27 mars 2013

Friends With Better Lives [Pilot Script]

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FRIENDS WITH BETTER LIVES

Comédie (multi-caméra) // 22 minutes

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Ecrit par Dana Klein (Friends, Kath & Kim). Réalisé par James Burrrows. Pour 20th Century FOX Television & CBS. 52 pages.

Des amis trentenaires mènent tous une vie qui les insatisfaits, qu'ils soient éternels célibataires, mariés ou fraîchement séparés. Pire, ils se jalousent les uns les autres, persuadés qu'ils seraient plus heureux en échangeant leurs quotidiens... 

Avec James Van Der Beek (Dawson, Don't Trust The B), Brooklyn Decker (The League), Kevin Connolly (Entourage), Majandro Delfino (Roswell), Rick Donald (Summer Bay, Underbelly), Zoe Lister-Jones...

 

   Je l'avoue, j'ai eu un mal de chien à écrire le synopsis de ce projet de sitcom. Et pourtant, le résultat n'est pas fameux. Je crois que j'ai essayé tant bien que mal de donner un peu plus d'envergure à une idée qui n'en a absolument pas. Et c'est précisément ce que se tue à faire la scénariste Dana Klein tout au long de ce script. Elle tente de nous vendre un concept qui n'existe pas. L'excuse des "amis qui se jalousent" ne tient pas la route plus de cinq pages. Ce sont simplement des amis, en fait. On a tous tendance à jalouser la vie de certains de nos proches, de près ou de loin. C'est humain. C'est précisément ce que font les héros de Friends With Better Lives... pendant cinq minutes. On se retrouve donc avec une sitcom de potes relativement basique, surtout si elle venait à être commandée et que le propos disparaissait au bout de deux épisodes, qui lorgne plus du côté de Rules Of Engagement que de Friends. Un système de flashbacks est d'ailleurs régulièrement utilisé pour mettre en images un souvenir drôle ou embarrassant pour l'un des personnages, ce qui est devenu la norme depuis How I Met Your Mother (même si elle ne l'a pas inventé non plus, mais plutôt popularisé en s'en servant plus comme un moteur que comme un accessoire; et c'est encore plus vrai pour les flashforwards). Si CBS envisage de préparer la succession de HIMYM avec elle, c'est fichu...

    Tout est basique dans cette histoire, des personnages aux situations. Le duo masculin principal est formé par deux gynécologues : l'un qui vient de se faire tromper méchamment et qui déteste donc l'Amour, les couples, la joie; et l'autre qui est marié, a des enfants, et s'ennuie ferme dans sa routine avec sa femme. Evidemment, ils sont tous les deux frustrés, mais pas pour les mêmes raisons. Le duo féminin principal est quant à lui composé de la fameuse femme mariée, qui a perdu son sex-appeal à cause de ses trois enfants qui lui pompent tout son temps et toute son énergie; et de sa meilleure amie, une ancienne mannequin qui galère pour devenir actrice, qui est bien entendu resplendissante, qui a tous les hommes à ses pieds, mais qui a su rester naïve, simple et gentille. Et puis il y a deux autres personnages, un peu plus en retrait, une femme et un homme (pour respecter la régle des six et la parité) : un magnifique Australien, romantique et spiriturel, très tourné vers la Nature; et une bourreau de travail, égoïste, exigeante, impatiente, incapable de garder un homme plus d'une nuit, quand toutefois elle en trouve un qu'elle estime à sa hauteur (jeu de mot compris... elle a un rendez-vous avec un homme de petite taille). Le fait qu'ils soient tous très caricaturaux n'est pas un problème, c'est obligatoire dans une sitcom. On aurait simplement aimé qu'ils nous surprennent avec des personnalités un peu plus originales. Il y a de bonnes répliques, honnêtement, et quelques situations amusantes. Mais ils ne sont pas attachants au bout du compte. Il leur faudra plus de temps que ce pilote pour s'affirmer et ce temps, est-ce que seulement ils le méritent ? Je n'en suis vraiment pas certain. Evidemment, si l'alchimie entre les acteurs fonctionne, tout peut basculer...

