Unbreakable Kimmy Schmidt [Pilot Script]
UNBREAKABLE KIMMY SCHMIDT (aka TOOKEN)
Comédie (Single-Camera) // 22 minutes
Ecrit et produit par Robert Carlock (Friends, Joey, 30 Rock, Saturday Night Live) & Tina Fey (30 Rock, Saturday Night Live, Lolita Malgré Moi). Co-produit David Miner (30 Rock, Brooklyn Nine-Nine, Parks And Recreation). Réalisé par Tristram Shapeero (Community, Parks And Recreation). 13 épisodes commandés. Pour NBC, Universal Television & Little Stranger. 39 pages.
Kidnappée lorsqu'elle était adolescente, Kimmy a passé 15 ans au sein d'une secte, entourée de quatre autres filles de son âge, en pensant qu'elle était l'une des seules survivantes de l'Apocalypse. Le jour où elle est enfin libérée, c'est un tout nouveau monde qui s'ouvre à elle, rempli d'infinis possibilités. Devant ses yeux innocents et éblouis, New York lui semble gigantesque et c'est là qu'elle est bien décidée à refaire sa vie, même si elle n'a aucune idée de ce qu'elle veut en faire...
Avec Ellie Kemper (The Office, Mes meilleures amies, 21 Jump Street), Titus Burgess (30 Rock), Sara Chase, Lauren Adams...
Ce script est GE-NIAL. Et le potentiel de cette future série E-NORME. J'ai un peu hésité à donner les 3 étoiles et demi (la seule côté comédie à les décrocher cette saison est Old Soul, toujours sur NBC) mais je trouve qu'elle les mérite franchement pour son originalité, sa fraîcheur, son intelligence et sa drôlerie. Et moi qui n'y suis pourtant pas fan d'Ellie Kemper que je connais peu puisque je n'ai pas suivi The Office, je trouve qu'elle inspire de belles choses aux scénaristes. C'était déjà elle qui tenait le rôle principal de mon pilote coup de coeur de la saison dernière, Brenda Forever, malheureusement pas commandé en série. Ma foi, Tooken peut être un très agréable lot de consolation bien que très différent. Je comprends aisément pourquoi la chaîne n'a pas estimé utile de passer par la case pilote et d'en commander directement 13 épisodes. Certes, c'est aussi pour faire plaisir à Tina Fey, co-scénariste et co-productrice, mais rien ne les y obligeait après tout...
Comme vous pouvez déjà le constater avec le synopsis : Tooken démarre de manière totalement étonnante ! Le point de départ est un fait divers atroce, mais en une scène, les scénaristes parviennent à en faire quelque chose de tordant tant c'est improbable. On assiste à la libération des cinq (plus ou moins) jeunes femmes. Une SWAT Team du FBI débarque dans une pièce qui ressemble à une chapelle alors que les soeurs sont en train de fêter Noël en se faisant des petits cadeaux. On les voit alors sortir une à une d'une trappe donnant directement sur un champ, ainsi que leur bourreau, un prêtre inquiétant, menotté. Les journalistes sont nombreux à les attendre et c'est à travers leurs reportages que leur histoire tragique nous est racontée : elles ont toutes été kidnappées il y a 15 ans, personne ne les a jamais retrouvées. Et elles étaient là, dans le village où elles ont disparu, mais sous la Terre. Puis bam, générique ! Lequel est chanté, avec des paroles très amusantes, façon comédie musicale de Broadway. La scène suivante se déroule... au 30 Rock !
Les filles sont les invitées du célèbre journaliste Matt Lauer au morning show Today, à New York. Leurs réponses aux questions sont hilarantes. Elles sont totalement déconnectées de la réalité, et pas seulement parce qu'elles n'ont effectivement connu que leur réalité pendant des années. Une d'entre elles est franchement débile; une autre est encore complètement amoureuse du prêtre, syndrome de Stockholm à l'extrême; il y a une espagnole qui ne parle pas un traitre mot d'anglais et qui se moque de ses copines en espagnol, sous-titres à l'appui; et puis il y a Kimmy, notre héroïne toute discrète, émerveillée. On ne peut que l'aimer en fait, elle est absolument adorable. Et elle nous fait de la peine aussi quand elle sort de l'émission et qu'elle annonce aux autres que puisqu'aucune famille ne l'attend, elle a décidé de rester ici et changer de vie. Il faut noter qu'elle a reçu une forte somme d'argent pour la dédomager du préjudice moral (la justice n'a pas traîné !). De quoi bien commencer... Oui enfin sauf qu'elle perd son sac rempli de billets peu de temps après ! Elle est disons un peu distraite.
Viennent ensuite des plans successifs hyper drôles où elle découvre la vie à New York, déambulant dans les rues. Elle libère par exemple les chevaux des calèches de Central Park. On reverra l'un d'eux un peu plus tard sous forme de clin d'oeil en train de galoper dans la rue. Elle applaudit dans le métro, se croyant comme à Disneyland. Et là, elle fait la rencontre qui va changer son destin. Un couple d'hommes se dispute violemment sur le pas d'une porte, les vêtements et les objets volent, les insultes fusent, elle n'en revient pas. Elle finit par s'approcher de Titus, un grand black efféminé, essaye de le réconforter après le départ de son ami. Je ne vais pas tout vous raconter dans le détail mais en gros, après avoir été méfiant, il accepte qu'elle s'installe chez lui et les voilà partis en boîte de nuit. C'est évidemment la première fois de Kimmy dans un tel endroit. Elle est vierge, mais pas si farouche et, l'alcool aidant, elle se laisse séduire. Évidemment, ça se termine mal. Il se passe encore plein d'autres choses mais je vous laisse découvrir tout ça dans quelques mois.
Le script se termine par une note des auteurs où ils expliquent ce que représente l'héroïne pour eux -l'innocence incarnée, poussée à l'extrême- ce qu'ils veulent raconter à travers la série -"It's the ultimate 'starting over' story"- les grands thèmes qui seront abordés par la suite, les guests qu'ils aimeraient recevoir (Jane Krakowski, Bill Hader, Frances McDormand...). Ils donnent même quelques exemples d'intrigues à venir, très prometteuses, mais aussi la description rapide de quelques personnages qui croiseront la route de Kimmy. "She is not unlike Mary Tyler Moore or Hannah Horvath, she just has a much more extreme set of given circumstances. She is part pure innocent, like Will Ferrell in “Elf”, but she is also part wily survivor, like a young John McCain."
