Ainsi Soient-Ils [Saison 1]
Saison 1, 8 épisodes // 1,2 millions de téléspectateurs en moyenne
Septembre 2011, Paris. Cinq jeunes candidats à la prêtrise sont sur le point de changer radicalement de vie. En entrant au Séminaire des Capucins, ils vont apprendre à suivre la voie de Dieu et devenir ses ministres. D’où viennent-ils ? Quelles expériences de joie, de douleurs ont-ils vécu ? Autant de questions qui hantent le Père Fromenger, directeur légendaire du Séminaire, et son dévoué bras droit, le Père Bosco, lorsqu'ils accueillent José, Raphaël, Yann, Guillaume et Emmanuel dans leur nouveau monde.
En partageant leurs espérances, leurs doutes, leurs épreuves quotidiennes, nous découvrons un monde fascinant, mystérieux, l’Eglise, qui nous mènera jusqu’au Vatican et ses coulisses politiques. Une plongée haletante dans un univers secret.
Pardonnez-moi mon Père, mais j'ai péché. Il ne faut pas jurer, je le sais, mais je vous le jure pourtant : j'étais prêt à défendre de tout mon coeur et de tout mon être Ainsi Soient-Ils, cette nouvelle tentative ô combien honorable d'Arte de relever le niveau de la fiction télé française. Et Dieu sait qu'elle en avait besoin. Je le confesse, le premier épisode, si prometteur, avait fait monter en moi un désir presque inédit. J'en voulais encore. Plus. Tout de suite. Rapidement, alors que je soulageais mes envies grâce aux épisodes suivants, le doute a commencé à m'habiter. Puis le doute a fait place à la colère. Et la colère à la résilience. Ainsi Soient-Ils n'est pas le bijou que j'attendais, pas la série magistrale que j'espérais. Mais elle a le mérite d'exister, elle. Elle a réussi occasionnellement à me faire vibrer, c'est vrai. Et je suis prêt à lui pardonner ses péchés. Mais laissez-moi d'abord vous les exposer.
En préambule, par souci d'honnêteté, je me dois bien entendu de rappeller combien il était casse-gueule et osé de se lancer sur un tel sujet, et combien il était risqué pour la chaîne et les producteurs de faire ce pari, qu'ils ont d'ailleurs réussi audimatiquement parlant grâce à une promotion efficace. Si la série est si fascinante dans ses premiers instants, c'est parce qu'elle nous raconte une histoire, des histoires devrais-je dire, singulières et inédites. Elle nous fait entrer dans un monde qui nous est étranger, qui répond à des codes bien spécifiques qu'il faut apprivoiser, mais jamais elle ne nous prend de haut. Elle nous accompagne dans cette découverte, nous prend la main et nous ouvre son coeur. De tous les parcours qu'elle nous propose de suivre, celui d'Etienne Fromenger, le Père en chef du Séminaire des Capucins, est le plus abouti et le plus puissant, jusque dans les dernières minutes du dernier épisode. C'est le moins manichéen aussi. Cet homme de foi n'est pas un Saint. Il a fait des erreurs par le passé et il en paye plus que jamais le prix aujourd'hui. Il est orgueilleux, certes, mais il est terriblement attachant. S'il ne fallait retenir qu'une prestation dans Ainsi Soient-ils, ce serait celle de Jean-Luc Bideau, naturellement charismatique malgré un sens du dramatique dans la voix un peu trop poussé. Son acolyte et second, le Père Bosco, devenu progressivement un traître, n'a pas tenu toutes ses promesses mais s'est transformé en un antagoniste de choix, détestable parfois, rongé tant par la maladie que par l'ambition et l'arrogance. Le ciel semblait sans cesse lui tomber sur la tête, d'où un sentiment de lourdeur procuré par l'interprétation de Thierry Gimenez, trop théâtrale. Le Père Cheminade, le professeur d'hébreux, est la caution comique au sein du Séminaire. On le voit peu mais il est toujours de bon conseil. La soeur Antonietta, seule présence féminine, aurait mérité qu'on lui accorde un plus grand rôle. Elle se contente ici de dire quelques âneries de temps en temps et elle s'acharne à ne pas exister. Le tableau des "adultes" est complété par l'incroyable Michel Duchaussoy -mort depuis et qui manquera énormément à la saison 2- dans le rôle de l'éminent Monseigneur Roman, le représentant des évêques de l'Eglise de France honoré par le Pape, qui a pris pour cible Fromenger. Leurs face à face, rares, sont toujours très intenses. Le premier est d'ailleurs le point culminant du premier épisode, comme le dernier celui du dernier épisode. J'aime à dire que Duchaussoy est à Ainsi Soient-Ils ce que Maggie Smith est à Downton Abbey. Ses apparitions se ressemblent mais sont toujours jouissives. Ce sont deux vieilles peaux remplies de haine qui ne manquent d'humour en aucune circonstance. Mais, au-delà de ça, il est le point d'entrée vers la partie la plus ambitieuse de la série, curieusement la plus réussie et sans aucun doute la plus fascinante aussi, celle qui nous entraîne dans les arcanes du pouvoir religieux, de Paris jusqu'à Rome. Lors de ces passages-là, la série atteint des sommets, même si tout n'est pas toujours limpide et qu'il manque aux non-initiés comme moi quelques clés pour comprendre tous les tenants et tous les aboutissants.