   Friends With Better Lives fera peut-être partie à la rentrée de ces sitcoms pas super drôles mais pas méga nulles non plus, qui envahissent chaque année les écrans on ne sait pas bien pourquoi. Ah oui : parce qu'elles ne coûtent pas cher à produire ! Toutefois, CBS semble avoir de bien meilleures choses à offrir et très peu de place pour des nouveautés, je l'imagine donc mal voir le jour...


Bates Motel [Pilot]

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First You Dream, Then You Die (Pilot) // 3 040 000 tlsp.

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What About ?

Après la mort mystérieuse de son mari, Norma Bates décide de refaire sa vie loin de l'Arizona, dans la petite ville de White Pine Bay dans l'Oregon, et emmène avec elle son fils Norman, âgé de 17 ans. Elle rachète là-bas un vieux motel abandonné depuis de nombreuses années, ainsi que le manoir qui trône majestueusement quelques mètres plus loin. La mère et le fils partagent depuis toujours une relation complexe, presque incestueuse. Des événements tragiques vont les pousser à se rapprocher encore davantage. Ils partagent désormais ensemble un lourd secret... 

Who's Who ?

Drama créé et produit par Anthony Ciprinano (12 And Holding, Terre Neuve), Kerry Ehrin (Friday Night Lights) et Carlton Cuse (Lost). D'après le roman et les personnages de Robert Bloch. Avec Vera Farmiga (Les Infiltrés, In The Air, Esther), Freddie Highmore (Arthur et les Minimoys), Nestor Carbonell (Lost, Ringer, Susan!), Mike Vogel (Pan Am, Miami Medical), Max Thieriot (Jumper, Chloë), Keegan Connor Tracy (Once Upon A Time), Olivia Cooke, Nicola Peltz...

What's More ?

 Officiellement, Bates Motel est présentée comme un prequel au film Psychose de Hitchcock, bien que l'action se situe à notre époque et non dans les années 50.

La série n'est pas tournée aux Etats-Unis mais au Canada, dans la ville d'Aldergrove, à l'Est de Vancouver. 

So What ?

    Bates Motel devrait ravir les détracteurs -nombreux et vocaux- d'American Horror Story, car j'ai le sentiment qu'elle en est un peu l'antithèse. Lorsqu'on enlève toutes les boursouflures, les effets de style et les bêtes de foire de la première saison du freak show de Ryan Murphy, que reste-t-il ? Les lambeaux d'une famille déchirée, soumise à d'atroces souffrances, qui finit par se dissoudre dans l'éternité pour trouver enfin le repos. Un voyage au bout de l'enfer, terriblement humain. Bates Motel ne souffre, en tout cas dans ce pilote, d'aucunes de ces digressions "grotestico-fascinantes" qui ont tant fait parler et qui ont détourné l'attention du propos véritable de la série, avec la complicité perverse de son créateur qui aime par dessus tout déstabiliser et choquer. Les auteurs de ce qui est présenté pour des raisons marketing essentiellement comme le prequel de Psychose ont fait le choix de la sobriété. Et on les en remercie. Ainsi, l'oeuvre d'origine est dépoussiérée tout en évitant les salissements, les écorchures. Bien sûr, cette sagesse, il va falloir réussir à la garder le temps que la série durera. Et ce sera difficile. Peut-être devrait-on dès à présent se distancer de Psychose, comme les scénaristes le font brillamment, et laisser cette autre histoire vivre, grandir. 

