Clash [1x 03 > 1x 06]
Hugo: le mérite d'être clair // Dylan: Le Funambule
// Cassius: l'école des hommes
// Emilie: La valse aux baisers
1 800 000 téléspectateurs en moyenne.
Quatre épisodes de Clash plus tard, je peux le dire : les audiences réalisées par la série sur France 2 sont inacceptables ! Face à une concurrence qui n'était pourtant pas si différente de d'habitude, les ados et leurs parents n'ont pas su attirer le public et encore moins le convaincre puisqu'ils étaient de moins en moins nombreux semaine après semaine à les suivre. La faute à qui ? Oh, je crois qu'il est inutile de ne chercher qu'un seul coupable. Mais le manque de curiosité des Français est un premier problème majeur. Pas de flic dans Clash. Déjà, ça rebute. Pas de Mimie Mathy ou d'Ingrid Chauvin, non plus. Aïe ! Cela dit, l'ancienne star de Dolmen aurait pu aisément se glisser dans la peau de la mère d'Emilie dans le dernier épisode. Au lieu de ça, on a eu Mathilda May : au niveau de l'érotisme latent, elles se valent. Au niveau du jeu, avantage à Mathilda. Mais au niveau de la popularité, c'est une autre histoire. Un format inédit dans Clash, qui n'est pourtant pas d'une incroyable originalité : chaque épisode se concentre sur une famille différente. Ce n'est pas feuilletonnant, ou très peu (en tout cas pas assez de mon point de vue) et c'est du coup déstabilisant pour les téléspectateurs qui ne comprennent pas ce qu'ils regardent. Pardon, je ne voudrais pas non plus les faire passer pour des demeurés mais enfin, on en est quand même pas loin à lire certaines réactions... Du coup, malgré la bonne volonté des producteurs et des auteurs, et malgré l'envie de la chaîne de proposer quelque chose de différent mais en imposant forcément certaines limites, on se retrouve avec un énième échec sur les bras qui fera tout sauf faire avancer la fiction française dans le bon sens. Cependant, Clash n'était pas parfaite non plus, loin de là. Et ça, clairement, ça n'a pas aidé !
Comme je le signalais dans ma critique des deux premiers épisodes, le langage des ados, parodié sans le vouloir, est un frein majeur à l'appréciation des dialogues, pourtant pas si idiots dans l'ensemble. Le jeu des jeunes acteurs, parfois très limité, ne permet pas non plus de donner beaucoup de relief aux personnages, ce qui est particulièrement gênant, par exemple, lorsque l'on nous dit qu'Emilie est super douée en théâtre alors qu'elle ne vaut franchement pas grand chose quand on la voit à l'oeuvre. Bah oui, demander à une actrice débutante moyenne de jouer l'excellente actrice débutante, ça ne tient pas la route ! Tout reposait donc sur la qualité de l'écriture, qui était elle-même inégale. Il y a eu plein de bonnes idées, notamment dans l'épisode consacré à Dylan, mais elles n'étaient pas toujours abouties, parfois aussi, je suppose, afin d'anticiper des développements futurs dans une possible saison 2. C'est sans doute pour cela que les véritables origines du trouble de la soeur de Dylan ne sont pas révélées. Il y avait pourtant beaucoup de choses à dire et il était nécessaire de les dire. Il faudra se contenter, pour l'heure, de se lancer dans des hypothèses qui resteront probablement irrésolues. Pour ma part, je pense qu'elle a été abusée par l'ancien compagnon de sa mère, parti depuis, peut-être suite à un chantage exercé par la jeune fille. Cela expliquerait très bien les reproches qu'elle fait à sa mère ainsi que son attitude provocante. Vous voyez, Clash peut prêter à interprétations et discussions. Il n'y a pas tant de séries françaises qui le permettent. Cela dit, l'épisode de Dylan était vraiment le meilleur du lot. D'autres ne pouvaient pas engendrer grand chose, tout particulièrement celui d'Hugo, le plus faible a contrario, en partie à cause de son héros irritant et d'un focus trop large accordé à son père, un personnage pas tellement intéressant dans le fond.