L'excellent pilote de Tooken est la promesse d'une comédie absolument charmante, à la fois totalement barrée et infiniment touchante, qui amuse autant qu'elle étonne et qu'elle émeut. On retrouve le ton si particulier de Tina Fey, avec des bouts de Liz Lemon, des références à la pop culture, particulièrement à la télévision, des situations improbables, des personnages secondaires parfaitement croqués et instantanément drôles. Il y a là le potentiel pour partir à chaque épisode dans un nouveau délire, sans répondre à trop de règles. Tooken inspire une grande liberté, c'est une bouffée d'air frais. Je suis déjà fan.
Weird Loners [Pilot Script]
WEIRD LONERS
Comédie (Single-Camera) // 22 minutes
Ecrit par Michael J. Weithorn (Sacrée famille, Un Gars du Queen, The Goldbergs). Produit par Jake Kasdan (Bad Teacher, Freaks & Geeks, New Girl, Ben & Kate). 6 épisodes commandés. Pour FOX & 20th Century FOX Television. 37 pages.
Caryn, Sotch, Zara et Eric ne le savent pas encore, mais ils vont devenir les meilleurs amis du monde. Un lien improbable mais très fort va se créer entre eux lorsque le destin, par d'heureux hasards, va décider de les réunir. Ces phobiques de l'engagement, incapables de mener une vie sociale équilibrée, vont alors découvrir qu'ils sont bien plus épanouis quand ils sont ensemble. Le moment est venu de se serrer les coudes et de vivre enfin vraiment...
Avec Becki Newton (Ugly Betty, How I Met Your Mother), Zachary Knighton (FlashForward, Happy Endings, Parenthood), Nate Torrence (Studio 60, Mr Sunshine, Hello Ladies, Super Fun Night), Meera Rohit Kumbhani...
J'ai ri, mais vraiment ri, au moins trois fois en lisant ce script. C'est rare (particulièrement cette saison). J'ai lu une première fois les lignes en question, qui m'ont fait sourire, et en y repensant deux lignes plus loin, j'ai ri. J'espère que devant le véritable pilote je ne rirais pas en décalé. Ce serait dommage. Pourtant, je n'irai pas jusqu'à dire que Weird Loners est un gros coup de coeur. Je blâme pour cela le fait que c'est l'énième comédie sur une bande de potes plus ou moins losers, qui risque d'avoir du mal à se distinguer des autres passé le premier épisode. La structure de celui-ci fait qu'on se laisse prendre au jeu avec beaucoup de plaisir. Ce qui m'inquiète, c'est l'après. Ce sera quoi un épisode "classique" de Weird Loners ? Je n'en sais rien, donc je suis méfiant. Et c'est peut-être aussi ce qu'ont ressenti les dirigeants de la FOX, emballés par le script mais soucieux pour la suite. Ce qui donne une commande bâtarde de six épisodes. Si par hasard les autres n'étaient pas réussis, elle aura vite fait d'en faire son nouveau Goodwin Games (décalée à l'été malgré un très bon pilote) ou son Us And Them (un pilote suffisamment bon pour commander la série, mais des épisodes suivants apparemment trop mauvais pour ne serait-ce que tenter le coup... du coup les 7 tournés ne seront jamais diffusés !). Et ce serait moche pour Becki Newton, maudite depuis Love Bites.
Je note d'abord deux choses importantes : 1/ les personnages du script sont un peu plus âgés que les acteurs et actrices qui ont été choisis, ce qui change mine de rien un tout petit peu le concept de départ : s'intéresser à des personnages ayant tout juste atteint la quarantaine qui se retrouvent seuls du jour au lendemain et qui se réunissent pour vaincre l'adversité ! FOX n'a pas pu s'empêcher de rajeunir les héros afin de coller davantage au public recherché. 2/ Weird Loners a clairement été écrit dans l'idée de le vendre à une chaîne câblée (FX ?) : les "fuck" et les grossieretés sont nombreuses et impossibles à garder pour FOX -et parfois, elles sont essentielles à la drôlerie de la chose- et certaines situations à caractère sexuelle très explicites ne passeront pas non plus. Bref, la version édulcorée par le network sera sans doute un peu moins bonne que ce qui était prévu à l'origine. Et c'est un mal qui vaut très souvent pour les autres chaînes. On s'étonne souvent de la nullité de certaines séries, on se demande comment elles ont pu être commandées... une partie de la réponse est là : elles ont été nazifiées par le network.
Le post-générique du pilote nous présente chacun des 4 héros un à un, dans leurs environnement naturel. Caryn d'abord, le personnage central, le ciment de la future bande, qui largue un homme qu'elle a rencontré quelques jours plus tôt sur une croisière pour célibataires car, une fois de plus, elle a le sentiment que ce n'est pas le bon. Dans sa tête, le bon, c'est Ryan Gosling. C'est son idéal et elle ne veut personne qui ne s'en approche pas au moins un peu. Et comme elle n'est elle-même pas Scarlet Johansonn, c'est compliqué... Les dialogues au téléphone avec sa mère juive, désemparée de n'avoir toujours pas marié sa fille, sont très drôles. Puis il y a Sotch, qui se fait virer du resto où il travaille parce qu'il a... couché avec la femme du patron ! Il ne peut pas s'en empêcher. Il les fait toutes craquer avec son charme ravageur mais il commence à en avoir un peu marre de ne pas réussir à se poser... plus de deux jours avec la même fille ! Ensuite, nous avons Zara, une artiste torturée mais très libre d'esprit, qui n'a aucune intention de se ranger. Elle est un peu bitch et jette les hommes comme des kleenex. Bisexuelle, elle a en plus l'embarras du choix. Et comme elle est absolument magnifique... bah Ryan Gosling elle l'a eu dans son lit... et elle l'a trompé avec un autre ! Caryn est ahurie d'apprendre une telle chose. Enfin, voici Eric, censé être le plus jeune du groupe, qui n'a pas de vie sociale depuis que sa mère est morte et qu'il s'occupe H-24 de son vieux père. Mais ce dernier meurt alors qu'ils regardent un match de foot. Une nouvelle vie s'ouvre tout à coup à lui.
Eric est le cousin de Sotch. Et Caryn est la voisine d'Eric. Et Eric rencontre au hasard de ses déambulations dans New York Zara. Et il la présente à Caryn, qui vient tout juste de virer sa junkie de coloc'. Donc Zara prend sa place. Et voilà, notre bande est réunie à la fin du pilote. Si tout cet enchaînement se déroule sous nos yeux avec une certaine prévisibilité, tous les rebondissements sont vraiment amusants et nous permettent de ne jamais décrocher, bien au contraire. Ils nous font rire et on s'attache à eux sans même s'en rendre compte. A la fin, on a vraiment très envie de les retrouver au plus vite. Et ça, c'est magique ! Quand un pilote a réussi ça, alors c'est l'essentiel.