   Comme seule une série du câble peut se le permettre -malheureusement- ce premier épisode prend le temps d'installer une ambiance particulière, à la fois inquiétante et familière, presque chaleureuse grâce à l'amour qui se dégage des deux protagonistes principaux, Norma et Norman. Le message est clair : il s'agit avant tout de raconter l'histoire forte et singulière d'une intimité quasi-incestueuse entre une mère et son fils. Il est donc inutile, dans un premier temps, de s'attacher à décrire les personnages secondaires, qui ne font que passer. Ils existent, mais ils nous importent peu pour le moment. On sait simplement qu'ils auront un rôle à jouer le moment venu et c'est là l'essentiel. Vera Fermiga incarne à la perfection cette femme énigmatique, dont on attend beaucoup des prochains coups de sang. J'ai adoré le fait qu'elle vive dans un univers rétro, comme si le monde d'aujourd'hui la dépassait complètement et qu'elle préférait se réfugier dans ses souvenirs (ses robes à fleurs d'antan, ses vieux disques, sa voiture mythique) pour oublier la cruauté du temps présent. C'est en plus une belle manière de justifier que la série évolue dans une ambiance 50s, donc comme dans le film, bien qu'elle se déroule en réalité à notre époque. Je n'ai pas pu m'empêcher de me dire qu'une Felicity Huffman ou qu'une Gillian Anderson auraient habité le personnage avant autant de force et peut-être même plus que Farmiga, mais c'est une pensée inutile, je le concède, et qui me passera sans doute très vite. Elle a cet avantage d'être moins connue, pas vraiment idenitifiable pour un rôle précis, donc à nos yeux, elle se glisse facilement dans la peau de l'héroîne. Norma Bates, maintenant, c'est elle. Freddie Highmore m'a aussi fait très bonne impression, si ce n'est qu'il fait plus jeune que son âge. Je lui donnerai plus 14 ans que 17. En même temps, l'acteur en a 20... Contrairement à sa mère, Norman ne vit pas tout à fait dans le passé, mais pas tout à fait dans le présent non plus par sa faute. Il a un iPod, par exemple. Il n'est pas un adolescent comme les autres, mais pas (encore) parce qu'il a l'air d'un psychopathe. Ce n'est pas du tout le cas. Juste parce qu'il est timide, gauche, innocent, d'un calme Olympien. C'est d'ailleurs intéressant de constater que pour une fois dans une fiction, ces traits de caractère semblent attirer certaines jeunes filles. Deux en l'occurence, très différentes l'une de l'autre en plus. Bref, ce Norman est touchant. On a envie de le cajoler, mais on sait qu'un jour ou l'autre, il risquerait de nous planter un coûteau dans le dos, littéralement.

    Si la psychologie des héros est le fil conducteur du pilote de Bates Motel, avec ce sentiment que le trouble s'insinue de plus en plus clairement dans leurs rapports, il ne se passe pas rien. Bien au contraire. Les événements s'enchaînent tranquillement mais sûrement : de la scène d'ouverture troublante, qui pose question, aux différents obstacles que les Bates trouvent sur leur chemin. Le moins subtile dans son portrait, c'est l'héritier du manoir. C'est le campagnard typique qui, en plus d'être idiot, ne trouve rien de mieux à faire que de violer Norma ! Mais si c'est too much sur le principe, c'est quand même intéressant. On aurait par exemple pu s'imaginer que Norman allait arriver à temps pour éviter l'irréparable. Eh bien non. Il débarque après pénétration ! Et ce n'est pas un détail. C'est un message fort lancé par les auteurs. Ici, on ne rigole pas. Ici, on repoussera certaines limites. L'obstacle représenté par les flics du village est un peu plus classique, surtout dans son déroulement. Ca fonctionne, mais on sait très bien qu'ils ne vont rien découvrir. Pas si tôt. Quoiqu'après tout, en étant un peu tordu, on peut se dire que le shérif a vu le corps dans la baignoire mais n'a rien dit pour mieux observer les agissements des Bates... 

   Bates Motel est un thriller intimiste prometteur, qui se démarque des shows de serial killers tant à la mode en ce moment grâce à la sobriété de son écriture, la subtilité de ses interprétes et l'héritage de son passé, lequel ne semble finalement pas si lourd à porter. 

How ?