The Mysteries Of Laura [Pilot Script]
Drama // 42 minutes
Ecrit par Jeff Rake (The $treet, Miss Match). Produit et réalisé par McG (Chuck, The OC, Supernatural). Adapté de la série espagnole Los misterios de Laura. Pour Warner Bros. Television, Greg Berlanti Productions & Kapital Entertainment. 62 pages.
Laura Diamond, détective d'exception à l'esprit délicieusement dérourant, n'est pas du genre à se laisser malmener, que ce soit par son co-équipier ou par les suspects de ses enquêtes. Toujours à 200 à l'heure, elle doit aussi faire face au chaos constant de sa vie personnelle : maman de jumeaux très turbulents, elle est en pleine instance de divorce et son futur ex-mari, un grand gamin, ne lui facilite jamais la tâche...
Avec Debra Messing (Will & Grace, Ned & Stacey, Smash), Laz Alonso (Breakout Kings, Avatar), Josh Lucas (The Firm, Hulk)... (casting en cours)
Au cas où vous vous poseriez la question : non, Laura ne cache aucun secret, aucun grand mystère. Le titre de la série fait uniquement réfèrence à ses enquêtes et les questionnements qu'elles impliquent. Point donc de fil rouge qui s'annonce, si ce n'est son divorce et la tention sexuelle palpable entre elle et son co-équipier de longue date. The Mysteries Of Laura est une série policière concoctée pour la ménagère de moins de 50 ans, avec exactement tous les ingrédients qu'elle attend. Ou que l'on suppose qu'elle attend. On ne sent pas derrière ce projet une quelconque ambition artistique mais plutôt une commande, sentiment renforcé par le fait qu'il s'agisse du remake d'une série espagnole qui cartonne. Vous imaginez bien : une flic qui est aussi une mère, c'est un concept super original. On se demande du coup pourquoi NBC n'a pas tenté d'adapter Julie Lescaut y'a 20 ans ? Aucun scénariste américain n'avait sans doute pensé à ça. Remarque, c'est honnête de la part de la chaîne. Elle aurait pu voler le concept et ne rien adapter officiellement. Personne ne se serait rendu compte de rien ! Cela étant dit, je n'ai pas envie de tirer sur l'ambulance. La série part avec un sérieux handicap -un pitch on ne peut plus basique et pas excitant le moins du monde- mais le pilote est agréable à lire. Il est lumineux, positif. Il s'en dégage une belle énergie. Notons cependant qu'il va devoir être légèrement modifié...
Debra Messing ayant été castée dans le rôle titre, la production n'aura plus lieu à Los Angeles, ville où se déroule l'action, mais à New York, ville de coeur de l'actrice qui refuse de passer de la Côte Est à la Côte Ouest, d'autant qu'elle a une petite carrière du côté de Broadway. Les caprices commencent ! Mais il est impossible de faire passer New York pour Los Angeles donc je suppose que l'histoire se déroulera désormais dans la Grosse Pomme. Et ça change quand même pas mal l'ambiance, très solaire. Il y a par exemple une scène très amusante où l'enquête force Laura et Billy -le fameux co-équipier- a faire un tour du côté de la piscine d'un country-club, avec port du bikini et du boxer obligatoire ! C'est adaptable à New York, mais alors il faut que ça se passe pendant l'été, ou en intérieur. Et c'est déjà moins sympa. Il y a plein de petites choses comme ça qui vont devoir changer. Mais en gagnant Debra Messing -que j'imagine tout à fait dans la peau du personnage même si c'est triste de la voir jouer une représentante de l'ordre, de rentrer dans le rang, on en conviendra tous- le pilote n'a pas tout perdu ! Son gros pouvoir de séduction à elle, c'est l'humour. Et Laura est vraiment une femme très drôle ! Elle a de supers répliques, certaines sont même un peu osées et j'espère que NBC ne cherchera pas à les couper. A un suspect qui ne veut pas obéir aux ordres, elle répond : "How about you either go back inside for questioning, or we’ll be happy to swing by your house, pick up whatever items you need, and you can prep all night long in lockup with the gangbangers and the meth heads. It’s very safe. We provide condoms." Et Billy ajoute : "Actually, we're out of condoms". Le duo fonctionne à merveille et on rit beaucoup ! Qu'on se le dise : The Mysteries Of Laura est super fun.
De ce fait, l'enquête du jour est traitée sur un ton essentiellement comique, avec des vannes constantes, du second degré, quelques gimmicks sont même installés. De temps en temps, Laura reprend son sérieux, mais ça ne dure pas longtemps et son optimisme ne la quitte jamais. Sa grande bouche non plus ! Certains trouveront sans doute que l'ensemble est du coup trop léger. Il est vrai que le problème qui se pose en fin de compte, c'est que pour que l'on s'intéresse vraiment au cas du jour, il faudrait que l'on y trouve une émotion quelconque, un attachement. Or, on se fiche encore plus que dans n'importe quelle autre série policière du meurtre et du couplable ! Le scénariste est notre complice : il nous fait clairement comprendre que lui n'en a rien à faire non plus. Ce qui l'intéresse, c'est de nous divertir avec son humour et toutes les scènes qui ne concernent pas l'enquête et qui sont heureusement nombreuses et je dirais même majoritaires. Du coup, la mécanique est simplissime et même si le dénouement surprend fortement, on subit l'enquête, on ne la vit pas. Les séquences familiales marchent par contre très bien même si elles risquent vite de tourner en rond. Il va falloir agrandir le monde de Laura, qui se résume à ses enfants et son ex-mari. On ne peut pas en tirer 22 épisodes. Pas même 13 convaincants.
The Mysteries Of Laura est une dramédie policière presque trop légère, qui possède un gros capital sympathie et qui est capable de faire passer un bon moment de façon hebdomadaire, mais qui ne fait preuve d'aucune originalité, d'aucune ambition, hormis celle de faire rire. Elle aurait pu naître il y a 10, 15, 20 ans. Peut-être offrira-t-elle un bonheur simple à ses potentiels futurs fans. Ce ne serait pas honteux.
Taxi-22 [Pilot Script]
TAXI 22
Comédie (single-camera) // 22 minutes
Ecit par Tad Quill (Scrubs, Bent, Perfect Couples). Adapté de la série canadienne Taxi 0-22. Produit par James Gandolfini. Pour CBS Television Studios & Attaboy Films. 36 pages.
Les tribulations personnelles et professionnelles d'un chauffeur de taxi new-yorkais qui n'a pas sa langue dans sa poche. Il ne laisse jamais ses clients lui marcher sur les pieds mais, en famille, il devient un tout autre homme : il laisse son vieux père faire et dire n'importe quoi; il cherche à comprendre son fils, homosexuel et son opposé total; et il est toujours amoureux de sa femme qui l'a quitté il y a plusieurs mois déjà et qui tente de refaire sa vie...