Mais la raison d'être de la série, son argument le plus commercial, son attrait principal auprès des jeunes et ce qui m'avait personnellement le plus intrigué dès que le projet a été annoncé, est malheureusement son plus grand échec. C'est du parcours de ces cinq candidats à la prêtrise que j'imaginais le plus d'émotion et le plus de profondeur. Ma déception est à la hauteur de mes attentes. Les scénaristes n'ont pas réussi à rendre ces héros aussi attachants qu'ils auraient dû l'être. Ils ne sont pas parvenus à en faire des personnages complexes. La plupart d'entre eux se réduisent à une problèmatique basique, qui n'est jamais dépassée ni transcendée. Ainsi, Yann, le scout breton prude et naïf restera tout du long... prude et naïf. J'ai cependant beaucoup de sympathie pour lui. Sa sensibilité m'a touché. Et ses passages "musicaux" étaient divertissants, tout comme nombre de ses répliques. La chanson "Mademoiselle ne pense qu'à mon cul (...)" trotte encore régulièrement dans ma tête. Une sorte de plaisir coupable... José, l'ex-taulard en plein repenti, m'a séduit grâce au jeu de Samuel Jouy, de loin le plus juste de la bande. Toutefois, le personnage s'est perdu sur la fin de la saison dans cette histoire de sans-papiers guère passionnante et clichée, dont les enjeux ont été mal définis dès le départ et qui n'a réussi que dans la dernière ligne droite à susciter un quelconque intérêt. Mais c'était déjà trop tard. Il méritait mieux, c'est certain. Heureusement, la façon dont la saison se termine pour lui est particulièrement réussie. José a souvent été associé à Raphaël, en jouant sur une opposition riche/pauvre facile et stérile. Mais il s'agit probablement des deux seuls personnages dont il ressort une amitié crédible au bout du compte. Le groupe est finalement assez peu souvent réuni, sauf dans le très bon épisode de noël, et quand ils le sont, ça sonne un peu faux. Je pense notamment aux scènes chez Guillaume, tôt dans la saison, qui voulaient nous imposer une amitié qui ne pouvait pas déjà exister après si peu de temps. De la même manière, et c'est certainement le plus gros raté de la saison, l'histoire d'amour entre Guillaume et Emmanuel sort de nulle part dans le 5ème épisode. Dès le 6ème, Emmanuel assure même que Guillaume est la personne qu'il aime le plus au monde ! C'est proprement hallucinant. David Baïot, dont le jeu est déjà très fragile en temps normal, n'est absolument pas convaincant dans les moments d'intimité entre les deux personnages. La chasteté de ces passages est d'ailleurs regrettable. Le contraste entre l'engagement des deux garçons auprès de Dieu et des scènes de sexe aurait été du plus bel effet et aurait donné bien plus de force à l'intrigue. Bref, on ne croit pas du tout à leur histoire. J'en suis extrêmement déçu. On notera que Guillaume, en dehors d'Emmanuel, est en plus relativement inexistant. Je termine par Raphaël, un personnage qui me plaisait bien au départ, mais dont l'héritage familiale a pris beaucoup plus de place qu'il ne fallait. Le suicide de son frère était une excellente idée -très mal mise en scène en revanche- et a permis de provisoirement relancer l'intrigue mais l'ennui a vite repris sa place. Je retiens quand même la prestation très correcte de Clément Roussier (même s'il me fait vraiment trop penser à Patrick Bruel quand il était jeune, y compris dans la voix). En fait, je pense que la série aurait vraiment gagné à se structurer différemment en consacrant un épisode à un personnage, éventuellement en faisant appel à des flashbacks, et en intégrant les autres séminaristes au récit. C'était le seul moyen d'approfondir chaque portrait et d'atteindre, peut-être, ce but : nous expliquer comment ils en sont arrivés là, pourquoi ils ont choisi d'entrer au Séminaire. Car, au fond, au terme de la première saison, je ne le sais toujours pas (sauf dans le cas d'Emmanuel, qui dit lui même avoir inconsciemment cherché à se cacher) et ça me chagrine.