Weird Loners a le potentiel de devenir une comédie de potes très drôle et attachante, et elle déjà très en phase avec son temps. Mais quand on voit ce qu'était et ce qu'est devenu New Girl sur FOX, on ne peut que calmer ses ardeurs... et attendre de voir !
Hieroglyph [Pilot Script]
HIEROGLYPH
Drama // 42 minutes
"The Book Of Thresholds" Pilote écrit par Travis Beacham (Le choc des titans, Pacific Rim). Réalisé par Miguel Sapochnik (Repo Men, Dr House, Mind Games). Produit par Anna Fricke (Dawson, Everwood, Being Human US), Katherine Pope & Peter Chernin (Terra Nova, Touch). 13 épisodes commandés. Pour FOX, 20th Century FOX Television & Chernin Entertainment. 72 pages.
Au coeur de l'Egypte Ancienne, Ambrose, voleur notoire, est libéré de prison afin de servir le Pharaon. L'attendent alors intrigues de palais, séduisantes concubines, bas-fonds criminels et sorciers divins...
Avec Reece Ritchie, Condola Rashad (Smash), John Rhys-Davies (Sliders, Indiana Jones, Le seigneur des anneaux), Caroline Ford, Kelsey Chow (Les Frères Scott), Max Brown (Les Tudors, Beauty And The Beast), Antony Bunsee (Hollyoaks)...
Le script de Hieroglyph, l'une des nouvelles séries de FOX commandée sans passer par la case pilote, me faisait un peu peur. L'Egypte Ancienne ne m'attire pas le moins du monde, ni les séries de ce type, mélant intrigues amoureuses et aventures. Il faut dire que dans le genre, on a surtout vu des co-productions bas de gamme jusqu'ici. Je pense à Sinbad par exemple, ou toutes ces séries que M6 diffusait à une période (Sydney Fox...). Hieroglyph a l'avantage d'être plus soignée que celles-ci, avec des dialogues efficaces, plein d'humour, et des scènes d'action prometteuses. Parce que c'est la FOX à une heure de grande écoute, il ne faut pas s'attendre à beaucoup de sexe, mais il y en a suffisamment pour que la série ne passe pas à côté de son sujet. Le sexe fait partie intégrante de cet univers, et surtout les manipulations et les chantages qu'il engendre. Et, bonne surprise, les personnages féminins sont peut-être encore plus intrigants et puissants que le hommes. Je n'irai pas jusqu'à dire que Hieroglyph est féministe, mais ce n'est pas votre bon vieux film d'aventure façon années 80 où les femmes ne sont là que pour servir le héros...
La réussite du projet va dépendre d'un facteur essentiel : le budget qui lui sera alloué ! Même si ce pilote ne demande pas une débauche d'effets-spéciaux en dehors de nuages menaçants prenant des formes inquiétantes, il nécessite une grandiloquence dans les décors et les costumes. Et si FOX a l'intention d'user et d'abuser de fonds verts, elle a plutôt intérêt à le faire mieux que Once Upon A Time chez sa concurrente ABC. On est dans le même type de problèmatique : on peut très vite basculer dans le kitsch et le cheap ! La série perdrait alors en intérêt. Ce type de programme doit émerveiller. Le palace du Pharaon doit être impressionnant. Les vues de la mer et de la ville doivent être grandioses. Les hommes doivent être beaux, charmants, et les femmes superbes. Leurs bijoux et leurs armes doivent briller. Leurs quelques vêtements doivent être élégants. Attention de pas tomber dans le bling bling... Bref, l'équipe de production a du pain sur la planche. Et le réalisateur aussi.
Tant que leur boulot portera ses fruits, celui des scénaristes sera plus tranquille. Car, au fond, on ne demande pas à Hieroglyph de faire du Lost. Ce premier épisode laisse penser qu'il y aura une "enquête" à chaque fois, pouvant prendre plusieurs formes différentes (recherche d'objet volé, de personne disparue...), et une petite mythologie, chacun des protagonistes cachant quelque chose. Hieroglyph prend souvent les traits d'un soap, multipliant les partenaires potentiels et les possibilités. Le héros a déjà au moins deux femmes à ses pieds, dont la soeur du Pharaon. L'autre est une dangereuse sorcière dont il est amoureux depuis fort longtemps. La fin de l'épisode promet, sous forme de cliffhanger, la chute du Pharaon, sous les flammes du Palais. Quelques autres images -des flashs du héros alors sous l'emprise d'une force invisible- nous laissent quelques indices sur la suite des événements et sur la trajectoire que va prendre la saison.
Hieroglyph s'annonce comme un divertissement familial de bonne facture, suffisamment imprévisible dans son déroulement pour accrocher le public au-delà du pilote. On ne peut pas dire que ce soit un projet original en soi, mais il faut bien avouer qu'il n'y a actuellement rien de comparable à la télévision. C'est assez ambitieux. On pourrait éventuellement rapprocher la série de Sleepy Hollow, également sur FOX. Elles formeraient d'ailleurs un duo intéressant...
Cristela [Pilot Script]
CRISTELA
Comédie (Multi-Camera) // 22 minutes
Ecrit et produit par Cristela Alonzo & Kevin Hench (Last Man Standing). Co-produit par Shawn Levy (La Nuit au musée, Les Stagiaires, Real Steel, Crazy Night...), Marty Adelstein (Last Man Standing, Prison Break, Teen Wolf) & Becky Clements (Last Man Standing). Pour ABC, 20th Century FOX Television & 21 Laps-Adelstein Productions. 45 pages.
Les tribulations d'une jeune latino-américaine qui vit avec sa mère, sa soeur, le petit-ami de celle-ci et leurs deux enfants, tout en suivant des études de droit. Elle vient de décrocher un stage dans une firme réputée grâce à une bourse scolaire et découvre ainsi un tout nouvel univers..
Avec Cristela Alonso, Roxana Ortega, Carlos Ponce (7 à la maison Lipstick Jungle), Terri Hoyos (Cold Case), Andrew Leeds (Bones, NCIS Los Angeles), Sarah Halford...