(casting en cours)
Après avoir été développée plusieurs fois sous le regard bienveillant de feu-James Gandolfini, producteur exécutif du projet, d’abord pour HBO puis finalement pour CBS, cette version américaine de la série québécoise est sur le point de voir le jour et je crois qu’il faut s’en réjouir. Non pas que le script m’ait époustouflé, mais Taxi 22 est plutôt originale et offre un regard neuf et moderne sur le père de famille moyen.
On a l’habitude dans les comédies, et surtout dans les sitcoms pour être plus précis, que la figure paternelle soit aimante, mais surtout un peu rustre, vieux jeu, trop protecteur. Le portrait manque souvent de nuance, de finesse. Parce qu’il est question de faire rire avant tout sans doute. Dans Taxi 22, le scénariste prend le temps de présenter son héros qui, face à des situations inhabituelles, auxquelles il n’était pas forcément préparé, doit improviser en faisant preuve d’ouverture d’esprit, sans perdre pour autant son humour et tout ce qui fait son charme, son franc-parler en premier lieu. Ce qui est assez frappant avec ce Willy c’est qu’il est hyper attachant en très peu de temps bien qu’il aligne les bourdes. Il a un côté Larry (et son nombril). Il fait aussi un peu penser à Louie. Il est très « câblé » en fait, Willy. Ce n’est pas pour rien qu’il intéressait HBO à la base. Je ne peux d’ailleurs pas m’empêcher de penser qu’il aurait été bien plus à sa place là-bas que sur CBS. Qu’est-ce que la chaîne peut bien en faire ?
Le fait que Willy soit chauffeur de taxi a son importance, mais pas autant que je ne l’avais imaginé au départ. Ce qui m’a un peu déçu sur le moment. L’épisode commence dans son véhicule, où on le voit enchaîner les monologues très drôles face à des clients incrédules ou indifférents. Et là on se rappelle tous de cette fois où un chauffeur de taxi sympathique a décidé de nous faire la conversation pendant tout le trajet, évoquant tour à tour météo, politique, cinéma… le tout s’accompagnant toujours d’un petit côté réac’. C’est toujours embarrassant. C’est plus amusant à regarder de l’extérieur j’ai l’impression ! Le reste de l’épisode se déroule en dehors du taxi, même si l’un des objectifs de Willy est d’obtenir enfin le médaillon qui fera de lui un taxi New Yorkais licencié (comme 13000 autres) et non « clandestin » (comme 37000 autres !). Les scènes avec son fils et le copain de son fils sont franchement drôles, et celles avec son ex-femme –si toutefois il décide de signer les papiers de divorce- sont tendres, un peu mélancoliques aussi. C’est ainsi que Willy montre plusieurs facettes de sa personnalité, qu’il a riche. Ce pilote n’est pas parfait –il oublie un peu de faire des personnages secondaires autre chose que des faire-valoir- mais il dégage définitivement une good vibe.
Le héros de Taxi 22 est peut-être le seul chauffeur de taxi avec lequel on aimerait passer des heures. Parce qu’il est drôle, parfois malgré lui. Parce qu’il est sympa. Parce qu’il n’a pas sa langue dans sa poche. Parce qu’il est ouvert. Parce qu’il essaye de devenir une meilleure personne qu’il ne l’est déjà. CBS fonce probablement droit dans le mur avec lui, mais ce serait sympa de lui donner le feu vert...
The Whispers [Pilot Script]
THE WHISPERS (aka THE VISITORS)
Drama // 42 minutes
Pilote "X Marks The Spot" écrit par Soo Hugh (Under The Dome, Zero Hour). Adapté de la nouvelle de Ray Bradbury Zero Hour. Produit par Steven Spielberg, Justin Falvey & Darryl Frank (Under The Dome, Falling Skies, The River, Terra Nova). Réalisé par Mark Romanek (Never Let Me Go, Photo Obsession). Pour ABC, ABC Studios, Amblin Television & Grady Girl Productions. 60 pages.
Alors qu'un vaisseau spatial a été retrouvé au beau milieu du désert du Sahara, à des milliers de kilomètres de là, dans les environs de Washington D.C., plusieurs enfants semblent comme possédés par une force invisible qui les pousse à commettre des actes meurtriers sur leur entourage. Deux agents du FBI sont alors chargés de mener l'enquête, ignorant que la course contre une invasion extra-terrestre vient de commencer...
Avec Lily Rabe (American Horror Story), Milo Ventimiglia (Heroes, Gilmore Girls, Choosen), Barry Sloane (Revenge, Hollyoaks), Derek Webster (Damages, Harry's Law), Brianna Brown (Devious Maids), Catalina Denis (The Assets), Kyle Harrison Breitkopf...
Il fut un temps où, en manque de X-Files, je surveillais de près tous les projets qui avaient pour toile de fond une invasion extraterrestre ou une grande conspiration. Nombre d'entre eux n'ont pas vu le jour. Mais certains ont réussi à se frayer un chemin jusqu'à l'antenne. Il en est ressorti des choses intéressantes mais pas transcendantes, je pense essentiellement à Surface, Threshold et, dans une moindre mesure, Invasion. Toutes les trois la même année. Celle qui a suivi l'arrivée tonitruante de Lost sur les écrans. Toutes les chaînes voulaient leur série mystérieuse. Et ABC cherchait une compagne cohérente pour son hit. Aucune n'a marché. Puis on a eu toute cette vague de séries high-concept à la FlashForward, The Nine, Day Break... qui n'avaient pas de rapport avec les aliens mais en lesquelles on fondait beaucoup d'espoir et qui nous ont systématiquement déçus, hormis la bonne surprise -éphémère- que fut Prison Break. On pourrait également parler de Heroes. Mais par pitié, ne le faisons pas. Je ne me suis pas encore remis de l'information de son retour en 2015. Le revival cauchemardesque de V est une des pires choses qui soient arrivées à la télévision. J'en pleure encore parfois la nuit, dans le noir. La seule qui a su se distinguer et remettre sur le devant de la scène les aliens avec fraîcheur et modernité, c'est The Event. Prometteuse, elle s'est vite transformée elle aussi en déception mais il y avait de l'idée, de l'ambition... Plus récemment, Falling Skies a fait ce qu'elle a pu. Elle est toujours en vie. Il faut croire qu'elle ne s'est pas si mal débrouillée que ça. Voilà maintenant The Visitors. Malgré le titre, rassurez-vous, elle n'a pas grand chose à voir avec V. Dans ce pilote en tout cas, il n'y a pas de reptiles mangeurs de rats. Mais pas grand chose de neuf à se mettre sous la dent non plus !
