Pigalle, la nuit [Saison 1]
De quoi ça parle ?
Ce qui ne devait être qu'un simple voyage d'affaires à Paris se transforme en enfer pour Thomas, un français qui vit à Londres et qui, dans un club de strip-tease, reconnaît sous les traits d'une danseuse sa soeur Emma. Elle s'évanouit dans la nature avant même qu'il ne puisse lui parler. Parti à sa recherche, il va s'enfoncer dans les méandres d'un Pigalle sulfureux et violent dont nul ne peut sortir indemne...
Alors ?
Oubliez tous vos préjugés : Pigalle, La Nuit réussit là où toutes les autres séries françaises ont toujours échoué. De mémoire de sériphage, je n'ai jamais ressenti une telle implication et un tel plaisir face à une série française. Je dois avouer que je ne me suis pas vraiment penché sur les créations de Canal Plus, d'abord parce que je ne possède tout simplement pas la chaîne, ensuite parce qu'un univers comme celui d'Engrenages ou de Braquo ne m'a jamais attiré, à tort ou à raison. Dans Pigalle, pas de flics. L'intrigue au coeur de la série (la disparition d'une strip-teaseuse) aurait pu amener une enquête policière classique mais les scénaristes, Hervé Hadmar et Marc Herpoux (Les Oubliées), ont choisi d'emprunter un sentier beaucoup moins emprunté et beaucoup plus sombre...
Avez-vous déjà vu une série française avec une ambiance soignée, à la fois fascinante et inquiétante ? Probablement pas. Pigalle, La Nuit s'ancre d'abord dans la réalité d'un quartier, qui en fait même son personnage central, comme un monstre qui avale inéxorablement ses proies, des âmes les plus naîves aux âmes les plus tourmentées. Le réalisateur a choisi de tourner la série dans l'effervescence véritable du quartier, allant jusqu'à filmer ses personnages au milieu de la foule de touristes et de badauds. L'impression de réalisme est parfaitement saisissante. A travers un personnage dont on sait peu de choses (même arrivé à l'épisode six), plusieurs scènes oniriques absolument superbes offrent un autre point de vue sur Pigalle, plus fantasque, plus mystérieux, plus fascinant encore. Elles m'ont fait penser dans l'esprit à Eyes Wide Shut de Kubrick. Le travail sur les couleurs est très réussi, même si le quartier offre naturellement une certaine diversité de ce point de vue grâce aux néons rouges et bleus des sex-shops.
Avez-vous déjà vu une série française véritablement passionnante, qui vous ferait tuer père et mère pour voir l'épisode suivant tout de suite ? Probablement pas. Grâce à ses multiples intrigues et ses nombreux personnages, Pigalle réussit à maintenir l'intérêt tout au long des huit épisodes qui composent sa 1ère saison, sans temps mort (quoique l'épisode 3 a ses faiblesses) et sans prévisibilité. On se lie rapidement aux personnages, certains ne se dévoilent que petit à petit tandis que d'autres sont très présents au départ puis savent s'effacer le moment venu. Le suspense est toujours au rendez-vous et certaines scènes sont extrêmement prenantes, deux m'ont d'ailleurs pas mal marqué quand j'y repense. Une d'elles se passe en dehors de Pigalle, dans une forêt... Je n'en dis pas plus mais c'est quelque chose ! Et puis je me dois de le caser quelque part : pour ceux qui s'attendent à voir une série où il y a beaucoup de sexe, je vous arrête tout de suite : ce n'est pas le propos de la série, et quand bien même il y a quelques scènes chaudes, elles ne sont jamais vulgaires ni gratuites.
Avez-vous déjà vu une série françaises où tous les acteurs sont impeccables et où tous les dialogues sonnent justes ? Probablement pas non plus. Le casting est impressionnant sur le papier car des acteurs comme Jalil Lespert, Simon Abkarian ou Catherine Mouchet sont rares à la télévision et n'ont plus rien à prouver de leur talent. Mais d'autres acteurs moins connus ou débutants livrent des prestations parfaites. Je pense en particulier à Sara Martins dont le personnage, Fleur, est devenue peu à peu mon préféré; ou encore à Armelle Deutsch, peu présente du fait de son rôle (celui de la disparue) mais qui fascine par sa beauté et son mystère à chacune de ses apparitions. Il n'y a pas vraiment de seconds rôles car la plupart des personnages sortent à un moment donné de l'ombre. Ils cachent tous des secrets et des souffrances et leurs coeurs battent au rythme de celui du quartier, jusqu'à ce que d'ailleurs certains cessent de battre...
Verdict ?