France 2 n'est pas du genre à oser grand chose que ce soit en prime time ou ailleurs. De temps en temps pourtant, elle se laisse aller à quelques scènes coquines çà et là. Depuis Clara Sheller, qui montrait explicitement des hommes nus en train de faire l'amour, il fallait s'accrocher pour voir quelque chose qui allait "aussi loin". Clash a fait peut-être encore plus fort en montrant un ado et un homme d'une quarantaine d'années en situation polissone. Vous noterez toutefois que c'est l'ado qui prend les rênes de l'opération et pas l'adulte, mais ne chipotons pas. Cela n'a évidemment pas engendré de polémiques, car il faudrait pour cela qu'un peu plus de téléspectateurs aient été devant leur écran à ce moment-là mais, pour sûr, ceux qui sont tombés dessus par hasard n'ont pas manqué d'envoyer des lettres d'insultes à la direction de la chaîne (il se murmure que s'il n'y a pas eu de saison 3 de Clara Sheller, ce n'est pas tant à cause des audiences décevantes que des réactions indignées des ménagères). Moi, j'ai trouvé ça vraiment bien d'avoir accordé cette liberté-là aux auteurs, surtout que cela avait un sens dans l'épisode, ce n'était absolument pas gratuit. Tout comme, dans un registre plus léger, j'ai beaucoup apprécié voir Mathilda May coincée dans une partie à trois, même si elle n'a finalement pas accepté la proposition. Cela n'a pas dû plaire à tout le monde non plus et c'est d'une hypocrisie sans nom que de s'en indigner... Bref, Clash s'est aussi démarquée de cette manière-là, en sortant comme elle a pu et de manière maladroite parfois, c'est vrai, des sentiers battus et rebattus. Mais ne sous-estimons pas non plus son capital émotionnel : j'ai bien failli verser quelques larmes à la fin de l'épisode 5, lorsque Cassius perd sa mère. Les circonstances de son accident étaient ridicules mais les conséquences n'en étaient pas moins poignantes. Le parcours de Dylan, de sa mère et de sa soeur avait de quoi toucher aussi, d'autant qu'on avait enfin affaire à une famille moins aisée, plus proche d'une réalité pas suffisament montrée en télé en dehors des reportages raccoleurs sur la France d'en bas de TF1. La confrontation d'Emilie avec sa mère était elle aussi émouvante par moment. Un petit bémol concernant les musiques utilisées tout au long de la saison : ce sont sans cesse les mêmes qui reviennent, sans doute pour une question de budget, ce qui finit inexorablement par ne plus produire l'effet escompté, aussi bons soient les morceaux.
// Bilan // Clash est une série pêtrie de bonnes intentions et écrite avec beaucoup de coeur par des gens qui avaient clairement envie de proposer une alternative à ce que l'on connait déjà trop bien sur les écrans de l'hexagone. Ils ont échoué dans leur tentative de séduire largement le public mais ils n'ont pas raté leur bébé. Imparfait, boursouflé, pas toujours subtil, il était quand même attachant et il aurait mérité de grandir. En devenant plus feuilletonante, en liant davantage ses personnages les uns aux autres, ce que l'espèce de cliffhanger de fin de saison laissait présager pour la suite, la série y aurait sûrement gagné beaucoup. Je parle déjà au passé, alors que l'on ne connait pas encore son sort, mais il ne faut malheureusement pas se faire d'illusions...