Ceux qui suivent assidûment le "Primetime Pilot Panic" du site Deadline le savent : Cristela ferait figure de favori parmi les pilotes d'ABC en course du côté des comédies. Une surprise car, à l'origine, la chaîne ne l'avait même pas commandé ! Elle avait acheté le projet avec "penalty" (donc en acceptant de verser une somme d'argent aux producteurs en cas de non-commande en pilote) mais avait décidé de ne pas poursuivre l'aventure au moment des décisions. Qu'à cela ne tienne, 20th Century FOX Television qui y croyait à fond s'est servi de l'amende payée (aux alentours de 500 000$) pour tourner un pilote sur le plateau de Last Man Standing (qu'ils produisent aussi pour ABC). Face au résultat très convaincant, elle a même testé l'épisode sur un panel avec un résultat au-delà même de leurs espérances : l'héroïne aurait encore plus séduit que Zooey Deschanel dans le pilote de New Girl ou Robin Williams dans celui de The Crazy Ones, autres productions maison récentes. Même s'il faut toujours se méfier de ce genre d'annonces, il n'en reste pas moins que Cristela est devenue tout à un coup une potentielle nouvelle comédie pour ABC. L'histoire est belle, encourageante, surtout pour une scénariste et comédienne de stand-up débutante comme Cristela Alonso. Rien que pour ça, j'aurais voulu adorer le script mais...
... mais il est un peu juste. On sent bien que c'est un premier essai, avec les défauts que cela suppose. Un premier essai réussi, ou plutôt prometteur, mais pas tout à fait abouti. Ce qui lui manque à mon sens, c'est la création d'un univers, d'un monde bien à lui. Il y a l'héroïne, il y a sa famille, il y a ses collègues, il y a de bonnes répliques, mais il n'y a pas d'histoire ! Je veux dire par là que ça ne raconte pas grand chose. A ce stade en tout cas. C'est semi-autobiographique apparemment. Et ça se sent. C'est très communautaire en plus. La culture hispanique est hyper présente, je suis du coup passé à côté de pas mal de références. Il y avait déjà de ça dans Ugly Betty, mais de façon plus modérée. C'était un peu plus universel. D'ailleurs, la preuve, c'est qu'il y a quelques phrases en espagnol même pas traduites (je doute qu'elles le soient à l'écran) et même si j'ai compris parce que je le parle un peu, je trouve ça limite pour une série sur un network, censée s'adresser à tous. Franchement, même sans ça, je trouve qu'elle ne serait pas à sa place sur ABC. Sur ABC Family, à la limite oui ! Du coup, la chaîne aurait enfin une sitcom sympa, pas trop idiote, mais sur sa grande soeur, casée entre The Middle et Modern Family ? Nope. Je n'y crois pas. Et puis on sent que c'est cheap, qu'il n'y a deux décors. On ne peut pas trop les blâmer là-dessus. En cas de commande, elle bénéficiera certainement d'un budget plus conséquent. Mais ça n'aide certainement pas à donner de l'envergure à la série. Alors oui, Cristela est un petit bout de femme potentiellement attachant et sa famille est amusante, quoiqu'on nage d'un cliché à l'autre, des hommes machos à la maman qui préférerait que sa fille soit femme de ménage ou caissière plutôt qu'étudiante, parce qu'elle a besoin d'argent tout de suite maintenant. J'aime davantage la partie "bureau" avec ses collègues stagiaires, une blonde fille du patron totalement décérébrée et un gentil garçon avec beaucoup d'humour potentiel amoureux de l'héroïne.
Cristela est une sitcom low-cost qui a du chien et du charme, mais sans doute pas suffisamment pour devenir un succès populaire. Elle est trop segmentante. Il y a sûrement quelque chose à faire avec Cristela Alonso, mais pas ça.
Two To Go [Pilot Script]
TWO TO GO
Comédie (Single-Camera) // 22 minutes
Ecrit par Bryan Shukoff & Kevin Chesley (The Hard Times of RJ Berger). Réalisé par Craig Zisk (United States Of Tara, Nip/Tuck, Brooklyn Nine-Nine). Produit par Jason Bateman (Growing Up Fisher) & Steve Burgess (The Office US, Super Fun Night). Pour NBC, Universal Television, Aggregate Films & David Janollari Entertainment. 33 pages.
Amis de longue date, Kurt et Laura sont faits l'un pour l'autre. Du moins, c'est ce que pense leur entourage qui tente sans cesse de le leur prouver. Alors qu'ils sont les derniers célibataires de leur groupe d'amis, ils décident de coucher ensemble, juste pour voir, et ils ne vont pas tarder à la regretter...
Avec Christine Woods (Flash Forward, Hello Ladies, Go On), Michael Stahl-David (Cloverfield, My Generation, The Black Donnellys), Echo Kellum (Ben & Kate, Sean Saves The World), Angelique Cabral (Enlisted), Dana DeLorenzo, Kim Shaw (I Just Want My Pants Back)...
Décidément, NBC a réussi à dégoter pour cette saison des pilotes de beaux projets côté comédies. Dans un tout autre style que A to Z ou Love Is Relative, Two To Go est une sorte de Happy Endings avec des personnages un peu plus adultes, déjà parents pour certains, sur le point de se marier pour d'autres, où le point de départ importe finalement peu, le but étant simplement d'enchaîner les scènes amusantes voire franchement drôles en compagnie d'une bande d'amis attachants. La base quoi. Et ça fonctionne franchement super bien sur le papier !
On doit Two To Go à deux auteurs débutants qui n'ont quasiment rien fait précédemment mais qui ont clairement un ton, un style, qui leur est propre et qui, je le répéte, se rapproche de Happy Endings si une comparaison devait être faite. Le pilote est rythmé, fluide et chaleureux. On sent très vite que ces six là pourraient très rapidement beaucoup nous plaire. Et même s'il y a un couple central, qui n'est d'ailleurs pas (encore) tout à fait un couple, les deux autres ne sont pas en reste, ils ne font pas office de faire-valoir. Commençons par eux d'ailleurs. Il y a donc Anne et Nick, mariés depuis quelques années, parents de deux enfants, et bien partis pour divorcer selon les prostonics de leurs très encourageants amis. Ils n'ont à peu près rien en commun et passent leur temps à se chamailler. Eux pensent que c'est leur force et on aurait tendance à leur donner raison. Ils vivent dans leur petit monde à eux que l'on prend plaisir à découvrir. Leur complicité est parfaite et leurs répliques de très bonne facture. Il y a un bon équilibre entre la vanne pour la vanne et la blague qui en dit long sur leur couple. Nous avons ensuite Darcy et Rachel, un couple de lesbiennes classique avec la butch et la beauté. Elles viennent de se fiancer et paniquent à l'idée de de se marier, notamment Darcy qui ne l'avait jamais vraiment souhaité ni envisagé étant donné que c'était encore impossible pour deux femmes de se marier quelques mois en arrière. Alors elles se prennent gentiment la tête, mais c'est mignon, adorable même et super moderne. On les aime d'emblée. Darcy a un humour ravageur, notamment quand elle se retrouve avec les mecs de la bande. Il y a quelques scènes avec les "garçons" d'un côté et les filles de l'autre qui fonctionnent à merveille.