Je ne le sentais pas ce projet. Vraiment pas. Et à défaut de m'avoir convaincu, il a au moins réussi à me tenir en haleine le temps de la lecture. Il faut dire que le scénariste a bien découpé ses scènes, usé et abusé de l'"overlaping", c'est à dire des séquences qui se chevauchent, évitant les temps morts. Un peu à la manière de The Following pour prendre un exemple récent. Mais, pour faire une comparaison culinaire -comme ça, parce que j'en ai envie- The Visitors c'est une table bien dressée, une jolie présentation des mets, c'est appétissant, mais quand on commence à goûter, nos papilles ne s'animent pas. Les ingrédients utilisés ne sont pas frais, ils manquent de saveur, de piquant. Je soupçonne les serveurs d'être en plus hyper maladroits. Milo Ventimiglia, à la limite, on a envie de le pardonner. Mais Barry Sloane ? Derek Webster ? Ils ont le charisme d'une huître. Et perso, j'aime pas les huîtres. Je vais arrêter les métaphores, elles sont franchement ridicules mais il fallait bien se mettre au niveau. Pas que je trouve ce script totalement mauvais au fond. Il est juste d'une grande paresse et l'excitation ne monte jamais vraiment. Si, peut-être au moment où l'on découvre le vaisseau spatial. Mais si ABC fait encore appel aux équipes de V et de Once Upon A Time pour les effets-spéciaux, on est dans la mouise. Rien que d'y penser, ça a cassé le peu d'enthousiasme que j'avais. A bien y regarder, il ne se passe pas grand chose dans ce pilote. La mise en place est efficace mais désespérement vide. Les enjeux ne sont que vaguement définis. La dernière scène nous annonce que le 2 décembre, le Président des Etats-Unis ne sera plus des nôtres. Problème : on ne l'a pas rencontré avant celle-ci. Alors certes, c'est le "Leader of the free world", mais on s'en fiche un peu de lui. De lui et de tous les autres en fait.
S'il y a bien une chose que rate ce premier épisode -parmi plusieurs possibilités hein- c'est la présentation de ses personnages. Ils sont tous d'un basique à pleurer. Le duo d'agents du FBI est insignifiant. Evidemment, ils ne s'entendent pas et ne sont d'accord sur rien. La belle affaire ! Ils ne dégagent aucune émotion. Pourtant, l'héroïne avait de quoi faire. Elle a un enfant sourd et muet, un mari décédé dans un accident d'avion il y a trois mois et des collègues qui la regardent tous avec pitié. Lily Rabe est excellente, mais elle n'y a rien à faire d'intéressant avec une base si pauvre. Le personnage de Barry Sloane passe son temps quant à lui à s'exclamer. Lui non plus n'a pas de personnalité. Il n'existe pas. Il sert juste à introduire les mystères, face à un fond vert. Et puis il y a tous ces personnages d'enfants. Pitié. Déjà qu'un seul gamin creepy en général c'est lourd et ridicule, mais il y en a au moins 4 ici ! La séquence inaugurale, si elle est bien réalisée, peut éventuellement faire son petit effet -elle sonne très film d'horreur- mais les autres ne sont que des redites moins inspirées. Reste le personnage de Milo Ventimiglia, le seul qui a un peu de potentiel mais essentiellement parce que l'on ne sait pas qui il est vraiment, ou plutôt ce qu'il est devenu. Et lui non plus. Il n'a pas de mémoire. Il ne connaît pas son nom. On soupçonne assez rapidement sa véritable identité. Pas de surprise, il est bien celui que l'on pense. Et maintenant. On fait quoi de tout ça ? Bah sûrement pas grand chose...
The Visitors est un énième thriller fantastique produit par Spielberg qui n'a pas d'âme, ni d'originalité, et certainement pas d'avenir. On se laisse prendre au jeu sur le moment, parce que c'est rythmé, bien agencé, mystérieux, puis plus on avance plus on sent le coup foireux arriver. Cette histoire n'a pas le potentiel suffisant, l'envergure nécessaire, pour maintenir l'intérêt sur la longueur et surprendre. Ses héros désincarnés ne sont pas attachants. Il reste bien peu de choses auxquelles se raccrocher. ABC n'a vraiment pas de temps à perdre avec ça. Mais je sens qu'elle va pourtant lui donner sa chance, certainement pour la mi-saison 2015. Et on va tous tomber dans le panneau, se coltiner 3 ou 4 épisodes sans intérêt, peut-être même une saison complète, avant de se dire qu'il est grand temps d'arrêter les frais et se concentrer sur les bonnes séries qui méritent toute notre attention. J'espère me tromper...
One Big Happy [Pilot Script]
ONE BIG HAPPY
Comédie (multi-caméra) // 22 minutes
Ecrit par Liz Feldman (2 Broke Girls, Hot In Cleveland). Produit par Ellen De Generes. Réalisé par Scott Ellis (2 Broke Girls, Weeds, Frasier). Pour NBC, Warner Bros. Television & A Very Good Production. 54 pages.
Lizzy est lesbienne. Luke est hétéro. Ils sont amis depuis l'enfance. Ils vivent dans le même appartement. Et ils ont décidé de faire un bébé ensemble. Tout aurait pu être très simple, oui mais voilà : les tentatives d'inséminations artificielles échouent les unes après les autres et Luke vient de trouver l'amour de sa vie, Prudence, une anglaise sur le point d'être déportée...
Avec Nick Zano (Ce que j'aime chez toi, 2 Broke Girls, Cougar Town), Elisha Cuthbert (24, Happy Endings)... (casting en cours)
Quand vous lisez le pitch de One Big Happy, vous comprenez immédiatement comment le pilote risque de se terminer : Lizzy finit par tomber enceinte et Luke et Prudence se marient. Si c'est ce que vous aviez imaginé, comme moi, alors SPOILER ALERT! je vous confirme que c'est bel et bien ce qui arrive. Pas de surprise de ce coté-là. Pas de surprise ailleurs non plus. La force de cette sitcom n'est absolument pas dans sa capacité à surprendre, mais dans sa capacité à faire rire. Et entre nous, c'est bien tout ce qui compte. Alors bien entendu, elle ne plaira pas à tout le monde. Parce que c'est une sitcom multi-caméra en premier lieu. Parce qu'elle a un humour qui fonctionne essentiellement sur la vanne (on tourne à six par minutes). Parce que si vous n'aimez pas des séries comme 2 Broke Girls -elle est signée par l'une de ses principales scénaristes- Hot In Cleveland ou Mom, alors vous ne devriez pas y trouver votre compte. Moi, ça me plait énormément. C'est tout ce que j'aime. Et il y a une histoire de gaz et une autre de pipi. Avis aux amateurs.
