Wonderfalls
Avant de nous offrir le bijou que constitue Pushing Daisies, et juste après avoir lancé la très bonne Dead Like Me (et avant de se fourvoyer dans Heroes), Bryan Fuller avait créé une petite série bien sympathique, j'ai nommé Wonderfalls. Moins bonne que ses deux autres créations, elle n'en est pas moins intéressante. C'est l'histoire de Jaye, une fille un peu paumée qui s'ennuie terriblement dans la vie, jusqu'au jour où les objets inanimés de la boutique de souvenirs où elle travaille se mettent à lui parler ! Dès lors, Jaye, qui était très nombriliste et égoïste, va devoir s'occuper un peu des autres et ouvrir les yeux sur le monde qui l'entoure. Cela ne se fera pas sans heurts. Entre ces objets qui lui ordonnent de faire n'importe quoi, mais toujours dans un but précis, et les membres excentriques de sa famille qui ne lui laissent pas un moment de répit, la vie de Jaye va changer du tout et tout. Sa rencontre avec le bel Eric, adorable mais marié et déprimé, va encore plus compliquer les choses !
Ceux qui ont aimé Dead like Me aimeront sûrement Wonderfalls. En effet, Jaye et Georgia sont deux héroïnes très proches l'une de l'autre. Quand on regarde bien, il n'y a pas grand chose qui les différencient, si ce n'est qu'une d'elle est morte. Elles sont toutes les deux amères, acerbes, négatives, touchantes et drôles à la fois. Elles ne croient pas en l'amour et globalement, elles ne croient pas en grand chose. Elles sont attachantes en tous cas. Et pour recentrer les choses sur Jaye, on découvre en elle, petit à petit, un coeur qui ne demande en fait qu'à tomber amoureux ! Toute cette amertume c'est pour mieux cacher la guimauve qui coule dans ses veines. C'est un personnage très attachant, particulièrement dans sa folie. Ceux qui l'entourent ne sont pas en reste. A commencer par sa meilleure amie, Mahandra. Très discréte au début, elle a rapidement su s'imposer. Comme tous les personnages secondaires, elle apporte une bonne dose d'humour et de loufoquerie. Sharon, la soeur de Jaye, est sûrement mon personnage préféré ! Avocate et lesbienne honteuse, ses réflexions sont à mourir de rire. Des liens se tissent entre elle et sa soeur au fur et à mesure que celle-ci plonge dans la folie avec ces objets qui lui parlent constamment. Puis il y a le frère de Jaye, le genre de grand dadet un peu Tanguy qui fait fondre les filles. C'est Lee Pace qui l'interpéte ! Il deviendra par la suite le Ned de Pushing Daisies. Les parents de Jaye ne sont pas présents dans tous les épisodes, mais quand ils le sont, c'est fou rire assuré ! Ils sont totalement à coté de la plaque tout le temps et c'est très drôle. Reste Eric, le prétendant de Jaye, un peu trop lisse pour que l'on s'y intéresse vraiment. On ne sait pas ce qu'elle lui trouve mais dans les derniers épisodes, il est à l'origine d'excellentes scènes, plutôt tristes.
L'action se déroule près des chutes du Niagara, ce qui confére à la série un atmosphère un peu différent de ce que l'on a l'habitude de voir. Ce n'est pas juste un décor, ça va plus loin que ça. Les mythes et les légendes qui entourent les chutes, ainsi que les coutûmes et traditions de la région, sont évoquées. Je pense à cet épisode qui met en scène une femme qui a traversé les chutes dans un tonneau quarante ans plus tôt ou encore la fameuse légende de la Maid of the Mist autour de laquelle s'articule le pilot. Les indiens ne sont pas loin, un épisode leur est consacré. Pas le meilleur d'ailleurs. La frontière avec le Canada est toute proche, Jaye va la franchir le temps d'un épisode. Le meilleur pour moi. Le fait que chaque épisode se concentre sur une personne que Jaye doit sauver a malheureusement ses limites. Toutes les histoires racontées ne sont pas bonnes. Le plus intéressant réside plutôt dans les intéractions entre les personnages et l'avancement de leurs intrigues respectives. Ce qui sauve véritablement la série, c'est l'humour ! Il est constant et il est original. Il passe surtout par les dialogues et les réflexions de chacun. Il passe aussi par les situations, notamment quand Jaye se retrouve à faire des choses contre sa volonté et que personne ne comprend quelle mouche a bien pû la piquer pour faire ce qu'elle fait !
Au final, je dirais que Wonderfalls est une série sympathique, pas prise de tête, plutôt marrante, originale et bien fichue. Elle n'a pas fonctionné sur la FOX, ça a même été un bide retentissant. Quelque part, c'est pas plus mal. Je ne voyais pas la série durer bien longtemps. Les 13 épisodes se suffisent à eux-même. J'ai quitté Jaye sans regrets. Si vous ne savez pas quoi regarder cet été, je vous conseille de vous lancer. Vous ne le regretterez pas. Mais ne vous attendez pas à quelque chose d'aussi réussi que Pushing Daisies. On est quand même un cran en dessous.
