fonctionne indéniablement mieux. Et puis il y a deux-trois scène qui ont changé d'ordre mais ça n'aucune importance. Le cliffhanger -assez réussi mais sûrement très trompeur- est le même. Si bien que le résultat final sera peut-être meilleur que le pilote original pour toutes les raisons énoncées au paragraphe précédent, mais les faiblesses des intrigues sont toujours les mêmes. Pour les énoncer rapidement : le cliché de la presse qui condamne Ben avant d'avoir une quelconque preuve et qui l'assaille de questions idiotes du style "Did you kill the boy?" (Euuuuuhhhh ? Comme si il allait répondre oui !), ça ne passe vraiment pas, c'est ridicule; les voisins qui, de la même manière, le considèrent directement comme le coupable, peignent en rouge un "Killer" sur les jolies barrières blanches de son jardin et lui jettent limite des pierres sur son passage, ça me gave, c'est d'une subtilité proche de zéro et ça va beaucoup trop vite; l'enquêtrice super intelligente mais aimable comme une porte de prison; la femme du héros qui questionne déjà la culpabilité de son mari... tout ça n'est vraiment pas écrit avec grand talent. L'affaire manque d'ampleur, de mystères... Oh et puis on va le dire parce qu'on le pensera tous : Secrets & Lies passe encore plus mal après la brillante Broadchurch et son histoire pas si lointaine. Pour peu que le Secrets & Lies US soit diffusé après Gracepoint (le Broadchurch US)...
Secrets & Lies US va très certainement voir le jour, ne serait-ce que parce qu'ABC devra payer une "amende" si elle ne commande pas la saison -c'est ce que la signature du projet stipulait- mais il va falloir que ses scénaristes redoublent d'effort pour rendre la série bien meilleure par la suite, plus riche, plus mystérieuse, plus touchante... En l'état, elle n'a rien de spécial, rien qui soit inédit, rien qui puisse nous bouleverser. Pas grand chose à offrir en somme.
Resurrection [Pilot Script]
RESURRECTION (aka FOREVER aka THE RETURNED)
Drama // 42 minutes
Ecrit par Aaron Zelman (Damages, The Killing US). Adapté du roman éponyme à paraître de Jason Mott. Pour Brillstein Entertainment, Plan B & ABC Studios. 57 pages.
Le petit Jacob, un américain de 8 ans, est retrouvé au beau milieu d'un champ en Chine. Un agent du service de l'immigration est chargé de le ramener dans le village d'Aurora où il a grandi. Lorsqu'il frappe à la porte de la maison familiale, ses parents n'en croient pas leurs yeux : leur fils est mort bien des années plus tôt et celui qui se présente à eux lui ressemble pourtant comme deux gouttes d'eau, comme s'il n'avait jamais vieilli. Rapidement, les Garland et leur entourge découvrent que le phénomène est mondial. S'agit-il d'un miracle ou le signe annonciateur de l'apocalypse ?
Avec Omar Epps (Dr House), Kurtwood Smith (That 70s Show), Frances Fisher (Titanic), Matt Craven (NCIS, Justified), Samaire Arsmtrong (Newport Beach, Dirty Sexy Money), Nicholas Gonzales (Newport Beach, Melrose Place 2.0), Mark Hildreth, Devin Kelley...
Alors, The Returned, plagiat éhonté de nos Revenants Français ? On s'est légitimement posé la question en découvrant le projet, dont le pitch de base n'est pas sans rappeler celui de la création de Fabrice Gobert pour Canal +. La réponse est... non ! J'ignore si l'auteur du livre dont ce scénario est adapté a vu ou non la série, mais une chose est sûre : il n'en a pas gardé le meilleur ! On est clairement plus proche des prometteurs 4400, devenus rapidement décevants, qu'autre chose...
