Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Des News En Séries, Le Blog
27 novembre 2012

Les Revenants [Saison 1] : Le miracle a eu lieu !

20295019

Saison 1, 8 épisodes

 44030378

 Dans une ville de montagne dominée par un gigantesque barrage, le même jour, plusieurs personnes d’âges et de milieux différents, tous désorientés, cherchent à rentrer chez eux. Ils ne savent pas encore qu’ils sont morts depuis plusieurs années, qu’ils n’ont pas vieilli et que personne ne les attend. Déterminés à reprendre une place qui n’existe plus, ils découvrent peu à peu qu’ils ne sont pas les seuls revenants et que leur retour s’accompagne de dérèglements croissants. Et si ce n’était que le début d’un bouleversement plus grand ?


20208415

 Il n'y aura plus de mort, ni deuil, ni lamentations, ni douleur...

   On pourrait tout écrire, tout lire, tout dire, que ce ne serait pas assez. Les Revenants, c'est un rêve éveillé, merveilleux, inespéré. Celui d'une série française qui existe, qui vit; d'une fiction française qui revit. C'est un miracle. Mais c'est un cauchemar aussi, parce que c'est sombre, parce que c'est glauque, parce que c'est triste, parce que c'est douloureux. Mais c'est si bon de souffrir avec eux...

   Je ne parle pas souvent de séries françaises ici. Pas par choix ni condescendance, mais parce que ce qui s'offre à moi -ce qui s'offre à nous- ne me touche pas, ne me ressemble pas. Il y a bien eu Pigalle, la nuit, dans laquelle je me suis plongé avec gourmandise et fascination, avant que Canal + ne me retire l'objet du désir. Ou encore Clara Sheller, et son pote J.P., qui, d'une version à l'autre, ont su m'amuser et m'attendrir en m'avouant leurs petites manies, leurs gros défauts, en me confiant leurs troubles, en m'ouvrant grand leurs coeurs. Et j'ai vibré avec les jeunes héros de La vie devant nous, qui la mordait à pleines dents. J'ai cherché à apprivoiser les apprentis-prêtres d'Arte, mais ils m'ont déçu. Ainsi Soient-Ils. La noirceur de Xanadu m'a fait fantasmer. Mais ce que Les Revenants m'ont fait, aucune autre série française n'y était arrivée. Elle m'a pris aux tripes et ne m'a pas lâché. Son secret ? Elle n'en a pas qu'un. Elle en a plusieurs. Au moins trois, ou quatre... peut-être plus. Comme si elle avait tout compris.

   Ses héros d'abord, abîmés, cabossés. Touchés par la grâce. Vivants ou décédés. Qu'ils soient muets, décalés, illuminés, suicidés, dérangés, meurtriers... ils m'ont tous touché. Le plus impressionnant je crois, c'est que le coup de foudre a été instantané avec la plupart d'entre eux. Comment ne pas craquer pour la frimousse de Camille alors qu'elle débarque de bon matin dans son foyer où on ne l'attend plus depuis des années ? Comment ne pas partager l'incrédulité, et la joie et la souffrance mêlées, de sa mère, de son père et de sa soeur jumelle désormais plus âgée ? C'est assurément sur cette famille que le récit devait commencer, afin de nous faire comprendre, tout en douceur, ce vers quoi la série voulait nous amener. Vers l'intime. Vers le deuil impossible. Comment ne pas céder au regard de ce petit garçon perdu, paralysé ? Comment ne pas se prendre d'amitié pour celle qu'il considère comme sa fée ? Une femme sans joie, meurtrie, apeurée. Morte, comme lui ? C'est avec eux aussi que l'espoir renaît, que la vie reprend son cours alors que tout s'était arrêté. Comment ne pas trembler face à ce jeune homme qui éventre, qui dévore, qui tue ? Comment ne pas frissonner face à ce frère désemparé ? Ils nous amènent vers l'horreur, le désespoir, la solitude. Et cette mariée, abandonnée ? Et ce fiancé, qui a tout quitté ? Et ces flics, dépassés ? Et cette voisine, délurée ? Quelle galerie de personnages ! Quelle richesse d'emblée ! Et quels acteurs ! Des plus jeunes aux plus expérimentés, ils les habitent tous avec conviction. On pourrait tous les citer, sans exception. Je me contenterai de souligner la prestation au-delà du remarquable de Céline Sallette, qui hérite peut-être du plus beau personnage, du plus vrai; de tirer mon chapeau aux très convaincantes Yara Pilartz et Jenna Thiam, à qui, j'espère, l'avenir sourira; et de décerner à Clotilde Hesme et Pierre Perrier le prix du plus beau couple maudit de l'année. Fabrice Gobert a su créer avec son équipe des personnages qui existent, aussi bien à travers leurs mots qu'à travers leurs silences, et bien qu'ils soient confrontés à l'impensable, à l'extraordinaire, à l'inouï. Il n'y a pas de bonne série sans bons personnages. Les Revenants l'ont bien compris.