Eli Stone [1x 13 Season Finale]
Soul Free
Audience: 6 13o ooo.
La première question que l'on se pose après avoir visionné le season finale d'une série qui n'est pas sûre de revenir la saison suivante, c'est de savoir si cela constitue pour elle une fin digne et satisfaisante. Dans le cas d'Eli Stone et de cet épisode réussi, la réponse est oui. Si la série doit s'arrêter sur cet épisode, eh bien ce sera sans laisser les télespectateurs sur leur faim. Bien évidemment, ils nous manque un certain nombre de réponses mais au cas où la série serait renouvellée (et je souhaite vivement qu'elle le soit), il y aura encore plein de choses à dire. C'est rare qu'un drama, qui plus est à forte tendance judiciaire, possède ce que l'on peut désigner comme une "mythologie". Eli Stone est une excellente série qui a su s'améliorer d'épisodes en épisodes, on sent qu'il y a un vrai travail derrière. Les défauts du pilot ont été rapidement corrigés et ce dernier épisode est proche de la perfection, comme les quatre ou cinq derniers.
Soul Free est probablement l'épisode le plus original de la série so far. Sa structure est compliquée mais pas confuse. Pendant la première demi-heure, on ne sait pas vraiment où nous sommes. S'il s'agit d'un rêve ou de la réalité, si Eli est vivant ou mort. Les dix dernières minutes nous apportent la réponse : tout l'épisode a été vécu par Eli dans sa tête. Que ce soit l'affaire qu'il défendait ou ses intéractions avec ses proches, amis et collègues. Son anévrisme (je me demande toujours si je traduis correctement "aneurysm" ?) a été retiré mais l'opération s'est ensuite compliquée et il s'est retrouvée dans le coma. C'est pendant ce coma que tous ces événements se passent dans sa tête. Ils constituent le chemin à parcourir pour "libérer son âme" et repartir à zéro. A la fin de l'épisode, Eli ouvre les yeux. Il est vivant, comme on s'en serait douté. Son frère n'a pas eu à le débrancher, comme Eli l'avait pourtant souhaité. C'est là que le Dr Chen a joué son rôle le plus important. Il avait promis à Mr Stone qu'il veillerait sur son fils. Il l'a fait. Il l'a même sauvé quelque part. Quand je disais que cette fin est satisfaisante, c'est dans la mesure où on ne nous laisse pas sur un cliff' du type "Est-il vivant ou est-il mort ?". Par contre, parmi les questions qui resteront peut-être sans réponses si la série s'arrêtait là, il y a le fait de savoir si, malgré l'opération, Eli va toujours avoir des visions. Et entre nous, s'il n'en a plus, quel est l'intérêt ? Je pari qu'il continuera à en avoir et que finalement, cet anévrisme n'est en rien lié à son statut de prophéte. D'autres questions plus mineures se posent mais au fond, les réponses sont assez évidentes. Non, il ne va pas se réveiller dans la peau d'un légume. Comment ses visions de "Live Brave" et compagnie pourraient se réaliser sinon ? Tout ce que j'espère, c'est que si saison 2 il y a, les scénaristes trouveront de nouvelles bizarreries pour Eli, plus que des visions, d'autres choses qui éviteront de tomber dans la lassitude et l'ennui. J'ai bien envie de leur faire confiance ...
Un mot quand même sur l'affaire imaginaire : un homme est poursuivi par sa femme, qui se trouve être un rabbin, parce qu'il a décidé de capituler et de ne plus soigner la rechute de son cancer du colon. Il pense avoir vu Dieu, lequel lui aurait demandé d'arrêter de se battre ... L'aspect religieux a toujours tendance à me repousser habituellement et je dois dire que ce fut pas mal maîtrisé. Reste qu j'ai du mal avec ça et ça m'a un chouilla gâché le plaisir. C'était en tous cas très émouvant. L'apothéose de l'épisode, c'est la scène chantée, cela faisait quelques épisodes que l'on en avait plus vu et ça manquait. George Michael était à nouveau de la parti, le season finale n'aurait pas été complet sans lui. J'ai bien cru pendant un moment que c'était en fait lui, Dieu, ou son incarnation sur Terre. C'est un peu le Dieu d'Eli (et de Jordan !!!) mais ça s'arrête là. Il a interprété Feeling Good, aux cotés de Victor Garber et Loretta Devine. Un excellent moment, beaucoup trop court.
// Bilan // Je ne tarirais pas d'éloge pour Eli Stone que je considère comme la deuxième meilleure nouveauté de la rentrée après Pushing Daisies. Ce qui ressemblait au départ vaguement à un Ally McBeal au masculin, s'est transformée en une série très originale, très bien écrite, tant au niveau des scénarios que des dialogues et très bien interprétée par Johnny Lee Miller, Victor Garber et Loretta Devine en tête. Les personnages secondaires, très discrets au début, ont pris de l'ampleur jusqu'à devenir indispensables à la série. Ce serait un crime que de ne pas renouveller une série aussi bien faite. ABC l'adore, les taux d'audiences un peu moins ... Qui l'emportera ? Le coeur ou la raison ?