// Bilan // Ainsi Soient-Ils a beau être indiscutablement l'une des séries françaises les plus réussies de ces dernières années -plus ambitieuse sur le fond que sur la forme- elle est loin, très loin, d'être divinement parfaite. On rêvait d'un chef d'oeuvre, on a eu le croquis de ce qui aurait pu en être un.
Qu'il en soit ainsi. Amen.
Tueurs En Séries [Spéciale Comic Con US]
Au sommaire : "Bonne chance Charlie", "Falling Skies" et "Teen Wolf" renouvelées - Joe Manganiello tease le final de "True Blood" - Les nouveaux de "Games Of Thrones" - Joel McHale dans "Sons Of Anarchy" - "Eureka" c'est fini - On répond à vos questions : "How I Met Your Mother", "Homeland" - La bande-annonce de la websérie caféinée de Jerry Seinfeld - Les meilleurs moments du Comic-Con américain de San Diego : The Walking Dead, Fringe, Revolution, 666 Park Avenue, Arrow, Firefly... - Les premières images de "Ainsi soient-ils", le nouveau drama d'Arte...
Xanadu [Interview de Phil Hollyday]
Phil Hollyday est un vrai acteur porno qui joue... un acteur porno nommé Brendon Hard On dans Xanadu. J'ai pu lui rencontrer et lui poser quelques questions sur la série bien sûr, mais aussi sur l'état du monde du porno aujourd'hui. Et il n'est pas tendre à ce sujet...
Xanadu [Interviews]
Si vous avez envie de pénétrer plus en profondeur dans l'univers de la série Xanadu, je vous laisse découvrir un reportage que j'ai réalisé en compagnie des principaux acteurs de la série (dont Julien Boisselier), la scénariste Séverine Bosschem et le réalisateur Podz. X comme Xanadu, A comme Arte, N comme Nudité, A comme Avenir de la fiction française, D comme Dorcel (Marc), U comme Unique.
Xanadu [Saison 1]
Depuis 35 ans dans l’entreprise Xanadu, pornographie et famille cohabitent dans le même lieu sans jamais se téléscoper : au rez-de-chaussée du manoir, l’entreprise de production de films X, et dans les étages la famille Valadine. Mais alors qu’on célèbre la mémoire d’Elise Jess, pornostar fulgurante des années 1980 et épouse du patriarche Alex Valadine, un accident tragique change la donne. La page libertaire se tourne, Xanadu peine à prendre le virage du XXIème siècle et la famille ne dissimule plus ses fêlures. Alex laissera-t-il enfin ses enfants prendre le relais ?
Pourquoi les meilleures séries françaises à l'heure actuelle sont celles qui parlent de cul, de près ou de loin ? Hard, c'est drôle. Pigalle, c'est envoûtant. Xanadu, c'est fascinant. Maison Close, hum... c'est l'exception qui confirme la règle. Le sexe ayant toujours été le nerf de la guerre, Canal + et maintenant Arte ont bien compris qu'une paire de fesses par-ci, un bout de sein par-là, ça attirait le regard et ça assurait un minimum de presse sans faire trop d'effort. Pour le reste, il suffit de faire confiance aux bons scénaristes et aux bons réalisateurs. Là-dessus, Haut et Court, qui produit la série, a fait un pari fou : associer une scénariste de Coeur Océan (Séverine Bosschem) à un réalisateur du Loup-Garou du Campus (Podz). Et la magie a opéré ! Bon, si j'étais parfaitement honnête, je préciserai que la première a aussi travaillé sur Reporters et le second sur Minuit le soir. Là, déjà, on se sent plus en confiance. Alors oui, Xanadu ça parle de sexe et ça en montre, mais pas que(ue).