Pigalle, La Nuit fait partie de ces quelques rares séries qui donnent de l'espoir en la fiction française, en alliant le fond et la forme. Ses créateurs ont tout compris et ne cherchent jamais à copier les américains même si l'on sent comme une inspiration Twin Peaksienne au loin. L'atmosphère unique et fascinante est là, les intrigues passionnantes et complexes sont là aussi et les acteurs donnent le meilleur d'eux-même en campant des personnages inédits à la télévision française, qui peuvent être les pires salauds et être attachants et qui peuvent multiplier les erreurs mais en qui on a envie d'accorder notre confiance quand même. Je pourrais parler pendant des heures de cette série qu'il serait un crime de ne pas regarder, que ce soit en direct sur Canal Plus à partir de ce soir ou plus tard en DVD. J'espère vous avoir convaincu...
// Bonus // Je vous invite à découvrir la série en images et à travers quelques extraits d'interviews dans l'émission Tueurs En Séries d'AlloCiné de cette semaine !
Un Village Français [2x 05 & 2x 06]
Danger de Mort // Le Coup de Grâce
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A l'occasion des deux derniers épisodes de sa saison 2, Un Village Français relève enfin le niveau ! Il n'est jamais trop tard. Je félicite d'abord les scénaristes pour avoir eu l'idée de génie de ne pas y faire figurer l'institutrice stupide. Hormis une apparition furtive dans le premier épisode, elle est aux abonnés absents pour le bien de tous. Ceci dit, ça tombe au moment où son intrigue avec l'officier allemand devenait presque intéressante. Ils auraient pu choisir un autre moment. Jean aussi est absent et, pour le coup, c'est plus préjudiciable. Normal, c'est le personnage que je préfère avec Hortense. Elle même n'est pas très présente à part à la fin du 2ème épisode où elle fait bien comprendre à son médecin de mari qu'elle lui en veut terriblement. De manière générale, la tendance est à la rebellion et ça fait du bien. Les personnages paraissent tout de suite moins lisses, un reproche que je leur ai beaucoup fait par le passé. C'était particulièrement intéressant du coté du triangle amoureux Marie/Lorrain/Raymond. Je ne m'attendais pas à ce que Lorrain réagisse aussi violemment, au point de quasiment pendre son rivale dans la grange ! Malheureusement, le flic est arrivé au bon moment et a sauvé la peau de Raymond. Cela aurait fait un peu trop pour la ménagère de France 3. Elle a déjà dû être assez bouleversée comme ça par toutes ces histoires d'amour contrariées et souvent impossibles. Mais, sans rigoler, cette intrigue a été vraiment bien menée et nous a offert les meilleurs moments d'action de la série. Elle prouve ainsi qu'elle est capable d'être prenante. Il faudrait maintenant que ça ne soit pas que réservé aux derniers épisodes de saison. A la fin de l'épisode 5, on a même eu droit à un vrai beau cliffhanger ! Croyez-vous ça ?
Deux autres intrigues ont su tirer leur éplingle du jeu : celle avec les enfants dans Danger de mort. C'était gentillet mais ça apportait un peu de fraîcheur et d'humour à la série. Puis c'est bien de ne pas oublier que l'occupation a été aussi vécue à travers les yeux des petits français de l'époque. J'aime beaucoup l'ivrogne que le petit Schwartz a pour mère. L'actrice (Emmanuelle Bach) est bonne et elle fait partie des quelques personnages qui ont un mauvais fond, trop rares. L'autre intrigue que j'ai aimé, ou plutôt l'autre personnage que j'ai aimé, c'est celui de la prostituée interprétée par Armelle Deutsch. Enfin une actrice dont les répliques sonnaient juste ! Mais je suis un peu méchant : Audrey Fleurot est bonne aussi, Nade Dieu a fini par me convaincre après des débuts laborieux. Toujours est-il qu'Armelle Deutsch est au-dessus du lot. Dommage que son personnage meure. Elle était attachante. La toute fin du dernier épisode de la saison (je ne ferai pas l'affront d'utiliser le terme Season Finale !) manque d'un petit quelque chose qui donne envie de revenir. On aurait aimé que plus de personnages se retrouvent dans une impasse, et on aurait tout simplement aimé en revoir certains que l'on a quitté au beau milieu d'une intrigue. Cela fait un peu brouillon.
// Bilan // Un Village Français ne tient absolument pas ses promesses et se révèle être une simple saga à la française, comme il y en a eu tant. La seule différence, c'est que c'est une saga qui dure un peu plus que le temps d'un été. Une fois que l'on a accepté cela, on peut éventuellement y trouver un certain plaisir. La saison 2 est globalement moins bonne que la saison 1 mais le dernier épisode est le meilleur de la série à ce jour. Vais-je regarder la suite ? J'aurai tendance à répondre non aujourd'hui car je ne me suis pas assez attaché aux personnages. Mais d'ici à ce que la saison 3 arrive, j'aurai peut-être retrouvé un début d'excitation qui sait (et j'aurai oublié à quel point certains épisodes ont pu être ennuyeux) ?