Mais il faut bien avouer que la principale référence de One Big Happy, et quelle référence, c'est Will & Grace ! On peut la voir comme une version inversée, puisque ce n'est pas un gay et une hétéro ici, mais une lesbienne et un hétéro. Cela ne fait pas une grande différence. Ce qui est sûr, c'est qu'elle n'aurait probablement jamais existé sans Will & Grace. Et Ellen. Elles ont indéniablement ouvert des voies -et des esprits- qui se sont assez vite refermées malheureusement. Rien d'étonnant que Ellen De Generes soit à la production d'ailleurs. Et que NBC soit à nouveau dans le coup. On peut aussi se dire que Modern Family et de manière moins flagrante The New Normal ont permis d'introniser les familles homoparentales dans les comédies US en prime-time. One Big Happy doit beaucoup aux autres mais trouve assez rapidement son propre style, sa propre dynamique, et son luxe c'est de ne jamais avoir à questionner ou s'excuser de sa modernité. Cette configuration familiale, aussi originale soit-elle, est présentée comme normale. Et ça fait du bien. Sans doute qu'en cas de commande en série, d'autres épisodes traiteront de la difficulté à assumer ce choix. Mais c'est important dans la présentation de ne pas en faire cas.
D'avoir choisi Nick Zano pour le rôle principal masculin est une grande idée. Ce mec a un potentiel énorme, comme l'ont prouvé ses passages dans Cougar Town, Happy Endings, 2 Broke Girls et Mom, il est un plaisir pour les yeux et je suis sûr qu'il sera largement à la hauteur du script. Luke est un tombeur attachant, plein de second degré, qui bosse dans un bowling mais qui cache un tempérament de geek. Son rêve : faire carrière dans l'écriture de comics. Concernant Elisha Cuthbert pour le personnage de Lizzy, je suis un peu moins emballé. J'adore la bande de Happy Endings et je suis heureux qu'ils soient tous très demandés en cette saison des pilotes, mais ce n'est clairement pas elle ma préférée. Elle a fini par être convaincante une fois la première saison passée. Espérons qu'elle le soit cette fois dès le pilote. Peut-elle interpréter avec conviction une lesbienne un peu tomboy sur les bords mais pas trop et super coincée ? Là, comme ça, j'ai dû mal à l'imaginer. Aussi parce que j'ai ses couvertures de FHM & co en tête. Mais son imitation d'Ellen De Generes dans Happy Endings était très réussie. C'est peut-être même ça qui lui a permis d'obtenir ce job. Alors... je demande à voir ! Les personnages secondaires ne sont pas encore castés, mais ils ont eux aussi leur charme. Leisha et Roy forment un couple très complice et ils sont les parents d'une petite fille de 5 ans qu'ils aiment très fort, forcément, mais qui, de leur propre aveu, leur a aussi un peu gâché la vie en naissant. Des sidekicks efficaces, mais ce ne sont pas des Jack et Karen. Quant à Prudence, la fameuse entremetteuse, elle est vraiment super drôle et les casteurs n'ont pas intérêt à se tromper en la choisissant. Perso, je prendrais Lucy Punch sans hésiter. Mais si je pouvais, je mettrais Lucy Punch partout de toute façon... Prudence est une chic fille, sous ses airs de pétasse. Elle est très ouverte, très libérée, très franche, mais aussi très amoureuse. Un amour !
C'est un grand oui pour One Big Happy ! Ma seule tristesse, c'est qu'elle soit destinée à NBC qui a 1/ commandé 15 autres pilotes de comédie 2/ aucun véritable succès dans le genre aujourd'hui. Sur CBS, cette sitcom aurait sans doute pu facilement trouver sa place dans la grille et dans le coeur des téléspectateurs. Je ne voulais pas trop m'attacher à Luke et Lizzy mais je crois que c'est raté...
Madam Secretary [Pilot Script]
MADAM SECRETARY
Drama // 42 minutes
Ecrit par Barbara Hall (Amy, Le Monde de Joan, Homeland). Produit par Morgan Freeman. Réalisé par David Semel (Person Of Interest, Heroes, Life). Pour CBS, CBS Television Studios & Revelations Entertainment. 64 pages.
Lorsque le Secretaire d'État Américain meurt dans un mystérieux accident d'avion, le Président des Etats-Unis Conrad Dalton désigne Elizabeth Faulkner McGill, une amie de longue date, comme sa remplaçante. Chargée de la diplomatie internationale, cette femme brillante qui a fait carrière dans la CIA doit désormais jongler avec la bureaucratie, le staff mis en place par son prédécesseur qui ne lui est pas toujours favorable, la presse carnassière, les dîners officiels superficiels et sa vie de famille, quelque peu pertubée par ses nouvelles fonctions...
Avec Tea Leoni (Une fille à scandales, Deep Impact, Jurassic Park III), Tim Daly (Private Practice, Wings, The Nine), Bebe Neuwirth (Cheers, Frasier, The Good Wife), Geoffrey Arend (Body Of Proof), Erich Bergen, Patina Miller... (casting en cours)
Inutile de faire durer le suspense, vous avez vu le nombre d'étoiles plus haut : le pilote de Madam Secretary est presque parfait ! En fait non, il est parfait. Mais pour obtenir les quatre étoiles il faut offrir du plus-que-parfait. Avec le succès de Scandal, qui a en quelque sorte permis de décomplexer les scénaristes après le succès public et critique de The West Wing, il fallait s'y attendre, la télévision veut réinvestir la Maison Blanche, plusieurs projets étant développés dans ce sens : Agent X pour TNT, avec rien de moins que Sharon Stone dans le rôle de la première Vice-Présidente; Warriors, série médicale pour ABC se déroulant dans un hôpital militaire de Washington; The Brink, une comédie noire destinée à HBO se situant dans le bureau oval; un projet sans titre de CBS consacré aux nouveaux terroristes et une cellule spécialisée de la CIA pour les détecter; et donc cette chère Madam Secretary, la plus proche du pouvoir de toutes.
Après avoir collaboré à la saison 3 de Homeland -que je suis l'une des rares personnes à avoir aimé- Barbara Hall s'et lancée un défi incroyable, qu'elle a parfaitement réussi : installer une femme à la Maison Blanche en l'espace de 42 minutes, qui soit à la fois intelligente, compétente, originale, honnête, maternelle, éblouissante... et super attachante. J'ai certainement dû oublier quelques adjectifs pour la décrire, mais je crois que vous savez l'essentiel. Ah si, j'ai oublié de vous dire un truc : elle a beaucoup d'humour aussi ! Le petit problème dans tout ça, c'est qu'elle donne le sentiment d'être parfaite. Sa présentation manque certainement de failles. Elle ne trahit personne, elle ne trompe pas son mari -elle ne couche pas avec le Président !- elle garde son calme en toutes circonstances... J'a extrêmement hâte que le vernis craque. Mais il me semble que l'écriture est suffisamment brillante et l'ambition bien assez grande pour que la quarantenaire se retrouve rapidement face à des dilemmes moraux qui la forceront à basculer, parfois, du côté des forces obscures. Pour resituer l'héroïne dans le contexte initial, celui du premier acte, sachez qu'elle a fait ses armes à la CIA, qu'elle a gardé de très bons contacts avec un certain nombre de ses anciens collègues -ce qui lui sera forcément très utile par la suite- mais aussi avec des indics et des agents non-officiels -auxquels elle fait appel dans ce pilote. Elle a quitté ses fonctions au sein de l'agence gouvernementale quelques années plus tôt pour se consacrer à sa famille et devenir professeure d'université, comme son mari, spécialisé dans la théologie (ce qui permet à la créatrice quelques digressions religieuses chères à son coeur). Elle explique en ces termes le choix de sa démission : "I bought the idea that we were in the business of eliminating terrorism. The next thing I knew we were engaged in systematic torture. What good does it do to catch the enemy if you just become the enemy?". Madam Secretary n'hésite pas à adopter un ton engagé. Pour cela aussi, elle me paraît importante. Et puis Tea Leoni. Depuis le temps qu'on attendait son retour... Elle a trouvé l'écrin parfait et je ne la vois pas être autre chose que formidable dans ce rôle.