Petits coquins et/ou pervers bien décidés à se rincer l'oeil devant la série, soyez prévenus : vous ne ressortirez certainement pas du visionnage de cette première saison émoustillés voire excités. Déprimés ? C'est bien plus probable ! Et si vous êtes vraiment sensibles, éloignez vous des cordes, des boîtes de somnifères et des rasoirs : Xanadu, c'est un voyage au bout de l'enfer. La vision de la pornographie qui est ici présentée est tout sauf optimiste. Je crois même qu'il n'y a RIEN de positif. Dans cet univers singulièrement trash et glauque, la violence est reine et se décline sous toutes ses formes : elle est physique, sexuelle, morale et psychologique. Au détour d'un épisode, vous assisterez à un viol, ou deux, ou trois, à une fusillade (et la scène est intense et choquante), à une tentative de noyade dans un bol de céréales (et pourquoi pas ?) et à tant d'autres événements que je vous laisse le soin de découvrir et d'apprécier si vous avez le coeur bien accroché. Chaque personnage est dans une impasse où l'espoir est permis mais illusoire. Certains sont résignés, d'autres y croient encore. A la question "Sont-ils attachants au moins ?", je répondrais que oui, ils le sont. Pas tous et pas tout le temps mais nombre d'entre eux et souvent. Je crois qu'il n'y a qu'Alex Valadine le patriarche autoritaire et borné qui m'est sorti par les yeux du début à la fin. Il en fallait bien un. Le personnage de Julien Boisselier est sans doute l'un des plus intéressants car il est celui qui offre à la série une dimension onirique et une certaine folie, dans tous les sens du terme. Laurent, qui aurait pu et dû être le héros, est malheureusement rapidement étouffé par les autres. C'est d'ailleurs un des plus grands défauts de la série : ils sont trop nombreux. Cela ne les empêche pas d'être pourvus de portraits approfondis dans la plupart des cas où chacun a son heure de gloire, mais leurs apparitions/disparitions à répétition sont décourageantes et frustantes. Je pense notamment à Brandon Hard On (fallait y penser !), très présent dans les premiers épisodes avant de disparaître sans explications puis revenir de manière anecdotique. Je ne vais pas vous parler de chacun d'entre eux mais sachez qu'il existe un mini fil-rouge, pas très passionnant, autour de la disparue et très regrettée Elise Jess. Et je tenais à mentionner le personnage de Vanessa Body, incarné par Vanessa Demouy, qui apporte un peu de comédie bienvenue lors de son arrivée, avant de sombrer, lui aussi, dans les noirceurs de l'âme.
La proposition visuelle de Xanadu est unique, remplie de flous artistiques, qui perturbent au premier abord mais auxquels on s'habitue finalement, et de gros plans sur les corps et sur les visages qui étouffent, qui opressent mais qui s'accordent parfaitement au propos. Le montage, est, pour moi, la plus grande réussite de la série. Il est complexe, il est touffu mais il donne un rythme qui permet de ne jamais s'ennuyer, même quand il ne se passe pas grand chose. Les musiques sont sublimes et soulignent les émotions avec sobriété. Les dialogues manquent peut-être d'un peu de mordant, mais ils tiennent la route. Au-delà donc de son scénario parfois inégal et brouillon, Xanadu a su créer son identité propre en ne s'interdisant rien, sans jamais se censurer. Elle ne ressemble à aucune autre série, française mais même anglaise ou américaine.
Xanadu, c'est un peu la Mylène Farmer de la télévision : elle pourrait être réduite à ses allures provocantes et sa mine et sa chair tristes, très tristes, mais ce serait nier sa sensibilité exarcerbée et sa profondeur immense.
La chaude bande-annonce :
[Interview] Sonia Rolland est "Invincible"
L'ancienne héroïne de "Lea Parker" a rejoint l'équipe des "Invincibles" saison 2 dans le rôle de Vanessa. Présentations...