Oubliez d'abord l'ambiance intimiste, confinée voire claustrophobique du petit village montagneux à la Twin Peaks. The Returned se déroule essentiellement dans une bourgade américaine de taille moyenne, entourée de grands espaces, mais qui est assez peu décrite par l'auteur. Elle ne semble donc pas être un personnage en soi. Le réalisateur, Charles McDougall (Sex & The City, Desperate Housewives, Big Love) a toute la liberté pour rendre cet endroit plus mystérieux et plus fascinant qu'il ne l'est sur le papier. Et j'aurai tendance à lui faire confiance. Pas de lac articiel ni de barrage impressionnant, mais des champs, une forêt, une rivière et un petit pont de bois. Un endroit qui respire la simplicité en somme, la joie de vivre. En apparence ? Sans doute. Il s'y est évidemment déroulé des événements tragiques, qui nous sont dévoilés par petits morceaux au fur et à mesure du pilote. Comment est mort le petit garçon ? Etait-il tout seul ? A-t-on cherché à l'aider ? Ce que je regrette, et je préfère en parler tout de suite, c'est que l'on ne s'intéresse dans ce premier épisode qu'à un seul revenant : Jacob Garland. Il n'en existe pas encore d'autres à notre connaissance. J'ai peur que l'on s'achemine vers une formule facile un épisode = un nouveau revenant. En attendant, le petit garçon fait évidemment énormément penser à Victor. Lui aussi est muet au départ, mais comme il ne faut pas perdre de temps, il retrouve rapidement l'usage de la parole jusqu'à se confesser en fin d'épisode. La grande scène de retrouvailles n'est pas aussi réussie et subtile (et drôle quelque part !) que celle de Camille et ses parents dans Les Revenants. Mais si les acteurs sont bons, elle pourrait être larmoyante à souhait. De manière générale, il se dégage de toute façon une grande mélancolie de ce script. C'est sans doute ce qui le rend spécial. La série sera-t-elle tout aussi spéciale ?
On perd en authenticité et en caractère lorsque l'on se penche sur les autres personnages, plus caricaturaux. Martin Bellamy, l'agent du service de l'immigration, semble faire office de héros. Il est un peu l'homme ordinaire qui se retrouve confronté, bien malgré lui, à des phénomènes extraordinaires. On nous dit que c'est le hasard qui l'a amené jusqu'à Aurora -le nom de la ville va d'ailleurs changer puisqu'elle porte le même que la ville où une tuerie a eu lieu récemment- mais je suis à peu près sûr que l'on découvrira quelques temps plus tard que tout a été calculé, qu'il a été "choisi". D'ailleurs, sa patronne, Catherine Willis, ne semble pas nette. Fait intéressant et pas si anecdotique que ça : Bellamy est black. Après Scandal (et Deception plus pour très longtemps), cela fait du bien de voir que la télévision américaine fait quelques efforts pour ne pas rester majoritairement "blanche". D'ailleurs, The Returned frappe fort aussi du côté de la moyenne d'âge de ses personnages puisque la moitié d'entre eux ont plus de 50 ans ! Le shérif de la ville, on ne peut plus classique d'ailleurs, a la cinquantaine; les parents de Jacob, la soixantaine; et personne n'a moins de 30 ans ! Il y a aussi un prêtre, d'une quarantaine d'années, qui vient nous bourrer de sous-texte religieux bien peu subtiles dont on se serait volontiers passé. Mais il est louche, alors ça donne de l'espoir pour la suite. Le premier rôle féminin pourrait être attachant. Gail fait partie de la famille Garland, elle a perdu sa mère quand elle était plus jeune. Une mère qui reviendra sans doute la hanter... Elle se rapproche évidemment de Martin au cours de ce premier épisode. Ils finiront ensemble... Vous l'aurez compris, bon nombre de choses sont prévisibles dans les relations entre les personnages. C'est dommage, d'autant que l'aspect mystérieux n'est pas assez accentué à mon goût. Il y a toutefois un personnage étrange et chauve, qui fait furieusement penser à un Observer, pour ajouter un peu de piquant à tout ça !
Le script du pilote de The Returned souffre évidemment grandement de la comparaison avec Les Revenants. Il n'est pas aussi délicat, aussi fascinant, aussi singulier. C'est d'ailleurs la première fois qu'une série française, sur un thème équivalent, fait mieux qu'une série américaine ! C'est historique. Mais en se débarrassant de ces comparaisons, il est évident qu'au même titre que S.H.I.EL.D. ou Gothica, ABC tient là un projet différent, prometteur, qui mérite bien plus de voir le jour qu'un énième cop-show classique ou qu'un soap sans ambition.
Ah, au fait, si vous êtes passé à côté des Revenants (je ne vous félicite pas), ma review garantie 100% sans spoilers vous donnera peut-être envie de leur donner une chance. Ca se passe par ICI.