Puis on en vient donc à nos deux héros : Kurt et Laura. Lui est du genre à enchaîner les conquêtes sans jamais s'attacher, ce que Laura trouve immonde car cela le conduit souvent à faire des coups vraiment pas cools à ses copines, et il la force à en être complice; elle sort tout juste d'une rupture difficile et essuie les échecs depuis plusieurs années, une poisse en amour qui ne semble pas vouloir s'arrêter. Leur alchimie est évidente, leurs amis la pointe du doigt depuis des années. Eux ont toujours refusé cette idée, estimant qu'ils se connaissent vraiment trop bien, dans le moindre des détails scabreux, un peu comme un couple qui a vécu ensemble pendant 40 ans. Sauf qu'ils n'ont jamais été un couple et n'ont jamais vécu ensemble. Après une soirée arrosée, ils se disent qu'après tout, foutu pour foutu, ils feraient bien d'essayer. La scène où ils se lancent est très drôle. Ils sont très embarrassés et disent et font un peu n'importe quoi. Le lendemain, l'alcool en moins, ils ont honte de leur comportement, ils ne sont pas du tout satisfaits de leur nuit passée ensemble, et se font la promesse de ne jamais en parler à leurs amis ! Là encore, passage très drôle lorsqu'ils se retrouvent à devoir parler de tout ça avec des mots codés car les enfants d'Anne et Nick sont avec eux en train de jouer !
Two To Go est vraiment le genre de comédie ultra-efficace qui repose entièrement sur d'excellents dialogues et des personnages bien croqués, une bande de potes que l'on prend plaisir à retrouver semaine après semaine. Ce n'est pas d'une originalité folle mais ça marche à fond. Toutefois, si NBC ne doit en choisir qu'une dans ce style, A To Z a plus de chances, voire Marry Me si l'on s'en tient aux dernières tendances des pilotes les plus en vus...
Keep It Together [Pilot Script]
KEEP IT TOGETHER
Comédie (Multi-camera) // 22 minutes
Ecrit et produit par Garrett Donovan, Neil Goldman (Les Griffin, Scrubs, Community) & Kevin Hart (Think Like A Man, About Last Night). Pour ABC & 20th Century FOX Television. 55 pages.
Est-ce qu'un homme et une femme peuvent vraiment être amis... après avoir divorcé ? C'est à cette question que se retrouvent confrontés Derek et Lorraine, rencontrés au lycée, parents de deux enfants et séparés depuis quelques mois pour le meilleur et surtout pour le pire. Même s'ils ont chacun trouvé une personne avec qui refaire leur vie, leurs scènes de ménage n'ont jamais cessé et maintenant qu'ils sont voisins il va leur falloir trouver enfin un terrain d'entente...
Avec Romany Malco (Weeds, No Ordinary Family), Bresha Webb (Urgences, Grey's Anatomy), Jayson Blair (The New Normal), Jeffrey Ross, Corinne Massiah (Mistresses US) et la participation de Kevin Hart.
Depuis la fin de Ma Famille d'abord (My Wife And Kids) en 2005, déjà sur ABC, les sitcoms centrées sur des afro-américains ont disparu des networks, à une ou deux tentatives ratées près (notamment Brothers qui a tenu deux semaines sur FOX). Certes, ce n'est pas comme s'il en a existé beaucoup en dehors du mythique Cosby Show. Ce constant est déplorable, à la fois de se dire que si le public black veut regarder une comédie qui lui ressemble il faut forcément qu'il se tourne vers une chaîne spécialisée, mais aussi qu'un public qui n'est pas black ne regardera pas une série qui l'est à 95%. Je ne pense pas que Ma Famille d'abord qui passe en boucle sur W9 depuis plusieurs années ne soit regardée que par un public black ! Bref, ABC a développé deux comédies pouvant prétendre à réparer cette injustice : Black-ish, une single-camera dont je n'ai pas tellement aimé le script (lire la critique), et Keep It Together, une multi-camera bien plus sympathique.
Keep It Together a déjà l'avantage de ne pas se contenter d'être une sitcom familiale classique avec le papa, la maman et les enfants réunis sous le même toit (on connaît ça par coeur, c'est très bien mais on a tout fait et tout vu), elle est une sitcom familiale basée un schéma moderne de famille recomposée. Le père d'un côté, avec sa nouvelle petite amie, ancienne mannequin qui aimerait qu'on l'aime pour autre chose que ses belles courbes, et ses deux potes toujours fourrés chez lui, l'un étant le meilleur ami éternel célibataire aux curieux conseils et l'autre un queutard un peu débile (incarné par Kevin Hart, le co-créateur de la série, inspirée de sa propre vie, et accessoirement roi du box-office américain en ce moment); la mère de l'autre côté de la rue, avec son nouveau petit ami, un grand gamin blanc (il faut bien le préciser) de 25 ans mais qui fait encore plus jeune que son âge et différents voisins que l'on ne voit pas mais que l'on entend tout commenter comme un running-gag. Leurs deux enfants, un petit garçon et une jeune fille, passent d'une maison à l'autre d'une semaine à l'autre. Un joyeux bordel assez enthousiasmant qui vaut avant tout pour les joutes verbales de l'ancien couple, qui s'en envoient plein la tronche mais qui restent en même temps très complices, se connaissant l'un et l'autre par coeur. J'adore quand Lorraine parle d'elle à la troisième personne. Hilarant ! Je suis plus mitigé sur les interventions des personnages secondaires, plus faibles mais pas honteuses dans l'ensemble. Disons qu'un seul pote de Derek aurait suffit, et en même temps, on sent bien que le deuxième a été ajouté à la dernière minute afin que Kevin Hart puisse participer à la série dans une capacité moindre. Il ne sera sans doute pas régulier en cas de commande. Je regrette un peu que les enfants n'aient pas grand chose à jouer à ce stade, c'est toujours bien d'avoir des enfants qui ne sont pas des accessoires dans une comédie. Ca viendra certainement ensuite.
Keep It Together est une sitcom qui fonctionne parce qu'elle joue la carte de la simplicité, en utilisant les bonnes vieilles recettes qui ont fait le succès du genre, sans chercher à s'inventer un fond contrairement à sa concurrente Black-ish. Comme toujours, la clé de sa réussite tiendra à la distribution et à l'alchimie entre ses deux stars, et ça, le script ne peut jamais le garantir...
Secrets & Lies US [Pilot Script]
SECRETS & LIES (US)
Drama // 42 minutes
Ecrit par Barbie Kligman (Vampire Diaries, Private Practice). Adapté de la série australienne Secrets & Lies créée par Stephen M. Irwin. Réalisé par Charles McDougall (Desperate Housewives, Resurrection, Sex & The City, The Good Wife). Produit par Aaron Kaplan (Terra Nova, GCB, The Neighbors). Pour ABC, ABC Studios, Kapital Entertainment & Hoodlum. 51 page.