Les Invincibles [Interview]
Rencontre avec les héros des Invincibles, qui évoquent la saison 2 (celle de la maturité ?), l'arrivée de Sonia Rolland et l'amitié de manière générale... Sympa les gars !
Les Invincibles [Saison 2]
Un an a passé depuis le mariage avorté entre Cathy et Hassan. Le départ brutal de ce dernier en pleine cérémonie est encore sur toutes les lèvres. Personne ne l'a vu depuis. Où est-il parti ? Malgré ce lourd mystère, pour les trois autres Invincibles, la vie continue. Fx s'apprête à quitter le nid familial pour enfin voler de ses propres ailes. Mano, employé précaire, espère encore avoir du succès avec son groupe de rock. Vince, toujours confus quant à son orientation sexuelle, présente des signes de dépression avancée. L'amitié entre nos trois amis est effritée : leurs rencontres sont moins fréquentes, leurs rares discussions moins animées. L'ennui s'est installé. Mais Hassan pourrait réapparaître et bouleverser tout cela...
Les Invincibles sont de retour, un peu moins d'un an après la diffusion de la saison 1. Autant dire qu'on est là face à un exploit en matière de fiction française. Si saison 3 il y a, l'écriture étant terminée, on peut espérer la découvrir en Février 2012. Elle sera logiquement la dernière, la série originale québecoise ayant été pensée comme un tryptique. Après avoir vu les huit épisodes de cette saison 2, qui commence ce soir sur Arte, je dois reconnaître avec un peu de tristesse que Les Invincibles sont moins en forme. La logique voulait que les personnages murissent après leurs multiples péripéties en saison 1, et la logique a été respectée. Ils on tous appris de leurs erreurs, ce qui ne les empêchent pas d'en commettre d'autres, et ils sont tous bien décidés à reprendre leur vie en main malgré les embûches. Cette détermination fait plaisir à voir... au début. Et puis on commence à ne plus vraiment les reconnaître, ces quatre héros qui nous ont amusés et attendris.
Le Rallye Du Bonheur, qui remplace le Pacte, a pour effet de les rendre moins fun. C'est un premier problème étant donné que la série repose beaucoup sur l'humour à la base, sans tomber forcément dans le facile, le burlesque ou le vulgaire. On rit moins souvent. Ensuite, les situations dans lesquelles les personnages se retrouvent ne sont pas vraiment inspirées. Celle de Mano a le mérite d'être amusante mais les scénaristes ne sont pas allés jusqu'au bout de leur délire. Toute la partie consacrée à la recherche de son père n'est pas réussie, voire même ridicule par moment. L'émotion et le décalé font rarement bon ménage. Le pari était trop grand. Le cas Vince est, comme lors de la première saison, le plus intéressant. Sa dépression et sa quête d'idendité sexuelle sont des thèmes originaux assez bien traités. Ce qui l'est moins, c'est son attachement pour un gamin maltraité qui ne vaut que pour sa rencontre avec la maîtresse, qui lui ouvre momentanément de nouveaux horizons. Sans trop en dire, le clin d'oeil final m'a rassuré. Il n'a pas fini de se chercher... Chez FX, l'arrivée de Sonia Rolland fait son effet. La comédienne est plutôt à l'aise et surprenante dans son rôle de la fille parfaite. Elle vole même un peu la vedette à son copain, dans l'intrigue certes, c'est tout l'objet de sa présence, mais dans la série aussi. Malheureusement, les scénaristes sont partis sur autre chose en cours de route. La fin de saison n'est pas glorieuse pour FX. Son père s'en sort même mieux ! Le dynamisme de Gisèle (Clémentine Célarié) manque quand même un peu. Du coté de Hassan en revanche, c'est vraiment réussi. On a beau dire que la série tourne autour de quatre personnages, elle est centrée avant tout sur lui. Pas un hasard s'il cloture cette année encore la saison (dans un style très Lostien d'ailleurs, ce que je vois comme un énorme clin d'oeil mais je suis obsédé en même temps). "Cathy Casse-Couilles", incarnée par l'excellente Marie-Eve Perron, est trop peu présente même si ça s'arrange au fil des épisodes, mais l'intrigue avec l'autre femme de la vie de Hassan tire davantage sur la corde sensible et s'avère très touchante parfois. Surtout une des dernières scènes de l'épisode 8 qui m'a mis les larmes aux yeux. C'est ça qui est bien avec le personnage de Hassan : il offre une palette complète d'émotions. Ce qui n'est plus tellement le cas de ses trois acolytes.
