Dallas [Saison 1]
Saison 1, 10 épisodes // 4 420 000 tlsp. en moyenne
Le retour de Dallas était un gros pari pour TNT, que tout le monde considérait plus ou moins comme perdu d'avance, moi y compris. Je n'y croyais pas. Pas seulement parce que les remakes ou reboots se vautrent quasi-systématiquement, aussi parce que je pensais vraiment que le public américain était passé à autre chose, que les jeunes ne s'y intéresseraient pas une seule seconde et que, si par miracle le pilote réussissait à engendrer une certaine curiosité, la suite se ferait seulement devant une poignée de nostalgiques, pas assez nombreux pour assurer le minimum syndical requis par la chaîne câblée. Finalement, les choses se sont passées mieux que prévu : le premier épisode a cartonné, la baisse par la suite n'a pas été brutale mais progressive et la série a réussi à se maintenir à un niveau suffisant pour décrocher une saison 2. Je suis à peu près sûr que si elle n'avait pas été programmée l'été, son destin aurait été tout autre mais on aura une réponse à cela très vite puisque les prochains épisodes inédits sont attendus en Janvier 2013, en pleine saison ! Une folie que je ne vois pas récompensée... En attendant, si ce nouveau Dallas a fonctionné et plutôt plu, c'est parce qu'il est parvenu à insuffler du sang neuf tout en respectant parfaitement l'oeuvre originale, laquelle était vraiment bonne et emblématique, malgré sa mauvaise réputation en France, totalement injustifiée. Dallas est et restera LE soap de référence (non, ce n'est ni Dynastie ni Melrose Place).
Après deux premiers épisodes convaincants (rappelez-vous), la série a quelque peu ronronné pendant environ 4 semaines. Le schéma était le même : on s'ennuyait ferme pendant les 20 premières minutes, avec des situations et des dialogues convenus, qui tournaient en rond, des détails sur le business qui ne nous intéressaient pas vraiment mais qui donnaient un peu de poids et de crédibilité aux événements, puis tout s'accélerer grâce à un rebondissement plus ou moins inattendu qui relançait la machine jusqu'à la fin des 42 minutes hebdomadaires de coups bas. Un peu décourageant donc. J'avoue que je n'étais alors pas particulièrement pressé de voir l'épisode suivant. A partir du moment où Maria Del Sol -enfin celle qui se faisait passer pour elle- meurt tragiquement, écrabouillée contre le toit d'une voiture mais encore fraîche et séduisante comme dans tout bon soap qui se respecte, on peut dire que la saison démarre vraiment et que ça devient juicy. Les masques tombent. Rebecca tout particulièrement, qui a passé les premiers épisodes a soufflé le chaud et le froid, révèle son vrai visage et nous surprend de rebondissement en rebondissement jusqu'à l'ultime, très bien trouvé et qui promet de grands moments par la suite. JR, quant à lui, est en roule libre, même s'il est depuis le premier épisode LE personnage sur lequel on peut de toute façon toujours compter, scène après scène. Comme dans la version originale, en fait. Larry Hagman a pris beaucoup de ride mais pas son personnage, toujours rusé et mauvais jusqu'à la moelle. L'acteur impressionne : malgré ses 80 ans passés, il fait toujours preuve de vivacité ou alors les réalisateurs font un sacré bon boulot pour nous le faire croire. Et puis on sent qu'il prend un pied fou à retrouver son alter-ego maléfique. On dirait que ça lui fait du bien.
Ce bon vieux Bobby n'est pas en reste : il parvient toujours à se sortir de tous les pièges tendus par son frère avec classe et dignité. On aimerait évidemment qu'il se fasse un peu plus menaçant de temps en temps, mais hausser le ton est déjà un sacré effort pour cet éternel gentil. Il a trouvé une alliée parfaite en Ann, sa nouvelle femme. Elle est son pendant féminin, même si les auteurs laissent entrevoir qu'elle n'est pas aussi honnête que lui et quelques secrets viendront prochainement ébranler leur joli couple. Et si la série, surtout avec les jeunes, ne réussit pas toujours à offrir des dialogues convaincants et des scènes aussi déchirantes qu'elle le voudrait, avec Bobby et Ann, on est dans du vrai drama de qualité où les prestations des interprétes sont pour beaucoup dans la réussite de l'entreprise. Patrick Duffy et Brenda Strong forment un couple solide dont l'alchimie est évidente. Et pour ne parler que d'elle quelques instants : wouah, quelle actrice ! On savait déjà qu'elle était bonne mais Desperate Housewives n'a jamais pu l'exploiter au maximum de son potentiel vu les circonstances. Même chose pour Everwood. Là, on a vraiment l'impression de découvrir une grande actrice, qui n'a pas encore eu la carrière qu'elle méritait. Elle a plusieurs scènes dans cette première saison bouleversantes. Celle du final, face à Mitch Pileggi, est forcément la plus marquante. Et pour terminer sur les "historiques", la nouvelle Sue Ellen me plait, finalement. On a quand même hâte qu'elle retourne à la bouteille mais, en attendant, elle s'en sort plutôt bien. Elle aurait moins de regrets quand elle fait quelque chose de "mal", ce serait mieux aussi. Sa campagne pour devenir gouverneur peut devenir un arc intéressant en saison 2, en espérant qu'il soit exploité à fond. Au début de la saison, elle était peu présente et c'était bien dommage. Sinon, je ne tiens pas à évoquer Lucy. Je ne pourrais que devenir grossier... Et Cliff Barnes, ça c'est génial d'avoir fait revenir Cliff Barnes ! Pendant ce temps-là, tous les meilleurs chirurgiens de la Terre travaillent jour et nuit pour rendre de nouveau Joan Van Ark potable en vue d'une future guest...