Contrairement à ce que le pitch officiel de la série annonce, la vie de famille d'Elizabeth -pour le moment en tout cas- n'est pas particulièrement complexe : certes, ses deux enfants -un garçon, une fille- ne sont pas très heureux de leur nouvelle condition, mais elle n'a pas des relations difficiles avec eux. Les quelques scènes familiales sont même très chaleureuses et amusantes, de vraies bouffées d'air frais, car ils ont tous beaucoup de répondant chez les McGill. Notamment le mari de 'madam", un peu lisse peut-être, mais potentiellement intéressant. Il paraît profond. Tout va dépendre de la place que les scénaristes comptent lui accorder par la suite. Mais c'est le mari de l'héroïne, je ne le vois pas rester constamment au second plan. Cela dit, le pilote nous introduit à énormément de personnages, sans compter tous ceux qui arriveront logiquement dans les épisodes suivants, je pense notamment à la femme du Président, invisible ici. Dans le staff d'Elizabeth, il y a pas mal de fortes têtes, mais je retiens surtout Nadine, sa chef de cabinet, qui va certainement devenir sa Kalinda, et Blake, son jeune et bel assistant, pour qui j'ai un excellent feeling. Un crush peut-être aussi. Une grosse rivalité s'annonce déjà entre Elizabeth et le chef de cabinet du Président, un certain Russell Jackson, un mec pas commode du tout qui semble avoir un hidden agenda. Se pourrait-il qu'il soit lié d'une manière ou d'une autre à la mort du précédent Secrétaire d'Etat ? C'est quasiment une certitude. Y'a de la magouille dans l'air et ça s'annonce passionnant à suivre. Une conspiration ? C'est sous-jacent mais c'est bien là. Et c'est souligné avec humour par le fils d'Elizabeth, un anarchiste auto-proclamé qui est persuadé que tout est conspiration, tout le temps !
En attendant, dans ce premier épisode, l'héroïne est confrontée à la gestion de sa première crise, qui doit absolument rester secrète afin que l'opération ne foire pas à cause des médias. Deux jeunes hommes se retrouvent injustement emprisonnés en Syrie et vont être exécutés dans une semaine. La course contre la montre commence donc pour elle et tous ses contacts. SPOILER ALERT! Elizabeth va évidemment parvenir à les faire libérer. Ce qui est presque dommage. Ca ne m'aurait pas déplu qu'elle débute la série sur un échec. C'eut été plus audacieux et inhabituel. Voilà pourquoi pas 4 étoiles. Mais je chipote un peu. Il faut en tout cas supposer qu'une crise sera gérée à chaque épisode, les possibilités étant nombreuses et variées, en se mêlant subtilement à beaucoup de feuilletonnant et de grands arcs.
Davantage dans l'esprit de The Good Wife -classe, sobre, intelligente- que de Scandal -soapy, addictive- Madam Secretary DOIT absolument arriver à l'antenne tant elle s'annonce d'ores et déjà brillante. Pour le bien de la télévision. Pour le bien des networks. Pour le bien de CBS. Pour NOTRE bien surtout. Une grande série est sur le point de naître.
Mission Control [Pilot Script]
MISSION CONTROL
Comédie (single-camera) // 22 minutes
Créé par David Hornsby (It's always sunny in Philadephia, How To be a gentleman). Produit par Adam McKay(Saturday Night Live, Légendes vivantes), Chris Henchy (Kenny Powers, Very Bad Cops) & Will Ferrell (Kenny Powers, The Spoils Of Babylon). Pour Universal Television & Gary Sanchez Productions. 36 pages.
En 1965, Mary, une femme forte qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, doit redoubler d'effort face à l'astronaute macho, Tom, qui lui sert de partenaire pour un futur voyage en direction de la Lune. Elle peut toutefois compter sur le soutien de ses fidèles acolytes, une bande de petits génies, inadaptés socialement mais attachants...
Avec Krysten Ritter (Breaking Bad, Don't Trust The B*****), Tommy Dewey (The Mindy Project), Michael Rosenbaum (Smallville), Malcolm Barrett (Better Off Ted), Jonathan Slavin (Better Off Ted)... (casting en cours)
Je ne pensais pas qu'après avoir commis l'affreuse How to be a gentleman, probablement l'une des sitcoms les moins subtiles de cette décenie qu'heureusement tout le monde a oublié, son créateur, David Hornsby, aurait droit à une seconde chance. Mais tout le monde la mérite et Mission Control fait office de très belle revanche, surtout si NBC se laisse tenter par une commande en série. Ce projet, c'est un peu Gravity rencontre Masters Of Sex. C'est un mélange étonnant, détonnant, probablement le plus original qui ait été commandé côté comédie cette saison des pilotes. On pourrait arguer que ce n'était pas difficile. Ce ne serait pas faux. Mais ça n'enlève rien à son ambition.
Comme Bad Judge, produite par la même équipe, je me demande si un format drama n'aurait pas été plus adapté. Mais plus encore que pour Bad Judge, je ne vois pas bien pourquoi Mission Control n'a pas été développé pour FX, ou Showtime, ou pourquoi pas même HBO ! C'est drôle, certes, mais c'est avant tout intelligent. Il y a du fond. Il y a une attache historique. Ce n'est pas très grand public en somme. Miser sur l'intelligence des téléspectateurs, c'est un peu utopique mais c'est beau. Et puis NBC a dû se dire que le tout petit aspect The Big Bang Theory du projet grâce aux 4 geeks qui complètent la galerie de personnages principaux valait bien le coup de se laisser tenter. D'ailleurs, merveilleuse idée que de reformer le duo désopilant de scientifiques de la regrettée Better Off Ted dans le rôle de deux de ces personnages ! En attendant, la force de Mission Control, ce n'est pas eux mais bien le duo de héros, cette femme et cet homme, totalement opposés, qui doivent travailler ensemble et qui n'ont pas d'autres choix que de faire passer la pilule en se vannant constamment. Et ils le font très très bien. Les répliques font mouche à mesure que les personnalités se dessinent et qu'une histoire d'amour/haine apparaît en filigrane. Le petit ami de Mary, Bus, est très drôle aussi dans son genre et il travaille également avec eux. Deux autres femmes font partie de l'équipe, des secrétaires, une qui est maligne, féministe, coquine; une autre qui est idiote, soumise, arriérée. Les intéractions entre les uns et les autres fonctionnent à merveille. Pour peu que la casting consititué trouve rapidement sa cohésion, son alchimie, on peut être sûr de prendre notre pied ! Et comme je le disais déjà plus haut, Mission Control se base aussi sur quelques faits historiques et a visiblement pour ambition de se diriger petit à petit vers la date fatidique du 21 Juillet 1969 et des premiers pas d'un homme sur la Lune. Et si dans cette version alternative, cet homme était une femme ?