Je ne voudrais pas paraître trop négatif non plus, même si je suis dans l'obligation de rajouter que l'enjeu de la saison, à savoir le voyage à Punta Cana, n'est finalement pas assez fort pour tenir sur la longueur. Je trouvais pourtant l'idée séduisante au départ. Alors laissez-moi vous rappeler en premier lieu que Les Invincibles correspond à l'heure actuelle à ce que l'on fait de mieux en France en matière de série divertissante et moderne. Je vois déjà au loin les fans de Fais pas ci, fais pas ça me sauter dessus : moi j'adhère pas tellement mais oui, c'est très bien aussi. Ensuite, les acteurs sont toujours très bons. Il se dégage de la série un certain réalisme au sujet de la crise de la trentaine et la mélancolie qui peut la traverser. La bande-son est toujours au top. La réalisation est sympathique. Les scènes d'interviews ne sont toujours pas clairement justifiées dans le récit mais elles sont en général efficaces. Il y a eu un beau boulot de fait du coté du département graphique des passages animés. Les acteurs sont plus reconnaissables et les textes un peu moins obscurs. Ca reste un gadget et je suis toujours tenté de faire avance-rapide dans ces moments-là. Rien n'y fait, ça ne me parle pas. Et puis mince, ces quatre mecs ont beau nous agacer parfois, ils sont terriblement attachants et on a envie de les suivre dans leurs aventures encore plus longtemps. Je dirais qu'au final, c'est ce qui compte vraiment. Tant pis pour les faiblesses et les voies sans issue. Les Invincibles n'ont pas dit leur dernier mot !
[DNES Awards 2009/2010] Meilleure Série Francophone
La France est toujours à la traîne en matière de séries (et dans bien d'autres domaines d'ailleurs), mais cette année fut tout de même bien meilleure que les précédentes avec quelques productions de qualité. Elles méritaient donc bien une catégorie à elles ! Et si vous ne les avez pas vues, shame on you. Never Too Late !
Dans la catégorie "Meilleure série francophone" de la saison 2009/2010, les nommées sont : Braquo (Canal +), Engrenages (Canal +), Kaamelott (M6), Les Bleus (M6), Les Invincibles (Arte) et Pigalle, La Nuit (Canal +).
Elles ne méritaient vraiment pas d'être nommées : euh... j'ai la flemme de faire la liste, vue sa longueur évidente !
Elles n'ont pas démérité : Un Village Français (France 3), Hero Corp (France 4), L'Internat (M6), Les Bougons (M6).
Les Invincibles [Saison 1]
En reviewant il y a quelques mois Pigalle La Nuit, la divine, l'enivrante, j'avais promis de vous parler des Invincibles, la nouvelle série d'Arte. Ca a mis plus de temps que prévu par pure paresse mais nous y voilà. La série est lancée demain à 22h15, vous n'avez pas pu rater les affiches dans les gares, dans le métro; les pubs sur internet, dans les magazines et même au cinéma, et j'ai deux-trois choses à vous dire à son sujet, la première étant : tentez l'aventure, vous ne le regretterez pas !
Les Invincibles, c'est l'histoire de Hassan, FX, Vince et Mano, quatre amis d'enfance, qui voient la trentaine frapper à leur porte. Ils sont hantés par un terrible constat : ne pas avoir profité assez de la récréation. Et si les quatre amis se donnaient la permission de vivre une cure d'irresponsabilité, d'immaturité et de conquêtes amoureuses ? Ils décident alors de signer un pacte : ils ont quelques heures pour quitter leurs copines respectives et s'offrir la grande vie ! Evidemment, tout ne se passera pas aussi simplement que prévu...
