Grey's Anatomy [9x 02]
Remember The Time // 10 840 000 tlsp.
Après un Season Premiere particulièrement émouvant qui avait mis la barre très haut, Grey's Anatomy poursuit sur sa lancée avec un deuxième épisode encore plus bouleversant et sacrément éprouvant, qui entre facilement dans le top 20 des pièces les plus marquantes de la série (sur 174 !). Construit quasiment de la même manière que le premier épisode de la saison 6 de Private Practice, il se concentre sur l'après crash d'avion en dédiant un acte par personnage, dont les histoires sont évidemment intimement liées les unes aux autres. Le concept est efficace mais il prend un peu de temps à se mettre en place. Dans les cas de Meredith et Derek, qui ouvrent le bal, il faut s'habituer aux sauts dans le temps incessants, frustrants au prime abord mais préférables tout compte fait. Plutôt que de nous montrer en détails tout ce qui s'est passé pendant cette semaine terrible où ils étaient coupés du monde, perdus au milieu des bois, entre la vie et la mort, les auteurs ont préféré n'en dévoiler que quelques images stylisés, tournées dans un studio, et faire raconter aux personnages les moments les plus affreux. L'impact n'en est que plus grand puisque l'on ressent ainsi la force de leur traumatisme à travers leurs hésitations, leurs larmes, leurs silences éloquents aussi.
Le premier acte consacré à Meredith sert surtout d'introduction, il rôde le mécanisme de l'épisode, plante le décor, mais ne trouve son véritable intérêt que lors des segments de Derek et de Cristina et surtout lors de la magnifique conclusion. Celle-ci m'a d'ailleurs drôlement perturbé tant elle ressemblait à un monologue de fin de série. C'eut été un épilogue parfait. Et elle explique très bien pourquoi Meredith a choisi de rester à Seattle : malgré tous les malheurs qui lui sont tombés sur la tête dans cette ville, c'est aussi là qu'elle a connu ses plus grands bonheurs et qu'elle a fait ses plus belles rencontres. C'est là qu'elle est devenue médecin, c'est là qu'elle a rencontré sa meilleure amie, sa "person", c'est là qu'elle a renoué avec sa famille, c'est là qu'elle a fait la connaissance de l'homme de sa vie et c'est là qu'elle est devenue mère. Avec beaucoup d'optimisme, un peu trop même, elle assure que tout ira bien : "Everything's gonna be fine". Elle essaye en tout cas de s'en persuader. Plus que jamais, elle sert de ciment au groupe, elle est l'élément qui l'empêche de s'effondrer, mais, malgré sa bonne foi, elle ne peut pas retenir Cristina... De son coté, Derek apprend à devenir humble après des années de prétention et d'égo mal placé. Sa blessure semble ainsi davantage lui servir de leçon que la fusillade. C'est appréciable. Pendant quelques instants, il m'a paru sympathique. Un bel exploit en somme !
Dans ses derniers instants, c'est davantage à Richard qu'à Derek que Mark se confie. Pendant sa période de "surge", durant laquelle un patient en phase terminale de se maladie connait un regain d'énergie avant de sombrer, il se transforme en grand sage qui a plein de choses essentielles à dire sur la vie, plein de leçons à donner. Ce n'est absolument pas le Mark que l'on connait mais c'est définitivement un Mark que l'on aurait aimé connaitre. L'hommage qui lui a été rendu au précédent épisode était suffisant, mais ces quelques minutes supplémentaires passées en sa compagnie n'ont pas été déplaisantes. Parmi les instants les plus forts, on retiendra cet horrible moment où il est obligé d'avouer à Julia -que l'on avait complètement oubliée avec tout ça- que c'est Lexie qu'il a toujours aimée. On ne connaissait pas bien la jeune femme, puisque les auteurs se sont acharnés pour qu'on la voit le moins possible, mais on ne pouvait que ressentir de la peine pour elle. Et puis il y a eu aussi la signature lente et douloureuse des formalités à remplir avant de tomber dans le coma. Sans oublier ses demandes incessantes pour voir sa fille, Sofia, qui seront restées lettre morte puisque Jackson arrive malheureusement trop tard. Callie fait évidemment partie intégrante de ce segment de l'épisode mais c'est au cours de celui d'Arizona, le dernier d'ailleurs, le plus bouleversant sans doute, que Sara Ramirez brille le plus face à une Jessica Capshaw comme on ne l'avait jamais vue. Elle joue la colère, la douleur et l'amertume avec autant de talent que la joie, la légéreté et la simplicité. Comme Callie, on a l'impression de ne pas avoir la vraie Arizona devant nous mais une autre femme, désespérée, qui lui aurait volé son corps (et piqué une jambe au passage !). La grande altercation entre Arizona et Alex était merveilleuse. Horrible mais merveilleuse. L'entendre dire autant d'horreurs sur Alex était jouissif je dois dire, pour un anti-Karev comme moi. Même pas de peine pour lui. Même pas.
Le morceau dédié à Cristina n'était pas le dernier chronologiquement mais c'est celui sur lequel je voulais moi terminer car c'est probablement celui qui m'a le plus touché, en grande partie grâce à l'interprétation encore une fois magistrale de Sandra Oh. La scène dans la baignoire figure facilement parmi ses plus grands moments dans la série. C'était absolument affreux de l'entendre raconter après plusieurs jours de silence le drame qu'elle avait vécu avec des détails particulièrement atroces, entre les insectes qui commençaient à bouffer la jambe d'Arizona et les animaux de passage qui se sont battus pour dévorer la chaire de Lexie. Quand on entend ça, effectivement, on comprend pourquoi on a choisi de ne pas tout nous montrer. C'eut été sacrément gore, façon The Walking Dead. Non merci. Le départ de Cristina de Seattle, qui semblait déjà logique à la base, l'est encore plus désormais. Pour autant, il lui faudra bien revenir un jour. On imagine mal les scénaristes la laisser pourrir dans le Minnesota, sans Meredith et sans Owen. Ah oui car après ce qui s'est passé, il y a fort à parier que le couple va se reformer. L'histoire de l'enfant paraitra peut-être dérisoire après tout ce qu'ils ont vécu. Ou alors la jeune femme changera d'avis. Une option qui ne me plait guère entre nous soit dit. Bon et puis sinon quelques secondes sont réservées à Jackson et April et leur histoire naissante déjà contrariée. Il veut la retenir, il arrive trop tard, elle est déjà partie. C'est un peu faible à coté de tout le reste mais c'est bien tenté ! Je termine sur LA référence génialissime de l'épisode : Bailey qui évoque Lost ! Shonda Rhimes est très fan de la série et n'a pas caché que l'idée du crash d'avion lui venait de là. C'était un joli clin d'oeil.
// Bilan // Ce deuxième épisode de la saison 9 de Grey's Anatomy parvient à faire oublier la très mauvaise idée du crash d'avion en réussissant à en traiter les conséquences sur nos héros avec le brio qu'on lui connait. Ce n'était pas tire-larmes, ce n'était pas facile, mais c'était saisissant et boulerversant. Encore une belle heure de télévision à mettre sur le compte de la série !