Mission Control est un petit coup de coeur pour moi. Malgré quelques trous d'air au milieu, ce script est un bijou amusant et ingénieux auquel il ne manque plus que des interprètes talentueux et un réalisateur compétent pour briller au firmament de la télévision !
Black-ish [Pilot Script]
BLACK-ISH aka KEEPIN' IT REAL!
Comédie (single-camera) // 22 minutes
Ecrit par Kenya Barris (Are we there yet?, The Game). Produit par Larry Wilmore (The Bernie Mac Show). Pour ABC, ABC Studios, Principato-Young Entertainment & Cinema Gipsy Productions...
Dre Johnson, marié, quatre enfants, vient d'être promu dans son agence de publicité. Il devrait logiquement tout avoir pour être heureux mais il ne l'est pas à cause... de sa couleur de peau ! Afro-américain, il déplore que les valeurs de son identité culturelle se soient diluées peu à peu dans la société. Sa femme, très libérale, et son père, très vieux jeu, ont bien du mal à le comprendre, sans parler de ses enfants...
Avec Anthony Anderson (New York Police Judiciaire, Treme, Guys With Kids), Laurence Fisburne (Les Experts, Matrix, Apocalypse Now)...
"I'm sorry Dre. Not everything is about you being black!" lance la femme du héros au cours de l'une de leurs nombreuses disputes de ce premier épisode. Merci à elle ! Je peux vous assurer que ça soulage rudement quand elle lâche cette phrase assassine (qui ne semble pas l'être sortie du contexte). Parce que les 10 minutes qui précédent, Dre les passent à geindre encore et encore sur sa pauvre condition d'afro-américain aisé qui ne retrouve pas les repaires de son enfance et de son adolescence, quand les hommes noirs étaients des putains de pros du rap, de la danse et du sexe. Il se présente d'ailleurs ainsi : "Okay, so, I’m just your standard, regular ol’, massively well endowed, Black dude". Il déplore qu'aujourd'hui des blancs fassent du rap et vendent des millions de disques tandis que des asiatiques dansent comme des dieux devant la Terre entière. La culture de la rue n'est plus une contre-culture. Les noirs ne sont plus à la mode. Les noirs sont des citoyens comme les autres -en tout cas dans son quartier- et lui, ce qu'il voudrait c'est que rien ne change. Bon. Franchement, n'est-ce pas horrible comme point de départ ? Outrageant même ! Ce qu'il dit n'est pas faux, mais pourquoi s'en attrister ?!
Moi, je l'ai tout de suite trouvé antipathique le Dre. Y'a quelques moments où il est touchant, parce qu'il n'est pas non plus totalement borné, mais il est surtout agaçant 90% du temps. Typiquement le genre de personnage qui a tout pour être heureux mais qui s'évertue de tout faire toujours foirer, de chercher les complications là où il n'y en a pas... Et je dois dire que de savoir que c'est Anthony Anderson qui allait l'interpréter n'a rien arrangé. Je ne le déteste pas, mais il a une grosse tendance à devenir lourd très vite quand il joue dans une comédie. Il en fait des caisses et là, on lui en laisse clairement toute la liberté ! Les scènes qui se déroulent sur son lieu de travail -en plus d'être des publicités géantes pour Samsung- sont embarrassantes au possible. Après une ouverture pêchue, Black-ish devient rapidement fatigante, usante. On a pitié pour les enfants et la femme du monsieur. Cette dernière, à force d'être obligée de lui tenir tête constamment et de gueuler plus fort que lui pour se faire entendre, devient saoulante aussi. Heureusement, les enfants adoucissent un peu le propos, le nuance puisqu'ils font justement partie d'une autre génération. Ils ne comprennent absolument pas où leur père veut en venir. On s'identifie forcément à eux. Le plus âgé, Andre Jr., est le plus intéressant, dans le sens où il veut faire plaisir à son père sans pour autant trahir sa personnalité. Leur relation est touchante. Le personnage le plus drôle est sans conteste le grand père qui balance régulièrement des saloperies. Problème : c'est Laurence Fisburne qui a été engagé pour l'incarner et côté comédie, il n'a pas vraiment fait ses preuves malgré sa longue carrière. J'ai vraiment du mal à l'imaginer drôle ! En plus, il est questions qu'il ne s'agisse que d'un réccurent, pas d'un régulier. Des épisodes avec lui, j'en veux déjà pas tellement, alors sans lui, n'en parlons pas !
Black-ish me fait penser à toutes ces comédies centrées sur des hommes à la recherche de leur virilité perdue qui sont arrivées par paquet à l'antenne il y a quelques saisons, avec Last Man Standing pour seule représentante aujourd'hui. Sauf qu'ici, on remplace la virilité par la différence culturelle. C'est très rétrograde, même si la scénariste tente de faire passer un peu d'ironie au milieu de tout ça. Les networks manquent certainement de comédies avec un casting majoritairement afro-américain, mais si celle-ci pouvait ne pas être choisie pour remplir le quota, ce serait pas plus mal. Elle a plutôt tendance à desservir la cause qu'autre chose. Seul espoir : que dès l'épisode 2, elle devienne essentiellement familiale, laissant tomber ses amibitions moralisatrices d'un autre temps. Car les dialogues ne sont pas mauvais...
Allegiance [Pilot Script]
ALLEGIANCE (aka COERCION)
(aka M.I.C.E. - Money, Ideology, Coercion, Ego-)
Drama // 42 minutes
Créé par George Nolfi (Ocean's Twelve, La vengeance dans la peau, L'agence). Adapté de la série israëlienne The Gordin Cell. Pour NBC, Universal Television, Keshet Broadcasting, Tedy Productions. 66 pages.
Alex O'Connor, un officier de l'armée décoré devenu un agent de la CIA brillant, ignore que ses parents et sa soeur aînée sont des espions Russes pour le compte d'une cellule dormante qui vient juste d'être ré-activée. Ils doivent désormais espionner leur propre fils alors qu'une attaque terroriste est sur le point de tuer des milliers d'américains...