Au petit matin, Ben Garner, un père de famille ordinaire en train de faire son footing dans la forêt, tombe sur le corps mort d'un petit garçon qui n'est autre que le fils de sa voisine. La police le suspecte immédiatemment d'être le meurtrier, d'autant qu'une preuve l'accable, tandis que les médias s'en mêlent, le rendant coupable aux yeux des habitants de son quartier. Il n'a alors pas d'autre choix que d'enquêter lui-même afin de retrouver le vrai tueur et de prouver ainsi son innocence...
Avec Ryan Phillippe (Sexe Intentions, Souviens-toi... l'été dernier, L'Affaire Lincoln, Damages), KaDee Strickland (Private Practice), Juliette Lewis (Un été à Osage County, Tueurs nés, Une nuit en enfer), Charles S. Dutton (Gothika, Longmire), Clifton Collins Jr. (The Event, Star Trek, Pacific Rim), Natalie Martinez (Under The Dome), Indiana Evans (H2O), Steven Brand...
On déplore souvent le fait que les américains tiennent absolument à faire des remakes de séries anglaises plutôt que de diffuser telle quelle l'originale alors qu'il n'y a même pas la barrière de la langue. On avance souvent l'argument de... la barrière de l'accent, ou bien l'incapacité des américains à se projeter dans une histoire se déroulant ailleurs que dans leur pays. C'est la même chose avec les séries australiennes, même si elles sont moins souvent copiées. En attendant la version US de The Slap sur NBC en 2015, voici Secrets & Lies, le remake américain de la série australienne du même nom diffusée tout récemment, après qu'ABC en ait elle-même commandé sa version ! J'ai tenté une expérience : lire le script et regarder en parallèle l'épisode. Eh bien il n'y a quasiment aucune différence entre les deux !
Il est vrai que les australiens ont un accent fort. Mais de là à être incompréhensibles, non. Le quartier dans lequel le héros de la série australienne et sa famille vivent ressemble à s'y méprendre à une banlieue américaine moyenne, moins enchanteresque que Wisteria Lane, certes, disons plus sauvage, mais tout à fait équivalente. Non, à la limite, ABC a peut-être eu la prétention de se dire qu'avec la même base ils allaient pouvoir faire quelque chose de mieux. Parce que pour tout dire, le pilote made in Australia n'est pas très réussi (et il paraît que la suite est mauvaise). La réalisation est assez banale pour commencer. ABC a engagé de son côté l'un des meilleurs, Charles MacDougall, au CV impressionnant, qui a tout récemment fait des merveilles visuelles sur le pilote de Resurrection. On peut donc s'attendre à une image plus léchée et, peut-être, un pilote qui dégagera un peu plus d'émotion. Et cela est indiscutablement lié à la distribution. Celle de la version australienne n'est pas extraordinaire. Et je ne les juge pas sur leur filmographie, je ne les connais pas, en dehors du héros, Martin Henderson, parce qu'il a joué dans Off The Map il y a quelques années. C'est juste que je ne les ai pas trouvés bons, ou pas bien dirigés. ABC nous propose pour sa part le magnifique Ryan Phillippe, l'excellente KaDee Strickland, la toujours étonnante Juliette Lewis (ici à conre-emploi dans le rôle de la flic) ou encore Charles S. Dutton et Clifton Collins Jr. C'est tout de suite plus prometteur !
Les quelques différences dans l'intrigue à ce stade ne relèvent que de l'anecdotique. L'enquêteur principal est ici une femme, pas un homme. Bon. Quelques courts flashbacks de moments passés joyeux avec la famille de Ben et l'enfant ont été insérés, histoire de soulever une plus grande émotion dans nos petits coeurs. C'est peut-être facile mais ça fonctionne indéniablement mieux. Et puis il y a deux-trois scène qui ont changé d'ordre mais ça n'aucune importance. Le cliffhanger -assez réussi mais sûrement très trompeur- est le même. Si bien que le résultat final sera peut-être meilleur que le pilote original pour toutes les raisons énoncées au paragraphe précédent, mais les faiblesses des intrigues sont toujours les mêmes. Pour les énoncer rapidement : le cliché de la presse qui condamne Ben avant d'avoir une quelconque preuve et qui l'assaille de questions idiotes du style "Did you kill the boy?" (Euuuuuhhhh ? Comme si il allait répondre oui !), ça ne passe vraiment pas, c'est ridicule; les voisins qui, de la même manière, le considèrent directement comme le coupable, peignent en rouge un "Killer" sur les jolies barrières blanches de son jardin et lui jettent limite des pierres sur son passage, ça me gave, c'est d'une subtilité proche de zéro et ça va beaucoup trop vite; l'enquêtrice super intelligente mais aimable comme une porte de prison; la femme du héros qui questionne déjà la culpabilité de son mari... tout ça n'est vraiment pas écrit avec grand talent. L'affaire manque d'ampleur, de mystères... Oh et puis on va le dire parce qu'on le pensera tous : Secrets & Lies passe encore plus mal après la brillante Broadchurch et son histoire pas si lointaine. Pour peu que le Secrets & Lies US soit diffusé après Gracepoint (le Broadchurch US)...
Secrets & Lies US va très certainement voir le jour, ne serait-ce que parce qu'ABC devra payer une "amende" si elle ne commande pas la saison -c'est ce que la signature du projet stipulait- mais il va falloir que ses scénaristes redoublent d'effort pour rendre la série bien meilleure par la suite, plus riche, plus mystérieuse, plus touchante... En l'état, elle n'a rien de spécial, rien qui soit inédit, rien qui puisse nous bouleverser. Pas grand chose à offrir en somme.
Feed Me [Pilot Script]
FEED ME
Comédie (Single-Camera) // 22 minutes
"The goal of sexual intercourse" (Pilot) Ecrit et produit par Sally Robinson (Dirt). Réalisé par Michael Trim (Weeds, Orange Is The New Black, Parks And Recreation). Pour NBC, Universal Television & Witt-Thomas Productions. 42 pages.
Emma et Will, la cinquantaine, se sont aimés, se sont mariés, ont fait des enfants, mais aujourd'hui leur couple dont tout le monde enviait la stabilité bat de l'aile. Elle ne sait plus très bien si elle l'aime encore. Lui la trompe avec une femme bien plus jeune. Lorsqu'elle le découvre, dans des circonstances dramatiques, toute la famille d'Emma, ses parents, ses frères et ses belles soeurs, s'unissent malgré leurs différends pour l'aider à traverser cette épreuve...
