A Gifted Man [Pilot]
Pilot // 9 450 000 tlsp.
What About ?
Brillant et charismatique neurochirurgien, le Dr Michael Holt mène un train de vie luxueux que lui permet une clientèle haut de gamme. Sa vie matérialiste et très axée sur sa carrière est bouleversée lorsqu'il se met à voir le fantôme de son ex-épouse. Anna va lui permettre de faire preuve de compassion et de venir en aide à des patients sans le sou et sans assurance qui ne peuvent se payer le luxe d'obtenir des soins adaptés car trop coûteux. Il reste cependant difficile pour un esprit aussi cartésien que le sien d'accepter de parler à l'esprit de son épouse disparue. Pourtant, Anna a encore besoin de lui pour l'aider à fermer toutes les portes laissées ouvertes suite à sa mort subite. Jusqu'où Michael acceptera-t-il d'aller ?
Who's Who ?
Créé par Susannah Grant (Erin Brockovich, In Her Shoes...) et réalisé par Jonathan Demme (Le Silence des Agneaux). Avec Patrick Wilson (Little Children, Watchmen), Jennifer Ehle (Le discours d'un roi), Julie Benz (Buffy, Dexter, No Ordinary Family), Margo Martindale (Justified, The Riches)...
So What ?
Entre les séries policières, toujours très nombreuses, les séries "à concept" en voie de perdition et le revival des comédies, les vrais bons gros dramas émouvants et subtils se font rares par les temps qui courent. J'avais un petit espoir que A Gifted Man comble ce vide. Le pitch me déplaisait depuis le départ, rappelant vaguement la médiocre Ghost Whisperer, mais l'équipe derrière et devant la caméra avait de quoi laisser rêveur. Susannah Grant n'est pas la plus mauvaise scénariste d'Hollywood, au regard de ses expériences passées; Jonathan Demme n'est pas un novice; et Patrick Wilson est un excellent acteur. Sa prestation dans Little Children aux cotés de Kate Winslet m'a beaucoup marqué. Bref, je me disais que si ces talents débarquaient tout à coup et tous ensemble à la télévision, c'est que le projet en valait la peine. Après 42 minutes d'ennui, mon relatif enthousiasme s'est évanoui.
Ce pilote n'est pas mauvais. Non. Mais il n'est pas bon non plus. Il est finalement à l'image de son héros : froid, distant, trop sérieux. Michael Holt est un être presque antipathique, mais en même temps très humain, très vrai. Je trouve courageux d'avoir choisi d'en faire un héros, mais le pari n'est pas gagné à mon sens. J'ai trouvé légitime qu'il se pose des questions au sujet de ce phénomène étrange qui l'habitait en cherchant, en tout bon cartésien, des explications rationnelles à ses visions. J'ai apprécié qu'il ne passe pas l'épisode à se morfondre, à s'énerver ou à nier l'évidence. Mais je n'ai pas été touché. Les scènes avec sa femme, surtout celle des retrouvailles, étaient empreintes d'une belle émotion mais dès qu'elle a disparu, le charme s'est rompu. Il n'est revenu que lorsqu'elle est réapparue. C'est très facile de tomber dans le ridicule lorsque l'on parle de fantômes. A Gifted Man n'a pas ce défaut-là. Wilson est suffisamment convaincu pour être convaincant. Mais que dire de sa soeur, incarnée par Julie Benz, qui trouve le moyen d'être très désagréable envers lui alors qu'il vient de lui donner une somme conséquente d'argent ? Elle ne m'a pas plu. Aux dirigeants de CBS non plus visiblement puisque l'actrice ne sera finalement pas régulière. Le talent de Margo Mardindale est quelques peu gâché par ce rôle d'assistante sans intérêt, qui aurait pu être interprété par n'importe qui. Je ne doute pas qu'elle gagnera en importance par la suite, mais elle restera probablement un accessoire. Les cas médicaux ? Je ne les ai pas trouvés intéressants. Ils sont terriblement banals, malgré leur résonnance vis à vis du héros. Paraît que CBS a demandé d'accentuer l'aspect médical de la série et, par conséquent, atténuer la partie familiale et feuiletonnante. Tout ce qu'il faut pour ne pas m'encourager à poursuivre en somme...
A Gifted Man n'a pas les épaules assez larges et le coeur assez grand pour donner ce qu'on attend de lui : de l'émotion avant tout, un peu d'esprit aussi. Si j'avais eu une montre à mon bras, je crois que je l'aurais beaucoup regardée, car la série ne peut même pas se targuer d'être rythmée et prenante. Il y avait du potentiel derrière tout ça, j'en suis certain, mais il n'a pas été exploité et, au vue des évolutions exigées par CBS, il n'est pas prêt de l'être !
What Chance ?
Je ne vois pas la série passer l'hiver. CBS préférera sans doute donner sa chance, dans cette case, à sa seule roue de secours de mi-saison en drama : The 2-2 avec Leslie Sobieski et De Niro à la production.
How ?
Homeland [Pilot]
Pilot // 1 200 00 tlsp. (critique postée initialement le 19 Septembre 2011)
What About ?
Dix ans après la disparition de deux soldats américains lors de l'invasion de Bagdad, l'un d'entre eux réapparaît, il est le seul survivant du bombardement. Lorsqu'il revient aux Etats-Unis, il est accueilli chaleureusement par sa famille, ses amis et le gouvernement. En parallèle, un agent de la CIA qui a passé plusieurs années en Afghanistan reçoit d'un de ses informateurs une note sans équivoque : le héros agirait en réalité en tant qu'espion, préparant la prochaine attaque sur le sol américain...