Avec Gavin Stenhouse, Hope Davis (The Newsroom), Margarita Levieva (Revenge, Toy Boy), Kenneth Choi (Le Loup de Wall Street, Sons Of Anarchy), Annie Ilonzeh (Arrow, Charlie's Angels) ..
La capacité des networks -et plus particulièrement de NBC- à copier les succès des autres est effarante et contre-productive. Du moins dans 90% des cas. Coercion est un croisement entre Homeland et The Americans, qui n'aurait certainement jamais existé sans elles. Mais pour tout dire, Coercion n'aurait surtout jamais vu le jour si Hatufim, qui a inspiré Homeland, n'avait pas inspiré The Gordin Cell... qui a inspiré Coercion. Et puis The Gordin Cell a été diffusée un an avant The Americans soit dit en passant. En attendant, on peut cracher autant qu'on veut sur ce système, face à un script comme celui de Coercion, on ne peut qu'applaudir ! Pour la petite histoire, NBC avait déjà tenté d'adapter ce projet la saison dernière avec notamment Peter Berg (Friday Night Lights) à la production. Je ne pense pas trop m'avancer en disant que c'est parce que cette deuxième version est plus tournée vers l'action que la chaîne a été davantage séduite. Homeland et The Americans sont d'excellentes séries (surtout la première à mon sens) en partie parce qu'elles s'intéressent aussi au portrait psychologique de leurs personnages. Sur un network, où les minutes sont comptées et où le téléspectateur zappe plus vite que son ombre, il est toujours plus difficile de se le permettre de manière aussi appronfondie. J'ai le sentiment que Coercion trouve un bon équilibre entre action et psychologie.
Le pilote s'ouvre sur une pendaison dans une aciérie abandonnée qui n'a finalement pas lieu... mais la victime ne gagne pas vraiment au change : elle est brûlée vive dans un four, sous l'oeil mi-fasciné, mi-terrorisé d'une dizaine de personnes réunies pour bien leur faire comprendre que si elles n'obéissaient pas aux ordres du KGB, elles seraient elles aussi sacrifiées de la même façon. Ambiance. Cette scène est d'autant plus importante qu'il faut attendre la fin du premier épisode avant de comprendre qui était vraiment l'homme massacré par rapport à nos héros et quelle était la nature de sa trahison. La suite du pilote alterne brillamment les scènes d'action et/ou de tension -interrogatoire musclé, course-poursuite en voiture... les ingrédients classiques de l'espionnage- avec des scènes familiales nous faisant découvrir peu à peu des héros touchants mais ambivalents, autour desquels l'étau se resserre de plus en plus jusqu'au cliffhanger, qui sonne aussi bien comme un soulagement que comme une nouvelle épreuve. La nouvelle d'une longue liste à venir !
Le scénariste parvient ainsi à créer une véritable empathie vis à vis de personnages dont on perdrait presque de vue qu'ils sont des espions Russes, des ennemis de l'Amérique, des gens qui ont probablement engendré la mort de tas d'américains par le passé. Et si Katya et Mark, les parents, sont dans une impasse et n'ont pas d'autres choix que de reprendre leurs activités, leur fille aînée, Natalie, est moins difficile à convaincre. Leur cacherait-elle des choses ? S'était-elle vraiment retirée de l'espionnage pendant six années ? Il semblerait bien que non. Et l'homme avec qui elle entretient une liaison, un certain Victor, n'y est probablement pas étranger. C'est lui qui est chargé d'annoncer aux O'Connor qu'ils doivent reprendre du service. En revanche, d'espionner leur propre fils, c'est leur idée à eux ! Une solution désespérée pour le sauver. Coercion résulte donc d'une histoire complexe mais parfaitement compréhensible, qui annonce de nombreux rebondissements, d'inéluctables trahisons, au sein même de la cellule familiale. C'est déjà passionnant au stade du pilote.
Les intéractions entre Alex et le reste de sa famille sont rares dans ce premier épisode car on suit le parcours du personnage au sein de la CIA, dont il ne fait partie que depuis 17 jours. Et il s'est déjà fait remarquer par ses supérieurs, non seulement par son intelligence et son ingéniosité, mais aussi par son comportement étrange. Il nous est ainsi révélé qu'Alex est depuis son enfance un garçon "différent" : il a été muet jusqu'à l'âge de six ans, alors qu'il savait parfaitement parler; il a été un cancre à l'école, refusant de lire et d'écrire, alors qu'il en était tout à fait capable... Il a visiblement vécu un traumatisme, qui n'est pas explicité mais qui, selon les indices que j'ai pu déceler au fur et à mesure, a à voir avec la mort éventuel d'un frère ou d'une soeur, sous ses yeux, à moins qu'il ne s'agisse d'un enlévement. Quelque chose de cet ordre-là en tout cas. Ce qui pourrait d'ailleurs expliquer que la famille ait choisi de cesser de travailler pour le KGB. Mais pour en revenir à Alex, il fait un peu penser à cette chère Carrie Mathison, l'obsession en moins. C'est le même type de personnage. Une relation intéressante se noue entre Alex et l'une des co-équipières, Julia. C'est léger à ce stade et je ne sais même si ce rôle va gagner en importance mais il a du potentiel. J'ai d'ailleurs un peu l'impression que beaucoup de personnages nous sont présentés dans le but de pouvoir en tuer plusieurs au cours de la saison.
Le script du pilote de Coercion est extrêmement prometteur, bien qu'il manque parfois de subtilité, pressé par le temps puisqu'il faut allier présentations et rebondissements. Il nous fait miroiter une série d'espionnage d'une grande efficacité avec ce qu'il faut de complexité, mais aussi une série familiale tordue. Si je n'étais pas si pemissimiste concernant les projets hyper feuilletonnants sur les networks, je dirais qu'elle est l'exemple parfait d'une série grand public de qualité, qui souffrira forcément de la comparaison à Homeland mais cette comparaison n'a, à mon sens, pas lieu d'être. Elles ne jouent pas dans la même cour car les paramètres ne sont pas les mêmes. Par contre, si elle est commandée, NBC a tout intérêt à annoncer une saison de 13 épisodes maximum sur le modèle du câble pour ne pas épuiser ses ressources.
Clementine [Pilot Script]
CLEMENTINE
Drama // 42 minutes
Pilote "Out of the darkness..." écrit par Dean Georgaris (Paycheck, Un crime dans la tête). Produit par Mark Gordon (Esprits Criminels, Grey's Anatomy). Réalisé par Michael Dinner (Justified, Sons Of Anarchy). Pour ABC, ABC Studios, The Mark Gordon Company. 59 pages.
20 ans après avoir assisté, impuissante, au meurtre de sa mère, Clementine Ross, qui a passé quelques mois en prison pour escroqueries, décide de reprendre sa vie en main et ne plus fuir son passé, en commençant par se rapprocher de sa fille, élevée par son ex-petit-ami et sa femme. Mais Clementine n'est pas une jeune femme comme les autres. Pour elle, rien n'est jamais simple. Elle possède un don... de voyance, héréditaire. Si le secret est bien gardé parmi ses proches, de mystérieux inconnus sont sur sa trace. Et tout se complique quand elle découvre que ses pouvoirs ne s'arrêtent peut-être pas là...