Place aux jeunes maintenant. Semaine après semaine, je dois dire que Jesse Metcalfe et surtout Josh Henderson n'ont cessé de m'impressionner. Face à JR et Bobby, ils ont réussi l'exploit de ne pas paraître ridicules, ce qui est déjà une petite victoire en soi. Est-ce qu'ils ont été incroyables de justesse pour autant ? Non. Mais peu importe, ils font le job et on finit par s'attacher à eux. John Ross est un personnage vraiment intéressant, qui apporte beaucoup, et dont la complexité du lien avec son père et le reste de sa famille est exploité à fond. Christopher... Christopher est le fils de Bobby quoi. Il est gentil. Trop gentil. Il est un peu ennuyeux. Son histoire avec Rebecca a été bien traitée. Ses sentiments pour Elena, en revanche, c'est une autre histoire. Mon impression après le pilote s'est confirmée au sujet de Jordana Brewster : elle est mauvaise et elle n'est pas capable de jouer la chic fille. C'est la grosse erreur de casting. Et même sans ça, le personnage est sans saveur. Elle ne dit jamais rien d'intéressant. Elle ne fait jamais rien d'intéressant. Elle se contente d'être là et tout le monde lui tombe dans les bras. C'est incompréhensible. Je ne sais pas ce que les scénaristes comptent lui réserver pour la saison 2 mais il va falloir soit s'en débarrasser, ce qui est peu probable vu son importance au sein du conflit entre John Ross et son cousin, soit lui inventer du caractère voire une toute nouvelle personnalité !
// Bilan // Dallas 2012 est la bonne surprise de l'été, tant on imaginait mal comment elle pourrait fonctionner et être réussie. Cynthia Cidre l'a fait et on peut définitivement l'applaudir pour ça. Au fur et à mesure de la saison, après un démarrage poussif, la série gagne en intérêt et en intensité. Le soap n'est pas mort les amis ! Pas tant que Larry Hagman sera vivant en tout cas...
_____________
Petite photo souvenir avec Larry Hagman et Linda Gray. Mythiques.
Dallas [1x 01 & 1x 02]
Changing Of The Guard (Pilot) // Hedging Your Bets
6 860 000 tlsp.
What About ?
Au ranch de Southfork, 20 ans plus tard, les Ewing se déchirent toujours sur fond de trahisons, secrets et autres drames. John Ross et Christopher, les fils respectifs de J.R. et Bobby, reprennent les affaires familiales, poursuivant par la même occasion les querelles de leurs pères...
Who's Who ?
D'après la série originale Dallas créée par David Jacobs (Côte Ouest). Adaptée par Cynthia Cidre (Cane). Avec Jesse Metcalfe (Desperate Housewives, Chase), Josh Henderson (Desperate Housewives, Over There), Jordana Brewster (Fast & Furious, Chuck), Julie Gonzalo (Veronica Mars, Eli Stone), Larry Hagman (Dallas, Nip/Tuck), Patrick Duffy (L'homme de l'atlantide, Dallas, Notre belle famille, Amour, Gloire et Beauté), Linda Gray (Dallas, Models Inc., Melrose Place), Brenda Strong (Everwood, Desperate Housewives)...
So What ?