Je tiens d'abord à dissiper tous soupçons : ce n'est pas parce que la série est produite et diffusée par Arte qu'elle est élitiste, ultra-intellectuelle et chiante. Je suis sûr que certains se sont faits cette réflexion. Je dirais même qu'elle est bien plus grand public que les séries de Canal. Que ce soit au niveau de l'écriture ou de réalisation, il n'y a rien de pompeux, au contraire. On joue la carte de la simplicité tout en ajoutant quelques éléments "originaux" pour une série française. Fais pas ci fais pas ça l'a fait avant mais les épisodes sont ponctués d'interviews face caméra des personnages, parfois seuls, parfois à deux, à trois... C'est un peu perturbant dans le premier épisode puis on s'y fait et cela devient finalement un atout utilisé avec parcimonie. Deuxième originalité, certainement pour donner un coté un peu geek à l'ensemble : le personnage d'Hassan dessine ses amis sous forme de super-héros (Les Invincibles, d'où le titre de la série) et cela sert d'introduction animée aux épisodes, de conclusion aussi, et parfois d'intermédes. C'est plutôt amusant mais pas indispensable. A noter également que la série a été tournée dans la ville de Strasbourg et sa banlieue. Ca change de Paris ou de la côte d'Azur, ça donne un cachet peut-être plus réaliste. Quant à la bande-son, elle est excellente, très tournée rock alternatif et pop/rock (le personnage de Mano chante dans un groupe). Ce sont souvent les mêmes morceaux qui reviennent pour faire des économies en droits d'auteur mais ça donne du rythme, ce n'est jamais assourdissant, ça souligne parfois les émotions et ça contribue même à la tendance un peu mélancolique de la série.
La grande force de la série, c'est évidemment ses personnages infinement attachants et de plus en plus au fil des 8 épisodes que compte la première saison. Ma crainte initiale était qu'ils soient tous des caricatures de losers mais point du tout ! J'ai particulièrement accroché au personnage de Vince parce que je trouve que c'est le plus sympathique et le plus intéressant sur la longueur, d'autant qu'il est plein de surprises, mais ils ont tous quelque chose. Les acteurs sont bons, ils n'en font jamais trop et la complicité est flagrante à l'écran. Pas la peine de s'attarder sur leurs CV respectifs, il n'ont rien d'étourdissants. Quasi-inconnus, ils ont tous beaucoup de talent et je suis sûr que certains perceront que la série marche ou non. Surtout Cedric Ben Abdallah. Coté personnages secondaires, les producteurs ont fait appel à pas mal de têtes connues parmi lesquelles celles de Clémentine Célarié (excellente comme d'habitude), Lou Doillon (meilleure que d'habitude), Jackie Berroyer, François Rollin... et une actrice que je ne connaissais pas, qui s'est surtout illustrée dans le doublage, et qui est absolument géniale : Marie-Eve Perron. Elle interpréte "Cathy Casse-Couilles" et chacune de ses apparitions est un bonheur malgré l'hystérie qui l'habite. Car si je vous ai parlé de mélancolie, Les Invincibles c'est avant tout une comédie. On ne rit pas forcément à gorge déployée et il ne s'agit pas d'une suite de gags mais le burlesque et les quiproquos sont souvent de mise, surtout à travers le personnage d'Hassan qui, sans trahir de secrets, ment à ses amis et ne respecte pas du tout le Pacte. Ca va forcément le conduire à des situations pas possibles très drôles...
En bref, Les Invincibles réussit là où toutes les autres séries françaises ont échoué jusqu'ici, même celles de Canal (trop élitistes) : être grand public sans être facile et/ou ringarde ! Elle est extrêmement morderne, originale par bien des aspects et en même temps très simple et attachante. Une saison 2 de 8 épisodes a d'ores et déjà été tournée pour une diffusion probable début 2011. Une saison 3 est en cours d'écriture mais elle ne verra le jour que si les audiences sont à la hauteur des espérances (pas si élevées mais un peu quand même vu toute la promo qui a été faite ces dernières semaines). Comme souvent lorsque je daigne écrire ici un article sur une série française, je ne peux que vous conseiller de regarder au moins les deux premiers épisodes. Logiquement, ça devrait vous plaire, au moins un tout petit peu !
// Bonus // Si l'envie de découvrir la série est trop forte, le premier épisode est déjà visionnable en ligne gratuitement ! (mais attention, seulement jusqu'à la diffusion ce soir à 22h20).