Avec Mary-Louise Parker (Weeds, A La Maison Blanche, Angels In America, Red), Ethan Peck (10 Things I Hate About You), Ed Quinn (Eureka), Toks Olagundoye (The Neighbors), Andrea Parker (Le Caméléon, Desperate Housewives), Hart Bochner (The Starter Wife, Piège de Cristal), Debra Monk (Grey's Anatomy, Damages)...
Non, ce n'est pas une erreur. Ceci est bel et bien une comédie. Dans le format en tout cas. Enfin une comédie noire. C'est ainsi que le show a été présenté lors de son développement et je vous le confirme : noir c'est noir. Feed Me est plus proche dans l'esprit de Weeds, Nurse Jackie, United States Of Tara ou encore The Big C, qui parvenaient tout de même à être plus légères, bref tout ce dont nous a régalé Showtime pendant plusieurs années, que de n'importe quelle autre comédie de network, de NBC ou d'une autre. En fait, je n'ai pas le souvenir d'avoir ri une seule fois à la lecture de ce script. Il m'a ébloui par son intelligence et sa finesse, mais certainement pas par son humour. Je ne sais pas ce qui a pris à NBC de commander ce pilote, ni même de le développer en premier lieu, mais le patron de la chaîne, ancien président de Showtime, n'a clairement pas compris qu'il avait changé de crèmerie...
C'est un pilote difficile à décrire tant il est étrangement construit, même pour une série du câble d'ailleurs. Il commence dans une église par un dialogue face caméra entre Ned, l'un des fils de la famille, le plus jeune, très séduisant, homme à femmes, et une vieille nonne, que l'on ne reverra plus et dont on entendra plus parler. Et le texte est très flou, mêlant préceptes religieux et allusions sexuelles. Le sexe est au centre de ce premier épisode -mais pas nécessairement de la série en devenir- comme son titre l'annonce : "The goal of sexual intercourse". La phrase qui revient tout au long des 22 minutes, prononcée par l'héroïne, Emma, est d'ailleurs la question suivante : "What is the goal of sexual intercourse?" Elle la pose à tous les membres de sa famille, à son mari aussi avant qu'il ne fasse une crise cardiaque alors qu'il baise sa maîtresse dans un motel. Chacun a une réponse différente à apporter, de la plus idiote et simpliste à la plus élaborée, et chacun révèle à travers elle un pan de sa personnalité et sa philosophie de vie. "Sex doesn't have a goal" pense Will. "To fold your soul into the soul of another until there is no separateness and you see the Divine" répond Ned. "It changes as we change" déclare sa belle soeur. "To free ourselves from the burden of self-awareness and embrace the nameless passion of life" selon une infirmière de l'hôpital où Will est admis. "The goal is to release the tension" estime le père d'Emma. Le portrait de chaque protagoniste principal est magnifiquement écrit, avec une grande sensibilité. C'est très agréable à lire, très classieux, très littéraire. Mais ces mots, les futurs téléspectateurs ne les liront ni ne les entendront jamais. Malgré tout le talent du réalisateur, je ne vois pas comment il pourrait exprimer toutes ces idées en images.
Emma est un personnage assez fascinant, très éloigné de Nancy Botwin -ce serait un plaisir de découvrir Mary-Louise Parker dans un autre registre- une prof de maths à l'esprit très cartésien, dévouée à son mari, déprimée depuis que ses enfants sont partis de la maison, qui souffre de quelques troubles obsessionnels compulsifs, qui a la manie de faire des listes pour tout, qui n'a plus eu d'orgasmes depuis des années alors elle simule... de plus en plus sujette aux idées noires, elle subit la tromperie de son mari avec un mélange de force, de désespérance et de soulagement qui la pousse presque à commettre l'irréparable en le débranchant du moniteur qui le tient en vie. Mais elle ne le fait pas. Will, quant à lui, est -je cite car je trouve ça très beau- "an explorer without an expedition, a poet without words". On pourrait le détester mais on a au fond de la pitié pour lui. Il a l'air de se sentir très seul, très malheureux, le coeur vide. Je ne vais pas vous faire le portrait des cinq ou six autres personnages mais ils sont en tout cas tous en dehors des clichés habituels des comédies familiales. Ils sont ambivalents, sur la brèche, assurément d'une grande richesse mais pas forcément très sympathiques. Les répliques aussi sont riches, fortes, référencées. On est en plein dans un film américain indépendant, un film d'auteur, comme en témoigne par exemple ce passage : "You think she won't tell me? Did you see what that girl did to Yves Montand? Dug him up out of his grave for a DNA sample. He was dead, but he wasn't finished being a father. She pulled him out of his final resting place, how about that? It's never over." C'est moins percutant hors contexte sans doute, mais avouez que c'est inattendu. C'est du HBO.
Le pilote élégant de Feed Me est une présentation très soignée d'une famille dysfonctionnelle moderne dans toute sa splendeur, avec ses contradictions, ses douleurs, ses doutes, qui dégage cependant beaucoup d'amour. On a envie de s'attacher à eux car ils font appel à la partie la plus sombre qui dort en nous. Mais ce n'est en aucun cas une série de network. Un Parenthood super dark. D'ailleurs, elle raconte au fond quelque chose de si banal qu'elle ne trouverait certainement pas non plus preneur sur le câble. Peut-être sur une chaîne comme Sundance Channel à la limite. Feed Me est un bijou déjà mort né.
Gaffigan [Pilot Script]
GAFFIGAN (2014)
Comédie (Multi-Camera) // 22 minutes
Ecrit et produit par par Jim Gaffigan (My Boys) & Peter Tolan (Rescue Me, Rake, Papa Bricole). Réalisé par Seth Gordon (The Goldbergs, Comment tuer son boss ?). Pour CBS, Sony Pictures Television, Fedora Entertainment & Brillstein Entertainment Partners. 42 pages.
Le quotidien mouvementé de Jim Gaffigan, comédien de stand-up passé de mode et père de famille, de sa femme et de leurs cinq enfants, qui partagent un petit deux-pièces new-yorkais...
Avec Jim Gaffigan, Ashley Williams (How I Met Your Mother), Adam Goldberg (NYC 22, The Unusuals, Two Days In Paris)...
"Penis"… "Vagina" Oui, ce pilote contient les mots-clés nécessaires à tout pilote de CBS qui se respecte. Casée entre 2 Broke Girls et Two and a half men, Gaffigan serait parfaitement à son aise. Contrairement à More time with family qui se présente finalement comme une comédie familiale assez classique, très 90s, comme on en a déjà vu beaucoup, celle-ci tente le pari fou d’être un Louie grand public. Et c’est en partie réussi...
