Les Emmys & Me
Que seraient les Emmy Awards sans le vent de révolte qui fait systématiquement suite à l'annonce du palmarès ? Si on aime ce genre de cérémonies, c'est surtout pour les débats enflammés qu'elles engendrent chaque année. Non ? Et puis c'est toujours l'occasion d'affirmer haut et fort sa sériephilie. C'est à celui qui se couchera le plus tard pour regarder l'événement en direct, c'est à celui qui aura fait les meilleurs pronostics et chacun est évidemment persuadé que son chouchou est le meilleur de tous les meilleurs et que s'il n'est pas récompensé, c'est forcément une honte intergalactique. Et l'académie des Emmys, c'est rien que des gros bâtards d'abord ! Je dis ça, mais je suis le premier à être révolté et m'enflammer hein. Sauf cette année. Ce n'est pas que les gagnants me conviennent tous, loin de là, mais ça me lasse un peu tout ça. Je crois que je deviens amer. De manière de plus en plus flagrante, le lobbying, les gros sous et tout plein de trucs bien dégueulasses qui n'ont rien à voir avec l'artistique semblent s'inviter aux Emmys (et c'est évidemment la même chose pour toutes les cérémonies équivalentes en cinéma et en musique). En avoir conscience, c'est se gâcher un peu le plaisir. J'aurais préféré rester dans l'ignorance...
Avant de parler des gagnants, il me semble important de citer ces séries et des acteurs qui n'ont même pas été nommés alors qu'elles le méritaient. Cela dit, il faut bien se faire une raison : il n'y a pas de place pour tout le monde ! On peut quand même s'étonner de l'absence totale de Boss, dont la critique dit pourtant beaucoup de bien. Les professionnels de la télévision ont l'air moins subjugués. A moins qu'ils n'apprécient guère la star du show, Kelsey Grammer, aussi bien à cause de ses dérapages réguliers que de ses opinions politiques, dont il ne fait pas le secret. La personnalité sulfureuse de Kurt Sutter ne plait pas non plus. Il n'était pas déjà pas nommé avant de balancer sur les Emmys alors maintenant qu'il les a copieusement insultés à plusieurs reprises, tout espoir est perdu. Les Sons Of Anarchy sont les persona non grata de la cérémonie. Les Golden Globes sont un peu plus indulgents à son égard, ça compense. Le fait que The Good Wife n'ait pas été nommée cette année dans la catégorie "Meilleur Drama" est assez honteux et incompréhensible, d'autant que c'était la seule représentante restante des networks. Et puis n'oublions pas Fringe. La moyenne d'âge des votants étant d'approximativement 82 ans, la science-fiction ne parvient jamais à se faire une place, pas même quand elle est de cette qualité (parce qu'on comprend aisément que Sanctuary soit boudée par exemple). Et que dire de ce pauvre John Noble, qui ne gagnera jamais de gros prix pour sa composition d'une sensibilité extrême dans la peau de Walter Bishop ? C'est vraiment trop injuste. On pourrait aussi citer Justified, Community, Enlightened, Shamless US, oserais-je même parler de Don't Trust The B---- ? En fait, je crois que beaucoup de mystères peuvent être résolus en prenant en compte l'âge des votants. Oui, j'insiste. Je ne parle même pas de la catégorie sociale. C'est une évidence et pour le coup, c'est inévitable.
Venons-en aux résultats. Le triomphe de Homeland me ravit. Oui, c'est toujours un peu énervant quand une seule série rafle les prix les plus importants, mais quand c'est aussi mérité, peut-on vraiment se plaindre ? Il était impossible que Claire Danes ne remporte pas sa statuette. C'est un peu plus suprenant pour Damian Lewis, mais c'est tout aussi mérité. Et moi qui suis quasiment un anti-Mad Men par principe plus que par expérience, ça me rend fou de joie qu'elle cède enfin son trône et qu'elle passe à coté d'un record. Je veux dire : elle est peut-être super cette série, mais de là à marquer à ce point ? Soyons sérieux ! Il y a eu des oeuvres bien plus importantes dans l'histoire de la télévision qui ont gagné bien moins de prix. Ce qui m'a plu aussi, c'est que Downton Abbey reparte quasiment bredouille. Pour le coup, je comprends tout à fait qu'elle ait pu recevoir tant de distinctions par le passé, mais il faut savoir raison garder. Maggie Smith n'a pas volé son prix, mais c'est le genre d'actrices qui est de toute façon récompensé à tous les coups, plus à l'égard de sa carrière que pour le rôle pour lequel elle est nommée. J'ai presque envie de dire que c'est pareil pour Jessica Lange, mais elle était quand même exceptionnelle dans American Horror Story et les prestations de ses concurrentes vraiment pas aussi solides et marquantes. Je pensais que Sherlock allait créer la surprise. Il n'en a rien été. Mais ce n'est que partie remise à mon avis... Sinon, le seul discours qui m'a ému de la soirée c'est celui d'Aaron Paul. Pas juste parce que je l'aime beaucoup. Parce qu'on sentait vraiment son émotion, sa joie. Chez les autres, je ne sais pas... C'était si souvent prévisible que le coeur n'y était pas tout à fait. Bon et puis je ne parle pas de la qualité de la cérémonie dans son ensemble, qui laissait vraiment à désirer. Pour la première fois, j'ai abandonné mon visionnage en cours de route.
Coté comédies, j'ai beau être un fervent défenseur de ABC, je reconnais que le nouveau triomphe de Modern Family est un peu exagéré. La 3ème saison était un peu moins bonne que les précédentes. Celle qui le méritait vraiment le prix de la "Meilleure comédie" pour son audace, sa fraîcheur et sa modernité, c'était Girls. Lena Dunham elle-même n'a pas remporté la statuette de la "Meilleure actrice de comédie". Les votants ont préféré la décerner à Julia Louis-Dreyfus. Je l'aime beaucoup mais Veep, sérieusement ? La nomination était déjà un peu exagérée alors carrément gagner... Cela dit, j'était persuadé que ce serait pour Zooey Deschanel. On a évité le pire ! Bien évidemment, Amy Poehler le méritait aussi grandement. Et Parks And Recreation de manière générale n'était pas assez représentée. Mais le clou du spectacle, quand même, c'était la victoire de Jon Cryer en "Meilleur acteur de comédie". Il était d'ailleurs le premier surpris ! Il est vrai que la liste n'était de toute façon par hyper excitante (Don Cheadle, Alec Baldwin, Jim Parsons, Larry David) mais Louie C.K. quoi ! Louis C.K. ! Les Emmys et l'humour, en gros, ça fait deux ! Et c'est là-dessus que je concluerai cet article qui n'est pas vraiment un coup de gueule. Qui n'est pas grand chose en fait. Je voulais écrire un peu sur les Emmys pour me défouler mais comme je le fais après tout le monde, je me dis que ce n'était peut-être pas nécessaire, d'autant que je n'avais rien de très pertinent à dire. Mais merci quand même de m'avoir lu et à l'année prochaine !
Les meilleurs moments de la cérémonie :