   Et puis il y a son atmosphère, si singulière et si familière à la fois. Référencée. Américanisée. Parce que Twin Peaks, à laquelle on ne peut s'empêcher de penser. Parce que le Lake Pub, parce que le Diner. Parce que Les 4400, auxquels on aimerait autant éviter de penser. Parce que Six Feet Under. Parce que cette ville à l'écart du monde, en autarcie. Parce que Lost.  Et puis malgré tout ce côté si français, parce que si dépouillée, si sobre, si introspective, si délicate. Cette poésie aussi : ce papillon qui s'envole, cette musique de Mogaï qui envoûte, qui enivre... et qui revient nous hanter, encore et encore. La religion, la foi, qui s'invitent à chaque pas. A la main tendue, ou ailleurs. Un refuge dans le refuge. Ce barrage, impressionnant, à l'histoire marquante, importante... décisive ? Ces forêts, ces animaux, ces routes, ces champs, ces maisons, en brique, en bois. Tout ça. Et plus encore. Et ce n'est pas trop. C'est juste ce qu'il nous faut. 

   Et puis l'autre grand secret des Revenants, c'est qu'elle n'a pas été écrite comme un film de huit heures, mais comme une série. Une vraie. De huit épisodes, et plus si affinités. Avec des ouvertures toujours scotchantes, qui vous donnent très envie de rester au-delà du générique (qu'elle a d'ailleurs fort beau). Avec des épisodes construits brillamment, remplis de rebondissements, de révélations, de surprises, même si l'on pourrait çà et là reprocher quelques lenteurs inutiles, quelques dialogues ratés, quelques lourdeurs, quelques redites. Les épisodes 5 et 7 sont en ce sens un peu moins captivants que les autres. Et des cliffhangers il y aussi, systématiquement. Et pas de ceux qui vous donnent vaguement envie de revenir. Non, de ceux qui vous coupent l'envie de vivre jusqu'au prochain. La saison suit une progression discrète, au cours de laquelle le mystère s'épaissit et le fantastique se fait une place de plus en plus grande, naturellement. Les questions s'amoncellent, les premières réponses tombent et séduisent, mais de nouvelles questions se posent... La saison s'achève sur un épisode grandiose, et la série embrasse alors pleinement sa destinée, quitte à déplaire aux plus impatients qui espéraient une conclusion. Les Revenants ne sont sans doute pas éternels, mais ils ont visiblement de quoi nous tenir en haleine, nous hypnotiser, pendant encore quelques années... jusquà ce que mort s'en suive. 

20317441

 Puis je vis un nouveau ciel, une nouvelle terre...


 Ils sont beaux nos Revenants. Ils sont d'ici, de là-bas et d'ailleurs. Ils nous remuent, ils nous amusent, ils nous bousculent, ils nous terrifient, ils nous bouleversent. Ils s'imposent à nous. Ils nous observent. Ils nous obsèdent. Ils nous passionnent. Quand ils s'en vont, ils nous manquent. Les Revenants, ne partez pas trop longtemps...

_________________

 

La bande-annonce :



Publicité
Publicité
Commentaires
B
Engrenage est aussi une tres bonne serie francaise tout comme braquo !
A
Excellente série française. De la musique envoutante de Mogwai (toujours pas sortie dans le commerce, grrr) aux images léchées, en passant par l'ensemble des personnages, pas la peine d'en ajouter beaucoup plus, ce serait paraphraser ce que tu as déjà très bien exprimé. Seuls quelques petits bémols : je ne suis pas fana du "don" de Lucy. J'avoue que c'est un point qui m'a plus fait sourire qu'il ne m'a dérangé ou intrigué. J'ai eu l'impression, deux ou trois fois, d'avoir quelques longueurs d'avance par rapport à certains événements bien trop prévisibles (je pense, entre autres, au sort réservé aux parents de l'un des enfants morts dans le bus, après qu'ils ont écouté attentivement les propos de Camille). Et puis, je dois reconnaitre que j'ai eu le sentiment que la série glissait vers un autre style sur les 2 derniers épisodes, sur quelques chose de moins intimiste, de moins intense, qu'elle perdrait un tout petit peu de sa substantifique moelle. Je suis cependant très impatient de voir la saison 2 (et les cliffhangers - que beaucoup semblent de moins en moins supporter - mettent l'eau à la bouche). Seul hic : il faudra attendre 2014 et Victor aura grandi, Camille n'aura jamais le physique de sa soeur jumelle... On peut déja se demander comment le scénar va gérer ces détails "humains".
L
Ah lalala... C'est dur !
A
On fait quoi jusqu'en 2014 ?
M
Comment, mais COMMENT, as-tu eu la chance de pouvoir visionner la saison complète alors que la pauvre téléspectatrice que je suis se trouve dans l'obligation d'attendre la semaine prochaine pour les deux prochains épisodes? L'attente est trop longue. J'aime cette série comme j'ai rarement eu l'occasion d'accrocher avec d'autres, US ou non. Bon sang, que les jours vont me sembler longs! :)<br /> <br /> Néanmoins, j’acquiesce complètement ton review. C'est toujours un plaisir de te lire. <br /> <br /> x
Des News En Séries, Le Blog
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 2 496 219
Derniers commentaires
Archives
Publicité