Avec Sarah Snook (Sleeping Beauty, Redfern Now), Kevin Alenjandro (True Blood, Arrow, SouthLAnd), Edwin Hodge (Cougar Town, Jack & Bobby), David Strathairn (Alphas, LA Confidential, Lincoln)...
Un show sur une voyante, potentiellement procédural. Je pense qu’on est tous d’accord pour dire que cette description est tout sauf bandante. Pourtant, Clementine l’est, bandante… en quelque sorte. La jeune actrice choisie pour l’interpréter, Sarah Snook, semble belle comme jour, fraîche comme le printemps. Ni trop sophistiquée, ni pas assez. Suffisamment en tout cas pour plaire aux hommes et ne pas faire fuir les femmes, qui peuvent s'identifier à elle. C’est important tout ça parce que, comme son nom l’indique, cette série repose entièrement sur les épaules de son héroïne et si quelques personnages qui gravitent autour d’elle ont leur importance, c’est elle qui mène la danse. Je n’ai pas eu un coup de cœur pour ce script, ni pour la série qu’il laisse entrevoir qu’elle va devenir, mais pour Clementine, le personnage. Et parfois, c’est suffisant pour rester et être un peu patient.
Après tout, quand on analyse le succès de séries policières comme Castle, Mentalist, Bones ou… Medium ( !), à la différence de la génération précédente remplie d’Experts, on ne peut que se rendre à l’évidence : les cas du jour sont simplement là pour faire passer le temps entre deux scènes mettant en avant les héros, leurs relations ambigües et/ou complexes, ou l’exploration de leur passé, leurs blessures, leur intimité en somme. Et souvent, cela s’accompagne d’une bonne dose d’humour qui rend le visionnage encore plus divertissant. La recette est immuable. Clementine entre en partie dans cette catégorie, même si la partie procédurale n’existe pas dans le pilote. D’ailleurs, rien n’indique que la suite ne sera pas entièrement feuilletonnante, mais mon intuition me fait dire que l’objectif est d’amener l’héroïne à travailler en tant que consultante pour la police de Philadelphie. Elle se servirait ainsi de son don de voyance pour attraper les méchants. Il ne faut pas un diplôme en écriture de scénario pour le deviner, d'autant qu'on sait comment les chaînes fonctionnent. Et comme Clementine plait au chef de la police, Ray, ça tombe rudement bien, n’est-ce pas ? Cela dit, je ne demande qu’à être surpris !
Elle est bad-ass Clementine : elle a passé quelques mois en prison, elle triche au poker comme personne, elle tue de sang-froid son pire ennemi à la fin. Elle est fun aussi, notamment aux côtés de son meilleur ami gay, pas assez présent dans ce pilote mais qui devrait délivrer son lot de scènes amusantes parce qu’ils forment un chouette duo, soudé. Et puis elle est vulnérable donc attachante : dans les flashbacks la montrant petite fille assister impuissante à l’exécution de sa mère; auprès de sa propre fille, Lucy, qui pense qu’elle est juste sa tante; face à son père, un homme mystérieux qui en sait plus qu’il ne veut bien en dire. Le scénariste aime son héroïne et ça se sent. J'espère juste que Clementine Ross ne se transformera pas en Melinda Gordon, façon Ghost Whisperer.
Avec Clementine, on est en terrain connu : tout est assez conventionnel, de l’introduction jusqu’au twist final. Les amateurs du genre devraient facilement y trouver leur compte, et les téléspectateurs curieux et patients pourraient être récompensés sur le long cours, si toutefois les auteurs prennent soin de s’attacher davantage à développer et explorer l’univers familial de l’héroïne plutôt que ses éventuelles collaborations avec la police. Je ne me vois pas forcément suivre la série pour être tout à fait honnête, mais j’ai d’ores et déjà une certaine sympathie pour elle. Elle est assez réussie dans son genre, mais pas unique en son genre.
Here's Your Damn Family [Pilot Script]
HERE'S YOUR DAMN FAMILY
Comédie (Multi-camera) // 22 minutes
Ecrit par Ricky Blitt (Les Griffin, Romantically Challenged). Produit par Johnny Galecki (The Big Bang Theory) et Steve McPherson. Pour FOX, Warner Bros. Television & Wonder Monkey Productions. 50 pages.
Un trentenaire qui vit toujours avec sa mère voit son petit quotidien bouleversé quand celle-ci se remarie et propose à son mari et ses trois ados d'emménager avec eux...
Avec Jane Kaczmarek (Malcolm, Raising The Bar), David James Elliott (JAG), Jon Heder, Brendan Meyer, Peter Dacunha... (casting en cours)
Parce que j’aime beaucoup Jane Kaczmarek, j’avais vraiment envie d’aimer ce pilote. Mais ça se confirme : FOX ne sait pas faire de la sitcom multi-caméra. En tous cas depuis Mariés, deux enfants et That ‘70s Show. Pas qu’elle ait beaucoup essayé non plus. Après l'inconséquente I hate my teenage daughter et la cauchemardesque Dads, voici donc Here’s Your damn family, qui emprunte beaucoup à Notre belle famille, jusqu’au prénom de l’héroïne d’ailleurs : Carole.
L’histoire est plus ou moins la même, y compris dans les rapports familiaux qui s’installent. Les vannes que les enfants s’envoient pourraient être drôles, mais il n’y a pas d’équivalent à l’excellente Dana ici. Toutes les tentatives des uns et des autres tombent à l’eau. La cheerleader est nulle, le fils du milieu, un fou de Dieu, est inintéressant, et le petit génie est d’un classique à pleurer. Le père n’a pas une seule réplique amusante. La dynamique entre la mère et son fils trentenaire est déjà plus efficace et il s’en dégage quelque chose de sympathique et d'attachant. D’hilarant, certainement pas. Rien ne l’est. Le créateur est clairement obsédé par Cheers et Shelley Long. C’est marrant deux minutes mais ça ne remplit pas un pilote. Puis c’est tellement facile comme référence, tellement déjà vu all over again. Les seuls thèmes qui pourraient avoir du potentiel s’ils sont franchement exploités par la suite et pas simplement effleurés comme dans ce premier épisode, c’est les différences culturelles entre la Californie et le Texas, ainsi que l’affrontement juifs croyants (et vaguement pratiquants) et athées.
Here’s your damn family a plutôt tout intérêt à ne pas voir le jour : 1/ Pour éviter une nouvelle humiliation critique et audimatique à FOX 2/ Pour libérer Jane Kaczmarek qui mérite vraiment mieux que ça. On est loin du destin de Bryan Cranston...