Jim Gaffigan, tout comme Louis C.K., est un grand homme roux avec de l’embonpoint qui exerce le métier de comédien de stand-up, quand il n’est pas un père de famille disons… méga boulet. Dans ce premier épisode, il est pour la première fois depuis longtemps à la maison un jour de vacances et sa femme devant à tout prix boucler un projet, elle lui demande de faire à sa place plusieurs courses dans New York. Il doit présenter un dossier d’inscription à une école, déposer des cupcakes dans une autre, passer par l’église du coin, ce qui semble relativement simple et faisable pour le commun des mortels. Sauf qu’il va faire quelques bêtises en cours de route. Il croise des personnages hauts en couleur dont son meilleur ami, un travesti que l’on prend pour sa femme, un prêtre noir tout juste débarqué aux Etats-Unis et très heureux d’être là ou encore un garde qui bien des années plus tôt était présent à un de ses spectacles au cours duquel sa femme s’est faite insulter de "fat whore" ! Bref, entre sa poisse légendaire, son étourderie chronique et son manque de jugeote, il n’en rate pas une ! Le pilote est rythmé, amusant, un peu vulgaire mais pas trop, pathétique aussi d’une certaine manière. Ce n’est évidemment pas aussi brillant que Louie, ça manque de fond, mais c’est une proposition intéressante que CBS nous fait là.
Gaffigan, comme son titre l’indique, est un exercice de style entièrement dévoué à son créateur, scénariste, producteur et acteur principal, dont la réussite reposera donc uniquement sur ses épaules. Ne connaissant pas le monsieur, j’ignore si le pilote peut être aussi sympa qu’il en a l’air sur le papier, mais CBS a peut-être trouvé là une sitcom familiale qui sort des sentiers battus, sans révolutionner quoi que ce soit pour autant…
Agatha [Pilot Script]
AGATHA
Drama // 42 minutes
Ecrit par Tom Donaghy (The Whole Truth). Réalisé par Jace Alexander (New York Police Judiciaire, Rescue Me, Underemployed). Produit par Mark Gordon (Esprits Criminels, Grey's Anatomy, Army Wives). Pour ABC, ABC Studios, The Mark Gordon Company & Stearns Castle.
Agatha McAuliffe, une ancienne délinquante qui a passé trois années en prison, est devenue une criminologue réputée. Appelée à la rescousse à Philadephie pour aider à résoudre une affaire de disparition mystérieuse, elle doit alors faire équipe avec un détective qui n'est autre que son père, avec lequel elle n'a plus de relation depuis 15 ans. Leurs chemins se sont séparés lorsque la jeune soeur d'Agatha a disparu pour ne jamais être retrouvée. Aujourd'hui, le père et la fille ont suffisamment de preuves et d'indices pour réouvrir l'enquête...
Avec Bojana Novakovic (Satisfaction, Rake), Clancy Brown (Les Evadés, Starship Troopers, Sleepy Hollow), Erik Palladino (Urgences, Over There, 666 Park Avenue), Daniel Henney (Hawaii 5-0, Three Rivers), Aaron Ashmore (Smallville, Warehouse 13), Meta Golding (Esprits Criminels, Hunger Games, The Tomorrow People), Christian Keyes (Let's Stay Together), Jee Young Han...
Clairement, ABC regrette amèrement d'avoir annulé Body Of Proof à l'issue de la troisième saison. Ce n'est pas pour rien qu'il a été envisagé un temps de relancer la série. Au cours d'une saison tout à fait catastrophique pour la chaîne, ses scores, s'ils n'avaient pas baissé, auraient été un petit motif de satisfaction. Le pilote d'Agatha a clairement été pris non pas pour sa qualité, qui laisse à désirer, mais pour sa capacité à être une digne remplaçante de Body Of Proof, qui n'était elle-même pas un chef d'euvre. Mais l'atout de la série médico-policière, c'était indéniablement Dana Delany qui sortait à l'époque de Desperate Housewives et d'un guest remarqué dans Castle. Agatha est, elle, incarnée par un visage inconnu du public américain, au milieu d'une distribution de seconds coûteaux (loin de moi l'idée de réduire le talent de Clancy Brown, mais bon... ce n'est pas un nom qui attire). ABC a réussi à rassembler de beaux castings cette saison des pilotes, celui d'Agatha est l'un des moins attractifs. Normal, c'est l'un des moins bons aussi !
On peut trouver à Agatha McAullife des faux airs de Megan Hunt : elles n'ont pas tout à fait le même âge, mais la même classe -madame voyage avec un sac Vuitton, et le scénariste le précise à plusieurs reprises, comme si c'était d'une importance capitale- et peu ou prou la même personnalité : brillantes, battantes, autoritaires... et gentiment torturées. L'héroîne de BOP n'avait pas fait de prison, mais elle avait elle avait commis une grave erreur qui avait coûté la vie à un patient et elle en ressentait encore la culpabilité chaque jour, sans compter l'échec de son mariage et les répercussions sur sa fille. C'est encore plus compliqué pour Agatha : elle se sent responsable de la disparition de sa soeur et elle regrette d'avoir viré délinquante (des vols notamment). Une source de honte même si elle a choisi d'être franche et ne cacher son passé à personne. L'aspect familial de la série est d'une banalité affligeante. C'est du téléfilm de début d'après-midi. Les rapports entre le père et sa fille évoluent évidemment au cours du pilote. Ils se disent ce qu'ils ont chacun sur le coeur et au bout du compte, ils sont plus ou moins réconciliés. Il y a le frère d'Agatha au milieu (gay qui ne s'assume pas) qui joue l'arbitre et tout ce petit monde va désormais vivre sous le même toit puisque l'héroïne déménage évidemment à Philadelphie pour rester auprès des siens (BOP se déroulait dans cette même ville). Le fil rouge de la série sur la soeur a de l'importance mais il ne présage de rien de bon, et de surtout rien que l'on n'a pas déjà vu 1000 fois. L'enquête du jour est elle aussi assez affligeante dans son dénouement. Agatha, telle Megan Hunt, est à l'affût du moindre détail, plus comportementaliste que criminologue au final, très Mentalist quoi. C'est tout à fait barbant... et en même temps quand on voit que Unforgettable plaît -surtout en France à vrai dire- je comprends qu'ABC puisse se dire "Et pourquoi pas ?". Mais moi, je n'y crois pas.
Agatha a tout de la série policière classique, rangée, ennuyeuse, des élements procéduraux aux parties plus centrées sur les personnages, notamment le fil rouge qui est censé nous tenir en haleine plusieurs années, dans le meilleur des cas. Une proposition sans grand intérêt en somme. Je ne serais guère surpris qu'elle soit choisie cependant...