Clash [1x 01 & 1x 02]
Robin: la maladie d'amour // Olivia: Hymen
Diffusion le 9 Mai sur France 2
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Voilà comment France 2 présente Clash, sa nouvelle série : Parents et ados, deux sphères qui cohabitent, se croisent, s’évitent ; deux univers dont l’harmonie et l’entente ne tiennent parfois qu’à un fil ; deux mondes que "Clash" propose de découvrir sous un angle nouveau. Zoom une bande de jeunes et leur famille respective, nous révélant à nous parents que nos ados ne sont peut-être pas ceux que l’on pense, et à nous ados que nos parents ont aussi une vie intime…
Après Des soucis et des hommes, très imparfaite mais qui allait dans le bon sens (je dis ça en n'ayant vu que deux épisodes mais je pense que c'est suffisant pour au moins lui reconnaître cette qualité), France 2 poursuit sa conquête de la fiction française -non policière- moderne avec Clash. A l'origine présentée comme un Skins français -la chose à ne surtout pas faire afin d'éviter les douloureuses comparaisons- elle en adopte effectivement un format proche : un épisode = un ado. Mais là où la série anglaise présente des jeunes livrés à eux-mêmes -leurs parents sont soit absents soit idiots soit inutiles- Clash propose de dresser le portrait de familles d'aujourd'hui sous le prisme de la relation parent/enfant. Bah oui, on est sur France 2 en prime-time. On n'allait pas laisser les rênes d'une série à des ados ! Il y a(vait) déjà Coeur Océan et Foudre pour ça mais en matinée pendant les vacances scolaires. Clash n'est par conséquent pas très ambitieuse sur la forme -une réalisation correcte, sobre mais certainement pas inventive- pas super trash non plus -même si viennent se glisser de temps à autres des dialogues crus qui feront rougir la ménagère à coup sûr- mais elle aussi va dans le bon sens et s'en sort mieux que Des soucis et des hommes à ce petit jeu-là !
A quoi reconnait-on une "bonne" série française ? A sa capacité à ne pas nous donner envie de zapper au bout de 5 minutes ! C'est triste mais on en est là aujourd'hui. Clash est bourrée de défauts -et je ne vais pas manquer de les énumérer- mais elle tient la route au bout du compte et j'ai sincèrement envie de découvrir les quatre épisodes suivants, en espérant même qu'une saison 2 soit commandée car les auteurs ont d'ores et déjà annoncé qu'ils souhaitaient faire évoluer le concept si la chance leur en était laissée. Même si la comparaison n'est pas tout à fait pertinente, Fais pas ci fais pas ça n'a pas cartonné au départ mais France 2 lui a laissé l'opportunité de grandir et d'évoluer et grand bien lui en a pris !
Le premier épisode est centré sur un personnage d'ado très caricatural, le genre qui joue au jeu vidéo toute la journée, qui ne se lave pas souvent, qui a constamment sa touffe de cheveux indisciplinée et grasse dans les yeux, qui répond par des 'mouais' ou des 'trop pas' quand on lui parle... le genre qui existe vraiment en fait mais dont les traits sont tellement accentués dans la fiction qu'il en devient ridicule mais drôle. Parfois. Je n'ai pas ri aux éclats face aux frasques de Robin et j'ai trouvé le jeu du jeune acteur franchement limite. Sa mère interprétée par Laure Marsac n'était pas super juste non plus. Et pourtant, on s'attache à ces deux personnages au fil de l'épisode jusqu'à une belle conclusion, un peu facile et attendue mais néanmoins touchante. Le second épisode, un peu pompé sur le film LOL sur les bords (mais LOL n'a rien inventé non plus), m'a semblé plus équilibré, plus authentique et plus touchant, pas seulement à la fin mais sur toute la longueur, et moins hystérique aussi. La prestation de Christiana Reali, toujours rayonnante, y est pour beaucoup. Celle qui joue sa fille, Camille Claris, s'est très bien débrouillée aussi (et elle ressemble beaucoup à l'héroïne de Clem, qui ressemble elle même à celle de LOL... bref). Les dialogues ne sonnent pas toujours justes, notamment lorsque les ados se lancent dans des tirades au sujet de la politique, mais c'est sans doute là la plus grande difficulté pour les auteurs : capturer la "vraie" voix des ados alors qu'ils ont dépassé la trentaine. Eux aussi sont confrontés au conflit des générations. Tout va très vite. Ils placent autant que faire se peut des expressions typiques du moment. On sent qu'ils se sont amplement renseignés sur la question. Mais c'est trop. C'est maladroit. C'est dommage. Ils compensent avec une jolie bande-originale composée de musiques pop-rock inconnues mais efficaces. Les séries françaises oublient trop souvent l'importance de la musique.
Clash, sous ses airs faussement trash, est une série française de bonne facture, familiale, accessible, intéressante jusqu'à une certaine limite. Elle part de situations clichées, vues et revues, pour offrir un portrait plus nuancé et moins excessif des ados et de leurs parents. Elle ne jouit pas toujours d'une grande finesse d'écriture mais le potentiel est là et les acteurs sont bons dans l'ensemble. Clash peut devenir grande !
// Bonus // Deux teasers :