Who's Who ?
Créée par Howard Gordon (24, Buffy, Angel, X-Files), Alex Gansa (24, X-Files, La Belle et la Bête) et Gideon Raff. Adaptée de la série israëlienne Hatufim. Avec Claire Danes (Angela 15 ans, Temple Grandin, Roméo+Juliette, Esprit de famille), Damian Lewis (Life, Band Of Brothers), Mandy Patinkin (Esprits Criminels, Dead Like Me, Chicago Hope), Morena Baccarin (V, Firefly, Stargate SG1), Diego Klattenhoff (Mercy, Men In Trees, Whistler)...
So What ?
Showtime avait déjà son serial-killer, sa ménagère-dealer, son écrivain sex-addict, son infirmière drug-addict... et grâce à Homeland, elle a désormais son militaire comploteur-traitre-terroriste. S'il y avait bien en cette rentrée une nouveauté qui ne me tentait pas, c'est celle-là. La guerre et moi, on n'est pas copains -c'est la Miss France qui dort en moi qui parle là- puisque j'ai même résister aux Band Of Brothers, The Pacific et autres Sleeper Cell, pourtant considérés par l'élite voire même le grand public comme ce que l'on fait de mieux en la matière. Pourtant, après avoir vu ce pilote, presque en traînant les pieds, je crois pouvoir dire que Homeland figurera parmi mes favoris cette année. A moins que derrière Unforgettable, Last Man Standing, I Hate My Teenage Daughter et Charlie's Angels ne se cachent des chefs d'oeuvre insoupçonnés.
Ce qu'il faut d'abord dire aux allergiques comme moi aux conflits au Moyen-Orient, aux gros bazookas et aux treillis, c'est que l'action de Homeland ne se passe pas en Irak mais bien aux Etats-Unis. Bien sûr, quelques flashbacks, violents, sanglants et saisissants, se déroulent là-bas et je suppose que plus la série avancera plus ce type de scènes se multiplieront, mais l'essentiel n'est pas là. Ce que raconte avant tout ce premier épisode, à mon sens, c'est le retour d'un homme, qui a souffert le martyr et vécu l'enfer, au sein de son foyer, auprès de sa femme, dont la vie a forcément changé après tant d'années d'absence, et auprès de ses enfants, dont une fille devenue adolescente et un fils qu'il n'a jamais connu. La scène de leurs retrouvailles à l'aéroport, bien que pudique, n'en est pas moins bouleversante. Le geste le plus terrible, sans doute, étant cette poignée de main que l'enfant tend à son père. Rapidement, Homeland n'élude pas la question du sexe. L'acte se fait alors dans la douleur, animal, même bestial. C'est le début d'une série de non-dits, de maladresses, de grandes souffrances pour le couple trop longtemps séparé. Dans le rôle de la femme, Morena Baccarin délivre une performance bien au-delà des espérances. Elle était une excellente alien froide et implacable dans V. Elle prouve ici que son talent est bien plus grand encore. Sa perruque, ou ce qui lui sert de cheveux, est par contre le grand raté de ce pilote ! C'est dire si le reste est excellent...
Au cours de ses 55 premières minutes, extrêmement prenantes, Homeland ne se contente pas de présenter un héros, d'ailleurs excellemment incarné par Damian Lewis, elle parvient également à le détruire puisqu'il n'est pas celui que tout le monde croit. C'est à travers le personnage de Carrie Mathison, un agent de la CIA interprété par la trop rare Claire Danes, que la vérité éclate à nos yeux, mais pas encore à ceux des américains. Elle est persuadée qu'il est un terroriste sous couverture et on ne peut que la croire. D'abord parce que l'on est sur Showtime et qu'un héros se doit de ne pas en être vraiment un, ensuite parce qu'elle est extrêmement convaincante. Son obsession et son état quasi-psychotique auraient pu nous faire douter, et c'est d'ailleurs le cas un quart de seconde, mais si elle avait tort, il n'y aurait pas de série. C'est ainsi qu'une grande histoire de complot s'ouvre, avec téléphones sur écoute, caméras espionnes, bref tout l'attirail habituel ! Face à Claire Danes, le charismatique Mandy Patinkin, sorte de mentor pour son personnage, impressionne autant que d'habitude. Reste à espérer qu'il ne quitte pas, une fois de plus, la série au bout de deux saisons (sauf si le scénario l'exige). Homeland nous présente ainsi des personnages complexes, qui se retrouvent dans des situations encore plus complexes qui ne peuvent que se complexifier. Elle n'en reste pas moins accessible et ça, c'est quelque chose que j'ai vraiment apprécié. J'avais peur d'être rapidement largué et ça n'a pas du tout été le cas. Beaucoup de questions se posent à la fin de ce premier épisode, notamment sur les véritables motivations du sergent Nicholas Brody. Comment a-t-il pu en arriver là ? Les prochains épisodes devront répondre à ces questions, et certainement en poser tout un tas d'autres.
Homeland arrive à point nommé sur les écrans américains, 10 ans après le 11 Septembre. Ce tragique événement est d'ailleurs évoqué plusieurs fois, subtilement. Il représente la menace sous-jacente, qu'il faut à tous prix éviter, ce pour quoi se bat l'héroïne. Ce pilote, empreint d'émotion et sans fausses notes, semble annonciateur d'une grande série, éprouvante et passionnante...
How ?