20 ans que Dallas s'est éteinte. Pendant les 10 premières années suivant la fin de la série culte, la télévision américaine a essayé, saison après saison, d'en recréer la magie sans jamais y parvenir. Bien sûr, en matière de soap de prime-time Melrose Place est un must-see, ou l'exception qui confirme la régle. Mais pour un unique Melrose Place (en excluant les teen soaps comme Beverly Hills), combien d'échecs lamentables ? Models Inc. en 1994, Central Park West en 1995, Malibu Shores et Savannah en 1996, Pacific Palisades (Brentwood) en 1997, Hyperion Bay en 1998, Titans en 2000... Puis les soaps ont commencé à envahir l'ensemble du petit écran mais d'une autre manière, à l'ère des séries hyper-feuilletonnantes (Lost), des dramas "de prestige" (Six Feet Under), des dramédies (Desperate Housewives, Brothers & Sisters, Dirty Sexy Money) ou de la télé-réalité, qui en ont tous repris certains ingrédients. Si bien qu'aujourd'hui, la mode étant un éternel recommencement, les diffuseurs semblent vouloir redonner ses lettres de noblesse au genre en revenant à son essence, débarrassé de tout artifice. Revenge, il y a quelques mois, a ouvert la voie, prouvant que le public n'y était pas réfractaire. Mais, chronologiquement, puisque cela fait bientôt deux ans que le projet a été mis sur pied, après maintes rumeurs de remakes en séries ou au cinéma, c'est Dallas, la reine incontestée du genre -même si les puristes diront que c'est Dynastie- qui crée l'événement ! Et, contrairement à un 90210 ou un Melrose Place 2.0, qui n'ont pas su proposer des histoires convaincantes en utilisant certains personnages de l'oeuvre originale uniquement comme des accessoires, Dallas 2012 assume totalement son statut de suite et allie de façon très maline le "old school" au moderne. Et je ne m'attendais pas vraiment à ça de la part de la scénariste Cynthia Cidre, responsable justement d'un des plus récents échecs de soap moderne, Cane, en 2007.
La véritable force de ce Dallas 2012, c'est qu'il parvient en un peu moins d'une heure à satisfaire ceux qui ont suivi, de près ou de loin, la série originale, en la respectant totalement dans le ton et en rendant sa forme plus moderne, plus qualitative, et ceux qui débarquent, qui savent à peine qui sont J.R. et Bobby, mais dont la curiosité a été piquée grâce à l'énorme plan marketing de la chaîne TNT depuis un an. L'ancienne génération, très présente, nous est présentée en parallèle de la nouvelle, prometteuse, et les deux se mêlent peu à peu brillamment, ouvrant des possibilités infinies en matière de rebondissements et de cliffhangers. En la matière, le deuxième épisode enfonce d'ailleurs le clou bien comme il faut ! Chez les anciens, Larry Hagman impressionne toujours autant, même si des sous-titres sont franchement nécessaires pour comprendre ce qu'il marmonne à présent. Comme dans la série originale, c'est sur ses épaules que la série repose, quoi que les autres fassent. Patrick Duffy se défend cependant toujours bien face à lui et on prend grand plaisir à le voir évoluer maintenant aux cotés de Brenda Strong l'interprète et surtout la voix de Mary Alice Young dans Desperate Housewives, enfin vivante. Elle a une présence de dingue, dont on regrette de ne pas voir pu davantage profiter. Sue Ellen, pour le moment, c'est ma petite déception. Elle n'est plus le déchet de la grande époque, ce qui est plutôt rassurant pour le personnage mais décevant pour nous. Espérons que ses vieux démons la rattrapent vite ! Est-il bien nécessaire de mentionner Lucy, sinon ? A ce stade, sa présence ne relève que du clin d'oeil. A tout moment, on attend l'arrivée de Gary et Valene, les héros de Côte Ouest -car il est de notoriété public que le spin-off a toujours été supérieur à la série mère- mais il faut garder des cartouches pour plus tard (et trouver le temps de rendre Joan Van Ark présentable...).
Chez les jeunes, les choix de casting avaient de quoi faire peur sur le papier mais, curieusement, Josh Henderson et surtout Jesse Metcalfe ne s'en sortent pas si mal dans les rôles des successeurs de J.R. et Bobby. Ils n'ont clairement pas le même charisme et ne l'auront certainement jamais, mais leurs prestations sont correctes et s'affineront certainement avec le temps. Jordana Brewster me laisse très perplexe dans le rôle de la chic fille mais comme personne ne reste gentil bien longtemps à Southfork de toute façon... Julie Gonzalo, par contre, je l'aime beaucoup depuis longtemps et le second épisode laisse clairement entendre que son personnage n'est pas un saint ! Tant mieux. Ce sera l'occasion de la découvrir dans un autre registre. Le triangle amoureux qui se dessine n'est pas des plus originaux qui soit, ni aucune autre des intrigues mais on ne demande pas à ce nouveau Dallas de révolutionner quoi que ce soit, juste de nous offrir le divertissement promis et de profiter de sa présence sur le câble pour aller un peu plus loin que ce que la série originale pouvait se le permettre à l'époque sur un grand network. Mais sur ce dernier point, on peut dire que tout est très sage pour le moment. Etonnamment d'ailleurs, au cours du pilote, les beaux mâles ne se dévêtissent pas, comme pour nous dire que ce n'est sur leur plastique que les scénaristes misent mais sur leur talent. La donne change toutefois légèrement dans le deuxième épisode.
Dallas 2012 n'est ni un remake ni une vague suite du soap phare des années 80 mais une 15ème saison, en quelque sorte. Les années ont beau avoir passé, rien n'a vraiment changé à Southfork, pas même le générique, pour notre plus grand plaisir (coupable). Il faut prendre la série pour ce qu'elle est et là, sans aucun doute, tout se passera bien ! La guerre chez les Ewing ne fait que (re)commencer !
How ?